Devant la prolifération des coffres forts 2.0, je me pose cette question depuis un bon moment maintenant et je me suis dit qu'on pourrait essayer d'y répondre à plusieurs entre utilisateurs, concepteurs et libristes. Après le succès du précédent sondage, j'espère que vous serez toujours aussi motivé(e)s, les règles du jeu sont très simples et il y a un iphone un peu plus de liberté à gagner si les idées poursuivent leur chemin.
Règles
Qui ?
Tout le monde, on ne va pas attendre qu'une minorité d'éminents blogueurs/investisseurs décide de notre avenir en ligne.
Comment ?
Si vous êtes blogueur vous pouvez publier sur votre blog, la seule condition est que la licence me permette de reproduire le fruit de votre réflexion ici. Dans le cas contraire (bravo vous n'avez pas cédé à la tentation de passer encore plus de temps devant un ordi), vous pouvez poster votre commentaire ci-dessous et il sera affiché lors de la mise à jour du billet avec les réponses. Vous pouvez aussi m'envoyer votre réponse par mail si vous trouvez votre client plus ergonomique ou en html, bref le format importe peu, ce qui m'intéresse ce sont vos idées sur le sujet.
Échéance ?
Je pense qu'une bonne semaine de réflexion devrait suffire, copie à rendre avant le 2 décembre, sans faute(s). L'idéal étant de mettre en ligne le 1er et de m'avertir ensuite par n'importe quel moyen de façon à ne pas influencer les autres participants.
Précisions
[Edit du 25] : pour répondre de manière un peu plus précise au premier commentaire, c'était mon introduction initiale mais elle orientait déjà un peu trop le débat à mon avis.
La bataille du desktop est dépassée, nos machines ne seront bientôt plus que des terminaux permettant d'accéder à une machine (ou plutôt un réseau de machines) bien plus compétente : Internet. C'est un peu ce qui m'a fait revenir sur certains de mes principes/idéaux concernant les Logiciels Libres, je me suis rendu compte que nous étions beaucoup plus dépendants des applications en ligne que des logiciels que nous utilisons au quotidien. Le web contient nos écrits, nos relations, nos données,... tout ce qui fait finalement notre identité et qui devrait nous appartenir pleinement.
Linux, Firefox ou Gimp ne font pas partie de mon identité, ce sont des outils. En revanche les applications web sont de plus en plus des conteneurs à identités. Flickr contient mes photos qui font partie de mon passé, GMail des messages professionnels qui sont d'une importance capitale pour mon activité actuelle, LinkedIn constitue mon réseau professionnel utile à mon avenir. Comment faire le jour où je voudrais en changer ? Et quelles alternatives me permettent d'avoir un contrôle total de mes données ? C'est dans cette optique que la question a été posée.
Et sinon je vais très certainement assister à la session 7 (entre autres) des Entretiens du Nouveau Monde Industriel le mercredi 28 novembre de 15h30 à 17h dont la thématique est : nouveaux modèles économiques, question juridiques, éthiques et sociétales. Impossible de vous copier la description ici compte tenu du site, mais bon ça à l'air prometteur vu les intervenants :-).
Résultats
Vous avez été nombreux à réagir et c'est un plaisir de suivre l'avancée de vos réflexions. No' a ouvert le bal avec une fiction cauchemardesque :
Les gens de SafeBook avaient bien amorcé le virage de 2010. Ils avaient anticipé la généralisation des licences libres et virales pour les sites webs, en publiant immédiatement leur code source, leurs APIs, leurs recettes. Petit à petit, les hackers du monde entier, remplis d'allégresse à l'idée de participer à un vrai réseau social libre avaient commencé à contribuer, tant dans le noyau que dans l'implémentation de petites applications connexes.
Rapidement rejoint par Cyril Mougel qui constate un déclin des applications web libres :
Alors que je ne le souhaite pas, j'ai vraiment peur pour ces applications. Autant je trouvais qu'elles prenaient de l'importance il y a 2 ans, autant je trouve que leur utilisation décline. [...] Même nous les Geek passons de plus en plus par ces applications tierces que par des applications internet libre.
Sunny va plus loin en proposant de jouer sur l'atomicité et je pense aussi que l'évolution du web va dans ce sens :
Les applications libres qui fonctionnent sont celles qui réussissent à se relier au reste du web. Les moteurs de blog comme WordPress ou Typo pallient cette coupure grâce à l'utilisation de plus en plus courante des fils de syndication RSS et Atom. Les autres types d'application doivent trouver les formats de données qui leur permettent la même ouverture. L'avenir des applications web libres passe donc par l'ouverture.
NiCoS est quant à lui assez pessimiste sur l'avenir des applications web libres à court terme :
A court terme et comme tout mouvement, cela se développera chez les plus utopistes, avant-gardiste, geeks existant sur cette planète. Les applications web libres auront un succès limité.
Bien qu'il y ait des possibilités à long terme :
A long terme, aura-t-on que des applications web libres ? un mix libre et propriétaire ? Tout comme pour la couche système d'exploitation et logiciel je pense que le libre est l'avenir, cela mettra du temps à se faire et si une application propriétaire utilise des standards et est interopérable, alors elle aura tout à fait sa place.
Lezard Breton souligne le fait qu'une licence ne suffit pas et ça m'a fait plaisir de lire ça :
Cependant, la licence du code dans ce contexte n'est pas aussi importante que l'utilisation des données : je veux savoir comment mes données personnelles sont utilisées, et c'est là que le bas blesse puisque rien n'a été défini de manière consensuelle pour déterminer si une application web est vertueuse ou non.
Il y a même eu une participation en anglais It's not the Internet anymore qui est un excellent texte d'introduction :
More and more of our computing is networked, and the day might come when the only software used on your personal computers is a set of hardware drivers. The core of our activities and information will stay online — it's now up to us to decide whether this will be inside a few competing, closed private networks, or within a mesh with no center nor owner, otherwise known as the Internet.
Yannick Francois nous gratifie d'un long texte en faveur de l'avenir du libre pour le web :
Mais surtout il faudrais que nos applications puissent communiquer entre elle pour se partager des informations. Attention, pas des informations sur les utilisateurs, mais plutôt sur un catalogue de flux rss disponible sur une même catégorie par exemple. [...] Je pense qu’il faut batir des applications web libres communiquantes. Peut-être que cela ne s’applique pas à toutes les applications, mais le fait d’être libre permet au moins cela: avoir la possibilité de le faire, même après coup :)
Et pour finir Guillaume Schaeffer joue aussi au jeu des prémonitions avec le web dans 5 ans :
Il va se développer une sorte d'API publicitaire, permettant aux annonceurs de publier sous différents formats (ah, les fameux widgets), s'adaptant ainsi à tous les supports (téléphone mobile, e-book, pc etc.), recoupant les informations contenues dans vos différents profils pour mieux vous cibler.
Retardataire
05/12/07 : Greg Leclercq revient sur l'historique des applications web libres avant de continuer lors de prochains épisodes :
Par contre que se passerait-il si des cabinets de conseil, et dans la continuité de l'externalisation, poussaient les entreprises à faire des mashup plutôt que d'utiliser des applications libres ? Cela me semble peut probable dans beaucoup de situations. Pour la simple raison que mashup implique données stockées un peu partout et sans maîtrise. Pour des données personnelles, si on l'accepte, ça peut passer. Pour des besoins professionnels, ça devient tendu !
06/12/07 : Gautier Poupeau me fait part de ses réflexion par mail :
Comme tu pouvais t'en douter, je pense que l'avenir ou du moins une partie réside dans les technologies du Web sémantique et la notion de Web of data. Nous disposons avec RDF et SPARQL d'une API universelle qui permet d'interroger n'importe quelle source de données de la même façon sans connaître a priori la structure des données. C'est, je pense, une révolution, loin des pseudos-solutions que propose Google avec son API Open Social, qui servirait strictement à rien si les réseaux sociaux exposés leurs données via un sparql end point. Et, en liant peu à peu, toutes ces données, une énorme toile est en train de se créer à un niveau de granularité beaucoup plus fin que celui du Web actuel qui se "contente" de relier des documents. Mes derniers billets pourront te donner plus de renseignements sur la question. Mais, je suis persuadé que ces questions vont arriver très vite sur le devant de la scène, surtout avec des technos comme RDFa.
Merci pour toutes ces participations qui se sont aussi manifestées en commentaires ou en relayant l'information (j'espère n'avoir oublié personne, sinon n'hésitez pas à me contacter, retardataires acceptés ;-)) qui me confortent dans l'idée qu'il y a quelque chose à développer en ce sens. Pour ma part, j'ai trouvé le sujet trop vaste pour tenir en un seul billet donc vous aurez droit à plusieurs épisodes :
- GWeb, peut-on encore rêver d'un web libre ?
- Mozilla Weave : la libération des données utilisateurs par Mozilla
- Mieux que gratuit : le business model réinventé
Bonne lecture !
Commentaires
NiCoS le 24/11/2007 :
Libre, dans quel sens ?
- Distribué sous une licence libre ?
- Qui permettent à l'utilisateur de librement pouvoir passer d'un service à un autre ?
David, biologeek le 25/11/2007 :
Libre dans le sens Logiciel Libre, ce qui implique généralement des formats de données standards et interopérables.
No' le 25/11/2007 :
En guise de réponse : jehaisleprintemps.net/det...
shingara le 25/11/2007 :
Salut,
J'ai voulu participer à ton petit sondage et j'ai donc posté ma réponse à cette question sur mon blog :
blog.shingara.fr/articles...
julien le 26/11/2007 :
Le bazard et la cathédrale voilà l'avenir (excellent article à lire). Le meilleur cotoie le pire du pire. Le problème du libre c'est qu'il y a beaucoup de dogmatisme. Stallman est l'archétype du sectaire intégriste qui veut GPLiser la terre entière. Malheureusement, le monde n'est pas comme il voudrait et les entreprises ont des contraintes ce qui j'espère permettra aux informaticiens pro libre de mettre plus de rigueur et de professionnalisme dans leur code. D'un point de vue légal aussi il faudrait des avancer notamment avec la notion de responsabilité des auteurs en cas de dysfonctionnement du logiciel entrainant des pertes de données car actuellement c'est "vive le responsable mais pas coupable".
Bruno le 26/11/2007 :
Voilà quelques liens à propos de ce problème :
- Découvert il y a quelques années déjà : la licence GPL (sauf v3) sans effet radar.oreilly.com/archive...
- Notez quand même que l'Open Source permet d'eviter la taxe Microsoft et que sans Firefox on serait sans doute encore avec IE 5 !!!
- L'importance des données radar.oreilly.com/archive...
- La majorité des gens se foutent de savoir ce qu'on fait avec leur données : www.techcrunch.com/2007/1...
- Pour ceux que ca intéresse des solutions : ici www.sixapart.com/about/ne... et là bradfitz.com/social-graph... ...
Perso, je n'utilise plus FaceBook, mais Mugshot : mugshot.org/
Il y aurait beaucoup de choses à faire en P2P, mais on en est loin encore.
Le fait de pouvoir recuperer toutes ses données est crucial. (votre carnet d'adresse, les films sous IMDB, vos mails, votre blog, vos contacts, vos liens, vos musiques preferées ...)
Visiteur développeur le 27/11/2007 :
Bonne question ! (c'est déjà ça :-))
Mais qui peut connaître l'avenir ?
Je me permets de détourner la question en : Quels risques pour les utilisateurs d'applications web ?
Car, en effet, permettre à tout un chacun d'externaliser ses traitements part d'un bon sentiment (suis-je à ce point naïf ?), mais pour beaucoup d'utilisateurs, les traitements informatiques sont le coeur de leur activité (secrétariat, activité commerciale, etc.)
N'y a-t-il pas un risque de voir les données et leurs traitements échapper au contrôle de l'utilisateur ?
N'y a-t-il pas un risque d'"espionnage" ou du moins d'exploitation illicite de ces données ?
Finalement, je pose plus de questions que je n'apporte de réponse à la vôtre...
Conclusion : l'avenir nous le dira, mais à quel prix ? (et une question de plus !)
Greg le 28/11/2007 :
Je me pose les mêmes questions que NiCoS : qu'appelle-t-on une application libre ? J'imagine qu'il ne s'agit pas de la partie technique - le moteur de l'application - mais plutôt du service et pour reprendre un terme de notre cher web 2.0, du SaaS. Et là, j'ai encore du mal à définir un SaaS libre.
Autant la notion de liberté s'applique bien à un projet ou une oeuvre, autant lorsqu'elle porte sur un service, la définition semble être différente. Si on reprend les principes du web 2.0, l'utilisation de standards ouverts et interopérables est une condition nécessaire à la remixability (désolé pour l'anglicisme) et le principe associé : Innovation in Assembly. Cependant, dans ce cas précis, la liberté s'applique aux données, pas au service lui-même. En effet, comment ajouter de nouvelles fonctions au service ?
C'est un début de reflexion et je vais essayer de me prendre au jeu et contribuer à la reflexion collective que tu viens de lancer :).
Olivier Cleynen le 29/11/2007 :
Bonjour,
Je viens de publier un article qui correspond bien au sujet, je crois... seul hic, il est en anglais:
www.ariadacapo.net/blog/i...
Mais la license est CC-BY-SA :-)
L'antre du reptible Bigouden le 29/11/2007 :
Quel avenir pour les applications web libres ?
Je rejoins entièrement les préoccupations exprimées sur l'excellent Biologeek : "Quel avenir pour les applications web libres ?" (la phrase "La bataille du desktop est dépassée" est tout de même déplacée). Plusieurs axes de réflexions sont...
klint le 29/11/2007 :
Je ne comprend pas vraiment les exemples flickr et gmail... qui ne sont pas libre, tout au plus gratuit (enfin monétisés grace à la pub). Pour moi un logiciel libre c'est par exemple dotclear que tu utilises.
David, biologeek le 30/11/2007 :
@klint : ce sont justement des contre exemples !
Greg le 02/12/2007 :
Bon comme je le craignais je suis à la bourre !! J'ai un brouillon en route mais la réflexion est longue et nourrie. Il y a beaucoup de choses à dire et beaucoup de références. Je vais essayer de mettre ça en ligne demain, quitte à découper en plusieurs billets.
Greg's blog le 05/12/2007 :
Quel avenir pour les applications web libres ? (1/?)
Aujourd'hui le web est présent partout. Et comme le met en avant David Larlet, nos données personnelles se trouvent de plus en plus disséminées sur la toile. Dans ce contexte, l'avenir des applications web libres peut sembler primordial...