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Descriptions

Le crépuscule était tombé lorsqu’ils partirent enfin : rampant par-dessus le bord ouest du vallon, ils passèrent comme des fantômes dans le pays accidenté en bordure de la route. La Lune n’était plus qu’à trois nuits de son plein, mais elle ne devait pas franchir les Montagnes avant minuit ou presque, et le début de leur voyage se fit dans la plus grande obscurité. […]

Enfin, quand la nuit se fit vieille et que la fatigue les eut déjà rattrapés […]

Dès la tombée de la nuit, la terre s’étant évanouie en un gris informe, ils se remirent en route. […]

Le jour était en train d’éclore, et ils virent que les Montagnes étaient à présent beaucoup plus distantes, fuyant vers l’est en une longue courbe qui se perdait à l’horizon. […]

La lumière croissante leur révéla une terre déjà moins aride et moins ravagée. Les Montagnes se dressaient encore de façon menaçante sur leur gauche, mais la route du Sud était visible tout près d’eux, et elle s’éloignait à présent des racines noires des collines, obliquant vers l’ouest. […]

Le Seigneur des Anneaux, J.R.R. Tolkien, traduction de Daniel Lauzon

Je ne sais pas si j’y suis plus sensible à cette relecture ou s’il s’agit d’améliorations avec la nouvelle traduction mais je remarque des tournures de phrases qui m’inspirent pour raconter des aventures en nature. Le sujet devenant l’environnement pour traduire les contraintes qu’il impose.

Puisqu’il faut s’éloigner du style de Sylvain Tesson [archive]

Jour 2

On se réveille dans la brume avec le soleil peinant à passer à travers, le lac et la neige ont regelé pendant la nuit. C’est une belle ambiance après une nuit agitée par la chaleur du sauna refuge. Les poêles tirent à fond dans ces endroits pour éviter que des personnes n’arrivent pas à faire démarrer un feu (j’imagine que ça peut être critique) mais ça les rend très inefficaces dans la durée et très chauds dès qu’on met deux buches dedans.

Lac corbeau à l’aube.
De bien jolies couleurs au réveil.

Cet épisode me confirme encore une fois que les enfants ont des corps de sportifs de très haut niveau. Je suis impatient de pouvoir le charger un peu plus car c’est frustrant de le voir gambader devant de bon matin alors que mes muscles sont à peine réveillés. J’aime bien lorsqu’on va explorer un peu plus loin et que l’on se projette sur ce que l’on pourrait faire l’année suivante.

Un enfant qui court dans la neige vers un refuge.
Jamais fatigué.

Le retour est moins joyeux car il s’agit d’enchainer les efforts et chaque heure qui passe rend la neige plus meuble. À tel point que l’on décide de couper par une piste sur une courte section. Mon évaluation est que la saison de ski est terminée, même une sous-couche bien travaillée ne tiendra pas la semaine qui s’en vient.

J’aurais aimé faire une boucle un peu plus longue au retour mais il faut savoir s’adapter aux conditions. Le plus important est de terminer sans blessure ni dégoût.

Je commence à imaginer un parcours rapide sur plusieurs jours dans cette forêt que je connais bien. Peut-être qu’une fenêtre se dessine en avril… il faut que je récupère un peu de cardio d’ici là.

Jour 2

Sommeil entrecoupé, comme toujours, je finis par ouvrir une dernière fois les yeux après avoir passé plus de 12 heures bien emmitouflé. Il faudrait que j’apprenne à expirer moins d’eau car le résultat est problématique (la fermeture éclair du duvet est bien gelée au matin). Et à moins bouger aussi, car chaque nouvelle position est longue à réchauffer…

Mon nez qui dépasse de la cheminée du duvet toute givrée.
OMG, they killed Kenny!

Le crux de la sortie (coucou les grimpeur·euses), c’est de se lever et d’allumer un feu sans perdre sa dextérité de manière critique. Vous n’imaginez pas à quel point craquer une allumette peut devenir compliqué dans ces situations. D’autant qu’il fait encore en-dessous de -20°C et que le bois n’est pas aussi réactif ! J’arrive tout de même à allumer un feu avant que ce soit problématique et je suis content de ma nouvelle tentative de foyer hivernal qui ne coule pas. Au point d’en faire une photo-publicité.

Un foyer avec ma popote et une buche sur laquelle on voit l’ombre de la marque (Firebox).
Mon auto-correct vient de me corriger le texte alternatif en Firefox. Bien.

L’eau conservée liquide dans mon duvet me fait gagner un temps non négligeable avant de pouvoir ingurgiter une boisson chaude. Et de faire fondre de la neige, encore et toujours, activité favorite du camping d’hiver…

Un petit tour de lac pour se réchauffer les pieds gelés et se mettre en jambe avant de se remettre à tracter. J’ai l’impression de voler. Il n’y a guère que les corneilles pour sortir par pareilles journées. Je fais une pause au soleil, je suis content d’être. Ici et maintenant.

Des traces de mes skis sur un lac gelé.
C’est là où on peut observer la dureté de la neige ! Il y a au moins 50 cm de neige avant la glace.

Le retour est éreintant. Une suite de longues montées et de neige de plus en plus difficile à naviguer car j’arrive à des endroits davantage empruntés par des véhicules à chenilles. Chaque enfoncement des crans de la courroie métallique réduit mon accroche de manière significative. Je suis même parfois obligé de déchausser selon les montées… et les descentes car je suis moyennement en confiance avec une telle inertie sans aucune accroche possible. J’ai au moins réussi à limiter le départ en drapeau de la pulka avec un nouveau mécanisme à base de ducktape et de forj.

Après pas mal de pauses et une dizaine de kilomètres, je retrouve le parking dans un sale état. Dire que j’envisageais de faire la boucle à la journée avec l’enfant… Une sortie avec beaucoup d’intensité et d’apprentissages !

Jour 1

Arrivée en fin de matinée. La voiture affiche -12°C et je sais que je ne vais probablement pas avoir plus ces 30 prochaines heures dans la forêt. Depuis que j’ai appris la connaissance de la Grande Boucle de la forêt de Ouareau, j’ai eu envie de la faire, à mon rythme, avec une nuit à l’autre bout du parc. Ma pulka est énorme, ils annoncent une nuit fraîche et avec du vent. Je me lance dans la première descente alors que la neige est dure comme de la roche. J’apprends à mes dépens que les écailles des skis ne sont pas adaptées lorsque je repars en arrière à la première montée. Première chute, ça commence bien.

Avec les demi-peaux, ça passe déjà mieux mais ça demande de beaucoup forcer sur les bras. Les quelques personnes que je croise en skis de fond n’en mènent pas large non plus, les conditions sont atroces quel que soit l’équipement on dirait. Certains choisissent de tirer 40 kg en plus pour le fun. Après quelques heures, j’arrive enfin au lac tant espéré, le soleil me gratifie de ses derniers rayons pour monter le camp et préparer de quoi me réchauffer pour la soirée.

La pulka devant le lac bœuf.
La joie d’arriver au lieu de campement avec mes deux chevilles.

Il fait déjà -16°C et j’ai choisi de prendre une tente cette fois-ci par crainte du vent annoncé mais il n’y a pas de soucis à se faire pour l’instant. C’est même très agréable s’il n’y avait pas le ronron des motoneiges dans le lointain qui vient casser un peu l’ambiance. Le son porte très loin en hiver.

Je suis pas mal déshydraté mais j’essaye de gérer stratégiquement cela, je sais qu’il va falloir passer le plus longtemps possible dans le duvet. Les courbatures attendront. Je passe une bonne soirée au coin du feu car il y a finalement très peu de vent et la voûte céleste est superbe par ces températures. J’aurais bien dormi à la belle étoile.

Une tente ouverte avec un duvet à l’intérieur.
Chambre avec vue.

Je suis bien content d’avoir pris mon plus gros duvet car j’apprends que le thermomètre de ma montre s’arrête de fonctionner à partir de -20°C. Et il n’est que 7 h du soir. Le passage du foyer au duvet est toujours un moment assez critique. Je découvre que les chaufferettes permettent de récupérer des pieds gelés plus rapidement (j’avais fait l’erreur de ne prendre que des bouteilles isotherme). Je prends soin de donner une forme enfilable à mes chaussures avec la bonne position des lacets qui vont geler aussi.

Je m’endors en écoutant le silence, seulement brisé par les arbres qui craquent de froid. L’hiver tire ses dernières balles et certains resteront couchés demain.

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