J’emprunte ce terme à Roland Feuillas dans À la recherche du pain vivant qui parle davantage d’œuvriers paysans que d’œuvriers du web mais c’est la traduction que je trouve la plus juste de Web crafter que j’utilise maintenant en anglais pour définir mon métier : mettre en œuvre des connaissances et de l’empathie afin d’améliorer un irritant.
Je préfère de loin le terme crafter à celui de craftmanship qui comporte ce man excluant et ne s’inscrit pas dans l’action ; mais j’avais toujours du mal à trouver comment l’expliquer en français. Québec oblige, je réfléchis beaucoup au sens des mots et à leurs traductions en ce moment. Je repense souvent à Julien — qui m’a initié à la programmation — me répétant sans cesse « traduction == trahison ». Quid d’un néologisme ?
Je m’interroge encore et toujours sur ma valeur ajoutée à un produit. J’ai de plus en plus la croyance qu’elle vient de ma capacité — issue de l’expérience — à pouvoir remettre en question ce que j’ai développé à une échelle plus courte qu’auparavant. Être en capacité de ré-agencer avant que cela devienne critique en terme de dette technique. Or cette valeur est très difficile à appréhender car elle n’est interprétable qu’à la lumière d’une temporalité longue. Ce qui semble être aujourd’hui une perte de temps et un démarrage poussif devient après-demain indispensable pour pouvoir aller plus loin sereinement et/ou transmettre le produit ainsi que la connaissance acquise en le concevant.
Il y n’a que deux difficultés en informatique : choisir ses maux et invalider ses croyances. Il me reste encore beaucoup à explorer dans ces domaines, avec humilité.