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title: Municipalisme libertaire

Après son année anglaise, Amir renouvelle l’expérience du contact des communautés anarchistes et des hackers, à l’échelle européenne cette fois. Partout, il dresse un même constat : celui de la dépolitisation. « Aujourd’hui, l’utilisation de la technologie ne répond à aucune vision. La technologie est vraiment un grand pouvoir, et on devrait l’utiliser pour changer la société et la politique. Mais ceux qui savent utiliser cette technologie se retrouvent dans des hacker spaces et se consacrent à leurs projets individuels. Ils se servent de la technologie comme d’un jouet. » Amir prend un ton blasé et peste : « C’est vraiment très immature comme attitude. Les hackers devraient utiliser leurs compétences pour avoir une action sur la société. À la place, on a l’impression qu’être hacker est une déclaration à la mode, comme pour dire “Regarde, je suis hacker, je suis tellement cool”. »

Même à Exarchia, quartier d’Athènes réputé pour abriter les derniers bastions d’anarchistes européens, la désillusion est au rendez-vous : « Là-bas, ils s’habillent comme des anarchistes, ils parlent parfois comme des anarchistes, mais ils n’ont aucune conscience politique. » De l’avis d’Amir, hackers et anarchistes souffrent du même mal : un manque d’implication réel dans le champ politique. Et cela serait la conséquence d’un « monde incroyablement complexe. En Occident, beaucoup de hackers n’essaient pas d’améliorer la situation pour mieux appréhender le monde parce qu’ils ont purement et simplement arrêté de croire en quoi que ce soit. Ils n’ont aucune idée à défendre, ils sont juste perdus, enfermés dans leur bulle de confort ».

*Amir Taaki, l’anarchiste pro-Kurde qui veut repolitiser les hackers* (cache)

Suite à cet article je lis la bio de Abdullah Öcalan qui m’amène à explorer le confédéralisme démocratique et par extension le municipalisme libertaire :

Les assemblées municipales dans un système municipaliste libertaire sont ouvertes à tous. Les citoyens sont informés à l’avance et débattent des sujets lors des assemblées. Les décisions se prennent à la majorité.

Pour les questions touchant une sphère plus large que la communauté (pouvant correspondre autant à la commune, à la municipalité qu’au quartier), elles sont discutées dans des assemblées locales ou régionales, et à un échelon supérieur encore pour les questions plus globales encore. Les personnes assistant à ces assemblées sont des délégués mandatés par les assemblées municipales. Ils doivent rendre des comptes ensuite auprès de leur communauté et leurs décisions peuvent être révoquées. Le pouvoir ne quitte ainsi pas les mains des citoyens, du niveau local.

Le municipalisme libertaire tend à créer une situation dans laquelle les deux pouvoirs, à savoir la confédération de communes libres et l’État-nation ne puissent plus coexister. La structure du municipalisme devient alors la nouvelle structure de la société.

Lorsque je parle de démocratie(s) et d’échelle(s), ce sont ces alternatives auxquelles je pense, un local qui montre que l’on n’a pas besoin du global de par sa simple existence. La difficulté est double : résister au pouvoir global d’un côté qui veut garder sa légitimité, s’accomplir au niveau personnel de l’autre en surmontant les peurs liées à sa « petite » condition.

Écartelé entre les deux, le vivre ensemble.