Publications relatives au tag #transformation


Les plus récentes en premier, les 3 premières sont dépliées et ensuite c’est à la demande, bonne exploration !

Battements (2021-12-30)

Dans tes bras
Mon cœur s’apaise
Ne se demande plus pour quoi
Se battre
Ni pourquoi
Battre
Mais pour qui

Pour toi
Pour vous

Au premier plan, des champs chauds baignés de soleil. En arrière plan, un plateau enneigé. Au premier plan, des champs chauds baignés de soleil. En arrière plan, un plateau enneigé.
Sédimentation.

Cyborgs (2021-12-13)

Des universitaires comme Anne Balsamo, Mary Anne Doane, Mark Dery, Andreas Huyssen et Cynthia Fuchs ont remarqué que, en dépit du fait que la machine et l’industrie sont typiquement associées à la masculinité, les représentations imaginaires de machines anthropomorphisées ont été communément dépeintes à travers l’histoire comme des femmes et, qui plus est, des femmes sexualisées. Ce motif récurrent reflète le fait que les hommes ont toujours perçu la technologie comme dotée du potentiel de servir une large variété de fantasmes masculins. Selon Huyssen, ces représentations artistiques ont commencé à montrer des machines féminines dangereuses et hors de contrôle à partir du XIXe siècle, en même temps que les véritables machines, telles que celles présentes dans les usines et l’industrie ferroviaire, étaient peu à peu reconnues source de danger pour les hommes qui travaillaient à leur côté. En théorie, les femmes et les machines constituaient des menaces similaires de bouleversement et de destruction si elles échappaient au contrôle des hommes. Huyssen soutient que la misogynie sous-tendant habituellement les représentations mécaniques de femmes provient de l’anxiété masculine envers la technologie, qui demande à être tempérée par la domination et le contrôle. Le fait qu’il y ait à travers l’histoire un motif de correspondance entre les poussées de progrès technologique et un accroissement dans la fréquence de ces images négatives de femmes constitue un cas convaincant de causalité.

Femmes du futur : genre, technologie et cyborgs, Carrie Lynn Evans dans Dune : Exploration scientifique et culturelle d’une planète-univers

Décidément, cet ouvrage est plein de (bonnes) surprises qui m’apportent plus que la relecture récente de l’œuvre et dépassent ce cadre là. Je me rends compte que je suis passé à côté de pas mal d’angles de lecture possibles et ça me donne une idée de mes biais et de mes œillères.

Ce chapitre — sur le Bene Gesserit envisagé comme une forme d’ordre de cyborgs — est fascinant dans sa justesse autour de cet imaginaire, celui de l’homme (petit h) contre la machine… lorsque les machines trop évoluées deviennent interdites. J’ai toujours considéré que l’existence de cette force au sein de cet univers était plutôt pro-féminine (notamment car les derniers livres sont centrés dessus) mais je me suis probablement complètement trompé.

En tout cas, on peut facilement retourner cet argumentaire.

Lettre (2021-12-11)

Et c’est là une de tes plus grandes futures victoires. C’est que si c’est dur aujourd’hui, si tu ne comprends rien, si tu n’arrives pas à saisir ce qui ne colle pas, c’est parce que tu n’es pas dans le bon contexte pour toi. Un contexte qui te permette d’être totalement toi-même, sans avoir à créer de carapace ou de tenir une posture qui serait « suffisamment professionnelle » par exemple.

Ces personnes-là vont t’accepter toi tout entière, que tu ailles bien ou non, que tu sois sûre de ce que tu dis ou que tu tâtonnes, que tu sois vulnérable ou confiante.

Et c’est ça, ça qui va tout changer.

Lettre à la moi du passé (cache)

On entre dans une autre dimension (pas que temporelle) avec l’intervention de Maïtané dans 24joursdeweb.

Je suis tellement content d’avoir modestement accompagné cette transformation… qui a participé à la mienne ! Lorsqu’on cherche tou·tes un sens, on finit parfois par faire un bout de chemin ensemble dans la même direction. Et c’est chouette.

Mise à jour (2021-12-05)

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What that moment revealed to me was Netflix’s ability to program cultural discourse in a relatively direct way: You realize that a certain topic or event starts coming up frequently in conversations and social media posts—Fyre Festival, the ‘90s Chicago Bulls, chess—and then find out that topic is the subject of a Netflix blockbuster, living rent free in the hive mind (actually, getting paid to live there). Even now, but especially during the pandemic, there are only a few primary sources of large-scale collective experience, upstream of Twitter and TikTok, and Netflix has emerged as one of the most potent.

#173: Experimental Jet Set (cache)

C’est affreusement vrai. Je le vois de manière assez franche avec l’engouement pour le Championnat du Monde ou d’autres évènements ou même la popularité soudaine des youtubers dans ce domaine là. C’était déjà le cas pour des séries antérieures mais la pandémie a eu un impact franc sur cette capacité à modeler les centres d’intérêts des riches.

Ce qu’il y a d’affreux c’est d’en faire partie et de difficilement pouvoir y résister. C’est au moins une chose d’en prendre conscience de manière franche pour pouvoir s’adapter et trouver des formes de conversion de cette attention.

Imaginez être en capacité d’orienter la consommation de millions de clients. Le terme de programmation prend alors tout son sens.

Je n’en peux plus des faux dieux de l’Occident toujours à l’affût comme des araignées, qui nous mangent le foie, nous sucent la moelle. Et je porte plainte contre le Monde Moderne, c’est lui, le Monstre. Il détruit notre terre, il piétine l’âme des hommes.
— C’est pourtant grâce à notre Monde Moderne que tu as un bon bateau avec des winches, des voiles en tergal, une coque métallique qui te laisse en paix, soudée, étanche et solide.
— C’est vrai, mais c’est à cause du Monde Moderne, à cause de sa prétendue « Civilisation », à cause de ses prétendus « Progrès » que je me tire avec mon beau bateau.
— Et bien tu es libre de te « tirer », personne ne t’en empêche, tout le monde est libre, ici, tant que ça ne gêne pas les autres.
— Libre pour le moment… mais un jour plus personne ne le sera si les choses continuent sur la même pente. Elles sont déjà inhumaines. Alors, il y a ceux qui partent sur les mers, ou sur les routes, pour chercher la vérité perdue. Et ceux qui ne peuvent pas, ou qui ne veulent plus, qui ont perdu jusqu’à l’espoir. La « Civilisation occidentale » devenue presque entièrement technocratique n’est plus une civilisation.

La longue route, Bernard Moitessier

Incompétence (2021-11-26)

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The magic of programming is largely just things you don’t know yet. Once you learn those things, it stops being magic in the sense of “I have no idea how it did that or why it works“ and starts being magic in the sense of “I can make the computer do exactly what I ask it to do!”. The point is to become the wizard, not the bedazzled member of the audience.

This does not happen overnight, and we need to have the confidence to accept that our profession has depth, even as we celebrate the ease with which someone can get started (and welcome them onto the journey of becoming a wizard)!

It also doesn’t happen across all the domains of programming. You can’t become an expert at everything, and it’s fine to accept your boundaries. But it’s not fine to think you shouldn’t be on some paths towards mastery, if you intend to make programming your career.

Programmers should stop celebrating incompetence (cache)

C’est marrant, j’ai de plus en plus envie de célébrer cette incompétence justement. Pas pour s’y complaire mais pour rendre cet espace plus accueillant. C’était un peu l’objectif de ma démarche avec le billet d’hier. Il est possible d’assumer d’être incompétent·e sur certains points et tout de même arriver à faire des choses chouettes dans le web. Cette toile de connaissance est justement là pour externaliser une partie de sa mémoire et de ses expériences. Lernen durch Lehren généralisé !

Pour chaque magicien auto-proclamé, il y a de potentielles nouvelles recrues qui sont démotivées par l’ampleur d’une tâche qui est devenue un mythe. Celui créé par une élite qui en profite allègrement.

J’aimerais participer à son piétinement.


Lu depuis :

But knowing how to research, how to look things up? Knowing how to parse good information from junk, and make effective decisions based on what you’ve learned? That’s a critical skill for modern developers.

That’s not “copy-pasta.” That’s being good at your job.

Big surprise! That guy who made a third of his company quit has no idea what he’s talking about. (cache)

Écoute (2021-11-11)

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Attention : notre écoute peut paraître paternaliste si nous insistons pour que des femmes parlent dans une réunion mixte, par exemple. Il importe donc de bien exposer les motifs de cette préoccupation, et il est sans doute préférable d’indiquer que les hommes parlent trop, plutôt que de souligner que les femmes ne parlent pas.

Petit guide de « disempowerment » pour hommes proféministes (cache)

Je suis de plus en plus attentif à la répartition de la parole dans un groupe mixte, considérant que ce temps d’attention est un facteur majeur de déséquilibre. Cette simple (dé)mesure est trop souvent édifiante.

Note : j’ai encore du travail à faire de mon côté.

Junior (2021-11-09)

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Pour diminuer ces risques, les entreprises devraient accepter de renoncer à une part de rentabilité immédiate au profit d’une forme d’investissement durable reposant sur le recrutement de davantage de juniors. En comprenant que ces juniors sortant de formations courtes – qui sont, notamment, des femmes – auraient pu être ingénieurs ou ingénieures si ils ou elles n’avaient pas rencontré dès l’enfance toute une série de barrières socio-culturelles, l’industrie miserait sur son propre avenir.

« Le manoir de verre » : comment la tech traite-t-elle les femmes développeuses ou data scientists ? (cache)

Il y a des jours où je suis bien content de voir l’évolution de scopyleft sur ce plan là. Cette dernière année, nous sommes devenu·es paritaires en réduisant notre moyenne d’âge de 5 ans. Ce qui se joue en interne va bien au-delà de ces chiffres et je vais avoir besoin de davantage de recul pour en parler.

Jusqu’ici c’est très chouette :-).

We end up in a situation where the demand for senior developers far outweighs the capacity and willingness of the companies to train juniors. Up until recently it wasn’t that bad though, we were in kind of an stable situation - the number of developers needed was growing steadily, the attrition was stable, companies were offering some internships and entry-level positions, universities and bootcamps provided streams of candidates. It wasn’t very easy to get the first job in the industry, but with enough effort and determination it was possible even for someone who has just started programming.

And then came the pandemic.

Why nobody hires junior developers anymore (cache)

PS : niveau salaires par contre, c’est très inégal et ce sera l’opportunité d’un futur billet.

Complicité (2021-10-26)

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Stéphane m’indique qu’il préfère être complice plutôt qu’allié·e car ce n’est pas une guerre avec deux fronts bien définis. Je n’avais jamais songé à ce terme dans ce champ lexical là.

Je me demande s’il ne faudrait pas explorer d’autres angles, en se reconnaissant et s’affirmant comme étant complexe par exemple. C’est davantage auto-centré mais (espoir++) en acceptant sa propre complexité, on ne peut qu’accepter — et encourager — celle des autres. Et ensuite prendre conscience que deux êtres complexes vont avoir des difficultés à communiquer, à se comprendre, à s’entendre, à faire un bout de chemin ensemble. Alors à plusieurs !

De la complexité du vocabulaire… il reste un ironème à trouver.


2 kinds of people. (Maybe more.)

Transformatrice (2021-10-25)

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je suis insatisfait par le système de justice tel que je le connais parce qu’il ne prend pas bien en compte les victimes, ne répond pas vraiment à leurs besoins, ou alors par accident

Une autre justice - description du problème (cache)

David nous parle de ses explorations autour de la justice, réparatrice puis transformatrice à travers des interprétations de situations malheureusement bien réelles. Le travail d’essayer de décortiquer les attentes des victimes et le soin qu’il y aurait à leur apporter est fascinant. Ou déprimant. Bon en tout cas ça me fait bien cogiter.

Merci.

Perspectives (2021-10-21)

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Je me rends compte en suivant des parcours de randonnées en France que je n’ai jamais de telles perspectives dans la forêt québécoise. Il y a souvent des points de vues aménagés aux sommets ou sur une crête mais sinon je vois très rarement à plus d’une centaine de mètres — exception faite des trouées sur des lacs.

Cette navigation sans visibilité est assez particulière. Cela forme un cocon introspectif qui invite à se poser cette question : à quoi bon aller plus loin ? Si la forêt boréale est la même sur ces quinze prochains kilomètres, où s’arrêter ?

Lorsqu’on perd la notion de sommet ou de col, on n’aspire plus aux mêmes objectifs. Je me fie souvent à mon oreille : lorsque je n’entends plus d’activité humaine, c’est que je suis suffisamment loin et que je peux m’arrêter au prochain point d’eau.

Effort, densité, aspirations, il y aurait bien sûr une métaphore culturelle à filer de tout ça mais je me retiens.


Au passage, je réalise que j’ai gravi l’Aiguille de la Grande Sassière (cache) à 8 ou 9 ans. C’est beaucoup plus facile niveau acclimatation en habitant à Tignes mais tout de même, le dernier mur était bien raide ! Souvenirs…


Mise à jour : j’ai retrouvé une photo que j’avais prise au sommet, ça confirme 9 ans (août 91 !).

Situation (2021-10-16)

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Grâce à Maud et son crayon, nous avons pu faire de la B.D. un formidable outil pour crier nos colères, témoigner des injustices, parfois avec rage ou une pointe de découragement et de tristesse mais souvent avec humour. Tantôt espace de déversement de nos colères ou échappatoire jubilatoire, cette B.D. a aussi été l’occasion pour nous de réfléchir à de potentielles voies d’émancipation, notamment collectives. Face à des situations de sexisme qui nous sautent aux yeux et nous laissent souvent impuissantes, s’esquissent désormais des scènes de B.D. qui dénoncent l’oppression.

Notre B.D., si elle se veut féministe, n’a pas pour ambition de parler au nom de toutes les femmes. Elle est le reflet des constructions sociales de ses autrices : nous sommes toutes les six des femmes jeunes, cisgenres, blanches, hétéronormées et ayant fait des études supérieures. Nous ne prétendons donc pas à l’universalité de nos propos et nous avons essayé de garder en tête cette dimension située. Comme nos personnages, nous bénéficions d’un certain nombre de privilèges. Certains conscients, d’autres sans doute moins…

Il est où le patron ?, Maud Bénézit & Les paysannes en polaire

J’aimerais pouvoir exprimer cela de manière claire sur cet espace. La difficulté d’un écrit en ligne est que l’on peut facilement tomber dessus sans avoir plus que ça de notion de temporalité ou d’évolution de l’auteur·ice. Ma façon de me situer aujourd’hui sera probablement différente de celle que j’aurais explorée demain.

Quel support pour le palimpseste d’une vie ?


Le même soir, je lis :

Ce que je veux vous faire comprendre avec cette longue présentation, c’est que nous sommes tous et toutes situé·es socialement, que nous devons composer avec un curieux mélange de privilèges et de discriminations, qui se cumulent et s’entrecroisent. Ça nous marque au fer rouge, ça modèle nos consciences et nos subjectivités, et donc nos façons d’aimer et d’être aimé·es.

Ce qui veut dire que nous ne sommes pas tout à fait libres, mais pas totalement déterminé·es non plus. Et je crois que plus on prend conscience de tout ce qui nous détermine, plus on peut être libre.

Le Cœur sur la table, Victoire Tuaillon

Carrière (2021-10-14)

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Without understanding the context, the advice is meaningless, or even worse, harmful. If those folks had followed their own advice early on, they themselves would likely have suffered from it. It is hard to escape this trap. We may be the culmination of our experiences, but we view them through the lens of the present.

20 Things I’ve Learned in my 20 Years as a Software Engineer (cache)

Beaucoup de sagesse dans cette liste. J’en aurais d’autres à ajouter mais je ne sais pas si j’en suis à 20 années de carrière, ayant du mal à dater le moment où celle-ci a véritablement commencée.

Ce serait peut-être mon premier conseil : envisager cela comme un cheminement en forêt et non comme un concassage de cailloux. Le papillon semble avoir plus de fun que la chenille (relire cette phrase en anglais).

Promotion (2021-10-06)

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At most companies, it’s common for the person leading you to have experienced a promotion in taking on the role. At Automattic, we view taking on the team lead role as a focus change rather than as a promotion. This means people are welcome to step up into the lead role and step down without a change in salary. We’re all ultimately individual contributors at the end of the day!

You might not love working at Automattic if… (cache)

Beaucoup de choses très inspirantes dans cet article. J’apprécie que l’on puisse considérer que le rôle de lead (difficilement traduisible) soit temporaire et ne soit pas indexé sur le salaire. C’est accepter une certaine impermanence dans nos envies, nos appétences et nos expérimentations. C’est une façon de pouvoir se tromper sans que les conséquences ne soient rapidement critiques.

J’ai l’impression de porter différentes casquettes actuellement sur les différents produits auxquels je participe et j’adore cette diversité. Une forme de full stack (1, 2) mais en mode distribué où j’apprends des autres casquettes présentes dans les équipes.

Pour moi, une promotion correspond au courage et à la confiance suffisante en soi de consentir à une casquette relativement inconnue, au moins pour un tour.

Littéralement : pro-motion, être en faveur du mouvement.

For example, I was a lead for 3.5 years and was able to easily step away to pursue other work when an opportunity came up without a change in pay. I never approached leadership as being a “forever lead” which helped me make decisions that I knew I’d have to live out if down the line I was no longer a lead.

Ibid.

Justesse (2021-10-03)

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J’ai un regard flou et partial sur mes œuvres passées, en tout cas si j’étais sexiste, si j’ai collé des clichés, des idées pas terribles, qui peuvent être blessantes, j’aimerai les corriger un jour et si in jour je meurs je veux dire que je n’ai aucun problème avec l’idée qu’on corrige une de mes oeuvres. Si j’ai étais nul, insensible, caricatural, alors je m’en excuse. Par exemple, je pense que si je pouvais corriger mes romans, plus aucun personnage ne mangerait d’animaux. Autre exemple, je me demande si dans ma bd Le banc de touche il n’y a pas une planche sexiste et je n’aurais aucun problème à ce qu’on la supprime. Le passé d’un artiste, c’est aussi un truc qui doit être mouvant, vivant, touché, travaillé. Le passé c’est aussi de la matière nourrie par le présent. La fidélité c’est ce qu’on est maintenant qu’on a traversé la tempête et qu’on est pris dans une autre. La fidélité c’est d’abord la justesse et la justice, et le moi de 22 ou 30 ans serait d’accord avec ça. Pas de sacralisation autre que la sacralisation de l’évolution d’un artiste.

Fidélité à la justesse (cache)

Martin Page est quand même sacrément juste. En un paragraphe, il y a tout. Chapeau l’artiste.

Si c’est figé, ce n’est plus vrai.

Atelier (2021-09-25)

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J’ai motivé une rencontre autour des échecs entre enfants de sa classe. Quelques heures au parc et je peux déjà identifier qu’il y a trop d’attentes de la part des parents pour pouvoir aménager un espace d’apprentissage qui soit enthousiasmant.

Comment divertir leur attention de manière non violente ? Si je plaide en faveur d’un moment entre jeunes, quelle devient alors ma place ? De quelle façon discuter de positions sans que les joueur·euses se sentent jugé·es ?

Quelques idées :

Il n’y a pas que les jeunes qui ont à apprendre de leurs propres échecs…

Médaille (2021-08-27)

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Paris, je t’aime. Je t’aime pour tous les gens libres et solidaires qui vivent en ton sein. Des gens qui se battent pour la liberté chaque jour, debout, bras dessus bras dessous, distribuant des couvertures, de l’amitié et de la solidarité. Je t’aime pour ceux qui partagent leur logement, leur amour et leurs luttes chaque jour, sans se soucier de la nationalité des personnes ni de savoir si elles ont des papiers ou pas.

Madame Hidalgo, vous voulez me décorer pour mon action solidaire en mer Méditerranée, parce que nos équipages « travaillent quotidiennement à sauver des migrants dans des conditions difficiles ». Simultanément votre police vole les couvertures de gens contraints de vivre dans la rue, pendant que vous réprimez des manifestations et criminalisez des personnes qui défendent les droits des migrants et des demandeurs d’asile. Vous voulez me donner une médaille pour des actions que vous combattez à l’intérieur de vos propres remparts. Je suis sûre que vous ne serez pas surprise de me voir refuser votre médaille Grand Vermeil.

Paris, je ne suis pas une humanitaire. Je ne suis pas là pour « aider ». Je suis solidaire à tes côtés. Nous n’avons pas besoin de médailles. Nous n’avons pas besoin de pouvoirs décidant qui est un « héros » et qui est « illégal ». En fait, il n’y a pas lieu de faire cela, car nous sommes tous égaux.

Ce dont nous avons besoin, c’est de liberté et de droits. Il est temps de dénoncer les honneurs hypocrites et de combler le vide par la justice sociale. Il est temps que toutes les médailles soient lancées comme des fers de lance de la révolution!

Papiers et logements pour toutes et tous !
Liberté de circulation et d’installation !

Pia KLEMP, 20 août 2019

La navigatrice et sauveteuse en mer Pia Klemp refuse la médaille de la ville de Paris !!! (cache)

J’avais loupé cette réponse. Voilà une bien belle façon de refuser une médaille.

Des feuilles avec des gouttes de rosée matinale dessus. Des feuilles avec des gouttes de rosée matinale dessus.
Équilibre instable.

Animalière (2021-08-14)

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Wilderness without wildlife is just scenery. — Lois Crisler

Envie de parler de mon approche concernant la photographie animalière. Ce n’est pas la bonne, ni même une que je recommande, c’est celle qui me convient en ce moment.

  1. Légèreté : mon matériel fait 1,3 Kg pour aller de 180 mm jusqu’à un équivalent 540 mm. Il n’a pas le meilleur piqué ou un bokeh de f(l)ou mais je peux le tenir à bout de bras pendant une balade de plusieurs heures sans qu’il soit un poids dont j’ai envie de me débarrasser. Et j’ai encore suffisamment de force pour ensuite tenir la pose lorsqu’il faut être statique à main levée pendant plusieurs minutes. Je parle de poids en premier car j’ai déjà eu du matériel beaucoup plus qualitatif (et dispendieux !) et au final je ne l’avais que rarement avec moi, et encore moins en randonnée. Le meilleur appareil photo, c’est celui que j’ai (facilement) à portée de main !
  2. Qualité : tout est compromis, avec cette contrainte de poids je ne peux pas sortir LA photo. Et c’est correct, je reviens avec les photos. De toute façon, c’est principalement pour les partager sur des plateformes qui me font de la bouillie de pixels ou ici (et je prends soin de votre bande passante). À petites ambitions, petit capteur, un micro 4/3 me suffit amplement.
  3. Comportement : j’essaye de photographier en dérangeant le moins possible. Il s’agit de capter des images, pas l’attention des animaux. Si j’en arrive à stresser l’animal, ça se verra de toute façon sur la photo… ou dans ma propre lecture de la photo. Les animaux sauvages sont extrêmement curieux, en étant plus dans l’attente et l’écoute ils finissent parfois par s’approcher d’eux-mêmes. Toute ressemblance avec des animaux moins sauvage serait fortuite.
  4. Contentement : mon intérêt actuel est dans l’observation et la connaissance que je peux acquérir de mon environnement. La photo qui vient avec, c’est le bonus pour ne pas oublier ces instants et éventuellement les partager. Je n’ai pas envie de la bonne « attitude » sur l’instantané mais de l’approche qui a permis à l’animal d’être suffisamment en confiance pour avoir ce comportement. Et tant pis si je loupe la photo à la fin, le simple fait d’en avoir été témoin me suffit.
  5. Patience : j’ai envie de photographier des espèces locales, de prendre le temps de les connaître et de les approcher. Ce n’est pas un safari d’où il faut revenir avec des espèces exotiques mais un apprentissage — forcément lent — et une prise de conscience de mon environnement. Les animaux seront toujours là, différents… et moi aussi. Déguster cette exploration en prenant ce bien en patience, régulièrement.

Un détail technique pour finir, j’essaye de progressivement m’extraire des produits Apple en commençant par les logiciels intégrés. J’utilise RAW Power depuis quelques mois, ça plante souvent mais j’ai l’impression de reprendre un peu le contrôle sur ma chaîne de développement et de pouvoir visualiser les fichiers sur lesquels je travaille dans l’explorateur. C’est déjà ça.

Un héron dans la Rivière des Prairies. Un héron dans la Rivière des Prairies.
Like a rock.

Dé·mont(r)age (2021-07-25)

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J’ai passé les dernières 48 heures à convertir, découper et colorer des fragments de vidéos. Suivant le démon de mes propres aspirations. S’assurer que le son soit cohérent parfois, pester contre l’auto-focus encore une fois, se rendre compte que certains réglages n’étaient pas adéquats, irrécupérables parfois. La rage.

Et puis, il y a ce que l’on veut montrer. À quel point cette mise en scène est ridicule. Donner un sentiment de plénitude et d’apaisement alors que je suis en train de penser à ce chapelé de bits qui viennent remplir la carte mémoire. Dé·montrer aussi les instants où je coupe pour de vrai, où je nage pour moi, où je laisse le trépied dans un coin, où je suis ridicule (vous ne me verrez jamais m’extraire d’un raft !). Je me rends compte qu’il faudrait que j’ai une idée préalable de scénario/script si je voulais vraiment partager une histoire. Or, c’est assez incompatible avec l’approche itérative et exploratoire de la forêt que je veux avoir.

Démontage enfin de mes peurs et de mes faiblesses vis-à-vis d’un medium que je ne maîtrise pas. Passer outre la tétanie, apprendre. Encore.

En vous confinant dans un simple rôle d’observateur, vous passez systématiquement à côté du sens même de votre vie. L’idéal pourrait être ainsi défini : Vivez de votre mieux. La vie est un jeu dont les règles s’apprennent en y sautant à pieds joints pour être immergé jusqu’au cou sous peine d’être toujours pris au dépourvu, toujours surpris par le moindre changement de décor. Les spectateurs passifs se plaignent en gémissant que la chance est passée juste à côté d’eux. Ils refusent de voir qu’une bonne part de cette chance, c’est à eux qu’il revenait de la créer.

Darwi Odrade, Dune VI. La maison des mères, Frank Herbert

Sachance (2021-07-18)

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Ce n’est pas un hasard si les femmes sont les plus inquiètes des effets indésirables – si l’on en croit l’étude de la fondation Jean Jaurès. Les scandales sanitaires les plus récents ont eu des femmes pour principales victimes.

[…]

Il faut être aveugle pour ne pas voir que la défiance envers le vaccin se nourrit du discours pro-vaccin. Réduits à la condition d’« antivax » hystériques et illettrés, qui s’informent sur les réseaux sociaux plutôt que de lire le Monde ou d’écouter Karine Lacombe sur TF1, la population défiante envers le vaccin subit une nouvelle fois la violence que les sachants aiment infliger aux autres car il grandit d’autant leurs prétentions.

Comprendre la défiance envers le vaccin pour sortir de l’épidémie de Covid (cache)

Délit de sachance hier, orgueil de détenir une licence de biologie cellulaire et un master de bio-informatique. Et puis, d’une certaine manière, je prépare ma thèse en épidémiologie depuis un an aussi… pour rendre intelligibles les points de l’ANSM et les avis de la HAS. Que je vous encourage à lire si vous êtes sceptique.

Un besoin de comprendre, au moins socio(il?)logiquement, pourquoi la France se retrouve dans cette impasse. Passer outre la #CovidFatigue et la rationalité. Continuer de creuser. Encore. L’analyse de cette défiance est peut-être la clé pour faire germer d’autres comportements, créer des liens différents de ceux de la méfiance commune. Garder un mince espoir…

Quant au niveau de revenus, il joue de manière similaire face au vaccin contre le Covid que face aux vaccins en général. Les 10 % les plus riches sont moins hostiles au vaccin que les 50 % les plus pauvres. Ce qui compte alors n’est sans doute pas tant le niveau de revenu que l’appartenance à des réseaux de sociabilité qui informent les croyances et les pratiques.

[…]

Le débat sur l’obligation vaccinale des soignants fixe l’attention sur certaines catégories de personnels, les aides-soignant.e.s et les infirmier.e.s, et instille le doute sur leur capacité à adopter les bons gestes pour éviter les transmissions, remettant en cause leur professionnalisme.

« Les réticences face au vaccin contre le Covid sont socialement construites » (cache)

Cyniquement, c’est la doctrine incompréhensible du gouvernement associée à / causant des pratiques non collectives qui me permet d’être dans ces 10 % depuis plus d’un an. Il faut que j’apprenne à « vivre avec » ce paradoxe de l’in·utilité.

Tract manifestement anti-vaccination découvert sur un arbre dans le Parc d’à côté. Tract manifestement anti-vaccination découvert sur un arbre dans le Parc d’à côté.
Tract découvert sur un arbre dans le Parc d’à côté. Il y a beaucoup de français·es à Montréal. Trop ? (cache)

Voir aussi :


Avant publication, je croise cette citation sur Mastodon :

Je peux vivre avec le doute et l’incertitude. Je peux vivre sans savoir. Je pense qu’il est beaucoup plus intéressant de vivre sans savoir que d’avoir des réponses qui pourraient être fausses. J’ai des réponses approximatives, j’ai des croyances plausibles avec différents degrés de certitude sur différents sujets. Mais je ne suis absolument sûr de rien. Et il y a beaucoup de choses dont je ne sais absolument rien. Mais je ne suis pas obligé d’avoir une réponse. Je ne me sens pas effrayé par le fait de ne pas savoir.

Richard Feynman, partagé par Stéphane Klein


Les lois prohibitives ont tendance à renforcer ce qu’elles voudraient interdire. C’est le point sensible dont toutes les professions juridiques de l’histoire se sont servies pour assurer la stabilité de leur fonction.

Coda Bene Gesserit, Dune VI. La maison des mères, Frank Herbert

Blame (2021-07-12)

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La mémoire ne recrée jamais la réalité. Elle la reconstitue. Et tout reconstitution modifie l’original en devenant elle-même un cadre de référence externe obligatoirement imparfait.

Manuel du Mentat, Dune V. Les Hérétiques de Dune, Frank Herbert

J’ai beau essayer de faire attention, il y a des fois où je me foire grave. Aujourd’hui, j’ai mis la pression sur une victime (qui n’avait rien demandée) au lieu d’accepter ma confrontation avec l’oppresseur (qui est mon problème en tant qu’aspirant allié). C’est frustrant car je ne pensais pas pouvoir encore faire ça, ma route est encore longue. J’espère pouvoir me rattraper mais c’était quand même très indélicat de ma part…

Je consigne cela ici pour ne pas l’oublier trop vite.

Merci Thomas.

L’oubli… tel est votre destin. Toutes les anciennes leçons de la vie, vous les perdez, vous les gagnez, puis vous les reperdez et vous les regagnez encore.

Leto II, La Voix de Dar-es-Balat, Dune V. Les Hérétiques de Dune, Frank Herbert

Copilot (2021-07-08)

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GitHub recently announced a tool called Copilot, a tool which uses machine learning to provide code suggestions, inciting no small degree of controversy. One particular facet of the ensuing discussion piques my curiosity: what happens if the model was trained using software licensed with the GNU General Public License?

Is GitHub a derivative work of GPL’d software? (cache)

Les réactions ont été assez salées (cache) — et à juste titre ! — suite à cette annonce, et je ne parle même pas des bugs fâcheux (cache) lors de cet apprentissage. Pour ma part, ça m’a fait glousser que Microsoft fasse du blanchiment de code sous GPL, mais c’est probablement car je commence à me faire vieux.

Il y a tout de même une approche séduisante à imaginer une façon hybride de produire du code. J’y vois un parallèle avec les échecs et le fait que ce soit la combinaison humain + machine qui devienne la plus puissante (passé un certain niveau permettant de comprendre les propositions de l’ordinateur, c’est une condition importante). Il n’y a probablement pas tout à jeter dans cette exploration, j’aimais bien aussi l’idée d’importer directement depuis StackOverflow sans même savoir ce qu’il y a dans la fonction. De batteries included à copy-pasta included, cela introduit une notion de confiance sociale et technique :-).

Je n’en reste pas moins fidèle à SublimeText, j’ai besoin d’un éditeur fonctionnel et rapide.

À mon sens, les réformateurs ont causé plus de tort à eux seuls que n’importe quelle autre force dans toute l’histoire humaine. Montrez-moi quelqu’un qui déclare : « Tout cela doit être changé » et vous aurez devant vous une tête gonflée d’intentions pernicieuses qui n’ont aucun autre exutoire. Ce que nous devons au contraire nous efforcer de faire toujours, c’est découvrir les cours naturels des choses et nous y insérer sans heurt.

Révérende Mère Taraza, Extrait d’une convention, Dune V. Les Hérétiques de Dune, Frank Herbert

OK (2021-06-29)

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The people most vulnerable to the oppressive impact of White Supremacy will never know for certain if the symbol is being used in one of its non-violent manners or if it's being used in its racist violent manners. The oppressed must choose the option that protects them, which is typically erring on the side of caution.

Continuing to use the symbol with its non-hateful connotations to “take it back”, does not eliminate its pervasive new meaning associated with White Supremacy. Instead, continuing usage only perpetuates emotional and psychological harm upon the most vulnerable and susceptible populations.

👌 [ok-hand] (cache)

J’aurais aimé pouvoir me ré-approprier un tel emoji mais pas au détriment des personnes qui en souffrent. Je vais dorénavant l’éviter autant que possible 🧘.

Au passage, ce site comporte de nombreuses définitions qui sont autant de sources d’explorations de mes maladresses actuelles. Merci Anne-Sophie !

Trans (2021-06-16)

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Observant la manière dont elle attendait, patiente, que ses pensées se résolvent, il songeait à ce que l’on disait souvent, non sans raison, des Révérendes Mères : qu’elles ne faisaient plus tout à fait partie de la race humaine. Elles se tenaient en quelque sorte en dehors du courant principal. Elles le longeaient sans doute ; elles y faisaient sans doute de fréquentes plongées pour des motifs à elles. Mais elles se tenaient à l’écart de l’humanité. Elles s’en éloignaient.

Dune V. Les Hérétiques de Dune, Frank Herbert

Note : je ne sais pas trop de quoi je parle et j’espère ne blesser personne, n’hésitez pas à pointer mes maladresses.

J’ai beaucoup d’empathie pour les personnes qui ne se sentent pas à l’aise dans leur genre, notamment car j’ai du mal à m’associer à un groupe se revendiquant comme étant « les hommes » pour diverses raisons issues de mes expériences et des cultures que j’ai pu traverser. Néanmoins, je n’aspire pas à rejoindre un groupe qui se revendiquerait comme étant « les femmes » pour autant. Je crois que je me sentirais plus à l’aise hors de cette dichotomie — je laisse la sexualité à part intentionnellement. Hors de l’espèce humaine en fait.

(J’espère que ça ne fait pas trop je-ne-suis-pas-féministe-mais-humaniste… je suis plus en mode exploratoire que militant ici, probablement naïf.)

Je commence à chercher si le « transpecism » est quelque chose et je tombe sur un article de Vice (cache) qui me donne le mot-clé « otherkin » :

Otherkin are a subculture of people who identify as not entirely human.

J’apprécie qu’il y ait autant de façon de se définir, tant de façons d’être à respecter. Chercher à savoir qui l’on est, le cheminement de toute une vie.

C’était une petite incursion dans ma misanthropie du soir.

Coïncidence au moment de la publication :

Les députés canadiens ont adopté mardi 22 juin un projet de loi interdisant les « thérapies de conversion » qui visent à imposer l’hétérosexualité aux personnes LGBTQ+ (lesbiennes, gays, bi et trans), une victoire pour le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau.

Au Canada, les députés adoptent un projet de loi interdisant les « thérapies de conversion » (cache)


Karl a répondu avec : l’homme et le macho (cache).

Constructivisme (2021-06-13)

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À quel point est-on bien-traitant lorsqu’on laisse une personne expérimenter par elle-même ?*

C’est un truc qui me gratte pas mal ces jours-ci.

* En considérant que l’on ait soi-même vécu une issue à cette expérience qui était plutôt douloureuse.


Pas tout à fait lié mais quand même un peu :

Pour Hannah Zeavin, la surveillance des enfants et la surveillance d’État sont moins distinctes qu’il n’y paraît. […] Du soin à la surveillance, il y a un continuum d’anxiété qui a des effets sur la société elle-même.

Du soin à la surveillance… (cache)

Incarnation (2021-06-05)

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47. Notre action sera d’autant plus efficace qu’elle sera davantage l’expression normale de nous-mêmes. Nous ne porterons pas d’insigne : lorsque l’insigne devient le signe d’un engagement, c’est que nous ne faisons aucun geste : il faut que nous incarnions la doctrine, que nous soyons à proprement parler ces valeurs mêmes que nous élevons.

Directives pour un manifeste personnaliste, Bernard Charbonneau et Jacques Ellul, 1935

Coïncidence étrange que de parler de cela le matin et de lire cet extrait le soir. Je faisais la distinction avec Raphaël entre promouvoir les principes coopératifs et celle de les incarner. On peut aspirer à quelque chose sans pour autant aller jusqu’à s’impliquer et ça fait une différence non négligeable. On peut aussi avoir la volonté de les incarner tout en étant maladroit·e, jusqu’à un point où ça peut devenir contre-productif. On peut difficilement être (et) neutre.

Ah… les relations humaines 🤷.

Percolation (2021-06-02)

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Par exemple, j’ai compris qu’il valait mieux, pour être en accord avec le réel, parler de percolation plutôt que de transmission des connaissances.

Fin d’un premier cycle agile pédagogique (cache)

Je suis très reconnaissant à Christian den Hartigh de partager son cheminement, aussi chaotique et confus qu’il l’estime je viens y piocher des idées régulièrement. Dans mes réflexions actuelles sur ce qui fait un regroupement, je retrouve cette notion de percolation. Des touches ici et là qui viennent s’infiltrer et qui forment des résurgences par ailleurs. Parfois sans en chercher ni comprendre le sens. On ne cultive pas un jardin, on laisse infuser une culture.

Du moins c’est l’histoire que j’essaye de me raconter.

D’où, dans nos sociétés, l’importance de l’autobiographie, ou du blog pour les jeunes générations, la nécessité de se dire pour savoir qui l’on est. Certes, le récit de vie n’est jamais la transparence des événements traversés, mais toujours une interprétation, une lecture et une relecture au fil du temps. Il n’est en aucun cas une vérité, seulement la dernière version qu’un individu tire de lui-même. Pour exister la croyance s’impose de posséder une conscience, un Moi, une identité, même s’il est impossible d’en définir les contours avec précision, même s’il est toujours malaisé de répondre à la question du “qui suis-je ?” dans l’éparpillement de que nous sommes au fil des jours, des circonstances et des publics. Le sentiment d’identité se transforme en récit provisoire tenu sur soi, identité narrative de P. Ricœur ou biographie réflexive d’U. Beck. Le récit de soi est une tentative, toujours après coup, de reconstruire une unité de son existence, non dans une objectivité impensable, mais dans une recherche de sens et de cohérence qui n’exclut pas la réinterprétation, même sincère, des événements. À tout moment l’individu se relie à son histoire, il ne cesse intérieurement de se raconter en retrouvant les fils de son parcours dans les événements récents et, dans les situations présentes, il engrange d’autres souvenirs qui l’amènent à la fois à demeurer le même tout en ne cessant de se redéfinir au fil des années. L’identité que se construit et se reconstruit l’individu à travers sa narration est sans doute une fiction, mais elle est le seul moyen de s’approcher de soi à travers un processus sans fin qui ne cesse de se moduler.

Disparaître de soi, David Le Breton

Curriculum chain (2021-05-28)

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Vieillir est parfois un lent travail de deuil et de pertes amenant à désinvestir les relations et les actions autrefois appréciées. La personne vieillissante consent peu à peu à ne plus posséder qu’un contrôle restreint de son existence. Certes, elle réinvestit d’autres relations, mais nombre de celles qui lui étaient chères disparaîssent. V. Jankélévitch parle en ce sens de “l’âge où il y a tout à regretter et rien à espérer”. Certaines personnes vivent plus douloureusement que d’autres le fait de se sentir éloignées de ce qu’elles ont été et de voir disparaître une à une les traces de leur passé. L’ancienne personnalité parfois se dissout quand l’armure de la réussite sociale ou professionnelle s’efface. Il faut alors consentir à ne plus être l’homme ou la femme que l’on a été si longtemps.
D’une atteinte narcissique à une autre l’existence finit par peser.

Disparaître de soi, David Le Breton

J’évoquais hier la similitude entre un CV et une blockchain. Dans les deux cas, on a eu une preuve de travail a un moment donné, qui a consommé de l’énergie et sans laquelle on n’aurait pas pu avoir une preuve de travail suivante identique. Je suis l’entité principale de certification de cette chaîne d’expériences mais d’autres personnes peuvent partager la véracité de cette information. D’ailleurs, la personne lisant un CV se préoccupe bien souvent de l’intégrité du parcours…

Dans le cadre de notre réponse commune, je rédigeais aujourd’hui pour la n-ième fois ce parcours et en fait — même si chaque bloc dépend toujours plus ou moins du précédent — il n’y a pas vraiment la même histoire qui est racontée à chaque itération. Et surtout à chaque interlocuteur·ice. J’adapte mon récit en fonction de ce qui est attendu, de mes aspirations actuelles et de ma souvenance qui ré-interprète des actions passées.

L’évolution d’un même CV m’en dirait certainement plus sur une personne que sa photographie à un instant t. Les maillons de nos chaînes ne renvoient pas toujours la même lumière en fonction de l’angle avec lequel on les éclaire.

Résilience (2021-05-10)

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La résilience est un concept adulé dans nos sociétés, notamment pour administrer les désastres, c’est-à-dire non seulement pour les gérer mais aussi pour les transformer en remèdes aux dégâts qu’ils génèrent. On peut comprendre cet engouement étant donné que nous sommes de plus en plus confrontés à des catastrophes impossibles à maîtriser. La résilience apparaît comme une formule magique car elle prétend clore cette impossibilité, et en faire une source d’inspiration et de rebond vers un soi-disant « monde d’après ». En fait, plus on connaît les causes des désastres, plus les réponses que l’on fournit sont concentrées sur leurs conséquences, et sur la meilleure façon dont on peut en tirer parti, rendant ainsi les causes de plus en plus désastreuses. C’est un principe de base de la résilience que l’on pourrait définir comme « l’art de s’adapter au pire ».

Dans le cas d’une catastrophe nucléaire comme celle de Fukushima, mais c’est aussi vrai ailleurs, la résilience est promue au rang de technique thérapeutique pour faire face au désastre. On va individualiser le problème et amener les gens à faire fi de leur impuissance face aux dégâts pour, au contraire, leur donner l’impression d’être puissants et agissants. Chacun est exhorté à « rebondir », à « vivre avec ». Les victimes sont amenées à cogérer le désastre, en participant à la « décontamination » ou en surveillant la radioactivité ambiante. L’objectif des apôtres de la résilience (autorités étatiques, associations locales, experts internationaux), c’est d’amener chacun à cesser de s’inquiéter « inutilement » d’avoir fatalement à vivre avec la contamination. Personne n’ose dire que l’on va « vivre comme avant » mais on parle de « situation post-normale », qui est en fait une situation de survie. Les gens doivent apprendre à se contenter d’un bonheur palliatif, où règne le « trop peu », considéré comme éternel et indiscutable : « trop peu » de santé, « trop peu » de liberté, « trop peu » de peur, « trop peu » de refus, « trop peu » de vie.

Pour les habitants autour de Fukushima, « il y a une injonction à être des contaminés satisfaits » (cache)

Cette interview de Thierry Ribault m’a donné une autre façon d’interpréter la résilience. Son côté obscur que je n’avais jusqu’alors fait qu’effleurer, il ne suffit parfois que de quelques phrases pour envisager un terme sous son angle inverse. Un pharmakon aurait dit Bernard Stiegler.

Dans un contexte de pandémie, cet échange prend un nouveau sens. Ce n’est plus une catastrophe nucléaire à l’autre bout du globe, c’est une injonction locale pour chacun·e d’entre nous. Maintenant. La résilience comme un pansement sur la syndémie que l’on essaye de se cacher.

Mais la résilience est plus que cela. C’est une technologie du consentement qui précède historiquement le néolibéralisme. Elle s’est développée en même temps que la société industrielle car il s’agit de trouver de bonnes raisons à la traversée de la catastrophe.

[…]

L’alternative est de considérer réellement le malheur, de le nommer et non pas de lui donner un sens pour mieux l’évacuer, et de faire advenir à la conscience la dureté de ce que l’on vit, conscience indispensable pour aller ensuite vers des formes de vie sociale radicalement différentes, plutôt que se résigner aux rapports sociaux et à leurs nuisibles sous-produits tels qu’ils sont. On ne traverse pas les épreuves, on est traversés par elles.

Ibid.

Pop culture (2021-05-03)

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In other words: web dev is a pop culture with no regard for history, dooming each successive generation to repeat the blunders of the old, in a cycle of garbage software, wrapped in ever-escalating useless animations, transitions, and framework rewrites.

136 facts every web dev should know before they burn out and turn to landscape painting or nude modelling (cache)

Il s’agit de l’idée que j’ai retenue parmi les 136 énoncées mais il y en aurait d’autres sur lesquelles rebondir. Je crois que j’aime ces listes, ça me fait penser aux 68 (cache) + 99 (cache) de Kevin Kelly.

Peut-être qu’un jour je partagerai ma propre liste. Elle parlerait forcément de chocolat.

Advice like these are not laws. They are like hats. If one doesn’t fit, try another.

Cheminement (2021-04-27)

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Quand nous concevons des systèmes informatiques exposant un objet numérique, comme ce carnet Web. Nous représentons une interprétation. Mais ce qui est important n’est pas vraiment ce que j’écris maintenant. Mon interprétation, ma catégorisation n’ont pas tant le besoin d’une expression. Non, ce qui est époustouflant, c’est le chemin des mots. Quelqu’un prend un morceau de texte, une idée, et créé une autre interprétation. Autant de chemins que de lecteurs. Autant d’aventures et de passion que de personnes qui écrivent en ayant rencontré ce chemin. L’impermanence est le bouillon des envies des autres de bifurquer le chemin.

regarder la pluie tomber sur les surfeurs (cache)

Je prends le temps de biforker à mon tour ce chemin de traverse.

C’est marrant car on discutait il y a quelques jours avec Stéphane au sujet de la façon de se définir (cache) et ça m’a rappelé un de mes vieux articles qui était probablement lui-même un rebond. Le plus intrigant étant de devenir parfois son propre rebond. Encore plus méta, se rendre compte que l’on a déjà écrit à ce (méta-)sujet. Un tour de spirale de plus.

Conversions (2021-04-19)

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Lorsque je capte les vidéos lors d’une sortie en forêt, je sélectionne le format MOV en C4K/10bit/150M/24p ce qui signifie une résolution de 4096x2160 pixels à 23,98 images par seconde (150 Mpbs de bit rate) en 4:2:2/10 bit avec compression Long GOP. Beaucoup de jargon pour dire que j’essaye de capter l’une des meilleures qualités proposées par le capteur. Je pourrais aller encore plus haut mais ça me consommerait 400 Mo par seconde sur la carte et pour une carte de 128 Go je passe de 1 h 48 min de captation disponible à seulement 41 min en choisissant ce format.

Lors de ma ballade, je suis revenu avec 1 h 45 min de prises de vue pour un total de 124 Go. Or, je suis obligé de les convertir en un format moins compressé pour pouvoir procéder au montage avec DaVinci Resolve, j’utilise la commande suivante pour les convertir en ProRes :

for f in *.MOV; do ffmpeg -i "$f" -c:v prores -profile:v 3 -c:a pcm_s16le "../prores/${f%.*}.mov"; done

Cela signifie que je prends tous les fichiers avec l’extension .MOV dans le répertoire en cours et que je les convertis dans un dossier prores un cran plus haut en gardant le nom du fichier. Cette opération m’a pris 3 h 30 min avec 4 cœurs i7 à 2,3 GHz : le résultat de la conversion fait l’astronomique 903 Go !

Autant dire que j’ai dû faire ça sur un disque externe, ce qui me contraint une fois dans DaVinci Resolve à utiliser des média sous forme de proxy (cache local) qui sont en moindre qualité mais qui font en sorte que l’ordinateur ne souffle (ni souffre) pas trop pendant le montage. Ça aussi, ça prend un temps/CPU non négligeable…

Tout ça pour dire qu’avant même d’agencer deux morceaux de vidéos j’ai déjà consommé une énergie assez considérable. Le plus frustrant étant que Vimeo me fasse parfois une bouillie de pixels, quand ça n’est pas juste à l’export car je ne maîtrise pas encore très bien ce qu’il se passe dans cette boîte noire.

Bon, au moins j’apprends des trucs 🤷.

Alcool (2021-04-12)

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The winners in this equilibrium are people who, for one reason or another, can manage this situation well. They aren’t genetically predisposed to alcohol addiction; they are socially confident so don’t feel the need for Dutch courage or the need to show off by drinking too much; or, perhaps, they are successful or content in the different spheres of their life, so they don’t have pain that they want to numb. Some successful people are vulnerable too in a different way, being wined and dined if you’re an executive, or trying to climb a corporate ladder by getting drinks with whoever after work.

It seems wrong that a privileged (!) class of people who can manage alcohol effectively in their lives do not try harder to make sure that the under-privileged, vulnerable members of society don’t end up addicted to this awful drug.

Against alcohol (cache)

Voilà un angle intéressant. Cette dernière année m’aura montré que je n’ai pas de dépendance à l’alcool et que je ne bois que dans des relations sociales extra-familiales. De ce constat il n’y a qu’un pas avant de s’arrêter définitivement. Quitte à devoir se passer d’interactions sociales, autant renoncer aux béquilles devenues inutiles.

Ma motivation initiale était plus égoïste (?) que celle de l’auteur de l’article : j’aime boire du vin — principalement français — et mine de rien ça fait traverser l’océan à de lourdes et volumineuses bouteilles.

Entre l’écriture et la publication, je tombe sur ce fil Twitter (cache) dur à lire, à la fois pour l’identification passée et l’éventuel futur. Peut-être qu’en montrant un autre exemple je soigne autre chose…

Antilivre (2021-04-06)

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L’antilivre n’a pas de forme, son impermanence dispose de toutes les formes, il se transforme sans cesse, et son information brute ne connaît aucune fixité, aucune frontière, elle fragmente son essence, distribue le commun, déploie sa liberté au-devant de nos singularités cybernétiques. Son identité fuit l’identique, sa norme la normalité, son extravagance n’image de mouvement qu’au travers de la nécessité de son partage.

Antilivre (cache)

Se définir en « anti » n’est-il pas déjà donner une légitimité à l’existant et une faiblesse à la création ?

Il y a (et il y a eu) de très nombreuses initiatives pour tenter de rendre numérique un livre — ou plutôt sa lecture. Or ce besoin de transposition est un non-sujet : le Web est autre chose, incomparable si ce n’est par l’attention — et donc le temps — que l’on peut lui accorder. Il n’y a guère que les maisons d’édition qui tentent de conserver cette dichotomie, le plus souvent pour des enjeux financiers. Libérons les textes. Et les têtes. Pour penser de nouvelles formes.


À l’échelle mondiale, est-ce que davantage de personnes allouent du temps à lire des livres ou des pages web dans une journée ? Dans quelle proportion ?

Formes (2021-03-31)

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Or rather, as a knowledge base or wiki develops, it should - just like a real city - encourage its users to gravitate towards these different fundamental elements. A page that starts to function a little bit like a road should transform into a slick navigation element, available on all its linked pages. A page which is functioning like a landmark should start being visible from two hops away.

It would be interesting to investigate exactly what the minimal level of physical appearance is required to trigger the automatic behaviour of loading/resetting human memory and associations.

Like, following a hyperlink might not activate the neurological automation.

Clues for software design in how we sketch maps of cities (cache)

Donner une forme aux agencement du Web, matérialiser les relations, prendre conscience des changements d’espaces. Combien d’années, décennies, siècles, seront nécessaires pour que notre cerveau s’adapte à ces nouvelles représentations ?

Si ce site avait une forme, quelle serait-elle ? Et quelle fonction aurait-il dans un village ? Suis-je en train de crier dans une ruelle que je rêverais d’être un pont ? #ContrePèterie

Évaluation (2021-03-29)

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Alas, many developers don’t build with this mindset. I mean, I understand why: it means thinking about users with the most boring, least powerful technology. It’s simpler and more exciting to assume that everyone’s got a shared baseline of newer technology. But by doing that, you’re missing out on one of the web’s superpowers: that something served up at the same URL with the same underlying code can simultaneously serve people with older technology and also provide a whizz-bang experience to people with the latest and greatest technology.

The principle of most availability (cache)

Pensée du jour suite à un retour interne (merci !) relatif à mon non-recrutement. Comme un besoin de déconstruire le refus pour pouvoir me reconstruire…

Lorsqu’on est évalué pour un nouveau poste, on essaye de connaître la situation technique la plus complexe à laquelle on a été confrontée. Et cela a tendance à me rappeler d’une certaine manière le Principe d’Aurélien. Ce qui me semblerait intéressant serait d’évaluer les choix qui ont été réalisés pour ne pas arriver à ce niveau de complexité.

Comment est-ce que vous avez réussi à garder une équipe à taille humaine ? Quelles mesures avez-vous mis en place pour conserver un ensemble technologique cohérent, compréhensible et maintenable ? Quelles sont les plus faibles compétences requises pour modifier les données sur ce produit ? Qu’est-ce qui a été automatisé et délégué, pourquoi ? Seriez-vous à l’aise pour transmettre cette application, à qui ? Qu’est-ce qui vous empêche de dormir la nuit à son sujet ?

Il est certain qu’en créant une usine à gaz on acquiert tout un lot de compétences. Mais ce ne sont pas celles qui m’attirent (et je ne parle même pas d’humain). Il est des moments où relire ses archives fait du bien.

Je vous développe une application complexe parce que je n’ai pas l’expérience pour en écrire une moins sophistiquée.

Blaise Pascal fait du développement web, Les dépendenciales (2021)

Stimulant (2021-03-26)

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J’ai évité d’écrire un livre qui mastique toutes les pensées possibles en rapporte avec les questions soulevées dans les pages suivantes. Je ne voudrais pas livrer ces pensées comme une bouillie prédigérée à un lecteur passif. La tension dialectique que j’apprécie le plus se situe entre le lecteur d’un livre et l’écrivain : les indices, les suggestions, les pensées inachevées et les stimuli qui encouragent le lecteur à penser par lui-même ou elle-même. En ces temps qui connaissent de telles fluctuations, il serait arrogant de présenter des analyses et des recettes finies ; je considère plutôt qu’il est de la responsabilité d’un travail sérieux de stimuler la pensée dialectique et écologique. Pour une œuvre si « simple », si « claire » et si peu partagée — en un mot, si élitiste — qu’elle ne nécessite aucune modification, le lecteur devra regarder ailleurs. Ce livre n’est pas un programme idéologique ; c’est un stimulant de la pensée — un ensemble cohérent de concepts que le lecteur ou la lectrice devra achever dans l’intimité de son propre esprit.

L’écologie sociale, penser la liberté au-delà de l’humain, Murray Bookchin

Un bon résumé de ce que j’aimerais que cet espace de pensées soit, devienne, vive, inspire, respire.

Sponsor (2021-03-25)

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When members of overrepresented groups begin to see the systems of bias and privilege, their first instinct typically is to mentor those who haven’t benefited from the same privilege. This is understandable—they want to help them grow, get promoted, or become better engineers, to help balance out the inequity that pervades our industry.

But at its core, this instinct to mentor plays into the idea that minoritized people aren’t already skilled enough, smart enough, or ready for more responsibility or leadership.

What members of underrepresented groups in tech often need most is opportunity and visibility, not advice.

What does sponsorship look like? (cache)

Un article qui me fait progresser dans mon cheminement autour du mentorat et sur ce qu’il serait pertinent de rendre disponible. Merci aux personnes qui prennent le temps de documenter leurs connaissances et leurs raisonnements sur ces sujets. Ma route est encore longue…

It’s upsetting to realize that there are people who aren’t in that rank who are more qualified than you, but who haven’t benefited from the same privilege you did. I find that people who believed that they were promoted because the system is meritocratic react the hardest when they start to see the systems of privilege and unconscious bias are real (and that meritocracy is a myth).

Ibid.

Recrutement (2021-03-23)

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À chaque étape la ques­tion est essen­tiel­le­ment « Est-ce qu’on veut travailler ensemble  ? pourquoi  ? qu’est-ce qui pour­rait coin­cer  ? ». À l’en­tre­tien tech­nique on peut éven­tuel­le­ment ajou­ter « Où posi­tion­ner le candi­dat par rapport aux sala­riés actuels au niveau compé­tences et rému­né­ra­tion  ? ». Le reste c’est de la litté­ra­ture.

Longueur du processus de recrutement (cache)

Ma ligne de temps pour une candidature au CDS-SNC :

Ce qui n’est pas explicite avec ces dates, c’est le stress diffus avec de gros gros pics sur une période de plusieurs mois. C’est l’incapacité à travailler lorsque j’ai un entretien dans la journée. Ce sont les doutes entre chaque session avant d’attendre un retour qui arrive plusieurs jours après. Ce sont les questionnements au moment de la préparation, les remises en question de mes capacités.

Je comprends l’intérêt de tester la motivation dans la durée mais je me demande aussi si un tel processus ne ferme pas la porte à des personnes moins privilégiées, moins en confiance, dans une situation moins stable.

Au cours de ce processus, la série de billets de Jacob m’a été d’une grande aide. Le guide de 18F m’a beaucoup rassuré aussi pour avoir une idée du potentiel enchainement au complet. Et bien sûr, le Technical Playbook (version française) du CDS-SNC lui-même.

Sur une note positive, j’aurais beaucoup appris au cours de ce parcours, surtout sur moi. La relation au stress, à la confiance en moi mais aussi des réflexions sur le plus long terme. Ce que je suis prêt à changer dans ma vie, la dose de liberté que je peux/veux réduire, les libérations et les contraintes que cela m’apporterait. Au fil du temps, j’ai pu affiner mes questions/attentes aussi, afin de mieux connaître la structure et les façons de fonctionner. Je suis reconnaissant des personnes qui ont pris le temps de s’intéresser à ma candidature et qui ont été vraiment bienveillantes durant ce parcours.

En bonus, je crois que ça me permet de travailler mon acceptation de l’échec… et du contentement. J’espère néanmoins que ce sera le premier et le dernier parcours de recrutement de ce type que j’aurais à faire dans ma vie. Sans aigreur, ce n’est pas un processus qui me semble être adapté à ma façon de rejoindre une structure/équipe. Je crois que j’ai besoin de faire et d’être avec les personnes car l’hypothétique résiste rarement à l’épreuve du réel. Mais peut-être que cette démarche prend trop de temps ?

How many hours does it take to hire someone, from approval of the open position to their first day? It takes about 100 person-hours, and that’s about a best-case scenario.

How Long Does It Take to Hire Someone? (cache)

Support (2021-03-19)

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Yes, not only that, also just experience with selling very low priced products and how that’s incompatible with the kind of companies that we run and the kind of service we want to offer. So we have a relatively large support department who spend a lot of time being very diligent and careful with all the customers they interact with. And the math on that is that like someone writes us an email and it costs about five bucks, you take all the costs involved with running support department. It costs about five dollars to answer an email.

If you lower your price to the point where one email essentially put you under water on a on a customer relationship, you end up in a place where you don’t want to talk to your customers.

Small Is Beautiful livestream #7 (cache)

Il y a beaucoup de choses intéressantes dans cette discussion, je remercie Laura et Aral d’avoir pris le temps de faire un transcript de l’échange qui me permet non seulement de le lire à mon rythme mais en plus de l’archiver (bon et bien sûr de le rendre accessible aux personnes en ayant davantage besoin).

J’apprécie particulièrement cette partie relative au support, qui lui donne un coût permettant d’arbitrer une intention. Lorsque l’on crée une chose, on y place un espoir dont on essaye de s’approcher. La difficulté est de continuer à partager cet espoir et/ou de le faire évoluer sans renier totalement les conditions de son accession.

Cette difficulté est un travail quotidien.

We were about 45 people, I think, at the time. We had four major products that were all sort of succeeding and growing. And we looked at that and said, you know what? We can’t continue with four major products at the same time, if we’re staying at 45 people, we have to probably go to 150 because there’s these tipping points where once you install this layer of management, you need a bunch more people and so on. So if we’re going to run this whole thing, I can see a straight path to us being 150, maybe 300 people. And I looked at that and said, you know what, I don’t want to work there. I don’t want to work at a Basecamp of 300 people.

Ibid.

Arrivant·es (2021-03-17)

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Here’s the problem: how do you make a space that feels right for beginners when you have thousands of experts in the group who also want to join in?

[…]

Experts are very good at occupying these spaces. They are comfortable speaking, and eager to share their knowledge. How do we ensure that they don’t monopolize the discussion?

Beginners can be shy, and reluctant to speak. They may feel like they don’t know enough to even ask a question. They don’t want to appear dumb. They hear the experts around them, and feel even more certain that this is not for them.

The experts could have the best intentions: they want to help the beginners. They are interested in the subject, and have useful bits of information to contribute.

Beginners in a sea of experts (cache)

Trois nouvelles personnes sont arrivées au sein de Scopyleft ces derniers mois. J’apprécie le fait que l’on transmette les précédentes pratiques en précisant régulièrement que celles-ci peuvent être transformées par ce nouvel état. L’expérience permet bien souvent d’aller plus vite, mais potentiellement dans une direction qui n’est plus la bonne. Je trouve sain que la croissance ne soit pas synonyme d’accélération mais de transformation, ce n’est pas à l’arrivant·e de s’adapter mais à toutes les personnes du groupe d’accepter un nouvel équilibre.

J’aime me rappeler de cette métaphore technique :

Teams are immutable. Every time someone leaves, or joins, you have a new team, not a changed team.

Richard Dalton sur Twitter

Héros (2021-03-11)

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What can you do to help? Number one, for all time, pay attention to the people in the room who may feel vulnerable and step in if they are being faced with any questionable behaviour. Passive-aggressive comments can often escalate into worse situations, don’t let it get there. Make sure people know when their behaviour is unacceptable, and take care of the person who had to deal with it, especially when they might be more vulnerable alone later on.

Ask someone if they need company getting to where they need to go, and help them find a safe route, or someone who is suitable to help them, well ahead of the time they need to leave. Realise that offering to take someone back to their accommodation can be perceived as a potential threat, so prioritise finding a person who will make them feel safe over being the hero yourself.

Safety at conferences (cache)

Le véritable héros est celui qui sait laisser sa place.

Montage (2021-02-23)

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Deuxième soirée à essayer d’assembler des morceaux de vidéos tous plus instables et flous les uns que les autres. J’aurais beaucoup appris pendant cette sortie. Je voulais voir ce que ça donnait du format V-LogL en qualité 10 bits (4:2:2 disent les pros), et bien c’est puissant en post-production lorsqu’on maîtrise ses outils mais lorsqu’on n’arrive pas à avoir le bon contenu dans le cadre ça ne sert pas à grand chose… Une telle qualité d’image pour un si piètre résultat c’est assez rageant.

Les pistes d’améliorations :

  1. Plus jamais jamais jamais d’auto-focus.
  2. Apprendre à me servir du matériel existant avant de me retrouver dans des conditions qui ne me permettent pas de prendre le temps.
  3. Investir dans un écran externe car sur l’écran d’un DSLR on n’y voit rien, surtout s’il faut faire du focus manuel, si possible avec une capacité d’enregistrement afin de faire d’une pierre deux coups.
  4. Envisager un rail et/ou une tête de trépied permettant de faire des travelling/panoramas décents, j’aurais pu tenter des choses avec le traineau mais je manquais de temps…
  5. Trouver un moyen de limiter l’enregistrement lors du retour pour aller chercher la caméra, mine de rien ça me prend la moitié de l’espace de stockage pour rien !
  6. Abandonner tout ce qui est pris à main levée, surtout lorsqu’il faut faire des grands pas dans la neige, je n’ai pas envie de me trimbaler avec une gimbal (et encore moins un drone).
  7. Prendre le temps de maîtriser le logiciel avant d’enregistrer en qualité extrême, de toute façon ça ne m’apporte que des frustrations en post-production.
  8. Ne plus développer la couleur le soir alors que j’ai f.lux d’activé, j’ai lutté contre les LUTs de manière assez risible…
  9. Rester léger — dans tous les sens du terme — malgré tout (oui ça vient contredire tout ce qui précède).

Note : la partie montage me donne toujours mal à la tête (littéralement), je n’arrive pas à savoir si c’est le niveau de concentration requis ou le focus à répétition sur les couleurs/l’exposition. Il faut que je tente un montage itératif par petites séquences.

Éponge (2021-02-16)

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Papa, tu as toute la vie pour apprendre !

C’est toujours surprenant de retrouver ses propres mots.

J’aime ce moment de l’apprentissage où des pans entiers de technique et de savoir-faire s’ouvrent à moi. Je ne cesse de découvrir de nouvelles choses à faire autour de la vidéo, il y a une complexité délirante au cours de toute la chaîne de capture mais aussi de montage. L’avantage du domaine, c’est qu’il existe beaucoup de… vidéos pour apprendre à faire des vidéos !

C’est une absorption à double-tranchant, trop importante et j’explose, trop faible et je ressens un manque.

Lecture inspirante du jour :

In the spirit of “this might be useful to someone else” but also, more so, with the goal of putting some low level peer-pressure on myself, I thought I’d share how I’m trying to structure 2021. Because I like alliterations and repeating things, but also simply because of our calendar, I call it the Four fours. Or 4x4x4x4.

  • Four solid hours of knowledge work a day.
  • Four work days a week.
  • Four things delivered each week.
  • Four projects a year.

Four fours (cache)

Nucléaire (2021-02-11)

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Le principal problème de ces centrales n’est pas forcément le risque d’accident (le nucléaire tue ou a tué beaucoup moins de monde que toutes les autres énergies prises individuellement et à production d’énergie égale), mais plutôt le fait que cela nous laisse avec des produits de fission sur les bras : les fameux « déchets nucléaires ».

Ces déchets sont des matériaux souvent instables et radioactifs (donc dangereux), mais inexploitable à ce jour. Du coup, on doit les stocker sur le très long terme (100 000 ans).

Ceci n’est pas, au passage, sans rappeler le CO2 issu de la production d’énergie par le charbon ou le gaz, qui lui aussi est un déchet stocké [dans l’atmosphère] pour des millions d’années où il est responsable d’une pollution sans précédent et provoquant le réchauffement climatique et ses conséquences mortelles.

Comment fonctionne une centrale nucléaire ? (cache)

Je ne l’avais jamais envisagé ainsi. J’aime être un peu bousculé dans mes croyances juste par une changement de perspective. Deux neurones se connectent pour créer un nouveau chemin de pensées.

Routine (2021-01-29)

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Il me semble qu’il n’y a pas nécessairement de connotation négative derrière cette notion de routine. Je me demande si les routines ne seraient pas même un moyen pour « apprendre sans en avoir l’air » ?

Il me semble également que les routines permettent d’obtenir une quiétude. Se questionner (une fois), décider, puis faire de manière routinière, sans se poser à nouveau la même question sans cesse.

Routine (cache)

J’accorde beaucoup d’importance à la routine, elle imprime un rythme qui permet à la fois de s’évader et de se concentrer sur des choses plus essentielles. Il y a un côté apaisant dans cet enchainement prévisible, une suite d’actions et de réactions connues. Un fragment d’ordre au milieu du chaos.

La principale difficulté d’une routine est de savoir quand/si s’en défaire. Si tant est que l’on ait ce choix. Si tenté que l’on prenne ce choix.

Choix (2021-01-27)

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L’intuition veut qu’il soit plus facile de refuser quand on ne manque de rien : dire non serait un privilège réservé à ceux qui peuvent se le permettre. Ce n’est pas si juste : celles et ceux qui déclinent une promotion ne sont pas tous riches au sens matériel du terme. Et c’est souvent dans la société des nantis que l’on retrouve le plus de mécanismes de reproduction et d’assentiment à l’ordre social. Les longues filiations de notaires ou d’agents de change souffrent peu de déviations. En réalité, pour ce qui concerne la liberté de décision, le fait de se sentir autorisé à faire des choix singuliers, l’argent n’est pas si discriminant. […] Le refus de parvenir permet de dépasser le statut de payeur-consommateur auquel est réduit l’individu et qui détermine son statut social à l’aune de ses possessions.

Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux

J’ai l’intuition qu’il me faille bientôt faire des choix assez significatifs dans ma vie. C’est une période bien particulière et j’apprécie que — de manière non préméditée — cette publication décalée me donne la liberté d’écrire tout en sachant qu’il me reste du temps pour y réfléchir et en parler avant de rendre ces réflexions publiques.

J’ai la chance et le malheur de pouvoir faire des choix. Considération de riche, encore une fois…

Mais aucune société avant la nôtre n’a été vouée au travail.

Et c’est en même temps la nôtre qui est vraiment créatrice de pénurie. Ceci peut paraître un paradoxe car nous sommes habitués à l’idée inverse, à savoir que dans le passé l’homme manquait de tout, et que c’est depuis notre développement technique que paraît l’abondance, alors qu’il faut exactement envisager les choses autrement.

La Science économique, c’est la gestion de la rareté, de la pénurie. Nous sommes la société qui est, depuis les origines, la plus créatrice de Manque. Bien sûr nous avons produit massivement des biens industriels, mais en même temps une pénurie de biens naturels, allant maintenant jusqu’à celle de l’air, de l’eau, et des principales matières premières. Il s’agit d’évaluer ce rapport : plus nous travaillons, plus nous épuisons les richesses spontanées de la nature, plus nous voulons aussi consommer des biens toujours davantage complexes et glorifiants. Et plus ceci exige alors de nouvelles forces de travail engagées dans de nouveaux processus de production.

Pour qui, pour quoi travaillons-nous ?, Jacques Ellul

Valeurs (2021-01-25)

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S’il n’existe plus de géographie du refuge hors l’exil, et que l’on veut continuer à vivre en société, parce que chacun n’a pas la possibilité de s’échapper en mer ou vers les sommets, alors il faut trouver ailleurs, en soi, la manière de s’extraire de la Machine et de faire corps avec le monde vivant contre le Monstre.

Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux

Aujourd’hui, on s’est demandé ce qu’était une valeur avec scopyleft (et quelles seraient les nôtres aujourd’hui). Est-ce un cap ? Une aspiration ? Une intention ? Un travail quotidien ? Une chose que l’on a en nous ? Une utopie ? Un peu de tout ça ?!

Est-ce qu’on doit l’afficher ? Est-ce que ça doit nous guider ? Nous contraindre ? Est-ce que c’est évolutif ? Adaptable ? Partageable ? Est-ce bien nécessaire ?!

L’une des branches de cet arbre de possibles m’a fait comprendre qu’il est important d’avoir ces discussions, non pas pour une éventuelle conclusion mais pour les échanges lors de ce cheminement à plusieurs.

Quelle est la valeur qui motive à parler de valeurs à intervalles réguliers ? #SoMeta

C’est en façonnant par son travail le monde des objets que l’homme se révèle réellement comme un être générique. Sa production, c’est sa vie générique créatrice. Par elle, la nature apparaît comme son œuvre et sa réalité. C’est pourquoi l’objet du travail est l’objectivisation de la vie générique de l’homme car il ne s’y dédouble pas idéalement dans la conscience, mais réellement, comme créateur. Il se contemple ainsi lui-même dans un monde qu’il a lui-même créé par son travail.

Ébauche d’une critique de l’Économie politique, Karl Marx dans « Manuscrits de 1844 »

Questionnements (2021-01-21)

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Parfois, l’individu ne trouve jamais sa place dans le monde, il se sent différent et peu concerné par les mouvements autour de lui. Immergé dans l’exil intérieur, retranché de la sociabilité même s’il accepte d’y participer sous une forme minimale, il est séparé de l’univers des autres et existe dans son propre monde. Le poids de l’individualisation, la nécessité de toujours fournir l’effort d’être soi et de produire les apparences d’une présence au sein de la sociabilité sont toujours menacés par la dépression mais également par une forme plus discrète, celle de l’impersonnalisation qui consiste à ne plus se prêter à la comédie de la disponibilité aux autres en occupant un angle mort au sein de la sociabilité. L’individu est détaché, indifférent, mais il est toujours là sans se sentir tenu de participer. Face aux mouvements du monde qu’il n’arrive plus à suivre, il revendique un droit à l’abstention, au silence, à l’effacement, au retrait.

Disparaître de soi, David Le Breton

Je me rappelle à la même période il y a un an, je faisais déjà le hamster en ski de fond sur l’île d’à côté. Je tournais en me posant des questions sur mon implication dans la visibilité/popularité de l’État français et de son gouvernement actuel. À l’époque, il s’agissait de savoir s’il était vraiment pertinent de le rendre en capacité d’encaisser un DDoS d’amendements de la part de La France Insoumise (pour rappel, 42 000 amendements à traiter en une même séance pour le Projet de loi sur les retraites, 49.3, etc.).

Aujourd’hui, tout a changé et rien n’a changé. La situation est bien différente mais je me pose pourtant les mêmes questions de fond (sans skis, enfin si, bref). Dans quelle mesure est-ce que je cautionne une doctrine en essayant de la rendre intelligible par le plus grand nombre ? À qui profite vraiment la réactivité dont mon équipe peut faire preuve ?

De plus en plus tenté de passer du coq à l’arbre…

Holisme écologique (2021-01-08)

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Il devint clair pour moi que c’était l’unité de mes opinions — leur holisme écologique, pas seulement leurs composantes individuelles — qui leur donnait une force radicale. Qu’une société soit décentralisée, qu’elle utilise l’énergie solaire ou éolienne, qu’elle cultive biologiquement ou qu’elle réduise la pollution : aucune de ces mesures à elle seule ou même en association limitée ne fait une société écologique. Pas plus que des étapes fragmentaires, même bien intentionnées, ne résolvent même partiellement des problèmes qui ont atteint un caractère universel, global et catastrophique. Au contraire, des « solutions » partielles servent seulement de cosmétique pour dissimuler la nature profonde de la crise écologique. Elles détournent ainsi l’attention publique et la connaissance théorique d’une compréhension adéquate de la profondeur et de l’étendue des changements nécessaires.

L’écologie sociale, Murray Bookchin

Suite de mes aventures pour réduire ma consommation d’animaux tués pour mon plaisir. Pour essayer de former un tout cohérent dans mes comportements autour du vivant. Il me reste encore quelques points de friction tenaces :

  1. Réduire ma consommation d’œufs : difficile pour l’instant car c’est ma principale source d’acides aminés essentiels et j’ai la croyance que je n’ai pas trop à me soucier de prendre des compléments dans cette situation. À creuser, c’est probablement faux et j’ai peut-être d’autres carences comme la vitamine B12 même si je fais attention.
  2. Statuer sur la laine et la fourrure/cuir : il faudrait que je fasse un article complet sur les bienfaits de la laine lorsqu’on passe du temps en forêt et la fourrure est culturellement très ancrée par ici. Je m’auto-convaincs que l’utilisation des chutes issues de la chasse par les Premières Nations est un moindre mal mais ça ne va pas tenir bien longtemps.
  3. Et la pêche ?! Ce qui est rassurant c’est que je n’ai pas réussi à me nourrir de plus de 5 poissons depuis que je suis au Canada :D. Et je dois avouer que la mise à mort de ma dernière « prise » a été difficile à accepter. Suffisamment pour que le doute se fasse de plus en plus insistant. J’ai maintenant une autre source d’occupation.

Pourquoi en parler aujourd’hui ? Rien à voir avec une éventuelle résolution mais la conjonction de plusieurs lectures simultanées :

  1. Le fait que la Covid a probablement pour origine les élevages produisant de la fourrure (cache) ce qui m’a renvoyé vers ce document (cache, 6Mo) expliquant la situation en Chine. Au passage, on s’éloigne du récit du pauvre chinois qui est obligé d’aller chasser des animaux sauvages pour manger et qui transmet la maladie ainsi. Dans ce scénario, l’origine de cette maladie devient encore une fois… les riches.
  2. Le fait que l’on soit en train d’abattre des centaines de milliers de canards dans le Sud-Ouest français après les avoir torturés afin de lutter contre la « nouvelle » grippe aviaire (il y en aura d’autres, comme les covids). Quel massacre inutile.
  3. Mon dégoût de plus en plus prononcé pour la chasse et les pratiques odieuses (cache) des chasseurs. De ce besoin de domination de l’homme sur l’animal et en fait sur tout autre être vivant.

Merci aux personnes qui m’ont fait évoluer au fil des années sur le sujet sans que je sois suffisamment réactif de mon côté, notamment Emmanuel. C’est par petits coups de rame successifs que j’arrive à réajuster le cap. Et par petits exemples que je montre un autre cap possible aux suivant·e·s.

Rentré au lac, j’attrape mon premier poisson à cinq heure le soir. Un deuxième trois minutes plus tard et un troisième une heure et demie après. Trois ombles vif-argent, électrisés par la colère, luisent sur la glace. La peau est traversée d’impulsions électriques. Je les tue et regarde la plaine en murmurant ces mots de gratitude que les Sibériens adressaient autrefois à la bête qu’ils détruisaient ou au monde qu’ils contribuaient à vider. Dans la société moderne, la taxe carbone remplace ce « merci — pardon ».
Le bonheur d’avoir dans son assiette le poisson que l’on a pêché, dans sa tasse l’eau qu’on a tirée et dans son poêle le bois qu’on a fendu : l’ermite puise à la source. La chair, l’eau et le bois sont encore frémissants.

Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson