Jour 2
Pas d’étoiles filantes observées mais une chouette est venue se percher juste au-dessus de ma tête pendant une trentaine de secondes. Elle est en chasse, tête à 360°, je retiens ma respiration. Elle file et je me lève avec le sourire. Il est 5 h et le ciel est déjà incroyable.
Il fait juste au-dessus de 0 °C mais je ne peux pas laisser passer ces volutes de brouillard au soleil levant. Une ambiance difficile à retranscrire en photo, d’autant que je découvre a posteriori que toutes mes photos faites au téléobjectif sont voilées car il y a de la condensation sur l’objectif. J’ai du mal à comprendre pourquoi celui-ci et pas les autres alors qu’il était stocké à la même température. Pour sa défense, le taux d’humidité est proche des 100 % et je fais rapidement chauffer mon gruau du matin. Vivement que le soleil vienne sécher tout ça !
L’objectif de la journée est de gravir la montagne blanche qui culmine à… 883 m tout de même ! C’est peut-être ce qui me frustre le plus au Québec, qu’il soit si difficile de trouver un peu de dénivelé. J’avais hésité à y aller pour le lever de soleil mais je suis bien content d’être resté au campement vu l’ambiance. D’autant que je dois m’y reprendre à deux fois pour trouver le bon chemin, je n’imagine même pas dans l’obscurité.
Arrivé au « sommet », la vue vaut quand même le détour. Je ne suis finalement pas si en avance sur la saison et les flancs commencent à être franchement colorés.
Je redescends et le vent se met à souffler. Il est chaud et violent, j’appréhende un peu la nuit. Je décide de mettre un tarp au-dessus du hamac au moins pour me protéger des aiguilles qui tombent en continu et peut-être des branches si elles ne sont pas trop grosses. Il y a des arbres morts avoisinants mais je n’ai pas pris de scie, n’ayant pas considéré ce risque. Une bonne leçon.
Je me couche, pas vraiment serein.
Nombre de kilomètres : une douzaine.
Nombre de personne croisées : quatre.
Poids du sac : 3 kilos.
J’ai souvent des embryons de pensées en chemin, comment les consigner ? Mon téléphone, mon cerveau ou mon calepin ont chacun leurs limites propres. Pas sûr de vouloir les verbaliser et rompre le silence ainsi non plus. Si j’oublie, est-ce si important ?