Justesse
J’ai un regard flou et partial sur mes œuvres passées, en tout cas si j’étais sexiste, si j’ai collé des clichés, des idées pas terribles, qui peuvent être blessantes, j’aimerai les corriger un jour et si in jour je meurs je veux dire que je n’ai aucun problème avec l’idée qu’on corrige une de mes oeuvres. Si j’ai étais nul, insensible, caricatural, alors je m’en excuse. Par exemple, je pense que si je pouvais corriger mes romans, plus aucun personnage ne mangerait d’animaux. Autre exemple, je me demande si dans ma bd Le banc de touche il n’y a pas une planche sexiste et je n’aurais aucun problème à ce qu’on la supprime. Le passé d’un artiste, c’est aussi un truc qui doit être mouvant, vivant, touché, travaillé. Le passé c’est aussi de la matière nourrie par le présent. La fidélité c’est ce qu’on est maintenant qu’on a traversé la tempête et qu’on est pris dans une autre. La fidélité c’est d’abord la justesse et la justice, et le moi de 22 ou 30 ans serait d’accord avec ça. Pas de sacralisation autre que la sacralisation de l’évolution d’un artiste.
Martin Page est quand même sacrément juste. En un paragraphe, il y a tout. Chapeau l’artiste.
Si c’est figé, ce n’est plus vrai.