Je voudrais ajouter ceci : dans l’histoire qui part du XVe siècle et qui voit apparaître la Renaissance, j’ai insisté sur le côté fécond de la problématisation, je n’ai pas insisté sur le fait que la nation s’est formée et que cette forme nouvelle de puissance a pu développer des techniques souvent empruntées aux Chinois, comme la poudre à canon, l’imprimerie. Autrement dit, ce formidable développement techno-scientifique a produit une puissance jusque-là inconnue qui a permis le déchaînement de la colonisation grâce aux armes à feu, et cette domination sur le monde s’est faite non au nom de la problématisation mais de la négation de la culture d’autrui, au nom de la supériorité de la race blanche européenne, supériorité qui a dominé toute l’histoire de l’Europe. Les nazis donnent l’impression d’avoir inventé une monstruosité alors qu’ils n’ont fait que reprendre des idées que les Européens occidentaux avaient appliquées aux colonies africaines et asiatiques ; les nazis l’ont simplement appliquée aux Européens eux-mêmes en promouvant la supériorité de la race aryenne.
L’urgence et l’essentiel, Edgar Morin
Je n’avais jamais envisagé les choses sous cet angle. Et si le capitalisme n’était qu’une suite de cette « négation de la culture d’autrui » au nom de la supériorité de la race riche ? On remarque qu’à chaque étape de l’Histoire les détenteurs de cette supériorité forment un groupe de plus en plus restreint.
Jusqu’où est-on capables d’aller ? Quelles alternatives globales ?