Il devint clair pour moi que c’était l’unité de mes opinions — leur ==holisme écologique==, pas seulement leurs composantes individuelles — qui leur donnait une force radicale. Qu’une société soit décentralisée, qu’elle utilise l’énergie solaire ou éolienne, qu’elle cultive biologiquement ou qu’elle réduise la pollution : aucune de ces mesures à elle seule ou même en association limitée ne fait une société écologique. Pas plus que des étapes fragmentaires, même bien intentionnées, ne résolvent même partiellement des problèmes qui ont atteint un caractère universel, global et catastrophique. Au contraire, des « solutions » partielles servent seulement de cosmétique pour dissimuler la nature profonde de la crise écologique. Elles détournent ainsi l’attention publique et la connaissance théorique d’une compréhension adéquate de la profondeur et de l’étendue des changements nécessaires.
L’écologie sociale, Murray Bookchin
Suite de mes aventures pour réduire ma consommation d’animaux tués pour mon plaisir. Pour essayer de former un tout cohérent dans mes comportements autour du vivant. Il me reste encore quelques points de friction tenaces :
Pourquoi en parler aujourd’hui ? Rien à voir avec une éventuelle résolution mais la conjonction de plusieurs lectures simultanées :
Merci aux personnes qui m’ont fait évoluer au fil des années sur le sujet sans que je sois suffisamment réactif de mon côté, notamment Emmanuel. C’est par petits coups de rame successifs que j’arrive à réajuster le cap. Et par petits exemples que je montre un autre cap possible aux suivant·e·s.
Rentré au lac, j’attrape mon premier poisson à cinq heure le soir. Un deuxième trois minutes plus tard et un troisième une heure et demie après. Trois ombles vif-argent, électrisés par la colère, luisent sur la glace. La peau est traversée d’impulsions électriques. Je les tue et regarde la plaine en murmurant ces mots de gratitude que les Sibériens adressaient autrefois à la bête qu’ils détruisaient ou au monde qu’ils contribuaient à vider. Dans la société moderne, la taxe carbone remplace ce ==« merci — pardon »==.
Le bonheur d’avoir dans son assiette le poisson que l’on a pêché, dans sa tasse l’eau qu’on a tirée et dans son poêle le bois qu’on a fendu : l’ermite puise à la source. La chair, l’eau et le bois sont encore frémissants.Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson