Apaisement


Ma conviction est également que ce n’est pas au plus fort de l’urgence, dans un contexte de pénurie et de violence, que l’on organise des réseaux d’entraide, qu’on conceptualise un horizon de société, qu’on trouve un sursaut de dignité et qu’on se fixe des principes politiques. La solidité de l’organisation collective et des réseaux de solidarité dépendra de la fiabilité des ressources appelées à remplacer l’industrie agroalimentaire et pétrolière, et celles-ci ne s’inventeront pas quand il s’agira de survivre. C’est aujourd’hui que l’après se construit.

Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux

On me demande souvent pourquoi est-ce que je suis au Canada (venant autant de français·es que de québécois·es). Et c’est une réponse difficile. J’ai du mal à décrire l’« ambiance » d’un lieu de vie. Pour les personnes le partageant, elle est difficile à rendre tangible tant elle semble naturelle. Pour les personnes distantes, c’est tout de suite l’exotisme et ses clichés. J’avais la même difficulté — si ce n’est plus — pour le Japon.

Je crois que la prochaine fois, je répondrai que ce lieu me procure une forme d’apaisement. Je ne sais pas comment justifier une telle émotion et j’ai bien conscience qu’il y a une attente de cet ordre lorsqu’on me pose cette question. Tant pis pour la curiosité.