#forêt
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Jour 1
Une réservation de longue date qui s’est transformée en sortie familiale (!), malheureusement nous n’avons pas pu rejoindre le refuge à ski faute de neige suffisante. C’était problématique car j’avais prévu de traîner une bonne partie de l’équipement, ce qui se révélait être un peu plus lourd sur le dos. Bon, aussi, on était partis sur une raclette, ça n’aide pas 😅.
J’avais très peur que le sentier soit peu praticable sans percer à chaque pas, ce qui m’était déjà arrivé dans un tel contexte. Vu le poids du sac, je craignais notamment que ma cheville en cours de réparation refasse le même mouvement en descente… mais nous étions à une poignée de degrés de cet état de la neige pour notre plus grand bonheur.
Ce n’était pas non plus de tout repos et la récompense d’une lac dégelant à l’arrivée était bien méritée. Il est rare d’avoir ces conditions très douces dans un contexte hivernal, on en avait même oublié de prendre nos tuques !
Tests du jour : les barquettes en aluminium pour faire réflecteur de bougies. Efficace. Les bougies longues durées d’Ikea pour faire fondre du fromage. Pas efficace.
Jour 2
Sommeil entrecoupé, comme toujours, je finis par ouvrir une dernière fois les yeux après avoir passé plus de 12 heures bien emmitouflé. Il faudrait que j’apprenne à expirer moins d’eau car le résultat est problématique (la fermeture éclair du duvet est bien gelée au matin). Et à moins bouger aussi, car chaque nouvelle position est longue à réchauffer…
Le crux de la sortie (coucou les grimpeur·euses), c’est de se lever et d’allumer un feu sans perdre sa dextérité de manière critique. Vous n’imaginez pas à quel point craquer une allumette peut devenir compliqué dans ces situations. D’autant qu’il fait encore en-dessous de -20°C et que le bois n’est pas aussi réactif ! J’arrive tout de même à allumer un feu avant que ce soit problématique et je suis content de ma nouvelle tentative de foyer hivernal qui ne coule pas. Au point d’en faire une photo-publicité.
L’eau conservée liquide dans mon duvet me fait gagner un temps non négligeable avant de pouvoir ingurgiter une boisson chaude. Et de faire fondre de la neige, encore et toujours, activité favorite du camping d’hiver…
Un petit tour de lac pour se réchauffer les pieds gelés et se mettre en jambe avant de se remettre à tracter. J’ai l’impression de voler. Il n’y a guère que les corneilles pour sortir par pareilles journées. Je fais une pause au soleil, je suis content d’être. Ici et maintenant.
Le retour est éreintant. Une suite de longues montées et de neige de plus en plus difficile à naviguer car j’arrive à des endroits davantage empruntés par des véhicules à chenilles. Chaque enfoncement des crans de la courroie métallique réduit mon accroche de manière significative. Je suis même parfois obligé de déchausser selon les montées… et les descentes car je suis moyennement en confiance avec une telle inertie sans aucune accroche possible. J’ai au moins réussi à limiter le départ en drapeau de la pulka avec un nouveau mécanisme à base de ducktape et de forj.
Après pas mal de pauses et une dizaine de kilomètres, je retrouve le parking dans un sale état. Dire que j’envisageais de faire la boucle à la journée avec l’enfant… Une sortie avec beaucoup d’intensité et d’apprentissages !
Jour 1
Arrivée en fin de matinée. La voiture affiche -12°C et je sais que je ne vais probablement pas avoir plus ces 30 prochaines heures dans la forêt. Depuis que j’ai appris la connaissance de la Grande Boucle de la forêt de Ouareau, j’ai eu envie de la faire, à mon rythme, avec une nuit à l’autre bout du parc. Ma pulka est énorme, ils annoncent une nuit fraîche et avec du vent. Je me lance dans la première descente alors que la neige est dure comme de la roche. J’apprends à mes dépens que les écailles des skis ne sont pas adaptées lorsque je repars en arrière à la première montée. Première chute, ça commence bien.
Avec les demi-peaux, ça passe déjà mieux mais ça demande de beaucoup forcer sur les bras. Les quelques personnes que je croise en skis de fond n’en mènent pas large non plus, les conditions sont atroces quel que soit l’équipement on dirait. Certains choisissent de tirer 40 kg en plus pour le fun. Après quelques heures, j’arrive enfin au lac tant espéré, le soleil me gratifie de ses derniers rayons pour monter le camp et préparer de quoi me réchauffer pour la soirée.
Il fait déjà -16°C et j’ai choisi de prendre une tente cette fois-ci par crainte du vent annoncé mais il n’y a pas de soucis à se faire pour l’instant. C’est même très agréable s’il n’y avait pas le ronron des motoneiges dans le lointain qui vient casser un peu l’ambiance. Le son porte très loin en hiver.
Je suis pas mal déshydraté mais j’essaye de gérer stratégiquement cela, je sais qu’il va falloir passer le plus longtemps possible dans le duvet. Les courbatures attendront. Je passe une bonne soirée au coin du feu car il y a finalement très peu de vent et la voûte céleste est superbe par ces températures. J’aurais bien dormi à la belle étoile.
Je suis bien content d’avoir pris mon plus gros duvet car j’apprends que le thermomètre de ma montre s’arrête de fonctionner à partir de -20°C. Et il n’est que 7 h du soir. Le passage du foyer au duvet est toujours un moment assez critique. Je découvre que les chaufferettes permettent de récupérer des pieds gelés plus rapidement (j’avais fait l’erreur de ne prendre que des bouteilles isotherme). Je prends soin de donner une forme enfilable à mes chaussures avec la bonne position des lacets qui vont geler aussi.
Je m’endors en écoutant le silence, seulement brisé par les arbres qui craquent de froid. L’hiver tire ses dernières balles et certains resteront couchés demain.
Écureuil
De bon matin, en me brossant les dents, l’écureuil dans un micro-sommeil après une nuit fraîche. Je le regarde avec un peu d’envie, je referme la fenêtre délicatement. Une minute plus tard, alors qu’il commençait à piquer dangereusement du nez, le voilà déjà reparti.
Une motivation importante de l’année est de réussir à économiser. C’est une chose que je n’ai jamais vraiment envisagé de faire jusqu’à présent. Si j’ai bien compris le principe actuel, chaque dollar accumulé est un dollar que je n’aurai pas à payer une seconde fois à la banque.
C’est stupide. Mais ça motive. Mais c’est stupide.
Jour 2
Même avec la nourriture suspendue, les souris on fait un sacré raffut. Elles devaient elles aussi avoir trop chaud. Après avoir dormi avec 2 fenêtres ouvertes, il fait tout de même 18°C au réveil. Parfait pour notre gruau de camping (seconde tradition avec les nouilles instantanées), cette fois à la neige fondue.
On prend le temps d’aller faire un petit tour à skis sur le lac car c’est une première pour l’enfant. On suit des traces de lapins qui nous mènent à un point d’eau liquide qui est un point de concentration de la faune locale. Si on avait su avant, on aurait peut-être pris le risque de s’en approcher avec nos gourdes. C’est peut-être mieux de ne pas l’avoir su avant.
Une fois le matériel rangé, on repart. Cette fois j’ai resserré le système de tractage improvisé avec des tuyaux en PVC de la pulka. Et j’ai aussi troqué les peaux complètes pour des demi-peaux, ça me permet de glisser un peu plus dans les descentes mais quand même pas trop. Difficile de ne pas forcer sur la cheville lorsqu’on est contraint par l’étroitesse du chemin. Bon puis il y a vraiment trop d’arbres dans ces forêts :p.
On s’amuse vraiment sur ce retour et je suis obligé d’imposer des pauses pour ne pas arriver dans le même état que la veille (et me faire semer). L’enfant serait partant pour ne pas s’arrêter du tout, ça fait plaisir. On prend confiance et on enchaîne les bosses. Nos seules traces de la veille aident pas mal. Les conditions sont vraiment chaudes pour la saison.
Nous sommes progressivement rejoints par les skieur·euses qui descendent à travers les arbres et à une centaine de mètres de la voiture, il y a un passage plus difficile que les autres : une pente qui arrive sur un pont. On passe sur le côté pour être retenus par la neige fraîche mais la pulka décide de faire le drapeau et de prendre la « piste » tapée principale. J’essaye de la rattraper tant bien que mal tout en attendant / prenant soin de l’enfant et je me retrouve dans le décor. Encore. Ce n’est pas tant la chute que de forcer pour s’extraire de la neige tout en étant harnaché et les skis empêtrés dans les arbres qui me fait forcer sur les mauvais tendons… si près du but c’est rageant 😔.
Une sortie haute en émotions. Je vais maintenant pouvoir prendre le temps de soigner cette blessure correctement.
Jour 1
De la pluie verglaçante depuis 2 jours. Une cheville pas encore opérationnelle. Mais de l’envie et une réservation depuis deux mois pour une première sortie hivernale en refuge. Ensemble. La route pour y aller est déjà épique et des flocons gros comme des pastèques s’écrasent sur le pare-brise. Il est rare au Québec de suivre un pickup qui ne dépasse pas les 70 km/h sur l’autoroute.
C’est aussi la première sortie pour la pulka ramenée de France cet été. Le temps de charger et de se préparer, la neige est déjà moins intense. Néanmoins, dès les premières centaines de mètres, je sens bien que ça va être galère. La montée est vraiment pentue et les skis-raquettes de l’enfant ne sont pas adaptés à ces conditions ce qui le rend pénible ronchon. De mon côté, avec les peaux complètes ça passe mais je force énormément car je dois bien avoir 35 kg à tracter derrière. On fait au moins deux kilomètres comme ça… avant de se rendre compte que l’on est sur la montée de ski de randonnée de la Montagne Noire !
Grosse erreur d’orientation qui nous coûte cher : impossible de descendre par cette montée et couper par la forêt serait très hasardeux, sans compter mon état. L’heure tourne et on finit par descendre en ayant déchaussé tous les deux. Deux paires de skis en plus à retenir à bout de bras en ayant le choix entre un chemin de 30 cm de large tapé qui glisse ou un mètre de poudreuse tout autour. C’est un peu casse patte, juste ce qu’il me fallait pour une rééducation active 😬.
Quasi-retour au point de départ, à deux doigts d’abandonner vue l’énergie que l’on vient de dépenser : c’est pas la grosse marrade
. Une pause bienvenue et le chemin loupé qui semble accueillant me font hésiter tout de même. Je prends finalement la décision d’y aller car dans mon souvenir c’est accessible (si on ne se trompe pas de sentier…). Prise de risque assez élevée au passage, il ne faut pas d’autres erreurs ou problèmes sur le trajet ou on va finir à la frontale (au mieux). Difficile de savoir jusqu’où est-ce que ça va être tracé aussi.
Ce nouveau chemin est beaucoup plus adapté à notre niveau (de forme). Le système d’attache de la pulka est loin d’être optimal mais ça passe, même entre les arbres. L’enfant prend confiance et s’amuse dans les descentes. On arrive enfin au refuge sans encombres, il est 15 h passé et on n’a pas mangé, à peine bu 200 ml depuis le départ… il va falloir recharger les corps avant demain sinon ça va piquer.
Heureusement, cet endroit est assez fabuleux et il y a une ambiance brumeuse qui lui donne un aspect féérique. Une fois repus, on va faire un tour sur le lac en contrebas. Il sautille sur le chemin (moi pas) et semble déjà avoir oublié les péripéties de la matinée. On passe une bonne soirée à faire des cadavre-exquis et à dessiner des cartes. Il fait 27°C dans le refuge, on supporte nos caleçons mais c’est un peu limite pour aller chercher la neige à faire fondre !
Vu le bruit que font les souris alors qu’il y a encore de la lumière, la nuit risque de ne pas être de tout repos… On s’endort au son du poêle qui craque.
Bois
La dissonance cognitive du jour : faire un atelier de tour à bois et lire dans la foulée La vie secrète des arbre de Peter Wohlleben brillamment mise en version BD par Fred Bernard et Benjamin Flao.
Lorsque je marche en foret, je sens que je fais partie intégrante du vivant. Je suis, nous sommes naturellement, unis au minéral, aux bactéries, aux virus, aux champignons aux plantes, aux chenilles, aux papillons, à tous les animaux.
Nous sommes tous reliés et ne faisons que passer sur cette mince pellicule de vie qui couvre miraculeusement la terre. Tout le vivant est constitue des mêmes atomes présents sur notre planète depuis sa création.
Je porte en moi des particules qui ont constitue des arbres du crétacé, des légionnaires romains, des plants de tomates rapportés d’Amérique par les conquistadors… rien ne se crée, tout se transforme, dit-on. Rien n’est plus vrai.
D’autant plus motivé pour trouver un bout de forêt à préserver — des chasseurs, de l’exploitation, de la pollution, etc. — dans le coin. Un de mes objectifs 2024.