si la Terre est ronde, c’est afin que personne ne reste dans son coin. Aussi, personne ne devrait se sentir exotique nulle part. Et pourtant, pour tout immigrant quelconque, c’est bien le sentiment d’étrangeté qui prédomine. L’autre est toujours étrange ; mais quand on s’installe ailleurs, c’est soi qui devient l’autre.
Vivre le Québec libre, Hubert Mansion
Il est difficile de quitter son pays. Autant pour les aspects sociaux et culturels qu’identitaires. Le plus dur n’est pas tant de vider sa maison que de laisser la place pour d’autres relations, d’autres références et d’autres capacités d’adaptation et donc de redéfinition de soi. Arpenter sans dénaturer. Comparer sans juger. Échanger sans convaincre. Explorer sans se perdre.
En contrepartie de cela, les faits divers quotidiens me confortent dans mon choix et ce même en maintenant une diète d’information assez stricte. Le fait de continuer à lire Twitter malgré tout n’aide pas, peut-être une étape de plus à franchir prochainement dans ma déconnexion avec la France.
Il y a une certaine lâcheté à quitter le navire au moment où chaque action semble faire osciller la balance. Cependant, je souhaite profondément accompagner un enfant dans des conditions où ne prédominent pas la haine et la violence à l’égard de la différence. Un lieu qui soit bienveillant sans être aseptisé pour autant. L’équation est complexe.
Demain l’avion décolle vers un inconnu plein de vitalité, de nouvelles rencontres et d’expériences hasardeuses. Avec trois valises (et un vélo) pour tout bagage. L’occasion de réacquérir une certaine légèreté et de reconsidérer l’approche minimaliste.