Mais en fait, on n’a même plus besoin de bruler les livres, il suffisait d’en faire des objets de consommation. En passant du brasier au compost, on a évacué toute charge émotionnelle de la destruction de l’œuvre.
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Pendant longtemps, le livre a été comme une ancre jetée dans l’éternité. À présent, ce n’est plus rien qu’un consommable comme un autre.
J’habite à côté d’une bibliothèque depuis un an. Et mine de rien ça a eu deux impacts assez majeurs : moins d’accumulation de livres à la maison ce qui est une vaine résolution que j’entreprends à chaque déménagement mais surtout une hausse assez phénoménale de mes lectures papier, à commencer par les bandes dessinées.
Et aussi le bonheur de pouvoir faire découvrir à un enfant des univers entiers de lecture, anciens et récents (bon pas si anciens quand même, oh !) tout en s’autorisant à moindre coût de participer au désherbage local : les livres jeunesse sont à 0.5 $CAN sur une étagère à l’entrée, je n’ai aucune idée de ce qu’ils deviennent ensuite.
Je ne sais pas si cette proximité nous a encouragé ou pas à avoir une attitude de consommateurs vis-à-vis de la culture. Par contre je sais ce que j’aurais envie de préserver lors d’un hypothétique effondrement.