#forêt

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Jour 2

Bien mauvaise nuit, trop de choses se bousculent et je ne suis pas serein de squatter un refuge qui se réserve. Pour ma défense, il est maintenant obligatoire de réserver 2 jours consécutifs pour la fin de semaine. Fenêtre d’Overton du Covid combiné à un culte du cargo j’imagine. Ou un intérêt purement économique. Ou de l’incompétence technique car l’outil employé est devenu une boîte noire pour les personnes qui s’en occupent. Peut-être que j’ai envie d’accompagner ces personnes dans leur émancipation.

Je me retrouve sur le chemin du retour avec des traces très fraîches d’orignal. J’ai la crainte de tomber nez-à-nez avec cet animal d’une tonne, même s’il ne devrait pas être trop farouche en cette saison le sentier me laisse peu de solutions de repli. Je me fais charger de manière très bruyante par… une gélinotte huppée, le poids n’est pas vraiment le même mais l’intention est claire ! J’imagine sa portée très proche pour qu’elle prenne un tel risque, je bifurque aussi précautionneusement que possible.

Je suis content de ma forme actuelle, après une journée à plus de 20km et avoir dormi par sauts de buttes, j’ai encore des jambes. La beauté de cet environnement me porte, parfois j’en arrive à trouver celui-ci monotone mais je sais aussi me rappeler de la chance que j’ai :

Un lac québécois depuis la rive.
Lac Lemieux devant le refuge Paul-Perreault.

Une autre en prenant de la hauteur :

Vue d’un lac depuis un point de vue en hauteur.
Lac Ouareau depuis un point de vue de la randonnée.

Pas mal de voitures en finissant sur le parking, j’étais la seule en arrivant la veille. Difficile d’imaginer un covoiturage de niche dans un contexte de randonnée avec des heures / contraintes assez aléatoires. L’usage du stop auquel m’a initié Thomas pour cette activité est assez éloigné de la culture pro-voiture locale.


Finalement, depuis 2003, le contrôle biologique des insectes piqueurs est réalisé sur le territoire de la Municipalité de Saint‑Donat. Le taux de performance excède 85 % chaque année. Le contrôle débute à la mi-mai pour se terminer à la fin du mois d’août. Bien entendu, les conditions météorologiques peuvent affecter le nombre d’insectes que l’on observe sur le territoire. Cela explique la variation que l’on observe d’année en année. Malgré cette variation, le traitement reste toujours efficace, réduisant la très grande majorité des insectes piqueurs nuisibles sur le territoire.

Le traitement est assuré par un larvicide biologique (B.t.i pour Bacillus thuringiensis isralensis) qui est parfaitement sécuritaire pour l’environnement à cause de sa nature biologique (contrairement aux pesticides chimiques) et de sa très grande sélectivité pour les larves visées (moustiques et mouches noires).

Environnement - Municipalité de Saint Donat [archive]

Le soir venu, je creuse un peu le traitement appliqué. Je ne trouve pas d’études en défaveur du Bacillus thuringiensis israelensis, « à part » une modification de l’écosystème, forcément. Le document le plus intéressant que j’ai pu trouver à ce sujet est cette méta-analyse de vulgarisation en PDF par l’université de l’Oregon : Bacillus thuringiensis Fact sheet [cache (PDF, 469Ko)].


Mots du jour : Joual et Chiac.

Aussi, En berne a 22 ans…

Jour 1

Comme un besoin de forêt. Même s’il faut affronter les mouches noires. Même si on sort de quelques jours de canicule. Même si de la pluie est annoncée.

Départ à 6h pour le Mont Ouareau, pas de performance en vue cette fois mais de la reconnaissance avec l’intention de faire la Grande Boucle à un moment.

Première surprise, la voiture n’est pas assaillie dès mon arrivée sur le parking. Je pourrais même me changer en extérieur mais je n’y crois pas encore. Dès les premiers pas dans la forêt, une fois éloigné de la route, je sens bien qu’il y a quelque chose qui cloche. J’entends distinctement les oiseaux mais il n’y a pas ce vrombissement estival qui caractérise une forêt vivante piquante par ici.

Partageant ma surprise, Elle m’indique que les lieux sont traités. Je suis en bordure de zone bleue (2). Les graphiques sont saisissants et je me demande quel est l’impact d’un tel traitement sur la polinisation, les oiseaux, les batraciens, les poissons, les insectes mais aussi les comportements des grands ongulets par exemple. J’ai du mal à apprécier une telle situation sans avoir plus d’informations. Ou j’aime bien chialer.

J’arrive au alentours du refuge (que je n’ai pas réservé, je comptais camper), j’ai encore pas mal d’énergie alors je décide de laisser la moitié de mon sac (~3kg) à l’abri pendant que je vais faire le mont du coin, encore plus léger. Le temps est assez lourd et dans pareilles conditions les bibittes m’auraient découragé de le faire. Je croise enfin deux personnes au sommet, qui déjeunent assises en short sous la pluie. C’est sûr que j’ai l’air un peu stupide à suer dans ma tenue couvrante…

Les heures passent et personne ne pointe le bout de son nez au refuge. Je commence à l’envisager car les températures chutent et je suis quand même bien léger. Tellement léger que je n’ai aucun moyen d’allumer un feu, j’ai opté pour un régime froid à base de semoule que je laisse gonfler une heure dans un récipient de récupération. Je peux même la manger dehors en bord de lac sans être embêté, c’est exceptionnel. Il ne manque qu’un orignal traversant le lac (j’ai vu beaucoup d’empreintes sur le sentier). J’ai même le temps de dessiner tranquillement ce paysage et d’observer le vol des sangsues au bord de l’eau, c’est vraiment très beau.

Je me couche finalement à l’intérieur du refuge en m’attendant à devoir monter une tente au besoin et je griffonne quelques notes à la frontale :

Dépenser le corps pour panser l’esprit.
Dépecer le cœur pour extraire l’envie.
Dépasser l’humeur pour penser la vie.

(S’)Expliquer ce que le je est devenu grâce au nous sans finir sur les rotules (haha) est-il le propre de toutes les séparations ? Comment révéler ce que l’on est devenu à titre personnel ? Quel temps laisser à cette nouvelle expression / re-construction ?

Jour 2

Un ultratrail est un concours de bouffe, itinérant.

Kilian Jornet, de mémoire.

Réveil à 5h-ish, départ à 6h-ish. Cette journée va être une course contre la météo. De la pluie en continu est annoncée à partir de 9h et je veux avoir dépassé la section avec les ponts en bois et les rochers avant cela car ça devient rapidement glissant. Je trottine tout ce que je peux tout en sachant que les dénivelés sont en fin de parcours. Cruels choix entre les craintes et les douleurs.

Le sac fait un bon kilo de moins, ce qui aide pas mal. J’ai appris à mieux le charger aussi et à utiliser les compartiments à bon escient pour éviter de mouiller mes affaires en allant chercher de la nourriture par exemple. Beaucoup d’apprentissages pendant cette sortie d’initiation au fastpacking (pour lâcher les gros mots).

Chaque partie de la chaine musculaire de la jambe se fait connaitre tour à tour, pour l’instant les maillons tiennent le coup et je réussis à passer le crux presque dans les temps. Il y a un jeu dangereux à être en équilibre sur cette limite. Je sens bien que j’ai encore une marge de progression physique non négligeable à acquérir pour aller plus loin.

La suite se fait intégralement sous la pluie et lorsque le vent s’en mêle c’est la douche assurée en raison des branches gorgées d’eau. Je choisis l’option de rester en t-shirt à manches longues plutôt que de mettre une protection étanche, il y a suffisamment de montées pour éviter l’hypothermie et ça permet de sécher en continu. Encore une journée assez intense pour les pieds. Entre l’humidité et les frottements, il faut que je trouve de meilleures options. Le traitement que j’ai entamé il y a plus d’un mois n’a pas l’air très efficace (ou alors ce serait pire sans ?).

J’ai amené pas mal de personnes dans cette forêt, aussi il y a des passages qui ont maintenant une valeur sentimentale. Je me rends compte que cela m’aide pour passer certaines parties et garder la lucidité nécessaire en fin de parcours. J’ai du mal à décrire à quel point le profil et les efforts sont différents d’une randonnée dans les Alpes françaises par exemple. Il y a notamment une charge mentale constante relative au terrain qui peut vite être fatigante. C’est aussi ce qui rend si difficile une progression rapide.

J’arrive encore à trottiner dans le vingtième et dernier kilomètre de cette sortie. Ça n’a plus rien d’aérien (doux euphémisme) mais ça augure de bonnes choses pour la suite de mes projets. Peut-être une autre grande boucle ?

Jour 1

There’s a difference between knowing the path and walking the path.

Morpheus, donnant des conseils Komoot à Néo.

Réveil à 5h30. Encore. En route vers la forêt Ouareau. Encore. Cette fois avec un peu moins d’ambition / orgueil.

Niveau confiance, elle est assez haute tout de même car j’ai réussi à trottiner 24km la fin de semaine précédente. En bémol, je suis allé faire du tennis la veille et j’ai un peu mal au dos.

Niveau matériel, j’ai réussi à faire descendre le sac à 7 kilos (sans eau) et je teste pour l’occasion un sac-gilet adapté à la course qui soit robuste et permette de transporter une tente.

Le départ est très rapide, l’envie est bien là, la frustration des « échecs » précédents aussi. Je me rends bien compte que je ne vais pas pouvoir tenir toute la journée comme ça. Je mets une heure de moins que lors de ma précédente tentative dans la neige ! Je prends le sac de nourriture dédié à la prochaine section et je m’attaque au mont 107. C’est le sommet de la sortie et déjà je me félicite d’avoir renoncé l’autre fois car le chemin est un torrent de fonte bien raide. Le reste de la journée viendra me confirmer la validité de ce choix.

Je tente de petites foulées dans la descente et ça semble passer sans trop balloter en arrière. Je ne sais pas si c’est le format de sac ou son poids mais la différence en terme de mobilité est flagrante. J’apprécie ce sentiment de liberté physique. Notamment car ça glisse beaucoup avec l’humidité ambiante. Je découvre des sentiers que je n’avais pas encore arpentés et des points de vue… dans le nuage.

Après une douzaine de kilomètres, je rejoins une piste forestière sur 2/3 km, l’occasion de voir si je suis encore capable de courir (oui !). J’essaye vraiment de rester économe car le chemin restant pourrait être encore long, je n’ai pas de plan très précis cette fois-ci, je veux retrouver cette flexibilité que la trace numérique vient contenir. Je m’arrête lorsque je suis fatigué et je fais des détours si j’ai envie.

La rivière Ouareau était en crue et je ne peux qu’observer les dégâts que cela a produit sur le « Sentier des murmures » qui porte assez mal son nom en cette saison. La plupart des ponts non arrimés ont bougé et/ou sont difficilement praticables. Cette partie qui devait être roulante est entrecoupée de crochets pour ne pas finir dans l’eau. J’arrive néanmoins à un premier emplacement que j’aime beaucoup mais le bruit de la rivière est trop important pour que je puisse dormir à ses côtés. Il y a une différence entre bruit blanc et eaux blanches !

Je décide de remonter jusqu’à l’abri 3 côtés que je convoitais la fois précédente. Cela rajoute quelques kilomètres mais c’est aussi la possibilité de dormir au sec qui m’attire car la météo est incertaine. En arrivant en face de cet endroit, je tombe nez à nez avec une quinzaine de tentes, ce que je n’avais jamais croisé auparavant dans aucune de mes sorties. Un club de kayak est venu profiter des eaux en crue pour le weekend. J’allonge encore de quelques kilomètres, j’ai trop besoin de ma tranquillité…

Je décide d’aller jusqu’au lac bœuf auquel j’avais rendu visite il y a quelques mois. C’est un nouvel emplacement alors j’ai l’espoir qu’il soit libre et c’est le cas. Curieusement, je ne me sens pas épuisé mais j’appréhende tout de même le retour avec la fatigue. Ma montre m’indique 24 km à l’arrivée après plus de 7 heures d’effort et environ 1000 mètres de dénivelé. La carte comptabilise 25,5 km. Qui croire ? Est-ce vraiment important ? Je me réjouis d’être arrivé et d’explorer les différentes possibilités de couchage. Je vois le soleil pour la première fois de la journée.

Le printemps québécois reste une saison très bruyante, surtout aux abords des lacs. Entre les oiseaux et les insectes, c’est la cacophonie toute la nuit. Je suis très content d’avoir opté pour une tente fermée après avoir beaucoup hésité, la moustiquaire se retrouve constellée de bibittes après seulement une quinzaine de minutes.

Côté alimentation, cette nouvelle stratégie qui consiste à manger en permanence est une réussite. Par contre, il va falloir que je me fasse mes propres compositions car celles du commerce sont vraiment pas terribles. J’avais l’espoir que des choses aient changé au cours de ces 10 dernières années. Pareil pour les plats lyophilisés, deuxième fois que je trouve ça horrible. Rendez-moi ma semoule et mes nouilles instantanées !

Photo du livre « Le bonheur est dans les boules » emprunté à la bibliothèque.
Le bonheur est dans les boules. #OhWait

Jour 1

Réveil à 5h30. Ce qui devait être une sortie Légère & Rapide se révèle ne pas être si Légère (autour de 12kg) car j’ai 4 jours de nourriture sur le dos et que des températures de -10°C sont annoncées ce qui décide de la taille (et donc poids) du duvet notamment.

Niveau Rapide, si les premiers kilomètres se déroulent bien car la neige a fondue, dès que je passe dans la vallée suivante je me retrouve avec de la neige jusqu’aux genoux mais surtout qui casse sans prévenir pour atterrir dans le torrent de fonte en dessous. Je suis en baskets. La saisonnalité de mes erreurs me fatigue.

Dès le 5e kilomètre, les pieds gelés et les chaussures trempées, je sens bien que ça ne va pas le faire. D’autant que je vais avoir du mal à faire sécher des chaussures avec les températures prévues en dormant dehors. Sans compter qu’à force de passer à travers la neige, j’ai ma cheville encore fragile qui fatigue. Le vent se lève, il commence à grêler. Le moral flanche.

Contre mauvaise fortune bon cœur, je décide de transformer ce Grand Tour en un Minuscule Tour à la journée. Il faut savoir ravaler son égo et accepter de revenir avec encore plus d’envie lorsque les conditions sont davantage acceptables — et surtout compatibles avec mes explorations du moment.

J’ai appris :

Retour à la maison avec le physique pas trop amoché, il va falloir soigner le mental maintenant.

Jour 2

Le vent fera tomber des branches,
L’aube viendra dans sa mârde blanche.

Mars, Cissou du « vrai » sud-ouest (fin du débat)

La montre m’indique avoir dormi 5h. Optimiste. Je me lève relativement tôt car je ne veux pas trop m’enfoncer dans la neige en début d’après-midi. Les seules traces de retour bien profondes de la veille m’ont fait un peu peur à ce sujet. J’ai greloté une partie de la nuit (oups, des calories en moins), ça motive à s’extirper du duvet aussi…

Le temps de déjeuner et de plier le camp, la neige se met à tomber. Il neige faiblement pendant les 2 km d’ascension qui m’ont séché la veille. Vu le nombre de nouvelles branches que je dois enjamber, je suis bien content de ne pas m’en être pris une sur la tête cette nuit. J’espérais pouvoir bénéficier d’un lever de soleil mais c’est compter sans la couverture nuageuse.

Un lac gelé.
Un de ces paysages typiques.

Je découvre qu’il faut avoir une trace aller et une autre retour car la montre ne sait pas réaliser que je ne fais pas du moonwalk toute seule. Étonnant.

L’un des inconvénient d’être reparti à la fraîche, c’est que les rochers mouillés sont devenus bien glissants mais la boue a gelé. Il faut bien savoir choisir son poison dans ces circonstances 😅.

Au fil du chemin, je réalise que je ne suis pas prêt à enchaîner en rando-course sur plusieurs jours et qu’il va falloir travailler l’endurance avant, ce que j’ai commencé mais ça va me prendre plusieurs mois pour arriver à la forme qui me semble nécessaire.

Un ruisseau gelé.
La couche de glace depuis hier me permet de mesurer la température nocturne.

J’espère pouvoir alléger le sac aussi avec les températures qui remontent. Je peux probablement réduire de 2 kilos par dizaine de degrés gagnée, ce qui n’est pas négligeable !

Une sortie plus en mode recherche que l’habituelle exploration / contemplation / plaisir. Toujours cet arbitrage pour réussir à être dans de bonnes conditions tout en recherchant l’isolement relatif.

Les derniers kilomètres sont bien longs (je suis limite en hypo), surtout que je m’étais garé assez loin du départ pour estimer ce que pourrait être une jonction du sentier national qui enchainerait trois tronçons dont j’ai maintenant fait tous les morceaux. Envisageable dans des conditions non-hivernales mais il faut que j’arrive à me faire déposer à l’une des extrémités.

Jour 1

Réveil à 6h. Je veux tenter une sortie longue en prévision d’une encore plus longue. Comme chaque printemps, j’ai l’espoir de ne pas tomber sur des conditions trop pénibles lorsque ça fond. Comme chaque printemps, je me retrouve à viser les arbres entre deux plaques de verglas pour pouvoir me rattraper dans les dévers. Sans compter le fait que le sentier qui a été tapé par les raquettes tout l’hiver est bien souvent le seul serpent de glace restant. Un exemple parmi tant d’autres un peu plus critiques :

Un chemin gelé.
Sur 100 mètres ça va, mais sur plusieurs kilomètres c’est usant !

Il y a vraiment deux faces, deux ambiances dans ces situations avec d’un côté du gel et de l’autre le sol déjà fondu mais parfois boueux et donc tout autant glissant…

Je découvre un emplacement de camping à une dizaine de kilomètres du départ, ce qui me permettra de revenir cet été avec l’enfant. J’aime bien ce genre de découverte non documentée.

Une rivière avec les bords enneigés.
Je chiale beaucoup mais il y a aussi des décors qui valent le coup hein.

J’avais fait la trace sur Komoot pour tester le suivi avec la montre (je ferai un retour complet à son sujet plus tard) ce qui a eu pour effet de m’encourager et de me décourager à la fois. D’un côté la certitude d’être sur le « droit » chemin et d’anticiper les côtes, de l’autre se rendre compte en cours de route que l’estimation initiale en terme de distance / dénivelé était très optimiste (+25% en distance et +50% en dénivelé ça fait une différence !).

Je pensais être déjà limite niveau capacités physiques mais de voir le chemin s’allonger et le temps passer a fini par avoir raison de mon énergie. Lorsque la lucidité flanche après presque 7h d’effort à lutter m’adapter aux éléments, il vaut mieux faire une pause en pensant au retour. Je retiens qu’il faut démarrer plus tôt aussi pour être plus serein en cas d’imprévu.

La nourriture était un autre test important de cette sortie. Je me suis rendu compte que de s’alimenter sur 4 jours intensifs allait peser lourd. Lorsque j’ai enregistré le parcours, la montre m’a indiqué 2300 kcal de dépensées ce qui me donne une idée des ordres de grandeur. Pour une fois, je voulais tenter les plats lyophilisés et non seulement c’était pas bon mais en plus j’avais faim avant de me coucher ! Il faut que j’essaye de déshydrater mes propres plats.

En parlant du couchage, trouver un emplacement en pleine forêt québécoise qui soit suffisamment plat et sec non gelé et proche d’eau courante revient bien souvent à s’installer sur le sentier. Ce que j’ai fait après n’avoir croisé personne de la journée.

Un campement en plein chemin.
On ne dirait pas sur la photo mais le sol est bien humide.

La météo indiquait -5°C, je prévoyais un -10°C niveau équipement et… il a bien fait -15°C avec le vent qui a soufflé par rafales toute la nuit. Difficile de réussir à être minimaliste / léger dans ces conditions sans prendre quelques risques.

Jour 1

Une réservation de longue date qui s’est transformée en sortie familiale (!), malheureusement nous n’avons pas pu rejoindre le refuge à ski faute de neige suffisante. C’était problématique car j’avais prévu de traîner une bonne partie de l’équipement, ce qui se révélait être un peu plus lourd sur le dos. Bon, aussi, on était partis sur une raclette, ça n’aide pas 😅.

J’avais très peur que le sentier soit peu praticable sans percer à chaque pas, ce qui m’était déjà arrivé dans un tel contexte. Vu le poids du sac, je craignais notamment que ma cheville en cours de réparation refasse le même mouvement en descente… mais nous étions à une poignée de degrés de cet état de la neige pour notre plus grand bonheur.

Ce n’était pas non plus de tout repos et la récompense d’une lac dégelant à l’arrivée était bien méritée. Il est rare d’avoir ces conditions très douces dans un contexte hivernal, on en avait même oublié de prendre nos tuques !

Tests du jour : les barquettes en aluminium pour faire réflecteur de bougies. Efficace. Les bougies longues durées d’Ikea pour faire fondre du fromage. Pas efficace.

Lac corbeau avec des boulots au premier plan.
Un décor très minecrafteux (sic).

Jour 2

Sommeil entrecoupé, comme toujours, je finis par ouvrir une dernière fois les yeux après avoir passé plus de 12 heures bien emmitouflé. Il faudrait que j’apprenne à expirer moins d’eau car le résultat est problématique (la fermeture éclair du duvet est bien gelée au matin). Et à moins bouger aussi, car chaque nouvelle position est longue à réchauffer…

Mon nez qui dépasse de la cheminée du duvet toute givrée.
OMG, they killed Kenny!

Le crux de la sortie (coucou les grimpeur·euses), c’est de se lever et d’allumer un feu sans perdre sa dextérité de manière critique. Vous n’imaginez pas à quel point craquer une allumette peut devenir compliqué dans ces situations. D’autant qu’il fait encore en-dessous de -20°C et que le bois n’est pas aussi réactif ! J’arrive tout de même à allumer un feu avant que ce soit problématique et je suis content de ma nouvelle tentative de foyer hivernal qui ne coule pas. Au point d’en faire une photo-publicité.

Un foyer avec ma popote et une buche sur laquelle on voit l’ombre de la marque (Firebox).
Mon auto-correct vient de me corriger le texte alternatif en Firefox. Bien.

L’eau conservée liquide dans mon duvet me fait gagner un temps non négligeable avant de pouvoir ingurgiter une boisson chaude. Et de faire fondre de la neige, encore et toujours, activité favorite du camping d’hiver…

Un petit tour de lac pour se réchauffer les pieds gelés et se mettre en jambe avant de se remettre à tracter. J’ai l’impression de voler. Il n’y a guère que les corneilles pour sortir par pareilles journées. Je fais une pause au soleil, je suis content d’être. Ici et maintenant.

Des traces de mes skis sur un lac gelé.
C’est là où on peut observer la dureté de la neige ! Il y a au moins 50 cm de neige avant la glace.

Le retour est éreintant. Une suite de longues montées et de neige de plus en plus difficile à naviguer car j’arrive à des endroits davantage empruntés par des véhicules à chenilles. Chaque enfoncement des crans de la courroie métallique réduit mon accroche de manière significative. Je suis même parfois obligé de déchausser selon les montées… et les descentes car je suis moyennement en confiance avec une telle inertie sans aucune accroche possible. J’ai au moins réussi à limiter le départ en drapeau de la pulka avec un nouveau mécanisme à base de ducktape et de forj.

Après pas mal de pauses et une dizaine de kilomètres, je retrouve le parking dans un sale état. Dire que j’envisageais de faire la boucle à la journée avec l’enfant… Une sortie avec beaucoup d’intensité et d’apprentissages !

Jour 1

Arrivée en fin de matinée. La voiture affiche -12°C et je sais que je ne vais probablement pas avoir plus ces 30 prochaines heures dans la forêt. Depuis que j’ai appris la connaissance de la Grande Boucle de la forêt de Ouareau, j’ai eu envie de la faire, à mon rythme, avec une nuit à l’autre bout du parc. Ma pulka est énorme, ils annoncent une nuit fraîche et avec du vent. Je me lance dans la première descente alors que la neige est dure comme de la roche. J’apprends à mes dépens que les écailles des skis ne sont pas adaptées lorsque je repars en arrière à la première montée. Première chute, ça commence bien.

Avec les demi-peaux, ça passe déjà mieux mais ça demande de beaucoup forcer sur les bras. Les quelques personnes que je croise en skis de fond n’en mènent pas large non plus, les conditions sont atroces quel que soit l’équipement on dirait. Certains choisissent de tirer 40 kg en plus pour le fun. Après quelques heures, j’arrive enfin au lac tant espéré, le soleil me gratifie de ses derniers rayons pour monter le camp et préparer de quoi me réchauffer pour la soirée.

La pulka devant le lac bœuf.
La joie d’arriver au lieu de campement avec mes deux chevilles.

Il fait déjà -16°C et j’ai choisi de prendre une tente cette fois-ci par crainte du vent annoncé mais il n’y a pas de soucis à se faire pour l’instant. C’est même très agréable s’il n’y avait pas le ronron des motoneiges dans le lointain qui vient casser un peu l’ambiance. Le son porte très loin en hiver.

Je suis pas mal déshydraté mais j’essaye de gérer stratégiquement cela, je sais qu’il va falloir passer le plus longtemps possible dans le duvet. Les courbatures attendront. Je passe une bonne soirée au coin du feu car il y a finalement très peu de vent et la voûte céleste est superbe par ces températures. J’aurais bien dormi à la belle étoile.

Une tente ouverte avec un duvet à l’intérieur.
Chambre avec vue.

Je suis bien content d’avoir pris mon plus gros duvet car j’apprends que le thermomètre de ma montre s’arrête de fonctionner à partir de -20°C. Et il n’est que 7 h du soir. Le passage du foyer au duvet est toujours un moment assez critique. Je découvre que les chaufferettes permettent de récupérer des pieds gelés plus rapidement (j’avais fait l’erreur de ne prendre que des bouteilles isotherme). Je prends soin de donner une forme enfilable à mes chaussures avec la bonne position des lacets qui vont geler aussi.

Je m’endors en écoutant le silence, seulement brisé par les arbres qui craquent de froid. L’hiver tire ses dernières balles et certains resteront couchés demain.

Écureuil

De bon matin, en me brossant les dents, l’écureuil dans un micro-sommeil après une nuit fraîche. Je le regarde avec un peu d’envie, je referme la fenêtre délicatement. Une minute plus tard, alors qu’il commençait à piquer dangereusement du nez, le voilà déjà reparti.

Un écureuil endormi sur une branche.
Un écureuil endormi sur une branche.

Une motivation importante de l’année est de réussir à économiser. C’est une chose que je n’ai jamais vraiment envisagé de faire jusqu’à présent. Si j’ai bien compris le principe actuel, chaque dollar accumulé est un dollar que je n’aurai pas à payer une seconde fois à la banque.

C’est stupide. Mais ça motive. Mais c’est stupide.


Un écureuil en posture de super-héros·ïne.
Un écureuil en posture de super-héros·ïne. (Iel a juste froid aux pattes.)

Jour 2

Même avec la nourriture suspendue, les souris on fait un sacré raffut. Elles devaient elles aussi avoir trop chaud. Après avoir dormi avec 2 fenêtres ouvertes, il fait tout de même 18°C au réveil. Parfait pour notre gruau de camping (seconde tradition avec les nouilles instantanées), cette fois à la neige fondue.

On prend le temps d’aller faire un petit tour à skis sur le lac car c’est une première pour l’enfant. On suit des traces de lapins qui nous mènent à un point d’eau liquide qui est un point de concentration de la faune locale. Si on avait su avant, on aurait peut-être pris le risque de s’en approcher avec nos gourdes. C’est peut-être mieux de ne pas l’avoir su avant.

Un lac gelé avec la forêt en arrière plan.
Une bonne ambiance hivernale mais sans la fraîcheur de la saison.

Une fois le matériel rangé, on repart. Cette fois j’ai resserré le système de tractage improvisé avec des tuyaux en PVC de la pulka. Et j’ai aussi troqué les peaux complètes pour des demi-peaux, ça me permet de glisser un peu plus dans les descentes mais quand même pas trop. Difficile de ne pas forcer sur la cheville lorsqu’on est contraint par l’étroitesse du chemin. Bon puis il y a vraiment trop d’arbres dans ces forêts :p.

On s’amuse vraiment sur ce retour et je suis obligé d’imposer des pauses pour ne pas arriver dans le même état que la veille (et me faire semer). L’enfant serait partant pour ne pas s’arrêter du tout, ça fait plaisir. On prend confiance et on enchaîne les bosses. Nos seules traces de la veille aident pas mal. Les conditions sont vraiment chaudes pour la saison.

De la neige qui pend d’un arbre.
Lorsqu’on me demande si la neige était collante.

Nous sommes progressivement rejoints par les skieur·euses qui descendent à travers les arbres et à une centaine de mètres de la voiture, il y a un passage plus difficile que les autres : une pente qui arrive sur un pont. On passe sur le côté pour être retenus par la neige fraîche mais la pulka décide de faire le drapeau et de prendre la « piste » tapée principale. J’essaye de la rattraper tant bien que mal tout en attendant / prenant soin de l’enfant et je me retrouve dans le décor. Encore. Ce n’est pas tant la chute que de forcer pour s’extraire de la neige tout en étant harnaché et les skis empêtrés dans les arbres qui me fait forcer sur les mauvais tendons… si près du but c’est rageant 😔.

Une sortie haute en émotions. Je vais maintenant pouvoir prendre le temps de soigner cette blessure correctement.

Jour 1

De la pluie verglaçante depuis 2 jours. Une cheville pas encore opérationnelle. Mais de l’envie et une réservation depuis deux mois pour une première sortie hivernale en refuge. Ensemble. La route pour y aller est déjà épique et des flocons gros comme des pastèques s’écrasent sur le pare-brise. Il est rare au Québec de suivre un pickup qui ne dépasse pas les 70 km/h sur l’autoroute.

C’est aussi la première sortie pour la pulka ramenée de France cet été. Le temps de charger et de se préparer, la neige est déjà moins intense. Néanmoins, dès les premières centaines de mètres, je sens bien que ça va être galère. La montée est vraiment pentue et les skis-raquettes de l’enfant ne sont pas adaptés à ces conditions ce qui le rend pénible ronchon. De mon côté, avec les peaux complètes ça passe mais je force énormément car je dois bien avoir 35 kg à tracter derrière. On fait au moins deux kilomètres comme ça… avant de se rendre compte que l’on est sur la montée de ski de randonnée de la Montagne Noire !

Un enfant en train de skier sur un chemin.
Avant que tout ne dérape.

Grosse erreur d’orientation qui nous coûte cher : impossible de descendre par cette montée et couper par la forêt serait très hasardeux, sans compter mon état. L’heure tourne et on finit par descendre en ayant déchaussé tous les deux. Deux paires de skis en plus à retenir à bout de bras en ayant le choix entre un chemin de 30 cm de large tapé qui glisse ou un mètre de poudreuse tout autour. C’est un peu casse patte, juste ce qu’il me fallait pour une rééducation active 😬.

La pulka visible depuis mon entre-jambe.
Un point de vue discutable.

Quasi-retour au point de départ, à deux doigts d’abandonner vue l’énergie que l’on vient de dépenser : c’est pas la grosse marrade. Une pause bienvenue et le chemin loupé qui semble accueillant me font hésiter tout de même. Je prends finalement la décision d’y aller car dans mon souvenir c’est accessible (si on ne se trompe pas de sentier…). Prise de risque assez élevée au passage, il ne faut pas d’autres erreurs ou problèmes sur le trajet ou on va finir à la frontale (au mieux). Difficile de savoir jusqu’où est-ce que ça va être tracé aussi.

Ce nouveau chemin est beaucoup plus adapté à notre niveau (de forme). Le système d’attache de la pulka est loin d’être optimal mais ça passe, même entre les arbres. L’enfant prend confiance et s’amuse dans les descentes. On arrive enfin au refuge sans encombres, il est 15 h passé et on n’a pas mangé, à peine bu 200 ml depuis le départ… il va falloir recharger les corps avant demain sinon ça va piquer.

Des cartes dessinées à la bougie visible en fond.
Le dessin à la bougie, c’est mieux à deux.

Heureusement, cet endroit est assez fabuleux et il y a une ambiance brumeuse qui lui donne un aspect féérique. Une fois repus, on va faire un tour sur le lac en contrebas. Il sautille sur le chemin (moi pas) et semble déjà avoir oublié les péripéties de la matinée. On passe une bonne soirée à faire des cadavre-exquis et à dessiner des cartes. Il fait 27°C dans le refuge, on supporte nos caleçons mais c’est un peu limite pour aller chercher la neige à faire fondre !

Un enfant sur un lac gelé (le lac, pas l’enfant).
Un enfant sur un lac gelé (le lac, pas l’enfant). Il est 17h17. Je crois que j’aime de plus en plus les photos qui ont du grain.

Vu le bruit que font les souris alors qu’il y a encore de la lumière, la nuit risque de ne pas être de tout repos… On s’endort au son du poêle qui craque.

Bois

La dissonance cognitive du jour : faire un atelier de tour à bois et lire dans la foulée La vie secrète des arbre de Peter Wohlleben brillamment mise en version BD par Fred Bernard et Benjamin Flao.

Une assiette, un bol et une cuillère en bois à côté du livre cité avec des plantes en fond.
6 heures de travail non-stop pour faire cette assiette et ce bol.

Lorsque je marche en foret, je sens que je fais partie intégrante du vivant. Je suis, nous sommes naturellement, unis au minéral, aux bactéries, aux virus, aux champignons aux plantes, aux chenilles, aux papillons, à tous les animaux.

Nous sommes tous reliés et ne faisons que passer sur cette mince pellicule de vie qui couvre miraculeusement la terre. Tout le vivant est constitue des mêmes atomes présents sur notre planète depuis sa création.

Je porte en moi des particules qui ont constitue des arbres du crétacé, des légionnaires romains, des plants de tomates rapportés d’Amérique par les conquistadors… rien ne se crée, tout se transforme, dit-on. Rien n’est plus vrai.

Extrait du livre « La vie secrète des arbres » dont est issue la citation ci-dessus.
J’aime beaucoup des livres transformés en BD, je trouve que l’image leur donne une autre dimension.

D’autant plus motivé pour trouver un bout de forêt à préserver — des chasseurs, de l’exploitation, de la pollution, etc. — dans le coin. Un de mes objectifs 2024.

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