Cette vie procure la paix. Non que toute envie s’éteigne en soi. La cabane n’est pas un arbre de l’Éveil bouddhique. L’ermitage resserre les ambitions aux proportions du possible. En rétrécissant la panoplie des actions, on augmente la profondeur de chaque expérience.
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La tentation érémitique procède d’un cycle immuable. Il faut d’abord avoir souffert d’indigestion dans le cœur des villes modernes pour aspirer à une cabane fumant dans la clairière. Une fois ankylosé dans la graisse du conformisme et enkysté dans le saint doux du confort, on est mûr pour l’appel de la forêt.
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Un ermite ne menace pas la société des hommes. Tout juste en incarne-t-il la critique. […] L’anarchiste rêve de détruire la société dans laquelle il se fond. Le hacker aujourd’hui fomente l’écroulement des citadelles virtuelles depuis sa chambre. […] Tout deux ont besoin de la société honnie. Elle constitue leur cible et la destruction de la cible est leur raison d’être. L’ermite se tient à l’écart, dans un refus poli. […] L’ermite ne s’oppose pas, il épouse un mode de vie. Il ne dénonce pas un mensonge, il cherche une vérité.
Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson
De plus en plus tenté par une auto-exclusion. Je crois que dans d’autres circonstances familiales, j’aurais déjà fait ce pas de côté, ce refus poli
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S’isoler dans un petit recoin de forêt. En insécurité énergétique (cache). Loin…
Un bois n’a jamais refusé l’asile. Les princes, eux, envoyaient leurs bûcherons pour abattre les bois. Pour administrer un pays, la règle est de le défricher. Dans un royaume en ordre, la forêt est le dernier bastion de liberté à tomber.
Ibid.