Fatigue
Bien au-delà de la fatigue, l’épuisement n’a plus l’issue du sommeil ou du repos, la dissolution dans l’absence par élimination de tout désir, de toute énergie. À son insu ou non, l’individu chercher à se soûler de fatigue pour s’affranchir de soi et interrompre le flux de la pensée. Sans l’activité de l’esprit l’individu se dissout. « Je suis mort », dit justement l’homme épuisé.
Disparaître de soi, David Le Breton
Dans une situation stressante, il est facile de se réfugier dans l’épuisement. Un corps fatigué pense moins. Mais attention aussi, un corps fatigué pense mal.
À travers l’engagement dans un effort durable et/ou par absence de repos, la fatigue est un état où disparaître, un effacement provisoire par lassitude, en se laissant doucement glisser dans un monde rétréci, même si les sensations ne sont pas heureuses. L’un des avantages est de rendre difficile la fixation de la pensée. Plus rien ne la retient, elle coule, trop lourde à porter. […] Elle est une excuse pour se lover en soi et diminuer ainsi l’intensité de la relation avec le monde. Moins attentif aux autres ou aux tâches à accomplir, l’individu n’est plus qu’à la surface de lui-même et possède une excuse sincère pour se détacher des impératifs du travail ou du lien social.
Ibid.