Les plus récentes en premier, les 3 premières sont dépliées et ensuite c’est à la demande, bonne exploration !
Winter body (2021-12-06)
Au début, c’était une blague. Mais en fait ça m’est super utile d’adapter la couche de graisse qui recouvre mon corps en fonction de la saison. Notamment car au Québec, il n’est pas rare d’avoir des +35 °C en été et des -25 °C en hiver… L’équipement pour encaisser une tel écart de températures fait une grosse différence mais c’est moins lourd à porter quand c’est bien réparti. Et en cas de coup dur, on l’a toujours avec soi !
J’y vois aussi une part d’adaptation au milieu, de mimétisme avec les autres espèces. Sans aller jusqu’à une hivernation, il y a une adaptation importante en parallèle au rythme circadien pour une acclimatation réussie. Une forme d’économie généralisée pour participer au silence de la ville/forêt enneigée.
Tout cela vient alimenter aussi mes réflexions sur les horaires. Avoir conscience de sa « productivité » saisonnière ?
P.S.: et ça reste un bon alibi pour un Mont-d’Or au four.
Jour 2 (2021-11-22)
Le vrai journal est écrit dans la mer et dans le ciel, on ne peut pas le photographier pour le donner aux autres. Il est né peu à peu de tout ce qui nous entoure depuis des mois, les bruits de l’eau sur la carène, les bruits du vent qui glisse sur les voiles, les silences pleins de choses secrètes entre mon bateau et moi, comme lorsque j’écoutais parler la forêt quand j’étais gosse.
La longue route, Bernard Moitessier
Je me suis réveillé 5 fois dans la nuit. Ce n’était pas pour vérifier le pilote automatique du voilier mais pour remettre une bûche dans le poêle. À chaque milieu ses contraintes… et son manque de sommeil. Cela m’a permis de dormir en t-shirt, la prochaine fois je m’abstiendrai de porter un duvet pour ce refuge dont le poêle est surdimensionné… mais qu’il faut tout de même alimenter en continu pour éviter qu’il ne s’éteigne !
J’attends que la pleige (sorte de neige très liquide) s’arrête pour quitter le refuge. Je démarre sous le soleil et la grêle. #Canada
J’ai prévu de faire une longue crête et je me rappelle aussi qu’il me restait à explorer un lac en contrebas, de l’autre côté, où j’espère trouver un emplacement pour de nouvelles aventures. Mes efforts sont récompensés car il y a effectivement de quoi mettre une tente et/ou un hamac. Il y a même une sorte de cuvette aménagée pour pouvoir faire trempette sur le petit cours d’eau à côté. Limite du glamping. Je suis joie.
Je remonte sur la crête et avec le vent ça commence à crouter sévère. Le soleil se voile et la température chute, je dois absolument redescendre de l’autre côté avant que ça devienne ingérable. Je prends un raccourci. Le ruisseau aussi et j’ai rapidement les pieds trempés. Heureusement qu’il ne fait que -5°C mais ce n’est pas le moment de se faire mal. Je rejoins une piste de ski de fond qui me permet d’augmenter la cadence et de me réchauffer.
J’arrive à un abri où j’envisageais initialement de passer la nuit. Je me fais une soupe miso pour me réchauffer de l’intérieur, il faudrait que je change au moins de chaussettes. Je suis rejoins par deux personnes qui vont y dormir cette nuit, ce seront mes seules rencontres ce jour. Elles ont l’air contentes d’être là, moi aussi.
Assis sur la chaise du poste de pilotage intérieur, je regarde l’eau phosphorescente à travers les hublots de la coupole qui protège des déferlantes et m’en rapproche. Je suis presque arrivé au tournant de ma route. Je sais, depuis l’océan Indien, que je ne veux plus rentrer là-bas.
[…]
Et jusqu’au Horn, ne pas regarder autre chose que mon bateau, petite planète rouge et blanc faite d’espace, d’air pur, d’étoiles, de nuages et de liberté dans son sens le plus profond, le plus naturel. Et oublier totalement la Terre, ses villes impitoyables, ses foules sans regard et sa soif d’un rythme d’existence dénué de sens. Là-bas… si un marchant pouvait éteindre les étoiles pour que ses panneaux publicitaires se voient mieux dans la nuit, peut-être le ferait-il ! Oublier tout ça.
Ne vivre qu’avec la mer et mon bateau, pour la mer et pour mon bateau.
Ibid.
Jour 1 (2021-11-21)
Je commence à comprendre que c’est moi qu’il faudrait aussi protéger de cette caméra.
Au début, je croyais qu’il suffisait d’appuyer sur le déclencheur après avoir réglé l’objectif. Ce n’est pas du tout ça. Il faut y mettre quelque chose d’autre, dans cette caméra. Elle essaye maintenant de me bouffer les tripes.
La longue route, Bernard Moitessier
Cette sortie a été plusieurs fois décalée, aussi j’essaye d’assurer le coup en me tenant éloigné des chasseurs. Je retourne dans un refuge que je connais bien en passant par de nouveaux chemins. Et je laisse la caméra à la maison.
Dès les premiers mètres, je sais déjà que je n’ai pas les chaussures appropriées : ça glisse et c’est très humide, j’ai des chaussures basses, plutôt lisses et pas super étanche. J’ai déjà été dans cette situation, il faut croire qu’il est difficile d’apprendre de ses erreurs. Je persévère et je suis récompensé, passés les premiers kilomètres plus populaires je me retrouve dans une trace fraîche qui est beaucoup plus praticable.
Ce n’est pas la première fois que je remarque que l’hiver ce sont les infrastructures et les activités humaines qui rendent la forêt plus dangereuse (glissades, décrochages, infrastructures, machines, etc).
Je fais un long périple en acceptant le côté glissant de mon pas, me revoilà sur Arrakice avec sa démarche bien particulière pour ne pas attirer l’hiver… (rires). À force de trop glisser en descente, j’ai la malléole qui tape un tronc et ça pique pas mal, sans compter les adducteurs qui commencent à souffrir. Je ne suis pas mécontent d’arriver au refuge après une quinzaine de kilomètres.
Je n’ai croisé personne mais j’ai eu beaucoup de notifications qui sont venues étirer mes pensées. Je me mets en mode avion et je monte à bord du Joshua. J’ai l’impression de partager une partie de cette (longue) route avec la neige qui fouette les vitres telle des embruns et des préoccupations autour de la récupération de l’eau potable.
Pourtant, c’est une carte bien lourde à porter, ce besoin de rassurer la famille et les amis, de leur donner des nouvelles, des images, de la vie, de leur transmettre ce quelque chose d’infiniment précieux, cette petite plante invisible qui s’appelle l’espoir. La raison me crie de jouer seul, seul, sans m’encombrer des autres. […]
Mais une autre voix insiste depuis plusieurs jours : « Tu es seul, pourtant tu n’es pas seul, les autres ont besoin de toi et tu as besoin d’eux. Sans eux, tu n’arriverais nulle part et rien ne serait vrai. »
Ibid.
J’ai beaucoup de gratitude pour Isabelle Attard qui cite cet ouvrage dans son livre et qui m’a motivé pour l’emprunter à la bibliothèque ainsi que pour Thomas qui m’a indirectement incité à amener de la lecture en forêt.
Il y a des poids qui allègent.
Frustration (2021-11-13)
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When you look a bit more closely to what meditation is about, the main concept is to shut down any distraction (like smartphones, smart watches, and even counting mosquito bites) to put full focus on yourself. Once you’re in the focus, the goal is to find relief, self-confidence, health and happiness in the world. It’s a great and weird mixture of extreme selfishness and embracing a social, helpful society. Meditation is a great technique to calm down, to get into a more self-reflecting mode.
C’est la seconde fois consécutive que j’annule une sortie en forêt. La première fois car la pluie autour de 0°C ce n’est pas super enthousiasmant. La seconde car j’ai fini par récupérer le rhume de l’enfant la veille de partir.
Derrière cette frustration, il y a le manque de cette méditation dans l’action qui m’apporte tant durant ces journées en forêt. Cela signifie que la prochaine sortie sera forcément blanche… et fraîche.
Once we start building things for people, we not only make others happier and healthier, we will be happier as well. There’s nothing as long-lasting and uplifting as someone else who is grateful for what you have done for them. Our own happiness will make us calmer and more healthy.
Ibid.
Perspectives (2021-10-21)
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Je me rends compte en suivant des parcours de randonnées en France que je n’ai jamais de telles perspectives dans la forêt québécoise. Il y a souvent des points de vues aménagés aux sommets ou sur une crête mais sinon je vois très rarement à plus d’une centaine de mètres — exception faite des trouées sur des lacs.
Cette navigation sans visibilité est assez particulière. Cela forme un cocon introspectif qui invite à se poser cette question : à quoi bon aller plus loin ? Si la forêt boréale est la même sur ces quinze prochains kilomètres, où s’arrêter ?
Lorsqu’on perd la notion de sommet ou de col, on n’aspire plus aux mêmes objectifs. Je me fie souvent à mon oreille : lorsque je n’entends plus d’activité humaine, c’est que je suis suffisamment loin et que je peux m’arrêter au prochain point d’eau.
Effort, densité, aspirations, il y aurait bien sûr une métaphore culturelle à filer de tout ça mais je me retiens.
Au passage, je réalise que j’ai gravi l’Aiguille de la Grande Sassière (cache) à 8 ou 9 ans. C’est beaucoup plus facile niveau acclimatation en habitant à Tignes mais tout de même, le dernier mur était bien raide ! Souvenirs…
Mise à jour : j’ai retrouvé une photo que j’avais prise au sommet, ça confirme 9 ans (août 91 !).
Jour 2 (2021-10-11)
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Je me dis que je ne vais pas prendre le départ trop tôt, laissant les cowboys faire leur truc à l’aube. J’espérais voir le lever du soleil mais il est resté couché lui aussi.
Alors que je prépare mon petit déjeuner, j’ai la visite très silencieuse d’une jeune femme qui vient me murmurer qu’ils sont en train de chasser juste à côté. J’ai envie de hurler « SUPER ! » mais il ne faut pas trop rigoler avec ces gens là. Ils sont armés.
Vers 9 h, je me décide quand même à rejoindre un point de vue que je pensais beaucoup plus proche. Je ne suis pas déçu par le panorama mais je commence à douter de mon énergie pour le retour !
Il est temps d’entamer ma migration retour. Cette fois je trouve l’astuce d’accrocher ma gamelle et son couvercle à l’extérieur de mon sac, ça m’évitera de siffler car en montée c’est pas évident (puis j’ai mal aux joues). Style jeunes mariés, pour une approche qui se veut faire le moins de dégâts possibles dans la forêt c’est loupé. Ou peut-être que j’épargne ainsi des vies ?
Pour ma prochaine sortie, je me trouve un endroit plus serein qui me permettra peut-être d’éprouver d’autres émotions. Cela m’a tout de même permis d’explorer une nouvelle zone qui pourrait être intéressante avec un raft… ou des skis !
Jour 1 (2021-10-10)
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Quelques pas dans la forêt et je tombe sur un panneau : le chemin est fermé pour cause de chasse à l’orignal. Je profite d’avoir été précédé par un couple que j’ai croisé sur le parking pour partager notre inconscience de poursuivre le chemin. J’ai bien fait de prendre mon bonnet réversible orange fluo même si, vu la couleur du feuillage environnant, ça ne doit pas être si pertinent…
Je passe sur mes réflexions misanthropiques du moment et j’ai de toute façon tellement de choses à penser, autant techniques que très personnelles, que mon cerveau va être difficile à calmer cette fois. Pour faire du bruit, je sifflote en continu « Dans sa maison un grand cerf ». En espérant qu’il·les n’aient pas de balle à troll.
Je marche encore quelques heures, la progression est difficile avec les feuilles détrempées qui jonchent un sol inégal devenu invisible. Je m’astreins à rester sur le sentier, ce n’est pas le moment de faire du zèle…
Le couple est arrivé avant moi au refuge et je ne me sens pas d’aller les déranger en dépit de la menace. Je continue en espérant trouver un coin sympa au bord du lac. En arrivant enfin à un endroit convenable, je manque de marcher sur un co-locataire alors je lui tire le portrait.
Je remarque qu’il a de la nourriture directement posée sur la tête. Il y a d’autres téméraires dans cette forêt.
Il y a des empreintes et des bouses d’orignal partout. Je réalise que j’ai choisi de faire une randonnée dans une Zone d’exploitation contrôlée (ZEC) en période de chasse, pas non plus très malin de ma part.
Le temps est toujours à la grisaille et je suis content d’avoir pris la tente. Ça finit par se lever en soirée alors que ça commence à tirer dans tous les coins. Je me dis que je serai moins exposé une fois couché…
Jour 3 (2021-09-21)
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Nuit très agitée où j’ai l’impression d’être sur une balançoire irrégulière, la pleine lune n’arrangeant pas les choses. Chaque bourrasque fait tellement pencher les arbres qui me soutiennent qu’ils impriment un mouvement de tension sur le hamac. Le tarp doit être réajusté régulièrement car sinon il faseye bruyamment (et puis j’essaye de me protéger un minimum). Les rafales doivent être autour des 70 km/h. Pas vraiment reposant.
Je profite d’être proche du refuge pour aller y faire chauffer mon eau à l’abri, ce n’est pas le moment de prendre des risques inutiles.
Je prends la route du retour en essayant d’opter pour toutes les variantes possibles histoire d’avoir l’impression de faire une boucle. L’avantage de tout ce vent, c’est que la forêt me déroule un tapis de feuilles rouges.
Hébété par la fatigue, le corps est en pilote automatique. Les muscles adoptent une marche à l’économie et le cerveau est momentanément en pause. C’est peut-être pour cela que je vais dans la forêt : me dé-penser. Ce qui est cocasse compte-tenu du prix de mon équipement…
Avant de partir, j’ai lu : Making Noisy into Quiet (cache). Toujours cet équilibre duquel tenter de s’approcher.
J’emprunte principalement la piste de ski de randonnée au retour car elle est davantage dégagée, je me dis qu’il faudra que je revienne cet hiver car c’est un chouette environnement. Peut-être accompagné ?
En 48 heures, je mesure à quel point la forêt a pu changer de couleurs. Je fais une dernière pause près d’un lac. C’est coûteux mais ça en vaut la peine.
Nombre de kilomètres : une quinzaine.
Nombre de personne croisées : zéro.
Poids du sac : 12 kilos.
Insolite : quand soudain au détour d’un chemin et sorti de nulle part… de quoi se rappeler comment tout a commencé. J’apprends que ce titre a été traduit par « Vers l’inconnu » au Québec.
Jour 2 (2021-09-20)
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Pas d’étoiles filantes observées mais une chouette est venue se percher juste au-dessus de ma tête pendant une trentaine de secondes. Elle est en chasse, tête à 360°, je retiens ma respiration. Elle file et je me lève avec le sourire. Il est 5 h et le ciel est déjà incroyable.
Il fait juste au-dessus de 0 °C mais je ne peux pas laisser passer ces volutes de brouillard au soleil levant. Une ambiance difficile à retranscrire en photo, d’autant que je découvre a posteriori que toutes mes photos faites au téléobjectif sont voilées car il y a de la condensation sur l’objectif. J’ai du mal à comprendre pourquoi celui-ci et pas les autres alors qu’il était stocké à la même température. Pour sa défense, le taux d’humidité est proche des 100 % et je fais rapidement chauffer mon gruau du matin. Vivement que le soleil vienne sécher tout ça !
L’objectif de la journée est de gravir la montagne blanche qui culmine à… 883 m tout de même ! C’est peut-être ce qui me frustre le plus au Québec, qu’il soit si difficile de trouver un peu de dénivelé. J’avais hésité à y aller pour le lever de soleil mais je suis bien content d’être resté au campement vu l’ambiance. D’autant que je dois m’y reprendre à deux fois pour trouver le bon chemin, je n’imagine même pas dans l’obscurité.
Arrivé au « sommet », la vue vaut quand même le détour. Je ne suis finalement pas si en avance sur la saison et les flancs commencent à être franchement colorés.
Je redescends et le vent se met à souffler. Il est chaud et violent, j’appréhende un peu la nuit. Je décide de mettre un tarp au-dessus du hamac au moins pour me protéger des aiguilles qui tombent en continu et peut-être des branches si elles ne sont pas trop grosses. Il y a des arbres morts avoisinants mais je n’ai pas pris de scie, n’ayant pas considéré ce risque. Une bonne leçon.
Je me couche, pas vraiment serein.
Nombre de kilomètres : une douzaine.
Nombre de personne croisées : quatre.
Poids du sac : 3 kilos.
J’ai souvent des embryons de pensées en chemin, comment les consigner ? Mon téléphone, mon cerveau ou mon calepin ont chacun leurs limites propres. Pas sûr de vouloir les verbaliser et rompre le silence ainsi non plus. Si j’oublie, est-ce si important ?
Jour 1 (2021-09-19)
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Réveil à 5 h 30, départ à 6 h, arrivée à 7 h 30, sur le sentier à 8 h. Il fait 2 °C et la minimale attendue pour le séjour était de 5 °C, ça commence bien 😅.
C’est le moment de l’année où la forêt commence à rougir avant de se mettre à nu. Je suis probablement en avance d’une semaine mais les fenêtres sans pluie sont rares et j’aurais bientôt moins l’occasion de pouvoir m’absenter en semaine alors j’en profite.
Je retourne à un endroit où j’ai déjà connu deux échecs : une première fois car il faisait trop froid (mais j’avais quand même pu faire une petite vidéo rafraîchissante), une seconde où j’avais carrément abandonné l’idée à cause des mouches noires… Autant dire que j’y vais avec une certaine appréhension mais je sens qu’il y a un potentiel à explorer.
Je n’ai pas pris de quoi faire des vidéos mais j’ai quand même 2,5 kg de matériel pour faire des photos. Cela me fait dépasser mon poids agréable pour un sac de 3 jours (autour d’une douzaine de kilos) et mes genoux me le font sentir, d’autant que j’ai fait le — mauvais — choix de ne pas prendre de bâtons pour les aider. Je prends mon temps et j’aimerais ne pas arriver trop tard car je ne sais pas s’il y a des endroits propices et s’ils vont être occupés. Je suis tout de même un peu moins stressé que d’habitude à ce sujet car j’ai repris le hamac, ce qui me laisse normalement plus de flexibilité sur ce plan là.
Je suis content de me retrouver dans la forêt sans aucune préoccupation vis-à-vis des bibittes estivales, c’est tellement reposant ! Le contraste avec le mois dernier est saisissant. Je suis aussi surpris par le silence, le temps est à l’apaisement, l’hiver s’en vient et chaque espèce s’y prépare comme elle peut.
Je finis par arriver au refuge ciblé qui, contre toute attente, est ouvert. Cela m’offre une solution de repli en cas de problème, c’est toujours appréciable. Personne ne semble avoir prévu de camper dans les environs cette nuit-là, je me retrouve rapidement seul en bord de lac à ruminer mes pensées. Sombres. Ça contraste.
La nuit s’annonce fraîche et humide, j’espère que je ne vais pas trop regretter de m’être suspendu trop près du lac et de son marais… J’ai aussi décidé de tenter un séjour sans aucun feu. Je m’endors en me balançant doucement, pas pire.
Nombre de kilomètres : une quinzaine.
Nombre de personne croisées : une dizaine.
Poids du sac : une quinzaine de kilos.
Pour réchauffer ma nourriture, je continue mon exploration des pastilles Esbit. J’ai besoin de savoir si c’est utilisable en refuge cet hiver car c’est quand même super léger. Le poêle c’est bien pour faire fondre la neige mais pour porter de l’eau à ébullition ça génère une dépense d’énergie non négligeable, surtout pour le petit déjeuner…
Ours (2021-09-06)
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Il [Michel Pastoureau] rappelle que l’ours a été diabolisé par l’Église : « Ursus est diabolus » selon saint Augustin. Pourquoi faire ainsi de l’ours une créature maléfique ? Tout simplement parce que vénéré, respecté et redouté, l’ours faisait de l’ombre au culte du Christ. Il a donc été méthodiquement exterminé et remplacé dans son statut de roi des animaux par un animal plus exotique et plus lointain, donc moins dangereux pour l’Église, le lion. C’est ainsi que l’ours est ainsi devenu, petit à petit, symbole de sauvagerie, de bestialité au sens le moins noble du terme et fut même présenté comme un monstre qui enlevait les jeunes femmes pour s’accoupler avec elles.
Là où le feu et l’ours, Corinne Morel Darleux
Combien d’espèces sacrifiées sur l’autel des religions ? Ou servant d’excuses faciles pour masquer les crimes des hommes ?
Je n’ai toujours pas croisé d’ours dans la forêt canadienne. C’est loin d’être la rencontre qui me ferait le plus peur… et j’ai une apparence d’homme.
J’imagine parfois accompagner de (très) loin des personnes en insécurité dans la forêt. Rester à portée d’appel pour être rassurant. Mais ne deviendrais-je pas de fait la principale menace en ayant ce comportement ?
Pas facile de partager un privilège.
Le jour de la publication :
Regardless, if you’re a member of a privileged group, you have the ability to call out bullshit with far fewer professional and social consequences. Use that power.
Privilege isn’t a dirty word. It’s a reality of living in a society with social power imbalances. If you have privilege, use it for good.
Jour 2 (2021-08-25)
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La nuit a été courte mais reposante. L’option de mettre un matelas dans le hamac semble être la bonne, il faudra que j’essaye dans des conditions plus fraîches. Mes précédentes tentatives m’on montré qu’un underquilt n’est pas forcément adapté à cette forme. J’arrive à dormir sur le côté mais la transition reste toujours un peu stressante et hasardeuse surtout qu’il faut maintenant gérer le matelas qui glisse.
Après un bon petit déjeuner, je pars pour un long périple de nage en solo pour aller explorer une île. J’essaye toujours d’en profiter pour imaginer des bivouacs hivernaux lorsque les lacs sont gelés. Mes efforts sont récompensés car il y a bien un emplacement possible à l’extrémité non visible. Ça pourrait aussi être un endroit propice à un accès en raft.
Alors que je m’apprête à revenir par le même chemin (environ 300 mètres), la famille huard me fait comprendre bruyamment que je les dérange(/surprend ?) en nageant sur cette section du lac. J’attends que les parents et leurs deux enfants soient passés pour faire le retour. Je ne suis pas pressé.
Ironiquement, Pep m’envoie presque un article à ce sujet (cache) le jour même :-).
Le deuxième jour est moins intense en terme de dénivelé, on passe par les chemins de quads/ATV pour faire la jonction avec un autre lac. Là aussi, il s’agit de parfaire mon exploration des lieux car j’ai d’autres projets de packrafting itinérant à cet endroit. D’une certaine manière, ça fait le lien entre les lieux de tournage de Précipitation et de Contemplation. À chaque lac sa saison.
Le retour est long (et piquant !) pour arriver jusqu’au char, puis long (et embouteillant !) pour arriver jusqu’à la canicule montréalaise. On n’en revient pas moins avec le sourire d’avoir exploré de nouveaux espaces, ensemble.
Jour 1 (2021-08-24)
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Première fois que j’accompagne quelqu’un dans la forêt canadienne qui ne soit pas de la famille. Les conditions ne sont pas faciles car on part sur deux jours de canicule à 33 °C, ce qui n’est pas très agréable lorsqu’on prévoit un bivouac assez éloigné. Je profite que l’on soit deux pour faire mes propres expériences et retenter le hamac dans un autre contexte. Objectif du séjour : rester léger. Au moins pour changer du MULET que je suis lorsque j’ai un raft + du matériel vidéo.
Je m’en sors avec un sac qui doit avoisiner les 8 kg tout compris, principalement car j’ai pris trop de nourriture.
C’est à la limite du dumblight (tellement ultra-léger que c’est stupide, « ultropléger » en québécois ?) mais je prends le risque car je ne pense pas pouvoir avoir froid dans ces conditions et qu’un peu de pluie serait presque salvatrice. Une fois monté ça ressemble à ça :
Le tarp (bâche) est là pour me protéger de la rosée mais surtout de ce qui peut tomber des arbres. J’ai souvenir de m’être réveillé au même endroit, bombardé par un écureuil de pignes de pin qui me faisaient m’inquiéter pour ma tente…
Mais bon, en attendant d’arriver au campement, on marche quelques kilomètres et par cette chaleur les moustiques s’en donnent à cœur joie vu que notre taux d’humidité avoisine les 100 %. Heureusement que des lacs ponctuent notre parcours, permettant de se rafraîchir un peu. On bénéficie également de la protection de la forêt lorsque ça n’est pas trop humide et infesté de bibittes.
C’est avec soulagement que l’on arrive à un campement vide après n’avoir croisé personne. On monte nos différents couchages expérimentaux en se demandant si on va réussir à dormir dans ces chaudes conditions. Lorsque le soir arrive, on fait quand même un feu pour faire cuire notre nourriture.
Je m’endors dans mon cocon, bercé par le chant du huard et le feu qui crépite. Pour une fois, la forêt est relativement silencieuse. Assommée par la chaleur ou apeurée par notre présence sensiblement bruyante ?
Allemansrätten (2021-08-22)
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Il y a toujours un mot allemand, japonais ou… suédois pour exprimer avec concision (et exotisme !) un concept qui n’est pas tout à fait exprimable en français, en tout cas pas en un seul mot. Ici, je parle de « Droit d’accès à la nature » qui s’exerce à divers endroits (pays scandinaves mais pas que, la page wikipedia en anglais est — comme souvent — plus complète) avec des contraintes différentes selon les localités. C’est un concept que je ne connaissais pas avant de m’inquiéter de cela au Canada (et de regarder des bushcrafteur·euses suédois·es sur Google Youtube).
Ce qui s’en approche localement, c’est le concept de Crown land qui est traduit par les Terres du domaine de l’État en québécois. Je me suis mis en quête d’une carte de ces terres. Il existe un registre dédié qui fait notamment un lien vers le texte de loi. Les terres sont peut-être visibles sur cette carte interactive (avec un accès difficile) permettant de visualiser les territoires plus ou moins jaunes (habités) et non organisés
. Je ne suis pas sûr de la façon dont le Crown land est représenté et s’il faut faire une requête spéciale pour un bout de terrain donné. Si j’en crois ce document, il y aurait une notion de terres publiques/privées.
En parallèle sur Mastodon, on me pointe cette liste de cartes qui comprend notamment celle des droits fonciers. J’y découvre aussi des couches topographiques bien plus précises que ce que j’ai pu trouver par ailleurs, trop pratique pour de futures explorations !
Pourquoi s’intéresser à tout ceci ? J’ai toujours dans un coin de ma tête ce projet un peu f(l)ou et j’imagine que ça serait plus cohérent en bordure d’espaces qu’il serait possible de parcourir librement. Si j’ai loupé des trucs, je veux bien apprendre.
La férocité que nous manifestons à nos ennemis est toujours tempérée de la leçon que nous espérons leur donner.
Dune VI. La maison des mères, Frank Herbert
Jour 2 (2021-08-17)
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La nuit a été fraîche. Presque trop. Échange de duvets et habillages en plein milieu de la nuit + réveil matinal avec petite marche pour se réchauffer. Le décor avec ces volutes de fumées qui s’élèvent de la rivière vaut le coup, bonne compensation avant de se réchauffer les mains sur une kuksa pleine de gruau. Le soleil pointe enfin son nez pendant qu’un héron vient prendre son propre repas à quelques mètres. On voit à l’œil nu les poissons frétiller dans son bec avant qu’il ne les engloutisse. Il y a des choses qui se transmettent avec les yeux (manifestement, pas la pêche :p).
— Tu devrais garder de la batterie pour si on a un problème grave.
Cette année, il y a une claire prise de conscience du danger et de ce qu’il lui faudrait faire s’il m’arrivait quelque chose. Cela alimente des discussions autour du risque et de ce qui est acceptable ou non. Une grosse chute plus tard, on inverse les rôles. Si la répétition est la base de l’apprentissage… la compréhension est la base de son acceptation.
Il faudra que je me rappelle que l’on mange pas mal lors de ces sorties, l’effort combiné au froid : ça creuse. J’avais aussi apporté mon réchaud à alcool et c’était une bonne idée, ça permet de libérer du temps et de l’attention pour d’autres choses autour du campement, comme le ramassage de bleuets ou la cueillette d’épinette pour se faire une infusion nature.
On remonte la rivière et on prend un dernier bain avant le retour. On retrouve enfin notre char, fatigués, affamés et souriants. La graine n’en finit pas de germer 🌱.
— On aurait pu rester deux nuits en fait.
Lu avant publication :
Quiconque promet à quelqu’un d’autre de contrôler la prise de risque lui greffe automatiquement des peurs dont il n’avait même pas idée, qu’il n’avait jamais éprouvées ni imaginées jusqu’ici. Ces peurs inconscientes vont devenir brusquement réalité et il va falloir les « couvrir » avec une bonne assurance, ce qui va rassurer…
[…]
La prise de risque est une initiative indispensable qui expose le sujet à un nouvel environnement hors de sa zone de confort. Cela va lui permettre de grandir, de tester sa flexibilité, sa tolérance, et de se nourrir intérieurement grâce à l’adaptation que nécessitera ce nouvel environnement.
Le risque zéro n’existe pas - La nature dans ma vie, Sarah Marquis
Jour 1 (2021-08-16)
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La fin du mois d’août est le moment où il fait encore chaud-mais-pas-trop et où la haute saison des bibittes est derrière nous. C’est aussi notre rendez-vous annuel pour se faire un camping père-fils. Cette fois-ci, ça ne sera pas sauvage mais à un emplacement suffisamment isolé pour que ça y ressemble.
Un peu plus de 3 kilomètres pour accéder au campement en longeant la rivière, l’enfant porte symboliquement une partie de la tente ce qui m’évite de devoir galoper derrière avec tout le reste !
On mange et on installe notre tipi du XXIe siècle qui nous laisse suffisamment d’espace sous la protection de la moustiquaire puis on part en exploration sur une (presqu’)île. L’enfant s’assoit avec un soupir : On est bien là.
Léger soulagement de mon côté après m’avoir indiqué qu’un camping-de-voiture c’était pas mal aussi. On regarde la rivière couler, petit bain, jeux sur la petite plage, pas pire.
[Après avoir vu et ramassé des déchets laissés par d’autres personnes]
— Parfois j’aimerais ne pas être un humain.
Cette réflexion m’a pas mal retourné, les chats ne font pas des chiens.
Le soir, on fait faire trempette à des mouches lorsqu’un castor remonte la rivière juste devant nous, à moins de 3 mètres ! Il galère avec le courant ce qui nous laisse l’occasion de pouvoir l’observer en détail car il est obligé de passer par-dessus les rochers des rapides en étant totalement émergé. Une chouette surprise qui ne m’a pas fait regretter pour autant mon matériel. Cette excitation partagée était le plus beau des clichés. Lorsque les moustiques deviennent trop présents, on abdique après une dernière ballade digestive.
— Le moment où je m’endors est le pire de ma journée, j’ai l’impression de mourir.
Animalière (2021-08-14)
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Wilderness without wildlife is just scenery. — Lois Crisler
Envie de parler de mon approche concernant la photographie animalière. Ce n’est pas la bonne, ni même une que je recommande, c’est celle qui me convient en ce moment.
- Légèreté : mon matériel fait 1,3 Kg pour aller de 180 mm jusqu’à un équivalent 540 mm. Il n’a pas le meilleur piqué ou un bokeh de f(l)ou mais je peux le tenir à bout de bras pendant une balade de plusieurs heures sans qu’il soit un poids dont j’ai envie de me débarrasser. Et j’ai encore suffisamment de force pour ensuite tenir la pose lorsqu’il faut être statique à main levée pendant plusieurs minutes. Je parle de poids en premier car j’ai déjà eu du matériel beaucoup plus qualitatif (et dispendieux !) et au final je ne l’avais que rarement avec moi, et encore moins en randonnée. Le meilleur appareil photo, c’est celui que j’ai (facilement) à portée de main !
- Qualité : tout est compromis, avec cette contrainte de poids je ne peux pas sortir LA photo. Et c’est correct, je reviens avec les photos. De toute façon, c’est principalement pour les partager sur des plateformes qui me font de la bouillie de pixels ou ici (et je prends soin de votre bande passante). À petites ambitions, petit capteur, un micro 4/3 me suffit amplement.
- Comportement : j’essaye de photographier en dérangeant le moins possible. Il s’agit de capter des images, pas l’attention des animaux. Si j’en arrive à stresser l’animal, ça se verra de toute façon sur la photo… ou dans ma propre lecture de la photo. Les animaux sauvages sont extrêmement curieux, en étant plus dans l’attente et l’écoute ils finissent parfois par s’approcher d’eux-mêmes. Toute ressemblance avec des animaux moins sauvage serait fortuite.
- Contentement : mon intérêt actuel est dans l’observation et la connaissance que je peux acquérir de mon environnement. La photo qui vient avec, c’est le bonus pour ne pas oublier ces instants et éventuellement les partager. Je n’ai pas envie de la bonne « attitude » sur l’instantané mais de l’approche qui a permis à l’animal d’être suffisamment en confiance pour avoir ce comportement. Et tant pis si je loupe la photo à la fin, le simple fait d’en avoir été témoin me suffit.
- Patience : j’ai envie de photographier des espèces locales, de prendre le temps de les connaître et de les approcher. Ce n’est pas un safari d’où il faut revenir avec des espèces exotiques mais un apprentissage — forcément lent — et une prise de conscience de mon environnement. Les animaux seront toujours là, différents… et moi aussi. Déguster cette exploration en prenant ce bien en patience, régulièrement.
Un détail technique pour finir, j’essaye de progressivement m’extraire des produits Apple en commençant par les logiciels intégrés. J’utilise RAW Power depuis quelques mois, ça plante souvent mais j’ai l’impression de reprendre un peu le contrôle sur ma chaîne de développement et de pouvoir visualiser les fichiers sur lesquels je travaille dans l’explorateur. C’est déjà ça.
Évasion (2021-07-27)
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Deux jours pour me libérer de la prison de mes pensées et prendre soin de ma santé mentale. Quelques instants d’écoute dynamique de la forêt et de mes aspirations. Une tentative maladroite de partager ce sentiment de calme intérieur.
J’aurais pu soigner encore davantage le son, effacer ces gouttes d’eau sur l’objectif, faire des transitions exotiques, rythmer encore davantage. Et j’apprécie que cela reste un travail amateur, satisfaisant dans ses imperfections et ses approximations. Le montage a encore été la source de nombreux questionnements, c’est à la fois la partie la plus difficile et peut-être la plus intéressante du point de vue introspectif. J’essaye de me fixer la règle de ne pas prendre plus de temps à produire la vidéo que ce que m’a pris la sortie en question !
La vidéo : Évasion (23 minutes). Normalement, j’ai fait attention à ne pas vous faire mal aux oreilles, même lorsqu’un hydravion me passe au-dessus de la tête… je ne pouvais pas manquer un si gros oiseau.
Beaucoup de choses que nous faisons tout naturellement nous deviennent difficiles dès l’instant où nous cherchons à les intellectualiser. Il arrive qu’à force d’accumuler les connaissances sur un sujet donné, nous devenions ignares.
Texte mentat n°2 (dicto), Dune VI. La maison des mères, Frank Herbert
Jour 2 (2021-07-20)
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Réveil à 4 h, pas d’orage mais les grenouilles ont eu des choses à se raconter toute la nuit durant. Je me lève car j’aime bien cette ambiance du matin lorsqu’il y a de la brume sur un lac. J’enchaine avec un petit déjeuner et le rangement du camp, je profite que la tente ne soit pas mouillée.
Au passage, je tente du combustible « Esbit » et c’est assez pratique. J’essaye de ne pas trop consommer de bois sur cette île qui est soumise à un prélèvement important ayant des conséquences visibles sur l’écosystème. Je me demande dans quelle mesure la génération d’une pastille (et son transport) est plus consommatrice en ressources que le bois dont j’ai besoin dans mon petit réchaud. J’expérimente aussi pour les fois où les feux sont interdits ou lorsque je veux cuisiner en refuge l’hiver.
Je pars pour un grand périple autour du lac où je croise de jolis nénuphars et des plantes carnivores perchées sur des troncs semi-immergés. Avoir un télé-objectifs m’autorise de nouveaux angles de prise de vue. Par contre un raft ce n’est jamais immobile, surtout avec du vent !
Je rentre au camp pour me baigner nu, principalement afin de ne rien mouiller d’autre que moi. Cette sensation de liberté et de vulnérabilité est assez spéciale. Je pense au hashtag #MontreTaLune. Rassurez-vous, ça ne sera pas dans le prochain film, c’est encore possible d’inviter ses enfants :-).
J’hésite au niveau de la stratégie pour le retour et je décide de lever le camp pour être sur le raft avant l’orage qui arrive. J’ai de la chance car la pluie se met à tomber 2 minutes après avoir mis pied à terre. Je suis à l’abri de la forêt, j’en profite pour capter de nouvelles images. C’est bien pratique ce nouveau jouet pour faire passer le temps.
Les moustiques attendaient impatiemment le portage retour, juste après la pluie il n’y a pas de meilleur moment pour être en appétit ! Je me console en réussissant à capter une becquée de geai bleu. Je croise aussi un serpent mais je n’ai pas le temps de dégainer qu’il est déjà à l’abri de son trou, ça va finir par être un documentaire animalier :-).
Je termine avec les batteries à plat (dans tous les sens du terme) et la tête (et les cartes) pleine(s). J’étais loin de déconnecter complètement mais ça m’a fait un bien fou.
En rentrant, j’apprends que cette lumière particulière que j’ai pu apprécier pour sa douceur lors du tournage de ces deux derniers jours était due aux feux de forêt en Ontario (province voisine). Tristesse.
Note avant publication :
Cette carte montre l’état actuel de la qualité de l’air sur le Canada. Non seulement il faudra vivre la nuit, mais qui plus est avec des masques. Et pas du FFP2…
Jour 1 (2021-07-19)
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Comme un besoin de faire une coupure dans mon incompréhension du monde.
Réveil à 3 h 30. Arrivée sur place à 6 h. Dans mon raft à 6 h 30. La météo annonce 2 jours d’orages avec une alerte en prime mais je n’y crois pas. J’ai longtemps hésité à amener tout le matériel de tournage par contre… Étant en train d’apprécier les bruits retrouvés de la forêt, un hydravion me passe juste au-dessus de la tête. Grrr.
Je vais à un endroit que je connais bien que vous pouvez retrouver ici ou là pour des versions plus fraîches. Je connais un raccourci pour le portage entre les deux lacs mais je sais qu’il est infesté de moustiques (et de framboises). Mon erreur aura été d’avoir les deux mains prises, raft d’un côté et caméra de l’autre. Elles se font plaisir et le temps de prise de vue ne fait que prolonger ma présence en ces lieux humides !
J’arrive enfin sur l’île en dérangeant(?) le couple de huard à résidence. Ils me le font savoir bruyamment et je ne prends même pas le temps de changer d’objectif tellement c’est soudain. Le jour où je croise un ours, ce sera probablement avec un 9 mm aussi… Je suis tout sourire et concentré car c’est quand même bancale de trimbaler un sac plus le matériel vidéo sur une embarcation pas si stable. Je vous passe les détails des embarquements et débarquements approximatifs.
Je prends le temps de (re)découvrir cet environnement insulaire avec le regard d’un photographe et j’ai du plaisir à capter de nouvelles choses entre baignades et farnientes. J’espère le retour des huards tout en sachant qu’ils ne reviendront pas avant le soir. Je nage jusqu’à un promontoire difficile d’accès et je découvre un champ de bleuets, j’y retourne en raft un peu plus tard. Miam !
Je pêche le soir sans grand espoir, plus pour faire des images depuis mon rocher favori. Je passe ensuite off the record de l’autre côté de l’île où je sais qu’il y a plus de chances et un énorme achigan (black bass en français) attrape ma mouche. La lutte est courte mais intense, il repartira avec une mouche et moi avec mon fil, vierge. Je passe la soirée à me dire qu’il va passer le reste de sa vie avec un hameçon dans la mâchoire à cause de moi. Peut-être moins pire que dans mon ventre ?
Pour fuir les moustiques, je prends le lac en soirée et je tente de suivre les huards qui sont bien plus rapides que moi. Ils sont curieux et je tente des prise de vue à beaucoup d’ISO et à main levé depuis un raft avec un 600 mm. Autant dire que c’est sportif et approximatif. À l’œil nu, je les distingue difficilement et je suis étonné d’arriver à capter quoi que ce soit dans ces conditions. On verra bien. J’aime ce moment où ils mettent la tête dans l’eau pour vérifier s’il y a des poissons avant de plonger. Une canne à pêche est tellement archaïque en comparaison.
Je m’endors en acceptant l’idée d’essuyer un orage dans la nuit. Les météos locales sont unanimes. La lune est rousse et douce, je n’ai pas le courage d’attendre les étoiles cette fois.
Parenthèse (2021-06-09)
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Un séjour ailleurs, lors de congés ou d’un voyage, donne une forme géographique à la vacance de soi, une manière homéopathique de se défaire pendant des jours ou des semaines des exigences de la vie professionnelle, personnelle ou familiale. Moment de suspension des contraintes habituelles de l’identité, espace où les rôles sont redéployés avec des acteurs différents dans un contexte où tout devient possible car chacun choisit son mode d’être sans que nul ne le connaisse et puisse s’en étonner ou lui reprocher son allure ou ses comportements. Moment de parenthèse, sorte de récréation sociale ou les rôles coutumiers cessent de régir la vie quotidienne au profit d’une brève liberté de mouvement. Nul ne sais à quoi s’en tenir face à un voyageur, un marcheur, par exemple, à moins qu’il ne dévoile de lui-même des informations sur ce qu’il est, mais il peut demeurer anonyme en participant aux échanges sans donner prise à son état civil ou à son histoire personnelle ou en s’inventant un personnage.
Disparaître de soi, David Le Breton
Juin est le mois où je ressens très fortement ce besoin d’aller me perdre dans les bois sans en avoir la possilité. Enfin, quand je dis « perdre » ce serait peut-être davantage « retrouver », voire même « transformer ». Osons un « je vais me gagner dans les bois ».
Tout cela n’est que babillage sémantique, en vieillissant je crois qu’on se met encore plus à jouer avec les mots. Peut-être une façon d’oublier ses propres maux. De s’oublier. De disparaître.
Note avant publication : entre temps, Karl publie de son côté :
Se perdre en forêt est une désorientation complète. Je ne me suis jamais vraiment perdu en forêt. J’ai parfois hésité sur la direction dans laquelle marcher, ou bien rallonger mon chemin.
Fardeau (2021-05-22)
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— La coutume fremen était de considérer comme hostiles tout ceux qui étaient vus au loin jusqu’à ce qu’ils jettent en l’air une poignée de sable. […]
— Du sable ? s’étonna-t-elle.
— Ce geste a une signification profonde. Il veut dire : « Nous partageons le même fardeau. Le sable est notre unique ennemi. C’est ce que nous buvons. La main qui tient le sable ne tient pas d’arme. »Dune IV. L’Empereur-Dieu de Dune, Frank Herbert
Je m’imagine un instant jeter une poignée de pièces en l’air lorsque je croise quelqu’un dans la forêt.
La lecture de Dune pendant cette pandémie a un goût particulier, il n’est pas question d’éviter la dispersion de son eau mais si on considère l’aérosolisation ça y ressemble pas mal. À chaque fois que je réajuste mon masque, je m’imagine qu’il s’agit de mon « distille » qui va me permettre de survivre plus longtemps dans un environnement hostile. Quelle est mon épice ?
Jour 1 (2021-05-14)
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Ma cabane. Quelques planches dans le bois. Un petit prisme rectangulaire. Une boîte de Pandore. Je n’ai jamais vu les choses aussi clairement. Posé sur ma vie d’avant un jugement aussi net. Sanctuaire de neige, merci. Je suis confrontée à toutes mes bibittes, mais j’ai retrouvé ce qui est si facile d’échapper… l’espoir.
Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba
Il faut que je partage aussi les sorties foirées :-).
C’est la seconde fois que je vais bivouaquer à cet endroit sans pouvoir y dormir. La première fois par un défaut d’orientation (et de sécurité) et cette fois car… les mouches noires étaient déjà sorties ! C’est très tôt pour la saison mais c’est le prix à payer d’un printemps précoce. Mon erreur aura été de ne pas réagir suffisamment vite en arrivant sur le parking, j’avais encore l’espoir que dans la forêt, en ayant pris un peu d’altitude, la situation soit meilleure. Aussi, je n’ai rien déchargé de mon sac. Ni mon matériel pour passer la nuit là-bas, ni l’équipement pour capter des images.
Lourde erreur.
J’ai dû m’en tenir à une randonnée à la journée. Quinze kilomètres avec quinze kilos sur le dos, pas terrible. J’ai réussi à l’accepter en le prenant comme un entraînement au plus proche du réel vu que j’ai besoin de refaire quelques muscles confinés un peu trop longtemps. Cela m’a également rappelé qu’il est très compliqué de faire des vidéos dans les conditions estivales qui sont les miennes. Les bibittes ne laissent pas la possibilité de faire des captures de manière sereine. J’ai des plans pour l’automne avec les couleurs rougeoyantes, ça me laisse du temps pour apprivoiser mon matériel.
Tout ça pour partager le fait qu’il faut parfois accepter de faire demi-tour (ou une boucle si vous êtes chanceux·se !). C’est certain que faire 3 heures de voiture pour une rando à la journée c’est frustrant à plus d’un titre. Mais devoir se réfugier dans sa tente une bonne partie de la journée/nuit, ça n’est pas très fun non plus…
Et si je tentais une vidéo citadine ?
Reflets (2021-05-09)
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Abandonner, n’est-ce pas fermer les yeux sur la banalité de notre existence ?
Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba
Je continue sur ma lancée. Pour quelqu’un qui ne souhaitait pas partager, c’est raté. J’ai pris beaucoup de plaisir à faire des photos lors de cette prise de soin. Il y a un côté rassurant, presque thérapeutique, à se dire qu’il suffit parfois de déclencher pour ramener une image qui ne va pas demander des heures de post-production.
Je me demande s’il y a des astuces pour transformer des bâtons de randonnée en sliders vidéo. Si non, ça serait probablement un projet fun avec une imprimante 3D. J’imagine deux raccords aux extrémités et de quoi fixer le trépied au milieu. La partie mobile pourrait être reprise d’une solution commerciale. À dessiner.
Étoiles (2021-05-08)
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The 500 rule is used to measure the maximum exposure time you can shoot before the stars become blurry or before star trails appear. Setting the shutter speed for longer than allowed by this rule will result in images that do not have sharp stars.
Je voulais « juste » mettre une bande son cacophonique sur des photos d’étoiles apaisantes. Et puis je me suis rappelé que j’avais fait aussi des timelapses, du coup j’en ai profité pour faire une petite vidéo de 2 min 30 sec. Je garde quand même les photos accessibles ici car j’ai peur du rendu une fois la vidéo compressée par la plateforme que j’utilise pour les héberger.
À un moment, il faudra que je m’en libère.
Jour 2 (2021-05-07)
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Qui voudrait ressembler aux gibbons, paisibles, végétariens, partageant leur nourriture, chez qui les pères, lorsqu’ils s’agit d’élever les enfants, y prennent une aussi grande part que les mères, et où chacun vit en petits groupes familiaux en dehors desquels on ne s’assemble guère ? Il vaut beaucoup mieux se comparer aux babouins, qui vivent en groupes importants et solidement unis, jalousement fermés aux babouins étrangers, où tout le monde sait qui commande, et chez qui la mère prend soin des petits tandis que le père s’en va chasser et pêcher.
The Underside of History: A View of Women through Time, Elise Boulding
Je suis réveillé par le vol des bernaches qui traversent le ciel à intervalles réguliers, ce n’est pas un son très mélodieux mais je suis content de me lever avec le soleil et ses reflets (série à venir). Je suis aussi impatient de voir si les photos de ciel étoilé prises hier soir vont donner autre chose que le noir complet que je vois sur l’écran de la caméra (série à venir aussi, #teasing).
C’est fou la capacité qu’a le cerveau à oublier le froid et la faim lorsqu’il est focalisé sur quelque chose. Je joue avec le soleil et je réalise à quel point il est davantage gratifiant de faire des photos (vs. vidéos) : le résultat est quasi-instantané et il y a beaucoup moins de paramètres à prendre en compte. C’est bon de se faire plaisir.
Je n’ai pas évoqué hier mon ascension du mont local qui ressemble à un demi-kilomètre vertical, disons qu’il·les ne se sont pas trop embarrassé·es à faire des lacets… Elle a laissé des traces d’acide lactique et je mesure à quel point j’ai perdu du muscle ! Il faut que je prenne soin de ce déficit… et de mon hydratation. Or, il faut que je sois rentré avant que la cloche de l’école ne sonne à 15 h 58 (oui, c’est précis).
En revenant, je croise des petites cascades et je ne peux pas résister à ça bien longtemps ! J’aime tellement ce rendu lissé que j’en abuse. Résultat : je termine cette randonnée en courant…
Une autre bande son, plus calme, plus matinale :
Jour 1 (2021-05-06)
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Malgré la rigueur de ma vie ici, le verre d’eau sur la table me paraît encore a moitié plein… même s’il est plein de glace.
Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba
Alors que je marche de nouveau dans la forêt, j’imagine une autre forme de partage. Plus proche de ce que pourrait proposer gather.town mais en mode nature. Avec une notion de distance/temps(/météo?!) et la possibilité de consulter des images et des sons pendant un parcours libre sur une carte numérique reflétant une topographie bien physique. Je pourrais même me balader moi aussi sur cet espace à un moment donné pour échanger sur certains des artefacts partagés ou commenter une vidéo en direct.
Cette idée fait son petit bout de chemin pendant que je trace le mien. Enfin, tracer est un bien grand mot, je me rends compte que je suis beaucoup plus en mode camping depuis que je fais des vidéos en utilisant des sentiers et emplacement aménagés. Le sac est plus lourd et le matériel plus fragile, je cède aisément à la facilité dans ces conditions.
Je finis par m’arrêter au bord de l’un des multiples lacs qui ponctuent mon parcours ce jour-là. Ils annoncent des températures négatives dans la nuit, aussi j’essaye de me mettre un minimum à l’abri des arbres. Chaque mètre qui me sépare du lac m’éloigne également de la cacophonie nocturne qui s’en vient…
En dépit de ma non-intention, je ne résiste pas à l’envie de vous montrer quelques photos. En guise d’immersion du pauvre (on dit MVP), je vous propose d’activer la bande son suivante lors de la consultation (le volume est crescendo mais je ne l’ai pas retouché en post-production) :
Note avant publication : je découvre qu’il existe une Bande sonore du Recensement de 2021, je me sens tellement dans la hype avec mes idées. Bientôt j’ajoute grosshacker sur mon CV. #PunIntended
Mourir (2021-04-26)
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It’s not a frequent topic of discussion, but doctors die, too. And they don’t die like the rest of us. What’s unusual about them is not how much treatment they get compared to most Americans, but how little. For all the time they spend fending off the deaths of others, they tend to be fairly serene when faced with death themselves. They know exactly what is going to happen, they know the choices, and they generally have access to any sort of medical care they could want. But they go gently.
Je vais essayer de me souvenir de cet article. Ce sont des décisions relativement faciles à prendre pour soi. Beaucoup moins lorsqu’il s’agit des personnes aimées.
J’espère pouvoir finir dans une forêt.
Contemplation (2021-04-23)
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Chaque kilomètre qui m’éloigne de Montréal est un pas de plus dans un pèlerinage vers la seule cathédrale qui m’inspire la foi, une profonde forêt qui abrite toutes mes confessions.
Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba
Finalement, le montage aura pris plus de 15 heures au total. Et je ne parle même pas du temps des conversions en tout genre. Le tout avec une machine qui a moins d’un an et qui semble déjà être obsolète dans les standards actuels de production de vidéos.
J’avais envisagé, suite aux résultats pas si départagés, de produire deux versions très différentes à partir des mêmes sources mais je crois que cette première mouture (la plus longue et donc la plus facile) a épuisé mon enthousiasme pour un petit moment.
Néanmoins, je suis bien content d’avoir appris autant de choses pendant la captation au cours des trois jours mais aussi dans l’étape de montage et je commence à toucher un style qui me plait bien. Une forme d’immersion lente et silencieuse qui m’a fait regretter de ne pas avoir pris un micro décent. Partager ma propre écoute du monde et de ses chemins de traverse. Une approche que j’espère peu colonialiste.
J’ai pas mal d’idées pour la suite et en attendant, voici la vidéo de 22 min 30 sec produite lors de cette sortie. Je vous invite à mettre un casque… et à aller aux toilettes avant :-).
Jour 3 (2021-04-18)
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Partir sans cesse pour ailleurs est une manière de s’agripper à l’espace pour continuer à vivre. La rue et la route sont alors des lieux de moindre souffrance où il est anonyme, voué au passage, sans qualité. Il n’a de comptes à rendre à personne, il n’est pas identifiable, hormis à travers les informations qu’il distille lui-même.
Habiter la durée de manière heureuse exige de se confondre avec évidence à son histoire et d’accepter la confrontation à l’ambivalence du monde. L’impossibilité d’habiter le temps et de le nourrir de projets impose de s’agripper à l’espace en allant d’un lieu à l’autre. […]
L’errance spatialise le temps pour en désamorcer l’irréversibilité et le tenir sous contrôle. Le jeune avance pour ne pas s’effondrer.
Disparaître de soi, David Le Breton
Réveil après une nuit pluvieuse, la tente est bien trempée. C’est un peu frustrant de se dire que le retour va être aussi lourd que l’aller car il va falloir porter cette eau aussi. Il faudrait des batteries qui s’allègent lorsqu’elles sont déchargées. Je range le campement et je me mets en route après un petit déjeuner copieux : le retour va être long… et glissant !
Je termine les quelques minutes de film qu’il me reste dans cette pellicule numérique. Je joue avec les filtres et les profondeurs de champs, j’ai du fun faute de croiser de la faune. Il faudra que je parle un peu matériel à un moment. Cette fois-ci, j’étais parti avec deux objectifs :
- un équivalent 17 mm (grand angle, complètement manuel) ;
- un équivalent 48 mm (résistant aux intempéries, grande ouverture) ;
et c’est une combinaison intéressante, même si c’est un peu le grand écart. Pour Précipitation je n’avais qu’un équivalent 34 mm (je parle d’équivalences car j’ai un capteur micro 4/3 un peu spécial qui n’a pas un ratio standard).
Je suis toujours tenté par un zoom qui me permettrait d’être plus polyvalent dans mes compositions et m’éviterait surtout d’avoir à ré-équilibrer la gimbal à chaque changement d’objectif. Mais je sais aussi qu’il n’y a rien de mieux pour apprendre que d’utiliser des focales fixes, ce n’est pas à l’objectif de composer toussa. J’apprécie que l’ensemble reste compact aussi, j’ai moins l’impression d’avoir un boulet accroché à la bretelle du sac à dos. Compromis.
J’arrive à la voiture épuisé et content. Je retrouve les barres que j’avais oublié. Mine de rien les sucres rapides ça aide pendant l’effort ! Je reviendrai à l’automne, les troncs blancs en reflet c’est joli mais avec du orange rougeoyant ça doit quand même être autre chose. C’était peut-être la dernière sortie avant les « bibittes », ça s’apprécie.
En rentrant, je ne résiste pas à la tentation de regarder un peu les images captées et j’ai l’impression que c’est moins flou. Il y a encore beaucoup de déchets mais je vais pouvoir en faire quelque chose. On va voir quel angle je prends pour le montage.
Jour 2 (2021-04-17)
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Ce désir de dormir est pour une large part une forme de régression, une volonté de retourner à l’enfance et d’être libéré de la charge de tension liée au fait de grandir et de devoir assumer de nouvelles responsabilités. Les contraintes d’identité deviennent trop lourdes à porter et elles appellent un soulagement symbolique. Une recherche d’effacement provisoire surtout quand le jeune peine à se construire.
Disparaître de soi, David Le Breton
La nuit a été en pente mais surtout bruyante dès 4 heures du matin, au printemps tous les oiseaux s’en donnent à cœur joie : des bernaches aux huards, en passant par les canards et les pics en tout genre. Le bon côté c’est que ça me motive pour sortir du duvet et apprécier la lumière du matin. Au programme de la journée : continuer mon exploration en laissant au campement ce qui m’est moins utile.
Je poursuis mon tour de lac et ça devient de plus en plus sauvage, je finis par arriver à un emplacement encore plus chouette que le précédent, joie ! Je retourne chercher toutes mes affaires avec le sourire. Un aller-retour plus tard, j’ai moins le sourire car je me rends compte qu’un pseudo-confinement d’une année ça laisse des muscles relativement atrophiés (c’est pas du tout le fait de se trimbaler un sac de plus de 18 kilos à crapahuter entre les troncs d’arbres abattus par l’hiver). Le bon côté de la chose c’est qu’arrivé là, les (mal)chances que je croise quelqu’un sont assez minimes. J’apprécie à sa juste valeur ce moment.
C’est aussi l’endroit parfait pour une timelapse de soleil couchant sur le lac ou de ciel étoilé… si j’avais encore de l’énergie dans ma seconde — et dernière — batterie ! Heureusement, le ciel est tellement bouché que je ne vais pas être trop frustré. Je songe un instant à forcer un connecteur USB-C dans un micro-USB et je m’en vais méditer là-dessus en faisant une sieste dans le hamac.
Je termine la journée sans penser à faire des vidéos et en me focalisant sur cet instant, j’explore encore un peu la suite du tour du lac qui n’est plus du tout balisé, si ce n’est par les chemins de biches. Cela fait mûrir un projet de périple packrafting en enchaînant une boucle sur plusieurs lacs. J’essaye de ne pas trop analyser ce sentiment de libération de ne plus avoir à faire des vidéos.
Le coucher de soleil est moche et il fait froid mais je suis content d’avoir cuisiné une nouvelle recette tout en contemplant le ballet des castors. Je m’endors en me demandant pourquoi ce monde est toujours en pente. Peut-être pour que l’on ait conscience qu’il faille s’y accrocher ?
Il est où le bouton pause de mon cerveau ?
Jour 1 (2021-04-16)
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Dans la vie courante, l’immersion dans la durée est une évidence, l’individu s’écoule en elle sans éprouver le sentiment d’une distance ou d’un obstacle. Chaque instant est en lien avec le précédent et nourrit une projection dans le temps, une anticipation. Mais cette perception dépend des significations attachées à son existence sur le moment. Parfois le temps s’écoule au ralenti ou accélère, connaît des rythmes différents, ou il se fige dans une sorte de stase douloureuse. Une pathologie de la temporalité, un arrêt de la durée suspend l’existence et contribue à la rendre terne, sans relief. Attente sans objet, dans une tonalité amère sur le fond d’une impuissance à agir et à relancer le temps par des projets.
Disparaître de soi, David Le Breton
Après avoir reporté d’une journée cette sortie pour cause de pluie continue, je me décide à y aller quand même, le temps dev(r)ait s’éclaircir un peu. Je réalise que plus je monte au nord, moins j’ai de chance d’être vraiment mouillé. Je change de plan et décide de retourner à un endroit connu, vers Labelle. C’est ma limite psychologique avant d’avoir le sentiment de consommer trop de carburant.
Arrivé sur place, c’est encore bien humide mais je suis motivé pour faire des vidéos. J’ai apporté la gimbal et en tout je pense que l’équipement au complet m’ajoute entre 6 et 7 kilos sur le dos. Non négligeable ! Sous l’euphorie du départ, je n’ai pas fait 500 mètres que j’ai déjà une quinzaine de prises de vues. Marrant mais il commence à pleuvoir et je sais qu’il y un abri un peu plus loin, je me dépêche.
Ce simple toit est bien pratique pour monter/équilibrer la gimbal, ce qui prend un certain temps, surtout en couplant le module de commande à distance. Entre deux gouttes, je m’entraine à faire des ralentis de travelling de mousse. On s’amuse comme on peut. Ce qui m’inquiète c’est que ma première batterie a déjà perdu 3 barres sur 4, oups. Je comprends vite que ça va être le facteur limitant. C’est dommage car j’ai tout pour recharger tout le reste sauf l’outil principal de capture. Apprentissage++.
Je mange un bout et je me dis que je ne suis pas allé dans la forêt pour passer mon temps sous un abri, ni flipper pour de l’énergie autre que la mienne. Me voilà reparti en mode exploratoire vers un chemin inconnu mais néanmoins tracé… qui me fait arriver après quelques acrobaties à un campement bien sympathique. Je ne suis pas arrivé depuis 5 minutes que c’est déjà un défilé de castors juste à mes pieds. Je termine ma batterie en tentant de les prendre au moment où ils annoncent ma présence en tapant avec leur queue, échec. Dommage car c’est assez joli, je n’aurai que le bruit à partager…
Je me couche après avoir suspendu mon sac de nourriture, les ours ont dû terminer leur hibernation. Et s’ils sont comme moi le matin, ils doivent avoir la dalle.
Bernaches (2021-04-03)
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Le retour des bernaches est un moment de joie qui annonce le printemps. Elles sont la sonalité de la sai·sonnalité, le balancier de la pendule annuelle, le grand « V » de la Vie dans le ciel.
Forêt (2021-03-12)
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Depuis, le projet d’acheter des hectares par-ci par là commence à me trotter dans la tête. Les sortir des zones de chasse — un terrain privé d’une surface minimum donnée est chassable par défaut. Les sortir de l’exploitation forestière en monoculture. Y recréer des écosystèmes vivants, endémiques et/ou préparés au changement climatique. Envisager de l’habitat léger à toute petite échelle.
Je crois qu’avant même de vouloir construire une cabane sur un terrain, ce qui m’intéresse c’est cet aspect conservation. Pas forcément dans le sens sanctuaire mais dans le fait d’y cheminer/vivre de manière sereine. Un lieu discret, d’observation, d’apaisement. Un lieu où il fait bon être.
Je m’imagine naviguer d’îlot en îlot dans un archipel de forêts libérées. Si la propriété c’est le vol, j’ai envie de voler un bout du monde à la folie des humains. Orgueil déplacé ? Tant pis.
Extrait lu en mai :
Je laisse partir une flamme, mais elle a attisé en moi le goût de défendre la Terre. Moi aussi, je mènerai un combat, mais sans armes, sans vandalisme, sans sensationnalisme. Dans les limites légales de la désobéissance civile et dans la sagesse de Thoreau. Je planterai des arbres par milliers, je sèmerai des fleurs pour nourrir les rares abeilles, je vivrai de ma terre en métamorphosant la plantation d’épinettes en espace où la faune et la flore seront foisonnantes. Avec chaque sou économisé, j’achèterai toutes les forêts privées et les champs avoisinants en monoculture, et je les laisserai en friche, fleurir sans coupes, pousser en paix. Ma vie reprend du sens dans ma forêt.
Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba
Pistage (2021-03-06)
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Quant à le définir : d’abord il faut comprendre que le pistage est pour moi complètement désarticulé de la chasse : cela n’a rien à voir. Le « pistage philosophique » qui m’intéresse est plutôt de se rendre sensible à la manière dont les autres vivants habitent avec nous ce monde, pour inventer des formes de cohabitation plus riches et plus vivables pour tous. Je le définirai donc comme une manière renouvelée d’être attentif aux vivants. […] Ce que j’aime dans cette affaire, c’est qu’il s’agit d’une pratique dans laquelle on est sorti de l’opposition entre pensée et sensibilité, entre théorie et pratique : dans le pistage, pour interpréter les indices laissés par un cerf, une panthère des neiges ou un loup, on tisse de manière très serrée les sens, l’intuition, l’imagination, et le raisonnement, le tout pour chercher un état d’attention très aiguisé, vibratile, à ce qui se passe autour.
Baptiste Morizot : « L’animalité est constitutive de notre identité dans ce qu’elle a de sain » (cache)
C’est une piste que j’aimerais suivre : être en capacité d’apprendre de simples traces, d’imaginer des interactions, des scénarios à partir des éléments laissés, remonter un cheminement pour tenter d’en comprendre les intentions. C’est ce que j’avais commencé à faire avec les Programmes Coyote mais ils sont maintenant un peu trop éloignés (sans compter que c’est compliqué en ce moment…). Or, c’est un apprentissage qui demande à être accompagné — à moins peut-être d’habiter la forêt à plein temps.
Encore et toujours une question de temps.
Grand Nord (2021-03-05)
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Je lis ces jours-ci avec grand intérêt les aventures de David Larlet dans « le Grand Nord ». Bon, en réalité je ne sais pas s’il est vraiment dans le « Grand Nord » canadien lors de ses sorties pédestres, mais pour l’européen que je suis, dès qu’il y a trois montagnes, un lac, de la neige partout, et pas un troquet à l’horizon, c’est la représentation que j’en ai — bref.
Au risque d’être déceptif, la latitude de Montréal est comprise entre Bordeaux et Lyon (pour un référentiel français). Et lorsque je vais vers le Nord pour rejoindre des contrées à plus faible densité, ça doit faire du 100-150 km plus haut tout au plus.
En parlant de densité, autres chiffres intéressants : la densité du Canada est de 4 habitant·es au km2, sachant que la population se concentre dans les agglomérations (cache, source) du Sud, ça donne une densité encore plus faible dès qu’on en sort. À titre de comparaison, la moyenne de la France est à 107 hab./km2, celle du Japon à 332 hab./km2.
Bon et maintenant que le décor est planté, est-ce que j’ai envie d’aller dans le Grand Nord ? :-)
Il y aurait un avantage à potentiellement croiser moins de machines récréatives bruyantes (été comme hiver). Ça signifie également que les secours sont plus éloignés, la famille aussi… Sous un autre angle, cela me gêne pas mal de griller de l’essence de façon encore moins raisonnable pour mon petit plaisir. Peut-être que si un jour j’habite plus au Nord, cela me motivera pour explorer plus avant la forêt boréale, sans dépasser la limite où je commence à me faire chasser par les ours blancs. Pas vraiment envie de devoir me balader avec un fusil, je risquerais de croiser un chasseur.
Jour 2 (2021-02-22)
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Sans avoir nécessairement connu une histoire douloureuse, d’autres ont choisi la discrétion, la solitude, le « recours aux forêts » ou au wilderness pour trouver un apaisement que le lien social ne leur donnait pas. Ils ne sont pas misanthropes, mais leur goût du silence, de l’intériorité, de la sobriété l’emporte sur les avantages du lien social.
Disparaître de soi, David Le Breton
Je me réveille sans un seul flocon, la météo s’était une fois de plus trompée, yay! Je ne fais quand même pas trop le malin car je sens que ça arrive, je suis relativement protégé sous les arbres mais je me dépêche d’allumer un feu et de ranger mes affaires. Note pour plus tard : mettre son pantalon sur ses chaussures pour ne pas qu’elles se remplissent de neige est une bonne idée, mais des chaussures en cuir mouillées et tordues, une fois gelées c’est moins pratiques à enfiler le matin venu…
Je me rends compte en démontant le camp qu’il y aurait des choses à montrer : orientation, arrimage, aplanissement, stratégie de lutte contre le froid, etc. La gestion du bois/feu est importante aussi, surtout lorsqu’il s’agit de faire fondre de la neige pour pouvoir boire. Je garde ces idées en tête pour une prochaine sortie. Si vous avez d’autres suggestions/questionnements n’hésitez pas.
Au moment du départ, ça se met à tomber assez dru, je suis bien content d’avoir finalement opté pour un boitier à l’épreuve des éléments. Par contre, le seul objectif que j’ai emporté ne l’est pas et se rempli assez rapidement de neige/glace, surtout que chaque prise de vue est doublée le temps de faire l’aller-retour. Aussi, je suis impressionnée par la batterie qui a tenu 24 heures sous des températures négatives. Ça ouvre des perspectives.
Je souris en marchant sous la tempête de neige, c’est humide mais pas froid, surtout dans l’effort. Je reviens sur mes pas, il me reste 40 secondes de film disponibles sur la carte mémoire. Une bien belle sortie. C’est rare que tout se déroule aussi bien en hiver, j’apprécie.
Jour 1 (2021-02-21)
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S’enforester (pronominal) :
- Se couvrir de forêt.
- Entrer en forêt.
Je me réveille avec un beau soleil, motivé pour enfin aller dormir dans la forêt. J’aime ce milieu d’hiver lorsque le corps est acclimaté et les jours se rallongent. Malheureusement, arrivé sur place le parking municipal n’est pas déneigé et il y a plus d’un mètre de neige. Je me replie sur celui situé à trois kilomètres de là, un bon échauffement, surtout que ça monte !
Le chemin à proprement parler commence par une autoroute à motoneiges/quads qui requiert mon attention sur les premiers kilomètres, il y au moins un avantage à cela : la neige a été tassée. J’en profite pour me demander encore une fois comment on peut prendre du plaisir à être aussi bruyant tout en cramant des énergies fossiles. Me rappeler que je suis arrivé jusque là en SUV qui consomme 12 L/100 km… et je ne compte même pas le nombre d’esclaves qu’il a fallu pour construire mon équipement.
J’arrive enfin à l’endroit où je voulais bifurquer pour traverser le lac et rejoindre l’emplacement repéré cet été en raft. La bonne nouvelle c’est que la glace est solide… la moins bonne c’est qu’il y a bien 60 cm de neige très poudreuse par-dessus ! Même avec des raquettes extra larges c’est limite avec mon chargement. Je m’amuse à faire des prises de vue sans rien voir sur l’écran à cause de la réverbération. Je vais apprendre au montage ce que l’on appelle un focus breathing et me jurer de ne plus jamais me mettre en auto-focus pour faire des vidéos. Apprentissage.
Arrivé à l’emplacement, je suis mouillé. Notamment car les conditions font que l’arrière de mon pantalon noir faisait fondre la neige au cours du cheminement en raquettes dos au soleil (dommage lorsqu’on a des guêtres dans le sac). Je me dis qu’il va falloir faire un feu pour sécher tout cela, d’autant que j’ai oublié de prendre mon vêtement coupe vent pour la soirée (un changement de plan au moment du départ… un peu trop précipité). J’arrête de faire des vidéos car j’ai trop besoin d’être efficace avant la nuit, le campement et la sécurité avant les petits plaisirs.
Le soirée est relativement chaude pour la saison, ça ne descend pas en-dessous des -10 °C, la lune est pleine et le silence est incroyable. Je me sens à la fois petit et vivant. Je m’endors en regardant crépiter le feu et en espérant ne pas me réveiller avec une montagne de neige sur le tarp.
Retraite (2021-02-10)
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Mais sous prétexte que ça ne va pas révolutionner leur vie, beaucoup se privent de ces petites victoires volées sur le quotidien parce que « ça ne changera rien ». Mais si ça change ! Naturellement. À trop viser de grandes victoires futures, on en oublie de saisir celles qui sont à portée de main. Elles sont pourtant le carburant des grandes épopées de demain : sans elles, comment poursuivre, toute une vie durant, des aspirations qui semblent si loin ? Ou a contrario, sans elles, comment réaliser que parvenir est devenu superflu… Puisqu’on est déjà si bien.
Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux
Sur les pistes, je ne croise que quelques personnes manifestement retraitées. Je me demande si j’en suis une. Pas dans le sens FIRE qui semble avoir du succès chez les personnes à hauts salaires — comme les développeurs et développeuses. Plutôt en ayant des choix de vie me permettant d’avoir des pratiques de retraité dès maintenant.
Petit plaisir du jour : avoir créé un nuage en lançant de l’eau à ébullition en l’air lorsqu’il fait « frête ». Je ne l’avais jamais fait et c’était plaisant, d’autant que non prémédité (je faisais la vaisselle en m’aidant du poêle).
Calme (2021-02-09)
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Je profite d’une journée pédagogique de l’enfant pour faire ma sortie ski annuelle. Même endroit, presque la même date, le monde a changé, la température non. Il y a un cadenas sur le refuge. On ne se réfugie plus aujourd’hui, on paye et on réserve une exclusivité. Un refuge qui exclut. On en est là.
Je me souviens l’année dernière avoir pu accueillir une personne, je ne sais pas si j’aurais fait le même choix dans les conditions actuelles. Cela me rend triste.
Je décide d’y aller sans équipement vidéo, pour le fun, mon Kalimba sous le bras (j’apprends en voulant faire un lien qu’il s’agit en fait d’un Mbira d’origine africaine). Malheureusement, le calme n’était pas de la partie pour autant, mes pensées étant focalisées sur la suite j’ai du mal à rester dans le présent.
C’était tout de même une bien belle sortie, j’en suis revenu épuisé et heureux. L’avantage de vieillir, c’est que ton corps te rappelle plusieurs jours de suite que tu t’es bien dépensé !