Les plus récentes en premier, les 3 premières sont dépliées et ensuite c’est à la demande, bonne exploration !
Oligarchie (2021-11-18)
Selon vous, les énergies fossiles ont notamment permis l’émergence de la classe moyenne. La fin de l’énergie abondante la condamne-t-elle ?
A terme, ça la remet en question de façon évidente. Avec l’énergie, on a vu l’émergence du confort matériel chez tous, du pouvoir d’achat pour tous. Et la modification du type d’activité avec le développement du secteur tertiaire. Est-ce que la décrue énergétique va permettre de conserver ce genre de travail, de services ? A terme, pas dans les mêmes volumes. La société va devoir se structurer différemment.
Tout l’enjeu climatique est là. Les personnes en capacité d’enrayer cette débauche d’énergies sont les mêmes qui vont constituer cette future oligarchie de riches à l’abri des conditions qu’elles auront créées.
À partir de ce postulat, il faut :
- soit essayer de faire partie de ces 5 % en fermant les yeux sur le reste de la population (c’est ce que font les 25 % actuels sans prendre conscience qu’il n’y aura pas autant de places à la fin) ;
- soit redonner le contrôle à davantage de personnes pour influer sur le sort de l’humanité (ça fait pompeux mais on en est malheureusement là…) ;
- soit accepter de terminer sa vie dans les 15 prochaines années (et après moi le déluge #OhWait).
J’aimerais tant être surpris.
Sauf à avoir un visionnaire à la tête de l’Etat. Mais ça, ça demande une période de crise. Et nous n’y sommes pas encore suffisamment enfoncés.
Ibid.
Au passage, aller vivre dans un éco-hameau (ou ses déclinaisons) ça s’assimile de plus en plus pour moi à du survivalisme-doux-qui-fait-l’autruche sur une situation généralisée. C’est peut-être rassurant et nécessaire à la santé mentale de quelques privilégié·es mais ça ne permettra pas de tenir bien longtemps sans prise de conscience et d’action globale.
Découvert depuis : Mao-spontex.
Lu depuis :
Mais puisqu’on évoque une pragmatique de la réception, je crains juste que « écosocialisme » ait par trop les airs d’une catégorie interne à la grammaire capitaliste et ne sonne que comme la énième proposition de l’« infléchir ». On pourrait dire que c’est habile, que ça permet d’avancer masqué et de tromper son monde — je n’aurais rien contre ce genre d’habileté. On peut dire aussi, symétriquement, que ça prépare à toutes les neutralisations. Au total, j’en reviens à un argument assez rustique : « communisme » est ce qui se déduit dans l’ordre de l’affirmation positive d’une prémisse sans équivoque anticapitaliste.
[…]
Andreas Malm a fait litière de cet absurde « Anthropocène » dont le nom même n’est qu’un évitement : un de ces stratagèmes gélatineux typiques de l’idéalisme moraliste, qui fait toujours tout pour ignorer les forces matérielles et les forces sociales, les hégémonies et les conflits, les rapports sociaux et les rapports de force, et qui finalement nous laisse quoi comme possibilité ? Réformer l’Homme ? On sait déjà comment ça se finit : par le tri des déchets et l’apologie des « petits gestes » qui « permettront de tout changer ». Or voilà : les petits gestes pour tout changer sont précisément des béquilles pour tout reconduire, donc pour ne rien changer.
« La multitude mobilisée en masse est l’unique solution » (cache)
Électrique (2021-08-21)
En 2020, on a acheté une voiture et… une brosse à dent électrique. Je vous rassure, j’ai beaucoup fait pipi sous la douche pour compenser. Je fais aussi une partie de ma lessive sous la douche (pas au même moment…), mais c’est une autre histoire. Donc, voilà, je suis passé du bambou recyclé d’Indonésie avec des poils de yacks de l’Himalaya local à un bâton de lithium extrait par des mineurs-esclaves. C’est grosso modo l’équivalent de passer du vélo au SUV. La bouche est bouclée (rires).
J’en parle pour me justifier parce que c’est bien évidemment difficile à assumer… et pourtant, je n’ai jamais eu les dents aussi propres — ou du moins la sensation qu’elles le soient. À tel point que cela est devenu une nouvelle dépendance (dans le sens dont-je-pourrais-difficilement-me-passer) tellement la différence est frappante. Notamment au retour de la forêt.
Je suis curieux de voir ce que ça donne niveau longévité, après neuf mois elle est encore en parfait état et je n’ai eu besoin que d’un embout de brosse (on partage la poignée). Six minutes par jours à faire vibrer mes dents, parfois davantage lorsque je suis en régime estival (il faudra que je parle de ça), et à méditer sur le nombre d’esclaves énergétiques qui s’activent dans ma bouche pour que je puisse me sentir propre.
Nous n’enseignons pas l’histoire ; nous recréons l’expérience. Nous suivons la chaîne des conséquences — la piste de la bête dans sa forêt. Regardez au-delà de nos paroles et vous apercevrez toute l’étendue d’un comportement social qu’aucun historien n’a jamais effleuré.
Panoplia Propheticus B. G., Dune VI. La maison des mères, Frank Herbert
CarbEAUne (2021-07-28)
L’hyper-focalisation sur le carbone et l’électricité cache efficacement les autres grands problèmes environnementaux. De tous ces problèmes, il me semble que la consommation d’eau du numérique peut devenir très problématique dans un futur proche et dans des zones très concentrés : les lieux d’extraction minière (approvisionnement en eau pour le nettoyage et la purification du minerai) ; la fabrication de circuits intégrés (eau ultra-pure, rinçage des wafers, etc.) ; le refroidissement des centres de données en zones désertiques (par évaporation d’eau) ; et la pollution des eaux (rejets miniers et industriels, décharges, etc.).
Paradoxes et enjeux environnementaux de la numérisation (cache)
Une excellente série de billets par Gauthier Roussilhe qui enchaîne avec :
- Les limites pour débattre de numérisation (cache)
- Eco-conception, le brouillard à venir (cache)
- Territorialiser les systèmes numériques, l’exemple des centres de données (cache)
Je suis particulièrement sensible à l’effort qui a été fait pour tenter de prendre en compte l’ensemble des coûts autour de ces sujets. Ainsi que l’impact sur le cycle de l’eau qui est localement redéfini par de telles industries.
Les besoins en eau de certains acteurs du numérique pourraient se confronter avec le plus consommateur d’eau sur le globe : le secteur agricole. Plus précisément, certains acteurs du numérique pourraient rentrer en concurrence avec les acteurs agricoles pour pomper les eaux souterraines en zones de stress hydrique et pour la captation des eaux de surface (réservoirs, etc.). Par exemple, en avril 2021, le gouvernement taïwanais a demandé l’arrêt subventionné de l’irrigation de 74 000 hectares de terres agricoles pour maintenir l’approvisionnement en eau d’usines de semi-conducteurs dans le nord de l’île. De plus, les rejets industriels d’usines de fabrication pourraient contaminer plus gravement des rivières et flux qui servent aux activités agricoles.
Ibid.
Et pendant ce temps-là au Québec, on parle d’un traffic Internet plus vert
(sic), la route est longue :
Hydro-Québec fait, elle aussi, partie de la solution. En incitant des centres de traitement de données à s’installer ici pour profiter de notre énergie propre, nous pouvons en effet contribuer à rendre le trafic Internet plus vert.
Ozone (2021-07-23)
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In the annals of environmental history, humanity’s response to the ozone crisis stands out as a rare success story. During the 1970s and ‘80s, evidence started to mount that certain household chemicals used in refrigerators, air conditioners, and aerosol cans like hairspray were eating a giant hole in Earth’s ozone layer, which prevents harmful ultraviolet radiation from reaching the surface. Facing the terrifying prospect of a future without any atmospheric sunscreen at all, in the late 1980s nations came together to sign the Montreal Protocol, a global treaty to phase out so-called ozone-depleting substances like chlorofluorocarbons.
Since then, the ozone hole has been slowly healing. According to the U.N., it’s now on track to recover fully by mid-century.
But if things hadn’t turned out that way—if the scientific evidence linking man-made chemicals to ozone depletion wasn’t strong enough, or if ozone deniers (yes, there were ozone deniers) successfully stymied the Montreal Protocol—the world might look very different.
What would have happened if we never fixed the ozone hole? (cache)
En ces temps un peu désespérants, il est utile de se rappeler qu’une action collective a été possible il n’y a pas si longtemps. Et qu’elle a eu des conséquences réparatrices relativement rapides.
Bien plus facile à « résoudre » techniquement mais ces menaces auto-infligées mondiales sont rarement contraintes par la technique. Qu’est-ce qui a changé dans nos sociétés pour que l’on ne soit plus à même de répondre en commun quelques décennies plus tard ?
Avec l’adresse cumulée de plusieurs siècles d’existence, il jetait sur son environnement un regard filtré par une sophistication naïve. Les mentats cultivaient la naïveté. Croire qu’on sait quelque chose est le moyen le plus sûr de s’aveugler. Ce n’est pas l’âge qui freine lentement la connaissance (enseignait-on aux mentats), mais l’accumulation des « choses que je sais ».
Dune VI. La maison des mères, Frank Herbert
Vol d’eau (2021-07-22)
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The drones don’t create rain themselves but help to jump-start rain production via cloud seeding. They “zap” the clouds with an electric charge, subsequently charging the droplets inside. Since the beginning of 2021, the National Center of Meteorology (NCM) has conducted 126 instances of cloud seeding.
“What we are trying to do is to make the droplets inside the clouds big enough so that when they fall out of the cloud, they survive down to the surface,” explained Keri Nicoll, one of the core investigators on the project.
The technique has successfully created rain over Dubai and has even resulted in safety warnings for drivers over slippery roads.
Suite de mes réflexions vis-à-vis de l’eau, des sécheresses et de sa virtualité. Ici, on arrive tout de même à une technologie qui permettrait à une localité de récupérer l’eau avant qu’elle arrive « naturellement » à un autre lieu. Ça augure de nouvelles tensions géo-politiques. C’est un peu équivalent aux conflits diplomatiques qui existent — dès à présent — avec des fleuves parcourant plusieurs états et des retenues/consommations d’eau en amont qui créent des sécheresses en aval.
On ne manipule pas une marionnette avec un seul fil.
Le Fouet Zensunni, Dune VI. La maison des mères, Frank Herbert
Char (2021-07-16)
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Antoine me demande un peu de contexte sur Combien coûte mon char ? et c’est l’occasion de revenir sur cette notion de comptabilité et aussi pourquoi j’ai finalement fait ce choix.
Avoir un véhicule motorisé n’est pas un plaisir, c’est même plutôt un danger. On a pu s’en passer avec le sourire pendant 4 ans à Montréal mais on s’est un peu trouvés démunis lorsqu’il fallut accompagner l’enfant à l’école l’hiver alors que la prise des transports en commun devenait problématique #pandémie.
Pourquoi pas le vélo ? #
Il y a 3 mois pendant lesquels c’est critique en raison du froid et de ses conséquences (engelures, glissades, visibilité, etc) mais c’est surtout pour protéger le matériel que je ne retiens pas cette option. Le sel/sable déversé sur les routes et les voitures qui le projettent détérioreraient le matériel trop rapidement et j’en ai bien besoin les 9 autres mois ! Peut-être qu’au moment où il y aura une piste cyclable sécurisée depuis le pallier jusqu’à l’école cela changera. Ça s’en vient (cache) et je m’en réjouis.
En imaginant devoir en changer tous les 2/3 ans pour l’usure prématurée, j’ai beaucoup hésité avec un fatbike (à assistance électrique) mais l’enfant restait trop bas en arrière. Il faut voir les vagues de sloche qu’une voiture peut produire par ici.
Pourquoi une grosse et vieille voiture thermique ? #
Je voulais le moins d’électronique possible et plutôt prendre un vieux véhicule robuste qui me permette de sortir d’un banc de neige et peut-être à terme de la ville. Il y a aussi le fait que les routes québécoises étant ce qu’elles sont, non seulement ça secoue pas mal mais ça devient rapidement dangereux si t’es obligé de slalomer entre les nids de foule #ironème. Enfin, il y a un côté militant à ne pas acheter un véhicule neuf. Il y a suffisamment de voitures sur cette planète, n’en déplaise aux boomers du quartier qui s’achètent la dernière Tesla pour avoir bonne conscience tout en revendant leur SUV à celleux qui n’en ont pas les moyens (et qui seront ensuite davantage taxés sinon c’est moins drôle).
Autre point positif : elle chauffe et consomme beaucoup. Ce qui signifie que je rechigne à faire des longs trajets avec et que cela devient physiquement perceptible que je fais partie du problème si je la prends l’été. J’essaye également d’avoir la conduite la plus économe possible avec ce véhicule, d’autant que le prix de l’essence a augmenté de 40 % depuis son achat…
Bilan après 9 mois ? #
Je m’attendais à ce que ça nous coûte cher et je n’ai pas été déçu. Notamment car il y avait beaucoup de pièces rouillées (merci le sel) que je n’avais pas prises en considération comme étant des dépenses imminentes. J’aurais au moins appris un peu de mécanique… mais c’est clairement la catégorie des réparations qui plombe le budget.
Cette comptabilité me permet aussi de comparer le coût avec celui potentiel d’une voiture louée pour quelques mois d’hiver. Ça pourrait devenir une option à moyen terme.
Un point positif comparé à la location ponctuelle, c’est que ce soit moins la course pour aller chercher/ramener le véhicule, ce qui ajoutait un autre style de stress et de fatigue aux sorties. Je peux aussi partir plus tôt dans la journée, m’adapter à mon propre rythme.
Note : si vous devez faire votre propre outil, je vous recommande d’attribuer une date à chacun des évènements, c’est la base mais je ne l’ai pas fait sur certaines écritures et je l’ai regretté par la suite. C’est notamment limitant pour des représentations graphiques pertinentes.
La survie de l’individu, de l’espèce et de l’environnement, voilà ce qui motive l’être humain. On observera que l’ordre d’importance varie au cours de la vie. Qu’est-ce qui réclame le plus d’attention à un âge donné ? Le temps qu’il fait ? L’état de la digestion ? Éprouve-t-il (ou elle) réellement quelque chose pour moi ? Tous ces appétits variés que la chair est capable de ressentir et peut raisonnablement espérer satisfaire. Quelles autres choses pourraient avoir de l’importance ?
À Hwi Noree, La Voix de Leto II, Dar-es-Balat, Dune V. Les Hérétiques de Dune, Frank Herbert
Lebensraum (2021-07-11)
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The quest for German domination was premised on the denial of science. Hitler’s alternative to science was the idea of Lebensraum. Germany needed an Eastern European empire because only conquest, and not agricultural technology, offered the hope of feeding the German people. In Hitler’s “Second Book,” which was composed in 1928 and not published until after his death, he insisted that hunger would outstrip crop improvements and that all “the scientific methods of land management” had already failed. No conceivable improvement would allow Germans to be fed “from their own land and territory,” he claimed. Hitler specifically — and wrongly — denied that irrigation, hybrids and fertilizers could change the relationship between people and land.
[…]
As exotic as it sounds, the concept of Lebensraum is less distant from our own ways of thinking than we believe. Germany was blockaded during World War I, dependent on imports of agricultural commodities and faced real uncertainties about its food supply. Hitler transformed these fears into a vision of absolute conquest for total security. Lebensraum linked a war of extermination to the improvement of lifestyle. The chief Nazi propagandist, Joseph Goebbels, could therefore define the purpose of a war of extermination as “a big breakfast, a big lunch and a big dinner.” He conflated lifestyle with life.
Cet article met en rapport l’idéologie nazie et l’auto-suffisance avec un angle qui ne m’est pas familier. Je n’avais pas pris conscience de cette prépondérance dans la doctrine que je voyais bien davantage centrée sur la race que sur l’alimentation du peuple. La mise en lumière sur ce qui est en train de se passer dans le monde — aujourd’hui — à ce sujet est assez éloquente.
La guerre de l’agriculture, et donc de l’eau (aussi virtuelle soit-elle), ne fait que s’intensifier.
Eau virtuelle (2021-07-10)
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L’accaparement de l’eau n’est pas le seul marché connexe, il y a aussi l’eau virtuelle, c’est-à-dire l’eau utilisée pour produire des biens manufacturés — des vêtements aux ordinateurs — et celle intégrée dans la production agricole — du bœuf au blé en passant par le riz. La plupart de ces activités sont très gourmandes en eau, dont on dit d’ailleurs qu’elle est « consommée », ce qui signifie qu’elle n’est pas retournée à son bassin versant. Lorsque la marchandise est exportée ou même seulement déplacée ailleurs dans le pays, l’eau est exportée aussi. L’eau virtuelle constitue la majorité des déplacements d’eau dans le monde, même si l’on croit à tort que les exportations d’eau se font par les pipelines, les aqueducs et les canaux.
De nombreux pays riches conservent leur eau en misant sur l’importation de marchandises qui en nécessitent une grande quantité. Certains aliments, comme les bananes et le café, ne peuvent être produits dans des climats plus froids et doivent donc être importés, mais un nombre croissant de pays utilisent la terre et l’eau des pays étrangers pour s’approvisionner même en produits de première nécessité qu’ils pourraient très bien produire eux-mêmes. Lorsqu’un pays import une kilo de blé plutôt que de le produire chez lui, par exemple, il économise environ 1 350 litres de ses propres ressources en eau. Même si, en théorie, le commerce de l’eau virtuelle pourrait permettre aux pays riches en eau d’exporter les marchandises qu’ils produisent dans les pays qui ont de faibles réserves, la réalité en est tout autre. En fait, les pays riches assurent la sécurité de leur eau en cultivant leur nourriture à l’étranger pour ensuite l’importer.
À qui appartient l’eau ?, Maude Barlow
J’apprends beaucoup de choses grâce à ce livre, notamment dans le contexte canadien (tout en lisant Dune). Je n’avais pas conscience de cette notion d’eau virtuelle permettant de conserver ses propres ressources au détriment des pays pauvres. C’est fabuleux.
Combien de litres pour la machine sur laquelle je suis en train d’écrire ces mots ?
Balle (2021-07-09)
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So 99% of what you’re doing when you’re behind the wheel of a car is attempting to not commit homicide.
This is a useful point to keep in mind whenever you read about the imminent arrival of “self-driving cars”. Because when tech folks tell you they’re building a self-driving car, what they’re really promising is to make a self-driving bullet that can weave through city streets without hitting anyone.
Kind of clarifies the stakes, doesn’t it?
Je trouve cette métaphore assez juste… qui rendrait caduque la plupart des discussions sur le port d’armes. De là à dire que c’est une balle d’argent (cache), il n’y a qu’un pas 🙃. La mienne est même probablement plaquée or.
Argent (2021-06-22)
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De la même façon qu’une banque a une empreinte indirecte via ses financements et investissements, notre argent en tant que cliente et client, en a également une.
Notre dernier rapport sur l’empreinte carbone des banques révèle que notre argent représente notre premier poste d’émissions CO2. Malheureusement, le modèle actuel des banques empêche tout droit de regard sur notre argent et l’utilisation qui en est faite. Notre argent a donc un impact social et environnemental que nous ne pouvons pas vraiment maîtriser.
Il est urgent que les banques françaises enclenchent réellement leur transition écologique. Et pour changer de logiciel, nous avons besoin d’une vraie régulation de leurs activités, par le biais d’une intervention de l’Etat.
Ce petit calculateur est tout simple et vous donne une idée en fonction de votre « fortune » et de votre banque française de l’impact que peut avoir cet argent sur la production de CO2. Je ne m’attendais pas à un tel rapport, c’est assez hallucinant. Il y a une page dédiée sur le site d’oxfam (cache) si vous voulez plus de détails ou alors directement le rapport (cache - PDF de 1,7 Mo).
Je crois que si j’avais des économies ça me mettrait un gros coup au moral. À ce compte là, peut-être qu’il vaut mieux parfois dépenser son épargne en billets d’avion. Oh wait!
Et si vous pensiez pouvoir vous en tirer avec des « livrets verts » et compagnie, je vous invite à lire ce rapport de Greenpeace (résumé en français, 6 pages - PDF de 1,4 Mo, complet en anglais, 110 pages - PDF de 1,7 Mo).
Dose 1 (2021-05-24)
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La base de données de virus a été mise à jour !
chibi-[N]ah (@alex@social.nah.re) sur mastodon
J’ai été vacciné au moment où (code) :
- 1,6 % de l’Afrique ; 5,3 % de l’Asie ; 29,1 % de l’Europe ; 35,2 % de l’Amérique du Nord ; 1,4 % de l’Océanie ; 16,2 % de l’Amérique du Sud avaient reçues une première dose.
- 763,3 millions de personnes ont déjà reçues une dose dans le monde (soit 9,8 %).
- Le Canada vaccine 373 000 personnes par jour (~1% de la population), ce qui le place en 4e position mondiale derrière le Quatar, l’Uruguay et la Chine.
- 33,2 % des pays à haut revenus ; 5,4 % des pays à presque hauts revenus ; 6,3 % des pays à presque faibles revenus ; 0,6 % des pays à faibles revenus ont reçu une première dose ;
- 50 % des québécois·es de ma tranche d’âge (infographie dynamique mise à jour quotidiennement), 55 % des québécois·es tout court ont reçu cette première dose.
Il y a une certaine indécence sur le fait de communiquer sur ma vaccination qui est surtout liée au fait d’habiter dans un pays riche. Je le fais néanmoins car on a besoin de cet entraînement de masse pour espérer s’en sortir collectivement.
Je n’ai pas particulièrement ressenti de soulagement après m’être fait piquer, je crois que j’ai eu davantage d’émotions lorsque ma mère s’est faite vaccinée en janvier (population à risque + première ligne). Cette pandémie est avant tout une démonstration que le fameux « effondrement » est plus un mécanisme qui accentue les inégalités par paliers brutaux.
L’endroit où je suis allé ne ressemblait pas du tout à un covidrome (cache) et je n’ai pas eu à payer quoi que ce soit bien que je ne sois pas détenteur d’une carte de RAMQ, la sécu locale. Je n’ai pas essayé d’avoir une place avant que ma tranche d’âge ne soit autorisée à prendre rendez-vous. D’ici 2-3 semaines, je devrais avoir 92 % de chances de ne pas développer de formes graves de la Covid, de quoi accepter le risque d’augmenter mon exposition quotidienne en nombre de microCOVIDs.
Prochain épisode le 13 septembre, ce qui n’est pas plus mal.
Mise à jour : finalement le 26 juillet.
Empreinte (2021-05-17)
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Quand on est cadre sup’ en France, on s’inquiète de plus en plus de son empreinte carbone et de moins en moins de son empreinte connard : exploiter son prochain et voter pour des experts en précarisation du travail, c’est ok. Tuer les bébés phoques, ça, par contre, c’est non. Et qu’importe si l’un induit nécessairement l’autre, dans ce qu’ils appellent “le monde tel qu’il est” et qui correspond, en réalité, au mode de production capitaliste. Mais son mode individuel de consommation devient une nouvelle modalité de distinction sociale dans notre beau pays : le bourgeois de centre-ville trouvera du bio, du local, du « une fringue achetée – un arbre planté » et pourra ainsi payer pour laver sa conscience et surtout juger celle des autres.
La livraison rapide, ou comment le capitalisme a fait de nous des bourreaux capricieux (cache)
Ça pique. Dans la foulée je lis :
Il semblerait aux catégories sociales privilégiées, qui ont détourné les dispositifs tels qu’Airbnb, qui permettait initialement aux classes moyennes d’augmenter leur pouvoir d’achat.
Le choix et les stratégies des groupes majoritaires permettent de conserver cet entre-soi nécessaire à la reproduction sociale. Mais il s’opère toujours au détriment des autres : à savoir les classes populaires et les personnes discriminées en fonction des critères liés à l’origine et à la précarité sociale notamment.
Propriétaires (2021-05-12)
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The new owners of Clearleft are the people who power Clearleft and who make Clearleft so special. It’s our whole team, in the form of an Employee Ownership Trust.
That’s right; Clearleft will be run for—and on behalf of—all our team, now and in the future. So rather than working for a company where the benefits go to a handful of individuals, they will be shared evenly amongst the team.
Lorsqu’on souhaite discuter de politique au bureau, le plus évident est de partager ce bureau. Pour de vrai. Cette transformation est suffisamment rare pour être partagée, même après 15 ans c’est tout à fait possible. Il ne tient qu’aux personnes — suffisamment en confiance et en sécurité — de vouloir changer le rapport au pouvoir au sein d’une entreprise.
Cela peut même se faire de manière incrémentale en passant d’une ESN à une CAE pour finalement rejoindre/créer une SCOP ou une association (cache). Tous les chemins pour redéfinir un capitalisme sont possibles.
Paradigme (2021-05-11)
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All of this is technically possible, and as we have seen, it would produce less in emissions than the present alternatives. However, it’s more likely that a switch to sailing ships is accompanied by a decrease in cargo and passenger traffic, and this has everything to do with scale and speed. A lot of freight and passengers would not be travelling if it were not for the high speeds and low costs of today’s airplanes and container ships.
It would make little sense to transport iPhones parts, Amazon wares, sweatshop clothes, or citytrippers with sailing ships. A sailing ship is more than a technical means of transportation: it implies another view on consumption, production, time, space, leisure, and travel.
Un superbe article sur ce que signifierait « aller vers de la navigation moins carbonée » et un bon rappel qu’un changement de paradigme entraine une évolution des mentalités et des usages associés.
J’imagine chaque bateau transportant son instance de Secure Scuttlebutt (qui n’aurait jamais aussi bien porté son nom) ou échangeant des fichiers à chaque fois qu’il croise un autre navire avec IPFS. On irait attendre des messages numériques comme on attendait probablement le courrier il y a un siècle, au port.
À quoi ressemblerait un transport… de données pour le 21e siècle ?
Coût (2021-04-29)
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BUT, now I’ve had it, I’m weirdly proud of being Team AZ. It’s old school, not quite as effective as the others, and super cheap: the UK paid $3/£2.17 per dose. (Pfizer is $14-$30; Moderna is $15-$38.)
Je ne l’avais pas envisagé sous cet angle mais même le choix (lorsqu’il est possible) de sa dose de vaccin est politique. Pourquoi les pays ne communiquent-ils pas sur ces chiffres ? Bon, mettons qu’ils aient des accords ne le permettant pas. Dans ce cas, pourquoi est-ce que la presse passe sous silence les différences de coûts des vaccins, maintenant qu’ils ont été publiés ?
À l’échelle d’une population, un rapport de 1 à 10 sur ce budget n’est pas anodin…
Note avant publication : je tombe sur les questions fréquentes publiées par LeMonde parmi lesquelles on trouve les chiffres pour la France :
Le vaccin du laboratoire britannique AstraZeneca, auquel la Commission européenne a passé une précommande mi-août, sera commercialisé à prix coûtant durant toute la durée de l’épidémie, au tarif de 2,50 euros la dose en France, a annoncé son fabricant, tandis que celui de Pfizer devrait coûter l’équivalent de 16,50 euros la dose.
On est sur un rapport de 6,6 entre les deux vaccins.
Rareté (2021-03-24)
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Voilà pourquoi les NFT affolent et agitent autant les internets en ce moment. Parce que chacun voit bien qu’il ne vont rien changer en surface, tout en changeant possiblement plein de choses en profondeur. Parce que de la même manière que le capitalisme linguistique s’était attaqué à la langue en tant que bien commun, cette nouvelle forme de capitalisme de la copie (« copytalism » diraient nos amis anglo-saxons s’ils avaient inventé ce terme avant moi) s’attaque aux biens numériques en tant que possibles appropriations communes.
J’observais récemment des enfants jouer dans la cour et j’étais frappé par le produit de la rareté. Un simple glaçon* devenait alors le centre de l’attention (et de la convoitise) du fait de son unicité. Cet objet — auquel des esprits toujours libres eurent tôt fait de donner des vertus quasi-magiques — était l’objet d’une controverse quant à sa destinée. Les un·es voulaient le râper pour en faire de la glycérine (véridique !), les autres comptaient le mettre au sommet de leur château. Cette différence de points de vue a fait l’objet d’une longue négociation qui faisait sourire les parents (enfin je crois, pas facile avec les masques) mais surtout qui établissait des relations sociales.
De cette anecdote est sorti de mon esprit — un peu moins libre — l’idée que la rareté était peut-être importante pour générer des liens sociaux. Et que le capitalisme était notre outil inter-générationnel pour conserver ces liens. Je suis rentré à la maison sur mon vélo en essayant de me fatiguer le plus possible…
* Ce bout de glaçon était en somme le contraire d’un marché liquide. Tadum kshh.
Impôts (2021-03-14)
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Ironiquement, au moment où je me décide à essayer de mettre un peu d’argent de côté, l’Agence du Revenu du Canada et Revenu Québec s’associent pour m’indiquer qu’il serait plus pertinent de l’investir dans des mesures sociales.
Ça pique, à différents niveaux.
Ostentatoire (2021-02-07)
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L’économiste Thorstein Veblen a qualifié de « consommation ostentatoire » le mode de consommation des plus riches, la « classe de loisir ». N’ayant plus de besoins à assouvir, ceux-ci se livrent à des achats dont le seul but est de conforter leur place sociale et de se singulariser. On est très loin, en matière de loisir, de la pratique de l’otium de l’Antiquité — par opposition au negotium de la vie active, du commerce et des affaires : un temps de solitude et de retraite envisagé comme le fondement de la sagesse. Un temps de respiration cultivé, de création intellectuelle, préservé des scories du quotidien. Soit tout l’inverse d’un passe-temps lié à l’argent qui consisterait à épater son voisin par de nouvelles acquisitions matérielles.
Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux
Retomber sur ce passage le jour où je me décide à acquérir du matériel vidéo après plusieurs mois d’hésitation est un bon rappel de ma classe sociale… et de mon incapacité à y échapper (coucou Bourdieu).
Réparation (2021-02-05)
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A heavier and well-designed object feels different. You don’t have it always with you just in case. You don’t throw it in your bag without thinking about it. It is not there to relieve you from your boredom. Instead, moving the object is a commitment. A conscious act that you need it. You feel it in your hands, you feel the weight. You are telling the object: « I need you. You have a purpose. » When such a commitment is done, the purpose is rarely « scroll an endless stream of cat videos ». Having a purpose makes it harder to throw the object away because a shiny new version has been released. It also helps draw the line between the times where you are using the object and the times you are not.
Besides sturdiness, one main objective from the ForeverComputer would be to use as little electricity as possible. Batteries should be easily swappable.
Superbe initiative. Je suis en train de creuser le monde de la vidéo et (bien que chaque fabricant de matériel ait son propre format, batterie, stockage, etc.) je me demandais à quoi pourrait ressembler un ordinateur avec écran indépendant et alimenté par sa propre batterie comme ceux que l’on peut connecter à une caméra depuis son port HDMI. Je vois bien la contrainte mais je vois aussi la modularité et la possibilité de changer des pièces indépendamment les unes des autres.
Un petit bémol sur la partie chiffrement, je ne pense pas que ce soit un pré-requis pertinent pour limiter la consommation énergétique de ce ForeverComputer. À la limite, un hash pour vérifier l’intégrité des fichiers après leur copie et suivre leur évolution mais tout ce qui a trait à la cryptographie évolue trop au cours du temps à mon avis. Sans compter qu’en perdant la clé de déchiffrement, on perd les contenus qui vont avec, ce qui me semble à l’opposé de l’idée de pouvoir les conserver plusieurs décennies.
J’apprécie aussi l’approche qui consiste à commencer par faire un petit pas avec WriteOnly qui permettrait de tester la partie usage avant de passer à la suite.
To mend is to comprehend a human scale problem, and without this understanding our creations become strange creatures. We see this in the common examples of our time, from architecture to websites: Things used daily that, inexplicably, do not seem to be invented for human use. In the case of housing, bad architecture treats a human-scale environment as if it were a commodity-scale problem. The creators of some places see inhabitants not as humans but parameters. I do not need to spoil your view with visions of this architecture, I only wonder, what have their creators ever repaired?
Parler (2021-01-14)
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Avertissement : je n’ai jamais utilisé cette application et je n’apprécie pas la nature des échanges nauséabonds qu’il semblait y avoir dessus.
If one were looking for evidence to demonstrate that these tech behemoths are, in fact, monopolies that engage in anti-competitive behavior in violation of antitrust laws, and will obliterate any attempt to compete with them in the marketplace, it would be difficult to imagine anything more compelling than how they just used their unconstrained power to utterly destroy a rising competitor.
How Silicon Valley, in a Show of Monopolistic Force, Destroyed Parler (cache)
Je n’avais pas envisagé cette histoire sous cet angle là. Et s’il s’agissait « juste » de bâillonner un concurrent, business as usual ? J’ai presque envie de me raser avec :
Ne jamais attribuer à une quelconque éthique ce que le capitalisme suffit à expliquer.
Les seuls outils qui seraient autorisés à concurrencer de tels monopoles seraient forcément décentralisés. C’est bien la raison pour laquelle ces plateformes sont contre le Web, il ne peut en être autrement car leur survie en dépend. Est-ce que Parler utilisant Secure Scuttlebutt aurait continué à fonctionner ? (Pour rappel.) Probablement, en tout cas le bâillon n’aurait pas été aussi simple à nouer. Espérons (presque, dans un tel contexte) que ma conclusion tienne toujours : un tel réseau est trop beau pour percer.
On ne soulignera jamais assez que la révolution ne sert à rien si elle n’est pas inspirée par son idéal ultime. Les méthodes révolutionnaires doivent être en harmonie avec les objectifs révolutionnaires. Les moyens utilisés pour approfondir la révolution doivent correspondre à ses buts. En d’autres termes, les valeurs éthiques que la révolution infusera dans la nouvelle société doivent être disséminées par les activités révolutionnaires de la période de transition. Cette dernière peut faciliter le passage à une vie meilleure mais seulement à condition qu’elle soit construite avec les mêmes matériaux que la nouvelle vie que l’on veut construire. La révolution est le miroir des jours qui suivent ; elle est l’enfant qui annonce l’Homme de demain.
My Desillusionment in Russia, Emma Goldman
Science-F(r)iction (2021-01-09)
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La ministre des Armées Florence Parly a profité du Forum innovation défense vendredi 4 décembre pour lancer officiellement la Red Team. Derrière ce nom anglais, dix auteurs de science-fiction qui ont été recrutés pour imaginer les futures crises géopolitiques et ruptures technologiques impliquant les militaires.
[…]
D’après les scénarios, […] l’idée est d’anticiper des situations permettant à la France de conserver une autonomie stratégique et opérationnelle aux horizons 2030 et 2060. Ascenseur spatial, nation pirate ou encore réchauffement climatique se mêlent dans les textes
Qui sont les dix auteurs de SF de la « Red Team » du ministère des Armées ? (cache)
Comment ne pas penser à cette intervention d’Alain Damasio dans un moment pareil. Se faire accaparer l’espace de l’imaginaire par la ministre des Armées, les survivalistes « durs » n’attendaient que ça…
Quel récit commun se raconter ? Est-ce que la pandémie en est-un ? Et si oui, quelles histoires avons-nous à écrire à ce sujet qui ne soient pas individualistes ? Comment souhaiterions-nous vivre la prochaine ? Si nous avons vécu le scénario du pire, quel serait celui du meilleur ?
Et pendant ce temps-là, des robots guerriers font des pirouettes…
Je crains alors ainsi que le clic du pétitionnaire, l’indignation partagée sur les réseaux sociaux, et même le panier acheté à l’Amap, pour être louables et sincères, s’ils ne sont pas reliés et vertébrés par un projet, ne fassent partie d’un monde où l’avenir de l’écologie oscille encore entre capitalisme vert, restrictions individuelles et survivalisme. Où l’oligarchie stocke et s’organise pendant que les actes isolés peinent à faire masse.
Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux