Fruit d’un pépin
Fruits à pépins
Mon père s’appelait pomme,
il est devenu poire blette.
Non consommable,
ils l’ont jeté.
Mes frères ainés s’appelaient pommelets
ils ont essayé de devenir pommes,
ce n’était plus de saison
ils ont cassé leur pipe.
Je m’appelle pommelette
je suis devenue poire… pas blette
ils ne m’ont pas donné d’autorisation
apparemment sans raison.
Mes autres frères et sœur pommes
mais pas poires
mûrissent
bien.
Ma mère,
porteuse
de pommes,
est devenue
pommier.
On ne l’abat pas,
pas encore.
Octobre 1985
Thérèse Lê (Larlet pour l’État Civil)
Préface
Ma pomme c’est é é é é…elle et ma pomme qui s’est toujours crue té é é é…elle ma pomme n’existe pas, là d’où elle vient. Alors c’est une poire. C’est officiel, on me l’a affirmé récemment. Elle ne le savait pas car on ne lui a jamais appris.
Mais pomme ou poire elle a des pépins. Elle en a toujours eu et ça elle n’avait pas besoin qu’on le lui apprenne. C’est pour cela qu’elle les raconte si bien.
Mais prenez garde. Dans les pépins de la pomme ou de la poire, il y a, dit-on, de l’essence de mirbane que l’on appelle encore nitro-benzène. Or celui-ci est toxique. Alors méfiez-vous de ma pomme ou de ma poire, comme vous voulez. Elle est succulente et juteuse à souhait mais n’oubliez pas, tout en y mordant goulûment qu’elle distille aussi du poison, erk, erk, erk…