C’est ni plus ni moins que notre mémoire nationale numérique qui fuite (car un datacenter est un lieu de mémoire hyper-industriel).
Parce que nous ne disposons pas d’une infrastructure de stockage et de traitement des données qui fait tourner les industries culturelles et relationnelles du numérique, notre pays est contraint de subir une politique qui n’est pas la nôtre, que nous n’avons pas choisi et à laquelle pourtant nous nous soumettons. Il y a aliénation digitale dans la mesure où les données françaises ne sont pas stockées là ou elles sont produites, et l’on peut généraliser la situation : là ou nous investissons dans le numérique les autres en tirent les bénéfices.
Quelle politique de reterritorialisation des data faut-il mener, et comment stopper la vampirisation internationale des données ?
Christian Fauré, L’hypercriticité numérique de la France
Une seule réponse possible : rendre le réseau symétrique.
Il n’y a qu’une politique d’échanges de données en pairs à pairs performante qui permettra de revenir à une certaine indépendance vu le retard que l’on accuse dans le domaine. Cela requiert la possibilité d’envoyer autant — si ce n’est plus — de données que ce que l’on en reçoit. Il faudrait avoir une vision sur le long terme pour prendre de telles décisions, ce qui se révèle être de fait bien éloigné des actions politiques actuelles.
Cela me rappelle l’expression « la fuite des cerveaux » relative aux chercheurs migrant vers les US au terme de leur formation. Chaque lien qui est stocké sur un serveur américain est une synapse offerte.