title: Œuvrier du Web slug: oeuvrier-du-web date: 2017-12-20 chapo: Choisir ses maux et invalider ses croyances. J’emprunte ce terme à Roland Feuillas dans *À la recherche du pain vivant* qui parle davantage d’œuvriers paysans que d’œuvriers du web mais c’est la traduction que je trouve la plus juste de *Web crafter* que j’utilise maintenant en anglais pour définir mon métier : mettre en œuvre des connaissances et de l’empathie afin d’améliorer un irritant. Je préfère de loin le terme *crafter* à celui de *craftmanship* qui comporte ce *man* excluant et ne s’inscrit pas dans l’action ; mais j’avais toujours du mal à trouver comment l’expliquer en français. Québec oblige, je réfléchis beaucoup au sens des mots et à leurs traductions en ce moment. Je repense souvent à Julien — qui m’a initié à la programmation — me répétant sans cesse « traduction == trahison ». Quid d’un néologisme ? Je m’interroge encore et toujours sur ma valeur ajoutée à un produit. J’ai de plus en plus la croyance qu’elle vient de ma capacité — issue de l’expérience — à pouvoir remettre en question ce que j’ai développé à une échelle plus courte qu’auparavant. Être en capacité de ré-agencer *avant* que cela devienne critique en terme de dette technique. Or cette valeur est très difficile à appréhender car elle n’est interprétable qu’à la lumière d’une temporalité longue. Ce qui semble être aujourd’hui une perte de temps et un démarrage poussif devient après-demain indispensable pour pouvoir aller plus loin sereinement et/ou transmettre le produit *ainsi* que la connaissance acquise en le concevant. Il y n’a que deux difficultés en informatique : **choisir ses maux et invalider ses croyances.** Il me reste encore beaucoup à explorer dans ces domaines, avec humilité.