Dépression


Mais je ne suis pas à l’arrêt en ce moment : je me lève tous les matins, je travaille, j’agis, je ne suis pas effondré toute la journée. Les vagues déferlent les unes après les autres, et puis entre les vagues je surnage. Les apparences sont presque sauves. C’est pour ça que je ne peux pas me considérer vraiment comme dépressif. C’est pour ça que je me soupçonne parfois de n’être qu’un imposteur, un faux-dépressif, un simulateur, un enfant gâté qui fait son intéressant, et toutes ces sortes de choses. Je ferais mieux de me taire : tout ça c’est dans ma tête, juste dans ma tête.

L’asymptote du dépressif (cache)

J’ai lu ce texte au réveil, il y a quelques jours, et il ne cesse de tourner en fond dans un coin de mon cerveau. Pour ma part, la situation liée au Covid aura eu l’effet inverse de ce qui a pu se passer chez pas mal de personnes. J’ai pu me rendre compte que je n’étais pas fou, que ce que j’entrapercevais était possible et conduit à une chaîne de réactions relativement logiques.

C’est loin d’être enthousiasmant mais cela m’a bizarrement permis de me rassurer sur mon état de santé mentale. Et c’est déjà pas mal.

Elle dresse le tableau de la crise climatique et de la décimation du vivant pour poser cette question, celle d’un médecin : comment aider ces « personnes rationnelles et lucides dans un monde qui ne l’est pas » à ne pas rester tétanisées et honteuses de leurs pensées dépressives ? Comment contourner, par exemple, « l’hubris impuissante », cette tentation d’avoir l’idée géniale pour tout changer d’un coup, tentation qui, en se heurtant au mur de l’abstraction, vous renvoie direct au néant et à vos passions tristes ? Comment quitter la sidération et la prostration pour vivre et pour être capable d’agir collectivement, politiquement, face au désastre qui monte ?

L’écoanxiété nous détourne de l’action collective (cache)