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Attention
L’attention est la plus belle chose que l’on puisse offrir. Un fragment de sa vie donné à une personne ou à une cause, la seule possession finie que l’on ne peut racheter. C’est une acte d’écoute active qui favorise le dialogue et encourage la bienveillance. Sans attention, pas d’empathie.
Le web serait responsable d’une crise de l’attention, l’Homme faible cédant à ses désirs de voyeurisme numérique. Le croustillant n’étant qu’à un clic sous couvert de sérendipité et de curiosité, le troll diffamant à portée de tous, l’auto-félicitation communautaire devenant l’unique règle d’autruches 2.0. Le problème n’est pas dans le réseau mais dans l’asymétrie attentionnelle qu’il crée : le troc distribué épuise et centralise.
L’attention est un pharmakon qui nourrit et à la fois détruit la réflexion. Notre cerveau doit lutter contre l’appel de noosphères sans idées. Prendre suffisamment de recul pour collecter, ré-assembler, redistribuer. Générer de nouvelles discussions, alimenter le bruit ambiant pour co-créer un nouveau signal pertinent.
Vouloir s’extraire d’un pôle d’attention sociale génère des incompréhensions. Les raisons ne sont pas forcément accessibles au groupe qui considère son état comme étant la normalité. Et qui renforce sa cohésion dans une définition consensuelle de la barbarie. Sans non-attention, pas de groupe.