Oligarchie
Selon vous, les énergies fossiles ont notamment permis l’émergence de la classe moyenne. La fin de l’énergie abondante la condamne-t-elle ?
A terme, ça la remet en question de façon évidente. Avec l’énergie, on a vu l’émergence du confort matériel chez tous, du pouvoir d’achat pour tous. Et la modification du type d’activité avec le développement du secteur tertiaire. Est-ce que la décrue énergétique va permettre de conserver ce genre de travail, de services ? A terme, pas dans les mêmes volumes. La société va devoir se structurer différemment.
Tout l’enjeu climatique est là. Les personnes en capacité d’enrayer cette débauche d’énergies sont les mêmes qui vont constituer cette future oligarchie de riches à l’abri des conditions qu’elles auront créées.
À partir de ce postulat, il faut :
- soit essayer de faire partie de ces 5 % en fermant les yeux sur le reste de la population (c’est ce que font les 25 % actuels sans prendre conscience qu’il n’y aura pas autant de places à la fin) ;
- soit redonner le contrôle à davantage de personnes pour influer sur le sort de l’humanité (ça fait pompeux mais on en est malheureusement là…) ;
- soit accepter de terminer sa vie dans les 15 prochaines années (et après moi le déluge #OhWait).
J’aimerais tant être surpris.
Sauf à avoir un visionnaire à la tête de l’Etat. Mais ça, ça demande une période de crise. Et nous n’y sommes pas encore suffisamment enfoncés.
Ibid.
Au passage, aller vivre dans un éco-hameau (ou ses déclinaisons) ça s’assimile de plus en plus pour moi à du survivalisme-doux-qui-fait-l’autruche sur une situation généralisée. C’est peut-être rassurant et nécessaire à la santé mentale de quelques privilégié·es mais ça ne permettra pas de tenir bien longtemps sans prise de conscience et d’action globale.
Découvert depuis : Mao-spontex.
Lu depuis :
Mais puisqu’on évoque une pragmatique de la réception, je crains juste que « écosocialisme » ait par trop les airs d’une catégorie interne à la grammaire capitaliste et ne sonne que comme la énième proposition de l’« infléchir ». On pourrait dire que c’est habile, que ça permet d’avancer masqué et de tromper son monde — je n’aurais rien contre ce genre d’habileté. On peut dire aussi, symétriquement, que ça prépare à toutes les neutralisations. Au total, j’en reviens à un argument assez rustique : « communisme » est ce qui se déduit dans l’ordre de l’affirmation positive d’une prémisse sans équivoque anticapitaliste.
[…]
Andreas Malm a fait litière de cet absurde « Anthropocène » dont le nom même n’est qu’un évitement : un de ces stratagèmes gélatineux typiques de l’idéalisme moraliste, qui fait toujours tout pour ignorer les forces matérielles et les forces sociales, les hégémonies et les conflits, les rapports sociaux et les rapports de force, et qui finalement nous laisse quoi comme possibilité ? Réformer l’Homme ? On sait déjà comment ça se finit : par le tri des déchets et l’apologie des « petits gestes » qui « permettront de tout changer ». Or voilà : les petits gestes pour tout changer sont précisément des béquilles pour tout reconduire, donc pour ne rien changer.
« La multitude mobilisée en masse est l’unique solution » (cache)