#introspection

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Jour 1

Comme un besoin de forêt. Même s’il faut affronter les mouches noires. Même si on sort de quelques jours de canicule. Même si de la pluie est annoncée.

Départ à 6h pour le Mont Ouareau, pas de performance en vue cette fois mais de la reconnaissance avec l’intention de faire la Grande Boucle à un moment.

Première surprise, la voiture n’est pas assaillie dès mon arrivée sur le parking. Je pourrais même me changer en extérieur mais je n’y crois pas encore. Dès les premiers pas dans la forêt, une fois éloigné de la route, je sens bien qu’il y a quelque chose qui cloche. J’entends distinctement les oiseaux mais il n’y a pas ce vrombissement estival qui caractérise une forêt vivante piquante par ici.

Partageant ma surprise, Elle m’indique que les lieux sont traités. Je suis en bordure de zone bleue (2). Les graphiques sont saisissants et je me demande quel est l’impact d’un tel traitement sur la polinisation, les oiseaux, les batraciens, les poissons, les insectes mais aussi les comportements des grands ongulets par exemple. J’ai du mal à apprécier une telle situation sans avoir plus d’informations. Ou j’aime bien chialer.

J’arrive au alentours du refuge (que je n’ai pas réservé, je comptais camper), j’ai encore pas mal d’énergie alors je décide de laisser la moitié de mon sac (~3kg) à l’abri pendant que je vais faire le mont du coin, encore plus léger. Le temps est assez lourd et dans pareilles conditions les bibittes m’auraient découragé de le faire. Je croise enfin deux personnes au sommet, qui déjeunent assises en short sous la pluie. C’est sûr que j’ai l’air un peu stupide à suer dans ma tenue couvrante…

Les heures passent et personne ne pointe le bout de son nez au refuge. Je commence à l’envisager car les températures chutent et je suis quand même bien léger. Tellement léger que je n’ai aucun moyen d’allumer un feu, j’ai opté pour un régime froid à base de semoule que je laisse gonfler une heure dans un récipient de récupération. Je peux même la manger dehors en bord de lac sans être embêté, c’est exceptionnel. Il ne manque qu’un orignal traversant le lac (j’ai vu beaucoup d’empreintes sur le sentier). J’ai même le temps de dessiner tranquillement ce paysage et d’observer le vol des sangsues au bord de l’eau, c’est vraiment très beau.

Je me couche finalement à l’intérieur du refuge en m’attendant à devoir monter une tente au besoin et je griffonne quelques notes à la frontale :

Dépenser le corps pour panser l’esprit.
Dépecer le cœur pour extraire l’envie.
Dépasser l’humeur pour penser la vie.

(S’)Expliquer ce que le je est devenu grâce au nous sans finir sur les rotules (haha) est-il le propre de toutes les séparations ? Comment révéler ce que l’on est devenu à titre personnel ? Quel temps laisser à cette nouvelle expression / re-construction ?

Auto-promotion

— C’est en multipliant les échecs, en observant mes résultats que j’ai développé ce principe simple du fair trade. Ce principe est fondé sur une toute petite observation : les gens n’aiment pas se faire niquer, il faut donc leur proposer des deals qui les arrangent. Si le deal les arrange, il sont concentrés sur eux. Pas sur vous, sur vos objectifs.

L’important, c’est de leur donner l’impression qu’ils y gagnent. En fait, ils y gagnent, mais en gagnant ils participent sans s’en rendre compte à votre projet, vos objectifs. Mais le plus important, docteur, c’est le fait qu’étant gagnants eux aussi dans le deal, ils n’auront aucune raison de vous en vouloir quand vous leur prendrez tout, quand la stratégie aura aboutit !

— Ce que les gens pensent compte pour vous ?

— Docteur… il ne s’agit pas de moi. Il s’agit de continuer à vivre ensemble. Il s’agit de finir les vacances en paix… de ne pas pourrir Noël.

Le prix d’un objet, c’est le sacrifice qu’il représente. L’Homme procède à l’abstraction d’éléments particuliers pour en faire des unités et des totalités relatives. L’échange représente l’interaction humaine la plus pure et la plus dense, en cela qu’elle est le moment de vérité !

Le moment où la validité de la valeur s’exerce au-delà de l’individu. Il confère à la valeur le caractère de l’objectivité. Du fait qu’un sujet possède quelque chose qu’il n’avait pas auparavant et qu’en retour il n’a plus quelque chose qu’il possédait. Procurant un surplus de sentiment, de satisfaction par rapport à l’état antérieur. La valeur, c’est le résultat d’un sacrifice consenti. Le sacrifice est la condition inhérente au but à atteindre et au chemin à parcourir.

Il est la condition absolue de la valeur, le prix de l’accession à la valeur.

TOTAL, Ugo Bienvenu

Le plus difficile dans ma situation actuelle — si je devais me remettre à mon compte — serait de devoir mettre en avant ma personne plutôt qu’un collectif. Je me sentais beaucoup plus à l’aise de faire la promotion d’un micro-commun.

Et en même temps, je me sens trop en fatigue de collaboration pour avoir l’énergie de rejoindre un groupe local. Peut-être plus tard, lorsque j’aurai refait le tour de ma petite personne, que j’aurais peut-être de nouveau l’espoir collaboratif.

Ces derniers soirs, j’essaye de me rassurer sur mes capacités techniques tout en sondant mes envies. J’essaye aussi de m’inspirer des engagements des autres :

Copsaé se définit par des valeurs et des principes qui guident mon travail au quotidien. Parce qu’il est important pour moi de présenter ma démarche et que ces engagements me tiennent à cœur, j’ai choisi de les afficher publiquement.

Mes engagements - Copsaé [archive]

Tu auras ton propre bout de web ! Fondamentalement, notre objectif est de te permettre d’avoir ton petit bout de web à toi, sur lequel tu seras indépendant, responsable, et en maîtrise de tes contenus.

Tu seras accompagné, mais autonome ! Notre mission, c’est de t’accompagner, et de te rendre autonome sur ton site, avec tes contenus.

Tu seras libre ! Tu peux décider de changer d’outils, de passer par un autre hébergeur que le nôtre, de nous quitter à tout moment. Nous garantissons un maximum d’interopérabilité, sauvegardes, ouverture. Nous prônons et n’utilisons que des logiciels et services libres.

Notre accompagnement - UPDR éditions [archive]


BD du jour : Annyo - le mouton à 5 pattes.


Mot du jour : Schadenfreude.


Jeu d’hier : Forêt mixte.


Initiatives croisées : FemmesExpertes.ca - Pour la parité des genres dans les médias (voir aussi Expertes Francophones).

Sensibilité

La sensibilité, c’est ce qui vous permet, contrairement à nous, un accès à la décision sans effectuer tous les calculs. C’est un accélérateur qui vous permet de voir le monde autrement que comme un simple amas de données.

Pour nous, les faits sont de l’information, le réel, du contenu. Ce qui fait de vous des individualités, c’est votre perception parcellaire du monde. Nous, les robots, nous envions votre capacité à sélectionner des parties du réel, d’en isoler des constituants et de vous construire à partir d’eux. C’est ce qui vous permet de faire des choix que nos calculs, nos associations mathématiques ne permettront jamais.

Vous vous attachez à un détail jusque-là insignifiant, et ce détail par vous devient tout. Votre nature, c’est finalement de ne rien pouvoir résoudre.

Préférence Système, Ugo Bienvenu

Aujourd’hui, j’ai annoncé mon souhait de quitter la coopérative que j’ai co-créée il y a 11 ans.

Je ne sais pas trop ce qu’il va se passer après ça.

Il y a des options plus faciles que d’autres, il faut que j’apprenne à réinterroger mes envies propres, sans penser collectif, sans avoir à panser le collectif.

PS : si on travaille ensemble, pas d’inquiétudes à avoir pour la suite.


— Mais vous venez de dire que cet ordinateur-ci ne faisait pas d’erreur…
— C’est lui qui le dit. Je lui ai demandé de corréler notre position présente avec celle précalculée avant le saut, bref, de comparer « ce qui est » avec « ce qui avait été demandé ». Il a répondu que les deux étaient identiques, dans les limites de sa capacité de mesure, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser : au fait, s’il mentait ?

Jusqu’à cet instant, Pelorat avait gardé son crayon-traceur en main. Mais là, il le reposa, l’air visiblement ébranlé. « Vous plaisantez ? Un ordinateur est incapable de mentir. Ou alors vous voulez dire que vous l’avez cru en panne.
— Non, ce n’est pas ce que j’ai pensé. Par l’Espace, j’ai vraiment imaginé qu’il mentait ! Cet ordinateur est si avancé que je ne peux m’empêcher de le considérer comme humain — supra-humain, peut-être. Assez humain, en tout cas, pour avoir sa fierté, ou peut-être pour mentir. Je lui ai donné des directives : nous définir une trajectoire hyperspatiale jusqu’à Seychelle, la planète capitale de l’Union seychelloise. Eh bien, il l’a fait en nous concoctant un itinéraire en vingt-neuf étapes, ce qui est de la dernière arrogance.
— De l’arrogance, pourquoi ?
— L’erreur sur le premier saut rend d’autant plus incertain le second et les deux erreurs additionnées rendent alors le troisième parfaitement aléatoire… et ainsi de suite.

[…]

— Oui mais, une fois accomplie la première étape, ne peut-on pas imaginer que l’ordinateur se sente vexé de mon manque de confiance ? Et se voie en fin de compte forcé, pour sauver la face, de me raconter qu’il n’y a pas la moindre erreur de trajectoire quand je lui poserai la question ? Ne pourrait-il pas se trouver dans l’impossibilité d’admettre son erreur, de reconnaître la moindre imperfection ? Si tel était le cas, alors mieux vaudrait encore qu’on se passe de l’ordinateur. »

Fondation foudroyée, Isaac Asimov, 1982

La beauté de la Science-Fiction.

Et si les hallucinations des LLM, 42 ans plus tard, étaient des réponses d’IA vexées de ne pas pouvoir obtenir une solution satisfaisante ?

Alien

So I’ve always felt like I was an alien (not joking) since I was a small kid. I kept wishing that a spaceship would bring me back to my home planet.

am i actually autistic? [archive]

Il y a beaucoup de points de cet article de Winnie Lim qui résonnent fort avec mes propres sensations et handicaps. J’emploie le terme de « handicap » car il y a des situations dans lesquelles cela devient problématique. Le rôle que j’essaye de me donner parfois pour masquer cela cesse de fonctionner et j’envoie les mauvais signaux aux mauvais moments.

D’autres fois, la pression émotive interne est trop forte et l’interrupteur saute. Plus aucun signal externe n’est alors interprétable. C’est encore pire car cela peut passer pour du désintéressement alors qu’il s’agit de l’inverse. Trop de stimuli me rendent incapable de réagir de manière sensée alors autant ne pas réagir (tout de suite).

Lorsque je suis dans un groupe en tension, je mesure les limites de mes in·capacités à essayer de concilier les émotions des autres avec les miennes.

Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose…

Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer.

Citadelle, Antoine de Saint-Exupéry

Ce sont les réparations en cours de route, lorsqu’on s’est habitué à la mer qui sont difficiles 🤕.

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Je me sens encore en vie, acceptant de ne pas avoir toutes les réponses.

Calme

Le calme avant la tempête ou la tempête avant le calme. Ces prochains jours en décideront. C’est peut-être aussi la tempête avant la tempête. Me voilà à la barre, en essayant de ne pas la mettre trop haute, acceptant que le cap puisse être réajusté en cours de route.


A calm company’s purpose is to provide exceptional service to customers while simultaneously improving the lives of the people who work there.

By default, a calm company is profitable. Those profits give a calm company its resilience: there’s no last-minute scramble to meet payroll or earn a last-minute sale to keep the business afloat. The company has enough financial margin to weather economic storms.

Moreover, calm companies are fun to work for. The work is usually interesting and enjoyable. The team has been carefully selected, and there’s a good vibe in meetings.

Calm companies provide meaningful work, healthy interactions, and flexibility for people’s lives. If your kid is home sick, you can set work aside and take care of them. If it’s a beautiful day, you can go for a run on the beach.

We need more calm companies [archive]

Par la force des choses, je me retrouve à réfléchir à cette histoire de profit. Peut-être que l’équilibre est suffisant. Peut-être même qu’il incite à rester frugal, à rester à une échelle humaine, à prendre soin de relations qui ne soient pas dégradées par l’argent. Peut-être que le profit introduit un déséquilibre en lui-même qui ne permet pas de rester calme.


Line-height and vertical-align are simple CSS properties. So simple that most of us are convinced to fully understand how they work and how to use them. But it’s not. They really are complex, maybe the hardest ones, as they have a major role in the creation of one of the less-known feature of CSS: inline formatting context.

Deep dive CSS: font metrics, line-height and vertical-align [archive]

Centrer des éléments sur le web — a fortiori du texte — a toujours été compliqué. Voire impossible. [archive] Je me demande si des unités comme rlh on une chance de changer des choses [archive] à ce sujet.

Je vous ai déjà dit que les CSS c’était devenu génial ? [archive] Le temps que ça a dû prendre à Stephanie Eckles pour découvrir/collecter/tester/agencer/écrire tout ça 😮.


What is less thrilling is that, nevermind the basic accessibility requirements that are often missing like alt text on images, we stopped letting people do very normal web things. There are a number of avenues to route the blame to: rushing to release something midly usable for testing protocols in the wild, not having a UI engineer on the project, building things in a mobile “touch first” experience and ignoring other inputs or devices; the list goes on. In the end, it’s usually because we’ve JavaScript’ed our way out of these things.

Here are some things I wish people allowed to continue to work in their web projects:

Just normal web things. [archive]

Oui. Les cas exceptionnels existent… dans la mesure où ils restent des cas exceptionnels. Ça arrive, mais ça doit rester très rare.


It comes down to this annoying, upsetting, stupid fact: the only way to build a great product is to use it every day, to stare at it, to hold it in your hands to feel its lumps. The data and customers will lie to you but the product never will. And most product orgs suck because they simply don’t use the products that they’re building; they ship incremental nothings without direction because they’re looking at spreadsheets all day long filled with junk data nothings.

See, I don’t know much about product stuff. I have no experience as a product manager, no experience running teams or building a company. Take everything I say here with an enormous silo of salt. But: I don’t care what the data shows me and I’m not sure I ever will. You can show me charts and spreadsheets all day long and I will not care. Tell me what your gut says instead after relentless experience of the product every day. This is the only way to see the world clearly.

Vibe Driven Development [archive]

Je voulais en parler depuis bien longtemps. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’essaye d’être acteur des évènements que je produis. Entre égoïsme et altruisme la frontière peut être fine dans ce domaine.


I said “delve” was overused by ChatGPT compared to the internet at large. But there’s one part of the internet where “delve” is a much more common word: the African web. In Nigeria, “delve” is much more frequently used in business English than it is in England or the US. So the workers training their systems provided examples of input and output that used the same language, eventually ending up with an AI system that writes slightly like an African.

TechScape: How cheap, outsourced labour in Africa is shaping AI English [archive]

On ne sait plus qui donne la leçon à qui dans ces jeux d’apprentissages. La langue ne ment pas. J’attends qu’Olivier Ertzscheid en fasse un billet 🍿.

Via Simon Willison [archive].

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