Cette triple conjonction de faits doit, à tout le moins, nous amener à nous interroger sur notre capacité à faire mémoire en dehors du champ desdites plateformes. C’est à dire, puisqu’il ne peut y avoir de société sans mémoire, à nous interroger sur notre capacité à faire société en dehors de ces plateformes.
Le fait de ne plus être en capacité de reproduire notre passé (cache) nous condamne à le revivre chaque jour un peu différemment avec un flux légèrement réadapté pour nous donner l’illusion d’une nouveauté à laquelle on aspire sans savoir vraiment pourquoi. Est-ce que votre timeline d’il y a trois mois pourrait vous être présentée demain sans que vous ne puissiez le déceler ? Dans mon cas, très certainement, et ce n’est pas seulement en raison de l’externalisation de ma mémoire mais de son inscription dans une routine à tendance apathique. Secondé par une perte de sens de ce que j’y lis en ayant conscience que cela a été filtré par la main invisible de l’algorithme.
Techniquement, les solutions sont plutôt faciles (cache) mais peut-on encore en avoir la vitalité politique ?
P.S. : le travail continu (et si dense !) d’Olivier Ertzscheid est remarquable. Merci.