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2021-04-17 - Jour 2.md 2.7KB

Jour 2

Ce désir de dormir est pour une large part une forme de régression, une volonté de retourner à l’enfance et d’être libéré de la charge de tension liée au fait de grandir et de devoir assumer de nouvelles responsabilités. Les contraintes d’identité deviennent trop lourdes à porter et elles appellent un soulagement symbolique. Une recherche d’effacement provisoire surtout quand le jeune peine à se construire.

Disparaître de soi, David Le Breton

La nuit a été en pente mais surtout bruyante dès 4 heures du matin, au printemps tous les oiseaux s’en donnent à cœur joie : des bernaches aux huards, en passant par les canards et les pics en tout genre. Le bon côté c’est que ça me motive pour sortir du duvet et apprécier la lumière du matin. Au programme de la journée : continuer mon exploration en laissant au campement ce qui m’est moins utile.

Je poursuis mon tour de lac et ça devient de plus en plus sauvage, je finis par arriver à un emplacement encore plus chouette que le précédent, joie ! Je retourne chercher toutes mes affaires avec le sourire. Un aller-retour plus tard, j’ai moins le sourire car je me rends compte qu’un pseudo-confinement d’une année ça laisse des muscles relativement atrophiés (c’est pas du tout le fait de se trimbaler un sac de plus de 18 kilos à crapahuter entre les troncs d’arbres abattus par l’hiver). Le bon côté de la chose c’est qu’arrivé là, les (mal)chances que je croise quelqu’un sont assez minimes. J’apprécie à sa juste valeur ce moment.

C’est aussi l’endroit parfait pour une timelapse de soleil couchant sur le lac ou de ciel étoilé… si j’avais encore de l’énergie dans ma seconde — et dernière — batterie ! Heureusement, le ciel est tellement bouché que je ne vais pas être trop frustré. Je songe un instant à forcer un connecteur USB-C dans un micro-USB et je m’en vais méditer là-dessus en faisant une sieste dans le hamac.

Je termine la journée sans penser à faire des vidéos et en me focalisant sur cet instant, j’explore encore un peu la suite du tour du lac qui n’est plus du tout balisé, si ce n’est par les chemins de biches. Cela fait mûrir un projet de périple packrafting en enchaînant une boucle sur plusieurs lacs. J’essaye de ne pas trop analyser ce sentiment de libération de ne plus avoir à faire des vidéos.

Le coucher de soleil est moche et il fait froid mais je suis content d’avoir cuisiné une nouvelle recette tout en contemplant le ballet des castors. Je m’endors en me demandant pourquoi ce monde est toujours en pente. Peut-être pour que l’on ait conscience qu’il faille s’y accrocher ?

Il est où le bouton pause de mon cerveau ?