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- # Marche ou trêve
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- > L’engouement de nos sociétés pour la marche témoigne de cette volonté de s’arracher aux routines de la vie personnelle pour quelques heures ou davantage et devenir anonyme sur les chemins, sans plus avoir de contraintes d’identité. Le marcheur est libre de ses mouvements, de son rythme, il ne doit plus rien à personne, et nul ne vient le rappeler à ses responsabilités. Il est ailleurs, nul ne sait qui il est ni où il va. Il noue des relations provisoires ou durables avec les autres, mais à son gré. ==Sur les chemins de traverse, le sentiment de soi se dénoue, les exigences de la vie sociale se relâchent.== La marche est un exercice ludique et contrôlé de disparition, une réappropriation heureuse de l’existence.
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- > <cite>*Disparaître de soi*, David Le Breton</cite>
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- Il est très surfait de faire une ode à la marche. Et pourtant, c’est là où je me sens le plus « [blanc](/david/2021/01/07/) » et je regrette parfois d’avoir commencé à [filmer](https://vimeo.com/473661570/46af2e921e) [ces](https://vimeo.com/485769887/190546b69c) [moments](https://vimeo.com/492686199/31ac11260c). L’impression de perdre une partie de l’intimité que me procurent ces balades en forêt. De tenter de disparaitre en revenant avec un pancarte « J’existe ! » (en 4k s’il vous plait). Une incohérence de plus…
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- **J’ai transformé un moment de trêve avec moi-même.** Un moment où je mettais en pause mon envie d’exprimer des émotions et des réactions pour mieux les ressentir. Un moment où les seules techniques étaient celles me permettant de (sur)vivre. Et cela s’est transformé en une mise en scène et une attention au partage. Une chorégraphie malaisante de ma personne dans un moment où je pouvais enfin l’oublier.
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- Peut-être que les limites matérielles auxquelles je me heurte sont le signe qu’il faut que je laisse le corps en paix dans ces moments là.
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- > En cet âge où les humains disposent de moyens de transport capables de traverser les profondeurs de l’espace-temps ou de survoler des surfaces planétaires virtuellement infranchissables, l’idée d’entreprendre de longs voyages à pied semble étrange. Pourtant, la marche demeure le premier moyen de locomotion sur Arrakis. On attribue ce fait aussi bien à un choix délibéré qu’aux rudes traitements que cette planète réserve à toute espèce mécanique. Dans les rigueurs d’Arrachis, ==la chair de l’homme est le recours le plus durable et le plus sûr== du Hajj. Peut-être est-ce la conscience implicite de ce fait qui explique qu’Arrakis soit l’ultime miroir de l’âme.
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- > <cite>*Guide du Hajj*, [Dune](/david/2020/12/21/#dune) III. Les enfants de Dune</cite>
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- #vidéo #partage #technique
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