Fascisme de perroquet

J'étais en train de me renseigner sur les Zone Autonome Temporaire remises au goût du jour par les réflexions sur WikiLeaks et j'ai été interpellé par ce commentaire critique de la TAZ par Luther Blissett en 1996 :

Écrire sans que personne ne te lise véritablement est déprimant. Se heurter à un mur de méfiance est tragique. Mais avoir des lecteurs trop facilement influençables est la pire chose qui soit. Ces lecteurs s'imaginent qu'il suffit de lire et de répéter comme des perroquets les formules les plus étranges ; leur véritable désir est en fait d'obéir à quelqu'un, de lire avec les yeux d'un autre, de se soumettre à l'autorité du « maître ». Fascisme de perroquet.

Je me demande si Internet ne favoriserait pas cette forme de fascisme (exacerbée par les ReTweets et autres J'aime). Pharmakon quand tu nous tiens…

— 28/12/2010

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Commentaires

Geekbay le 28/12/2010 :

Internet facilite surement ce fascisme mais tout autant que les medias, combien de fois on a pas entendu "c'est vrai, je l'ai vu a la tv / lu dans les journaux" car c'est exactement la meme chose finalement non?
On decide que X dit vrai donc je repete ce qu'il dit mais sur le web l'information passant bcp plus vite, il y a aussi le facteur si 100 de mes friends ont retweet/like c'est que c'est bien/vrai et c'est d'ailleurs le principe de la curation social.
Au final, on en a revient au fait qu'il faut tjr emettre un doute sur tout ou en tout cas se dire que ce n'est pas 100% vrai mais a 95% ce qui permet de laisser une place a la reflexion personnel et de pouvoir penser differemment ce qui est la base du hacking et de la TAZ.

Quanteek le 28/12/2010 :

L'Internet favorise t'il le fascisme de perroquet ?

Une réponse un peu longue :)

Qu'est ce que le fascisme de perroquet ?

Le fascisme de perroquet est une image permettant de mettre en évidence l'aliénation des individus dû à leur répétition d'un discours sans en connaître les tenants et aboutissants. On considère le discours comme produit et l'on se fait partisan de ce produit. Cette aliénation repose principalement sur la notion de transitivité.

Exemple :
A aime B.
C aime A.
Donc C aime B.

Internet favorise t'il ce mécanisme ?

Replaçons l'exemple précédent dans le cadre de l'Internet et plus particulièrement des retweet et like disponible sur les plateformes Tweeter et Facebook.

Exemple :
Bloggeur aime Lien.
Follower aime Blogueur.
Donc Follower aime Lien.

Écris sous cette forme, il nous apparait comme évident que notre proposition est vraie.
Néanmoins mon exemple se doit être plus cohérent, en effet le Bloggeur et le Follower sont tous deux des Personnes que je dois mettre au même niveau.

Exemple :
"Bloggeur A" aime Lien.
"Bloggeur B" aime "Bloggeur A"
Donc "Bloggeur B" aime Lien.

En modifiant ma modélisation je transforme ma perception des choses. Un bloggeur ayant, par définition, une attitude sensiblement plus dynamique qu'un follower.

Et Internet dans tout ça ?

Internet est, pour l'instant, un réseau neutre de transport de l'information. Dans mes exemples il réside dans le "aime".
La seule différence entre les deux exemples est le statut donné aux personnes, autrement dit leurs attitudes face à de nouveaux contenus. Ce qui importe ce n'est pas ce qu'ils aiment ou non mais comment les personnes se perçoivent face à de nouvelles informations et plus généralement comment ils se perçoivent vis à vis de l'outil que nous mettons à leur disposition. Par quelle philosophie souhaitent-ils répondre à celle véhiculer par l'outil "Internet" ?

Autrement dit c'est une question d'éducation ?

Prenons la première proposition ainsi que son contraire.
"Internet favorise t'il le fascisme de perroquet ?" En attaquant la question sous cet angle on peut être tenté de répondre "Bien sur que oui, regardez tous les commentaires sous les vidéos youtube ou dailymotion ! Non seulement c'est creux mais en plus c'est un aveuglement face à la complexité des choses".
"Internet diminue t'il le fascisme de perroquet ?" Sous cet angle j'ai envie de répondre "Oui ! Mille fois oui !" Je suis un exemple de cet état là. Internet m'a permis de découvrir des textes de références qui ont pu forgé ma pensée et mon discours. J'ai pu me confronter aux idées des autres.

Au final je pense qu'il s'agit d'une question de sensibilisation et d'éducation face à l'outil. Ce n'est pas tant l'outil qui favorise la chose que sa mauvaise utilisation du fait de la non-compréhension de la philosophie/représentation qu'il véhicule.
Sensibilisation car je trouve que l'on parle trop peu de la philosophie portée par les nouvelles technologies. Est-ce que twitter, facebook, un forum sont de bonnes représentations du réels ? Est-ce que ce sont mes représentations ?
Éducation car il faut apprendre à gérer ces représentation, à les utiliser pour ce qu'elles sont.

Nicolas F. le 28/12/2010 :

Pour ma part, c'est un grand non. Des perroquets il y en a dans la monde réel, Internet ne les a pas inventé. Le net n'est que le reflet de la réalité car les gens qui l'animent sont bien réels.

En fait, je pense que les re-tweets, billets plagiats et commentaires bidons ne sont pas importants car ils n'ont pas de répercussions réelles.

D'ailleurs, en dehors d'internet nous agissons tous par mimétisme et ce n'est pas forcément une mauvaise attitude. Que penser d'une assemblée qui applaudirait chacun individuellement sans se soucier d'apporter une forme de rythme ? Dans ce cas comme dans bcp d'autres, fondre son applaudissement dans la masse est simplement la meilleure chose à faire pour créer une amplification de son propre contentement.

Applaudir n'est pas qqchose d'intelligent en soi, c'est juste une activité sociale dont le but est le partage d'émotion. Qu'il y ait mille commentaires de contentement sur un blog, qui n'apportent rien ou mille re-tweets, pourrait être considéré comme une transposition de ces applaudissements sur Internet.

En fait, la seule différence, c'est que sur la toile, ces applaudissements "restent" pour toujours et créent une sorte de bruit de fond qui peut déranger. Et si Facebook ou tweeter permettent de dissocier ces applaudissements, de créer un canal propre à ces derniers, ce n'est pas plus mal. Finalement les boutons like et tweet ne sont peut-être qu'une canalisation répondant à l'expression d'un besoin : applaudir en un clic.

karl le 28/12/2010 :

* La copie : il est très facile de copier (sélection, copier, coller) ou encore plus rapide sur l'interface de twitter (1-click retweet - pas encore breveté ;) )

* La vitesse : la vitesse à laquelle le message recopié se propage est bien plus grande. (propriété de nos sociétés technologiques dont un des buts est d'accélérer la circulation du message depuis la Chine ancienne)

* La distribution : la surface de distribution est bien plus large que précédemment par l'intermédiaire du réseau.

Le fascisme, dans ce cas comme l'opacité, n'est pas tant dû à la répétition, mais aux attitudes des gens face à l'information. Les infrastructures d'une église, d'un village, d'une province, d'un état précédemment permettait ce fascisme de perroquets. La bible est un instrument pour ce fascisme, la constitution un autre. Le message absorbé et non compris, non analysé favorise le fascisme.

Frank Taillandier le 29/12/2010 :

Il est intéressant de souligner l'importance qu'occupe le mimétisme dans nos comportements et comment il influence nos décisions.

Tout ceci ne se limite donc pas à Internet. Nos comportements sont influencés par des références prises en exemple. Ça commence tout jeune avec nos parents, nos proches, puis à l'école, au travail etc. Ces role-model peuvent évoluer au cours de notre existence, mais ils ont l'air nécessaire à la construction de notre moi.

La société d'aujourd'hui montre bien que les média arrivent à déclencher des comportements de masse en soumettant notre inconscient à des messages qui nous permettent de nous identifier à de nouveaux role-model. Rajouter à ça le désir, la libido de vouloir ressembler à ces role-model et vous obtenez le monde d'aujourd'hui.

Pour la petite histoire, c'est le neveu de Sigmund Freud qui a brillamment démontré cette théorie à la fin des années 20. Il a dès lors posé les bases de la société de consommation. (cf. Propaganda http://en.wikipedia.org/wiki/Propaganda_(book) ).

C'est donc bien d'une dictature mentale dont nous parlons ici. Une dictature nécessaire si on en croit Bernays.

Alors Internet favorise-t-il en plus la paresse intellectuelle en nous permettant de reprendre instantanément les propos d'un autre (eux-mêmes influencés par un autre role-model) ? Sans aucun doute. Il est de plus en plus facile d'adhérer à des idées toutes faites.

A partir de là le libre arbitre n'est-il qu'une douce illusion qui rassure notre égo quand à notre capacité de décider par nous même ?

Je n'ai pas la réponse à toutes ces questions mais j'avoue que ce sont des sujets qui me turlupinent aussi.

Comme dit Damien Saez plus prosaïquement dans une de ces chansons, "non l'homme ne descend pas du singe, il descend plutôt du mouton".

Antoine Cezar le 29/12/2010 :

J'abonde personnellement dans le sens de la non neutralité de l'outil ou du médium dans les comportements.
La facilité à faire quelque chose n'engage-t-elle pas à la faire de manière moins réfléchit par exemple ?

Doit-on élever le prix à payer pour l'accomplissement de certaines actions ?

Je ne pense pas pourtant que l'outil soit responsable des mésusages que l'on fait d'eux. Finalement ce que l'on pense être un mauvais usage n'est-il pas l'usage souhaité par celui qui met à disposition l'outil ?
Faciliter les usages vise bien souvent l'égo ou la rentabilité.

Avez-vous remarqué que la présence de «plus de», «facile», «vite» ou «en un click» laisse bien souvent à la porte «qualité» ?

ps : Cela fait longtemps que je n'avais vu de commentaires avec un rapport signal/bruit aussi élevé. ^_^

No' le 30/12/2010 :

Pour compléter les théories du neveu cité par Franck, il faut rappeler également le concept de Mème, théorisé par Richard Dawkins, entre autres, qui exprime un élément culturel répliqué par imitation, soit transversalement (et internet en est un vecteur évident), soit verticalement (éducation, rites initiatiques, etc).

http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8me

Dans le Perroquisme, il y a quand même quelques nuances qui me viennent à l'esprit.

D'abord, tout n'est pas répétable ; c'est d'ailleurs ce que la mémétique étudie : on ne répète pas tout, tous les phénomènes, toutes les vidéos "virales" ne débarquent pas sur tous les navigateurs de la terre. Y'a une sélection "naturelle" des liens qu'on lie et qu'on relie.

Il y a aussi une autre donnée : le lèche-bottisme. Une fois une certaine "masse critique" de suiveurs, le blogueur/twitteur devient "influent". Et dès qu'il devient influent, il apparaît aux yeux de celui qui suit que tout ce que ce "leader" dit/fait/lie devient absolument-incroyablement-indubitablement parole d'évangile. Dès lors, tout message est relayé, sans discernement, non pas parce qu'il est pertinent, mais simplement parce que ça fait "bien" ou "classe" de retouitter telle ou telle célébrité. L'effet de cour du roi, sans doute. Quand le Roi rit, toute sa cour rit. Ce que le Roi déplore, la cour se fait un vrai bonheur de jeter aux orties, juste pour montrer au Roi : "voyez, Sire, j'en rajoute, je fais pire encore que déplorer".

On a vu ça aussi en politique, les renégats qui passent dans camp adverse sont pire encore que ceux qui étaient dans le giron avant eux (L'ami Brice est un exemple parlant).

David, biologeek le 04/01/2011 :

Et bien, quand je pense que j'ai osé dire que les commentaires de blogs étaient morts (ou alors ça vous a piqué au vif ;-)).

@Geekbay :

> pouvoir penser differemment ce qui est la base du hacking et de la TAZ.

Et d'Apple ? ;-)

@Quanteek :

> Au final je pense qu'il s'agit d'une question de sensibilisation et d'éducation face à l'outil.

Oui, et l'éducation prend énormément de temps. Si on compare l'arrivée d'Internet à celle de l'imprimerie, il y a encore des analphabète 600 après la naissance de cette dernière et pas si loin de chez nous...

@Nicolas F. : tiens j'aime beaucoup l'idée d'applaudissement, ça correspond tout à fait à la notion de flux et de fugacité des échanges. Je réutiliserais si tu le permets.

@karl : oui c'est le passage à l'échelle qui change un peu la donne mais effectivement on a toujours eu ces "cellules de copie", cercles concentriques déformants le message initial, ou tout simplement l'interprétant différemment.

@Franck Taillandier : j'aime tes références :-)

> A partir de là le libre arbitre n'est-il qu'une douce illusion qui rassure notre égo quand à notre capacité de décider par nous même ?

On avait eu une discussion très intéressante (bon ok, assez alcoolisée) avec Olivier Grisel sur le concept de mème et leur importance au niveau des idées, influant justement sur le libre arbitre qui pourrait ne pas exister si on pousse la théorie plus loin mais je n'ai pas encore eu le temps de lire Richard Dawkins pour affiner ça, ni Susan J. Blackmore d'ailleurs... il y aurait de quoi bien se casser la tête sur les notions de hasard et de liberté dans ce contexte.

@Antoine Cezar : j'ai l'impression que tu arrives à te contredire dans ton propre commentaire ou alors j'ai pas tout saisi !

> Avez-vous remarqué que la présence de «plus de», «facile», «vite» ou «en un click» laisse bien souvent à la porte «qualité» ?

Ça dépend (et hop, moi aussi). Il y a un curseur entre infantilisation et apprentissage qui est difficile à placer et qui ne satisfera jamais tout le monde. On avait d'ailleurs cette discussion récemment au sujet des modifications de l'interface de Firefox (cf. brève suivante).

@No' : cf réponse à Franck sur les mèmes.

françois le 12/01/2011 :

Les gens confondent information et savoir. Une masse d'informations brutes décontextualisées voilà le résultat d'internet. Alors fascisme? Bof, plutôt baisse de la capacité généralisée d'analyse et de la critique. Et après les boeufs votent Royal, Sarkozy, etc. Des politiques simplets pour des peuples simplets.

mc le 04/02/2011 :

Pour ma part, je ne suis pas d'accord.
Ce n'est parce que je partage un lien vers un article que je suis d'accord avec son contenu en intégralité. Je peux être d'accord avec certains points, d'autres non, ou au contraire pas du tout d'accord.
Si je partage un article, cela signifie que je trouve son contenu intéressant, sujet à polémique. En général, je ne commente pas et laisse les personnes avec qui je les partage (sur buzz, facebook, reader, twitter) le soin de se faire un avis personnel, et le partager s'ils en ont envie.

Ces outils ne sont par conséquent à mon sens que des outils de partage, et j'ai une vision critique sur les articles ou media que je partage et en attends tout autant de mes "followers/amis", même si je n'exprime pas mon opinion directement. S'il doit y avoir un débat, je serai heureux de le faire avec ces personnes au cours d'un contact plus interactif tel qu'un dialogue / tchat / appel téléphonique / commentaire.

C'est pourquoi ton opinion concernant le fascisme du perroquet ne s'applique pas à moi, et je ne pense pas être le seul.

charlestrojani le 08/04/2011 :

Bonjour,

Les web 1.0 ; 2.0 ; 3.0 ; 4.0 ne favoriserait-ils pas le fascisme de perroquet ?

Les idées, les principes, les méthodes de base comme l'orientation de la production de ressources de notre (asso ; ruche) loi 1901 kernel à Marseille sur :

l'union (psychobiologie ; nanomondes ; libre)

sont, en partie, issues de la production de ressources des murmures des champs ioniques, des micros sociétés schizophréniques (infrastructures virtuelles des territoires numériques, leurs services étants rendus par signaux électroniques : Un signal est une projection physique d'une information (énergie cohérente) qui transite dans un système de la source jusqu'au destinataire), dont CharlesTrojani pense être un médium depuis au moins 1997. CharlesTrojani est un citoyen de la République Laïque Française.

L'un des fondateurs de notre association loi 1901 kernel, CharlesTrojani, né le 23 août 1964 à Ajaccio, en France, est l'actuel président de notre (asso ; ruche) kernel des nanomondes.

RMIste depuis le 1 décembre 1989 ; Ancien du 4e RIMa puis para commando (CNEC à Mont-Louis) ; boutefeu ; ancien Chef d'entreprise en démolition et terrassement dans les Bouches du Rhône ; Docteur en psychobiologie des nanomondes civils libres ; praticien en Hypnose Ericksonienne ; PNL ; TCC ; spécialiste des couples (rue ; web) d'OS web 4.0 civil de l'Open Source dans le domaine de l'éducation à distance.

Charles Trojani a évolué dans le théâtre expérimentale (infrastructures virtuelles des territoires numériques, leurs services étants rendus par signaux électroniques) de Castelluccio à Ajaccio en France.

Théâtre d’opérations bien connu du MRI école du Palo Alto (USA).

Beau frère d'un ancien du MPA.

CharlesTrojani pense être un reliquat d’expériences d’une secte (infrastructure numérique) du web 4.0.
CharlesTrojani pense être toujours sous surveillance et contrôle d'un OS web 4.0.

Est-ce ça une victime du fascisme de Perroquet ?