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Jour 1

Dans la vie courante, l’immersion dans la durée est une évidence, l’individu s’écoule en elle sans éprouver le sentiment d’une distance ou d’un obstacle. Chaque instant est en lien avec le précédent et nourrit une projection dans le temps, une anticipation. Mais cette perception dépend des significations attachées à son existence sur le moment. Parfois le temps s’écoule au ralenti ou accélère, connaît des rythmes différents, ou il se fige dans une sorte de stase douloureuse. Une pathologie de la temporalité, un arrêt de la durée suspend l’existence et contribue à la rendre terne, sans relief. Attente sans objet, dans une tonalité amère sur le fond d’une impuissance à agir et à relancer le temps par des projets.

Disparaître de soi, David Le Breton

Après avoir reporté d’une journée cette sortie pour cause de pluie continue, je me décide à y aller quand même, le temps dev®ait s’éclaircir un peu. Je réalise que plus je monte au nord, moins j’ai de chance d’être vraiment mouillé. Je change de plan et décide de retourner à un endroit connu, vers Labelle. C’est ma limite psychologique avant d’avoir le sentiment de consommer trop de carburant.

Arrivé sur place, c’est encore bien humide mais je suis motivé pour faire des vidéos. J’ai apporté la gimbal et en tout je pense que l’équipement au complet m’ajoute entre 6 et 7 kilos sur le dos. Non négligeable ! Sous l’euphorie du départ, je n’ai pas fait 500 mètres que j’ai déjà une quinzaine de prises de vues. Marrant mais il commence à pleuvoir et je sais qu’il y un abri un peu plus loin, je me dépêche.

Ce simple toit est bien pratique pour monter/équilibrer la gimbal, ce qui prend un certain temps, surtout en couplant le module de commande à distance. Entre deux gouttes, je m’entraine à faire des ralentis de travelling de mousse. On s’amuse comme on peut. Ce qui m’inquiète c’est que ma première batterie a déjà perdu 3 barres sur 4, oups. Je comprends vite que ça va être le facteur limitant. C’est dommage car j’ai tout pour recharger tout le reste sauf l’outil principal de capture. Apprentissage++.

Je mange un bout et je me dis que je ne suis pas allé dans la forêt pour passer mon temps sous un abri, ni flipper pour de l’énergie autre que la mienne. Me voilà reparti en mode exploratoire vers un chemin inconnu mais néanmoins tracé… qui me fait arriver après quelques acrobaties à un campement bien sympathique. Je ne suis pas arrivé depuis 5 minutes que c’est déjà un défilé de castors juste à mes pieds. Je termine ma batterie en tentant de les prendre au moment où ils annoncent ma présence en tapant avec leur queue, échec. Dommage car c’est assez joli, je n’aurai que le bruit à partager…

Je me couche après avoir suspendu mon sac de nourriture, les ours ont dû terminer leur hibernation. Et s’ils sont comme moi le matin, ils doivent avoir la dalle.

forêt