C’est évident comme un grain de sable: plus que la ville ou le pays, c’est moi qui ai changé. Mes goûts, mes envies, mon rythme et mes petites misères.
Mais l’affection est sincère, sans cette maladresse des sentiments digne de réunions d’anciens élèves. Oui, ceux qui n’ont rien d’autre à se dire, rien en commun que quelques blagues surannées et des souvenirs en conserve.
Cette histoire s’écrit au présent.
Je reviendrai.
Tokyo, Juin 2013: Voyage Sentimental, Olivier Thereaux
Je suis revenu du Japon il y a maintenant un an. Et je sens bien que le petit bout de Japon qui était revenu avec moi, en moi, s’amenuise irrémédiablement, se transforme, perd de son authenticité. Les souvenirs s’idéalisent, les relations s’estompent et les sensations vécues ont du mal à être rejouées — même avec des photos. Il manque les sons, les odeurs, les interactions, les non-interactions aussi. Il manque la fraîcheur, la naïveté, les rires et la bienveillance. Il manque Tokyo.
Au loin l’appel d’un quotidien perdu. D’un exotisme non-touristique. D’une vie différente.
Je repartirai.