Des arbres à perte de vue. Le sable blanc crisse sous les pas et oblige à adopter cette démarche qu’on les icemens, ce pas cassant qui permet de ne pas attirer les humains, de se fondre dans les dunes de neige. Les sinus gelés laissent une trainée blanche sur la barbe, caractéristique de ces régions froides. Je réajuste mon tour de cou et j’adopte un allure qui me permet de ne pas perdre cette précieuse eau liquide.
Rien ne bouge dans ce désert blanc, même les gerbilles locales sont allées se mettre à l’abri du froid. À intervalle régulier, un corbeau vient vérifier que la masse mouvante que je représente est encore en état de se défendre, de conserver son eau et sa chaleur. De loin en loin, le martèlement des pics nous rappelle qu’il y a de la vie. Et des prédateurs. Je ne suis plus qu’à une dizaine de marteleurs de la chaleur du Sietch.
Des pas dans mon dos, un rythme de prédateur alpha qui se dépense sans compter. Je fais appel à mon enseignement prana-bindu pour réchauffer mes zygomatiques et me préparer à l’échange. La litanie m’apaise encore un fois :
Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.
Et un maudit coureur.