Le salut n’est pas seulement dans une vision politico-historique, il est aussi dans l’exercice quotidien de la vie. Et justement, dans la vie, il faut savoir privilégier ces moments. C’est ce que j’appelle la différence des deux polarités de la vie : la polarité prosaïque et la polarité poétique. La prose, ce sont toutes ces choses qui nous emmerdent, que l’on fait par obligation, que l’on subit… alors que la poésie est ce qui nous dilate, nous donne la communion, exprime la communauté, la jouissance, le jeu… c’est ça la qualité poétique de la vie. En dehors de toute mission, de toute réalisation d’une autre société, nous ne devons jamais oublier cette dimension et c’est peut-être cela qui nous donne ce que vous appelez le courage, cet élan de vivre. Je vis au maximum que je peux la qualité poétique de la vie, et le fait de pouvoir convaincre autrui de vivre la qualité poétique de sa propre vie est déjà une chose positive, sans attendre qu’il y ait une nouvelle société, une nouvelle révolution, etc. De même que Gandhi disait : pratique d’abord sur toi la réforme que tu voudrais appliquer à la société, pratique déjà sur toi cet état poétique que tu voudrais voir régner dans le monde humain…
L’urgence et l’essentiel, Edgar Morin
Alors que mes timelines ne parlent que d’effondrement (c’est devenu tellement à la mode que je n’ose plus creuser en public de peur d’ajouter encore plus de bruit), il est bon d’avoir aussi des messages d’espoirs et de pensées positives.