Article initialement publié dans le volume 2 de FaitMain avec pour titre Le coût écologique de vos données sous licence CC BY-SA et rapatrié depuis sur cet espace.
Des photos de vacances non triées aux mails archivés ad vitam aeternam, des films collectionnés aux bibliothèques musicales dont la qualité est devenue obsolète, des livres téléchargés mais jamais ouverts aux projets inachevés, nous disposons tous de poussières numériques plus ou moins évidentes.
À l’heure où le stockage de données domestiques se compte en téra-octets, on pourrait trouver saugrenue l’idée de limiter son impact en terme de stockage numérique. Et pourtant. Songez un instant à cette masse de données accumulées, à ce grenier numérique qui encombre votre disque dur de ses données antédiluviennes, et ces sauvegardes sur d’autres supports, et ces sauvegardes distantes, et ces sauvegardes incrémentales. Autant de duplications et de transferts qui ont un coût écologique non négligeable.
Comment réduire son empreinte numérique ? La première option pourrait être de ne pas faire de sauvegarde du tout, ce qui règlerait le problème en faisant un reset du système à chaque itération de crash/réinstallation. Cette éventualité vous fait peut-être sourire pourtant la plupart des personnes (non-techniciennes) de mon entourage gèrent leur patrimoine numérique de cette manière. En tant que lecteur du magazine, vous êtes probablement dans un cas inverse et vous accordez une certaine importance à la pérennité de vos données, ce qui vous a amené à effectuer des sauvegardes suivant la méthode recommandée des 3 emplacements physiques distincts (ce qui soulève notamment un problème de confidentialité diluée mais ce n’est pas l’objet de cette tribune).
Pour venir à bout de cette poussière qui s’accumule, il faut se prêter à deux exercices : un ménage régulier et une hygiène de vie numérique. Le ménage initial est incroyablement chronophage en fonction de l’état de flemme dont vous avez fait preuve au cours des précédentes années (décennies ?!). La première étape pourra consister à localiser les fichiers qui sont les plus volumineux pour procéder à un premier tri, et ce, dans chacune des catégories possibles (films, livres, emails, etc.) tout en ajustant la qualité des données à votre perception : inutile de conserver des rafales de photos en raw de 30 Mo si vous avez un ordinateur portable de 13" non calibré… Une fois ce premier ménage effectué (je vous conseille le printemps approchant, c’est une excellente période pour ça) il va falloir suivre une certaine méthode de tri des données qui doit devenir à terme une routine. En procédant ainsi, vous allez pouvoir cultiver une base saine et propre à vos besoins.
Outre la satisfaction d’un travail bien fait et la préservation de votre santé mentale, je parlais en introduction du coût écologique de ces données. Il faut bien avoir conscience que, quelle que soit votre approche — traditionnelle et locale ou récente et distante (Cloud) — le stockage de données occasionne une consommation d’électricité non négligeable. Prenons l’exemple d’un film d’1Go que vous conservez sur votre disque dur : celui-ci va être répliqué sur votre sauvegarde locale (sur-consommation au moment du transfert et stockage physique, obsolescence itérative non pas programmée mais matérialisée du périphérique de stockage), puis répliqué sur votre sauvegarde distante (sur-consommation au niveau du routeur/modem durant toute la durée du transfert, des intermédiaires réseaux et du serveur qui est très certainement lui-même redondé — peut-être en plusieurs points du globe) et enfin éventuellement transféré physiquement dans un autre lieu. Que d’énergie dépensée pour un film que vous n’allez en définitive peut-être même pas visionner !
Un archivage raisonné de vos données est le garant d’une empreinte numérique respectueuse des ressources naturelles finies dont nous disposons.