Aujourd’hui, l’agoraphilie est très présente du côté des assemblées générales de sites occupés (Zones À Défendre), etc.. La démocratie directe est aussi le régime privilégié par l’écologie sociale du municipalisme libertaire, théorisé par Janet Biehl et Murray Bookchin. Cela dit, au sujet de la question de la taille, un autre anarcho-écologiste, John Clark, s’inquiète que l’assemblée générale citoyenne, centrale au municipalisme libertaire, soit de trop grande taille et qu’elle ait un effet d’homogénéisation qui effacerait la diversité propre à une communauté de la taille d’une municipalité. Sans nécessairement renoncer à l’assemblée citoyenne de la commune autonome, il propose donc qu’il y ait aussi des assemblées dans de plus petits ensembles, par exemple dans des lieux de travail, et aussi de conserver les groupes d’affinité où se retrouveraient des catégories d’individus partageant des désirs, besoins et intérêts spécifiques, par exemple des femmes, des personnes trans, des jeunes et des enfants, des musiciennes et musiciens, etc. Le système apparait alors — un peu — comme ce qui a été mis sur pied lors d’Occupy et de Nuit debout : une assemblée générale, mais aussi un ensemble de comités ou commissions regroupant les individus qui s’intéressent à tel ou tel sujet, qui s’organisent de manière autonome et qui participent aussi (ou non) à l’assemblée générale.
Bref, la question de la taille réapparait même dans des communautés de taille plutôt réduite, comme une simple municipalité ou une occupation d’une place dans un centre-ville. Car la question n’est pas seulement mathématique, à savoir le nombre d’individus ; il s’agit aussi d’une question de diversité, de pluralisme, un enjeu qui touche même des communautés comptant un nombre restreint d’individus.
Démocratie directe, violence et technologie : un entretien avec Francis Dupuis-Déri (cache)
Je m’intéresse aux tailles de communautés depuis un moment. Je distingue maintenant aussi le contexte du participant qui peut vouloir être dans un entre-soi bien-pensant confortable à certains moments et être confronté à un climat plus hostile à d’autres. Je ne considère pas qu’avoir des lieux de refuge pour se recharger en énergie et se serrer les coudes soit particulièrement malsain si cela est fait en conscience. Ce que j’ai malheureusement pu une nouvelle fois observer, c’est qu’un tel lieu est lié à sa taille. Passé un certain seuil, il semble qu’il y ait un déclic psychologique qui scinde/polarise la communauté. Peut-être est-ce une bonne chose, cette fragmentation étant à l’origine d’un nouvel essaimage…
Ce qui a changé avec l’âgeexpérience ? Je mets moins de temps à prendre la fuite.