title: Culture du quotidien
Le mouvement écologique est né bien avant que la détérioration du milieu et de la qualité de vie pose une question de survie à l’humanité. Il est né originellement d’une protestation spontanée contre la destruction de la culture du quotidien par les appareils de pouvoir économique et administratif. Et par « culture du quotidien », j’entends l’ensemble des savoirs intuitifs, des savoir-faire vernaculaires (au sens qu’Ivan Illich donne à ce terme), des habitudes, des normes et des conduites allant de soi, grâce auxquels les individus peuvent interpréter, comprendre et assumer leur insertion dans ce monde qui les entoure. La « nature » dont le mouvement exige la protection, n’est pas la Nature des naturalistes ni celle de l’écologie scientifique : c’est fondamentalement le milieu qui parait « naturel » parce que ses structures et son fonctionnement sont accessibles à une compréhension intuitive ; parce qu’il correspond au besoin d’épanouissement des facultés sensorielles et motrices ; parce que sa conformation familière permet aux individus de s’y orienter, d’interagir, de communiquer « spontanément » en vertu d’aptitudes qui n’ont jamais eu à être enseignées formellement. La « défense de la nature » doit donc être comprise originairement comme défense d’un monde vécu.
Écologica, André Gorz
En perdant cette compréhension on devient facilement contrôlables car dépendants de ceux qui savent et qui alimentent. Peut-être que ma démarche est plus écologique que ce que je ne le pensais jusqu’alors.