Nuit très agitée où j’ai l’impression d’être sur une balançoire irrégulière, la pleine lune n’arrangeant pas les choses. Chaque bourrasque fait tellement pencher les arbres qui me soutiennent qu’ils impriment un mouvement de tension sur le hamac. Le tarp doit être réajusté régulièrement car sinon il faseye bruyamment (et puis j’essaye de me protéger un minimum). Les rafales doivent être autour des 70 km/h. Pas vraiment reposant.
Je profite d’être proche du refuge pour aller y faire chauffer mon eau à l’abri, ce n’est pas le moment de prendre des risques inutiles.
Je prends la route du retour en essayant d’opter pour toutes les variantes possibles histoire d’avoir l’impression de faire une boucle. L’avantage de tout ce vent, c’est que la forêt me déroule un tapis de feuilles rouges.
Hébété par la fatigue, le corps est en pilote automatique. Les muscles adoptent une marche à l’économie et le cerveau est momentanément en pause. C’est peut-être pour cela que je vais dans la forêt : me dé-penser. Ce qui est cocasse compte-tenu du prix de mon équipement…
Avant de partir, j’ai lu : Making Noisy into Quiet (cache). Toujours cet équilibre duquel tenter de s’approcher.
J’emprunte principalement la piste de ski de randonnée au retour car elle est davantage dégagée, je me dis qu’il faudra que je revienne cet hiver car c’est un chouette environnement. Peut-être accompagné ?
En 48 heures, je mesure à quel point la forêt a pu changer de couleurs. Je fais une dernière pause près d’un lac. C’est coûteux mais ça en vaut la peine.
Nombre de kilomètres : une quinzaine.
Nombre de personne croisées : zéro.
Poids du sac : 12 kilos.
Insolite : quand soudain au détour d’un chemin et sorti de nulle part… de quoi se rappeler comment tout a commencé. J’apprends que ce titre a été traduit par « Vers l’inconnu » au Québec.