title: Soumission inconsciente
C’est cette soumission inconsciente qui est pernicieuse. Cette structure de pouvoir (qui est donc une violence) n’est pas infligée par le dominant au dominé. Il est d’ailleurs fort probable que cette violence ne soit même pas perçue par le dominant, mais soit auto-infligée par le dominé. Nous sommes programmés pour réagir à ces caractéristiques et à nous y soumettre. Le terme peut vous paraitre fort, néanmoins il a été prouvé (notamment par Paul Piff, un sociologue de Berkeley) qu’on attribue beaucoup plus facilement sa confiance à quelqu’un qui affiche une classe socio-professionnelle plus élevée que la sienne.
Et pour retourner le couteau dans la plaie, l’individu dominant ne sera pas équipé pour comprendre ce problème (il n’a jamais eu de problème à prendre la parole en public ou à trouver un travail -> “c’est pas si dur”) et n’éprouvera donc pas d’empathie pour ceux ayant moins de pouvoir symbolique.
[…]
Ensemble la communauté évolue, et selon l’habitus et le capital culturel, un agent est capable d’en influencer la direction. Il est important de noter que la capacité à influencer ces luttes perpétuelles dépend directement de chaque capital culturel. Si vous avez suivi jusqu’ici, c’est dû notamment à la confiance que vous attribuez naturellement et inconsciemment aux individus ayant un habitus plus élevé que le vôtre.
(Re)Lire cet article avant de participer à un regroupement social ne peut pas faire de mal :-).
Pour continuer avec Bourdieu :
Du point de vue des données « personnelles », ces phénomènes sont aussi tout à fait perceptibles. Car de la même manière que nous naissons porteur des gènes de nos parents, nous obtenons dès notre naissance un certain nombre de données à caractère personnel qui nous « localisent » dans le champ social : par notre nom, notre filiation, notre adresse, notre pays d’origine, notre sexe, etc. Ces données personnelles « primaires » (qui sont en réalité des « coordonnées sociales ») figurent dès notre premier jour dans le Registre et elles forment la base à partir de laquelle un acteur comme Google peut commencer à identifier notre habitus, jusqu’à ce que la production de nouvelles données au fil de notre vie lui permette d’ajuster ses observations à son évolution.
*Google, les données sociales et la Caverne des Habitus* (cache)