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title: Greta Thunberg, Extinction Rebellion et le mouvement pour le développement durable (par Nicolas Casaux) url: https://www.partage-le.com/2019/09/greta-thunberg-extinction-rebellion-et-le-mouvement-pour-le-climat-developpement-durable-par-nicolas-casaux/ hash_url: 334af5ba9f

Une compilation de quelques billets publiés sur les réseaux sociaux, au cours des derniers mois, à propos d’Extinction Rebellion, de Greta Thunberg et du « mouvement pour le climat » qui est en réalité, dans son immense majorité, un mouvement pour le développement durable.


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Certaines personnes qui ne connaissent pas bien notre perspective politique nous demandent parfois ce que nous proposons, ce que nous voulons, parce que critiquer « tout le monde » (Greta Thunberg, Aurélien Barrau, Cyril Dion, Extinction Rebellion, etc.), ça commence à bien faire. Pour faire court, j’aurais pu reprendre la formule de mon ami Thierry Sallantin : « je fais partie des luddites, c’est-à-dire que […] je suis contre l’industrialisme, pour l’artisanalisme, ma position politique, c’est que je veux tout casser ». Malheureusement, en tant qu’explication, ça risquerait de ne pas suffire, et/ou d’être mal perçu ou mal compris.

Développons un peu. L’écologie est un mot et un courant fourre-tout derrière lequel on retrouve des choses contradictoires. L’écologisme médiatique, celui qui est autorisé et même bienvenu dans les médias de masse, se résume le plus souvent à un plaidoyer en faveur d’une société techno-industrielle (un peu plus) verte, (un peu plus) durable, (un peu plus) renouvelable, (un peu plus) circulaire, « neutre en carbone », etc., et (un peu plus) démocratique. En bref, il s’agit d’un courant de pensée qui affirme qu’il est possible que nous gardions l’essentiel de la civilisation techno-industrielle actuelle, et que nous la rendions durable (dans le sens où elle n’épuiserait plus les ressources, n’exterminerait plus les espèces vivantes, etc.), et (un peu plus) démocratique. Au moyen de divers ajustements techniques ou technologiques. Il s’agit grosso modo de ce que soutiennent (mais de différentes manières) Cyril Dion, Aurélien Barrau, Maxime de Rostolan (et son An Zéro, festival spécial greenwashing), le WWF, Greenpeace, 350(.org), Extinction Rebellion, Alternatiba, ATTAC, les écosocialistes, le mouvement « pour le climat », et beaucoup d’autres.

Et, oui, Extinction Rebellion aussi. La liste de leurs objectifs officiels le suggère assez clairement. Et le petit livre que les principaux instigateurs du mouvement ont récemment publié en anglais, intitulé This Is Not a Drill (« Ceci n’est pas un exercice »), l’expose encore plus distinctement. Notamment au travers des contributions de Farhana Yamin, Kate Raworth, Clive Lewis et Paul Chatterton.

Farhana Yamin est une avocate spécialiste du droit environnemental, membre du mondialement célèbre think tank britannique Chatham House (« l’un des think tanks les plus influents du monde », selon L’Express), membre du Conseil sur le programme mondial concernant le changement climatique du Forum économique mondial (WEF), et également membre clé et coordinatrice du mouvement Extinction Rebellion au Royaume-Uni (où le mouvement est né).

À droite, Farhana Yamin, au centre, Al Gore, et à gauche, Jennifer Morgan, de Greenpeace.

En parallèle, dans le contexte de l’UNFCC (la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques), Farhana Yamin fournit des conseils juridiques, stratégiques et politiques à des ONG, des fondations et des pays en développement.

Elle a également fondé une ONG, « Track 0 », qui promeut le passage à une économie « à faible émission de carbone », et même à une économie « neutre en carbone », notamment au travers d’une transition au cours de laquelle les combustibles fossiles seraient abandonnés et notre énergie deviendrait 100% issue des industries des soi-disant « renouvelables ». D’après son ONG, « investir dans les infrastructures des énergies renouvelables est la clé pour relancer la croissance ».

Kate Raworth est une économiste anglaise, auteure du livre La théorie du donut. Elle propose, accrochez-vous bien, un « nouveau modèle économique » (qui correspond grosso modo à ce qu’on appelle l’économie circulaire), stable, et affirme par exemple que : « Ce siècle, nous pouvons concevoir nos technologies et institutions pour distribuer les richesses, le savoir et l’autonomie à beaucoup. Au lieu des énergies fossiles et de la fabrication à grande échelle, nous avons des réseaux d’énergie renouvelable, des plateformes numériques et des imprimantes 3D. 200 ans de contrôle de la propriété intellectuelle par les entreprises sont bouleversés par l’approche ascendante, open-source, en pair-à-pair des biens communs. » Elle s’extasie devant « l’extraordinaire transformation à l’œuvre dans les technologies : la blockchain, l’automatisation, l’imprimante 3D, les fablabs, le retour des communs, les entreprises sociales et collectives… ». Une Isabelle Delannoy britannique, en somme (voir : https://www.partage-le.com/2018/10/de-paul-hawken-a-isabelle-delannoy-les-nouveaux-promoteurs-de-la-destruction-durable-par-nicolas-casaux/).

Clive Lewis est un journaliste et membre du parlement britannique qui participe à promouvoir le fameux Green New Deal (développement massif d’infrastructures industrielles basées sur des sources d’énergie dites « vertes », « renouvelables », développement des industries de capture et stockage du carbone, etc.). Et Paul Chatterton est un géographe et spécialiste du « développement urbain soutenable », qui promeut le concept de « villes bio », « soutenables », etc.

Cela dit, si le noyau central d’Extinction Rebellion s’inscrit dans la veine de ce courant soi-disant écologiste qui promeut l’idée d’une civilisation techno-industrielle verte, bio, carboneutre et démocratique, certains groupes locaux ne partagent pas cette perspective illusoire et indésirable. (Perspective très utile, en revanche, pour rassurer les foules : pas de panique, une civilisation industrielle bio et démocratique existe, elle finira donc par s’imposer d’elle-même, ou grâce aux activistes qui réussiront à forcer la main de nos dirigeants).

Ce qui m’amène à nous. Nous les primitivistes, anarchoprimitivistes, luddites, anti-industriels, décroissants (radicaux) et autres éco-anarchistes. Malgré des divergences sur quelques points relativement importants, nous avons en commun de comprendre qu’une civilisation techno-industrielle bio et démocratique, ça n’existe pas. Que ça ne peut pas exister. Et que même si la civilisation techno-industrielle pouvait devenir bio (ce qui est impossible), elle demeurerait nécessairement antidémocratique (la complexité technologique reposant sur et requérant des structures sociales antidémocratiques, contrairement à ce que suggère le baratin des nouveaux apôtres du mythe des hautes technologies libératrices/émancipatrices, qui glorifient les imprimantes 3D, la blockchain, les fablabs, etc.). Et imposerait toujours une forme de vie détestable.

Nous n’encourageons pas et ne nous réjouissons donc pas du développement des industries des éoliennes, des panneaux solaires, et des autres sources d’énergie soi-disant « vertes » ou « renouvelables » (hydroélectrique, biomasse, etc.), non seulement parce que ces industries ne sont jamais « vertes », ni « neutres en carbone » (elles impliquent toujours des destructions environnementales et reposent toujours sur différentes formes d’exploitation sociale, d’esclavage moderne), mais aussi parce que l’ensemble du système technologique qu’elles alimentent est également nuisible, à tous les niveaux et pour des tas de raisons. Nous comprenons que même si l’on pouvait (on ne peut pas) remplacer toute la production énergétique issue des combustibles fossiles par de telles énergies faussement « vertes », la situation socioécologique serait toujours désastreuse.

Nous comprenons que de véritables démocraties ne peuvent exister qu’à petite échelle — au-delà, il y a bien différentes possibilités de fédérations, mais qui me semblent personnellement douteuses —, qu’elles requièrent des sociétés à taille humaine. Et qu’ainsi, « en réalité, il n’y a probablement pas de solution au sein de la société industrielle telle qu’elle nous est donnée » (Bernard Charbonneau), ou plutôt imposée.

Au bout du compte, nous voudrions que la monoculture dominante, la civilisation techno-industrielle planétaire, soit intégralement démantelée et remplacée par une multitude de sociétés vivrières, à taille humaine, soutenables (et donc uniquement basées sur des technologies douces, ou basses technologies), respectueusement intégrées à leurs environnements spécifiques. « La protection de la nature, de la variété et de la liberté humaines ne sera assurée que si l’on dissocie l’économie nationale ou multinationale en petites unités autarciques et autogérées » (Bernard Charbonneau). Voilà pour l’idéal. En attendant, la désastreuse situation socioécologique actuelle nous contraint à des objectifs plus modestes, « non pas établir le paradis sur terre, mais y éviter l’enfer » (encore selon une formule de Bernard Charbonneau).

Et nous comprenons également qu’il est absurde et inutile d’attendre des dirigeants de la civilisation industrielle qu’ils organisent eux-mêmes le démantèlement complet de la société qu’ils imposent avec tant de violence et d’acharnement, et dont ils sont les principaux bénéficiaires.

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À gauche, le bateau sur lequel Greta Thunberg a traversé l’Atlantique, à droite, Juncker en train de lui donner le baise-main.

THE CHAUD MUST GO ON

La jeune Greta Thunberg, nouvelle égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, va donc traverser l’Atlantique en bateau pour se rendre au sommet sur le climat organisé par l’ONU, le 23 septembre, à New York. Elle effectuera sa traversée à bord du Malizia II, un voilier qui appartient à l’équipe du même nom fondée par le vice-président du Yacht-Club de Monaco, Pierre Casiraghi, un membre de la famille princière de Monaco. Mais un voilier écolo et « zéro carbone », naturellement, puisqu’il est « équipé de panneaux solaires et de turbines sous-marines permettant de produire de l’électricité sur le bateau », et qu’on ne prend en compte dans son « bilan carbone » rien de ce que sa construction a impliqué (ou bien qu’on l’ignore parce que les entreprises qui l’ont financée ont payé pour « compenser », et qu’elles sont donc pardonnées, blanchies, verdies, innocentées).

Dans un article de Libération, on peut lire :

« De nombreuses critiques de Greta Thunberg profitent aussi de cette nouvelle pour pointer les sponsors, tout sauf écolos, de Malizia. L’hebdomadaire Valeurs Actuelles titre ainsi : “Le voilier de Greta Thunberg est sponsorisé par le Yacht-Club de Monaco, BMW et une banque suisse.” L’hebdomadaire relève que Pierre Casiraghi, le vice-président du Yacht-Club de Monaco, est un membre de la famille princière du Rocher, et que l’équipe Malizia est sponsorisée par BMW. A quoi Greta Thunberg répond : “L’équipe Malizia a bien sûr des sponsors. Mais pour ce voyage avec moi à New York, il n’y a aucun sponsor commercial. Tous leurs logos ont été enlevés. Il n’est pas question d’argent ou de paiements futurs. Ils m’ont proposé un voyage gratuit car ils soutiennent ma cause”. »

Tous les logos ? Apparemment pas. Le voilier arborera fièrement celui des « Global Goals » (ou Objectifs de développement durable) de l’ONU (le cercle multicolore).

Les objectifs de développement durable de l’ONU, c’est une expression qui désigne la campagne de propagande de l’ONU en faveur d’une société techno-industrielle capitaliste (soi-disant) plus verte (« durable ») et plus équitable. C’est aussi un plan de financement massif d’infrastructures et de technologies dites « vertes » ou « durables ». Le prolongement du désastre socio-écologique actuel.

La médiatisation de Greta sert à cela. Lors du One Planet Summit du 26 septembre 2018, à New York :

« La Commission européenne a proposé de consacrer 25% du prochain budget de l’Union européenne (2021–2027), soit 320 milliards d’euros, aux objectifs climatiques et prévoit un soutien financier dédié aux investissements durables dans les infrastructures grâce au programme “InvestEU” de 150 milliards d’euros. »

(La Commission européenne a aussi « annoncé des programmes pilotes visant à relancer l’industrie à long terme dans les régions minières, avec un soutien sur mesure provenant notamment des 68,8 milliards d’euros de fonds structurels ».)

Pourtant, au début de l’année, de nombreux médias grand public ont affirmé que c’était grâce au discours de Greta Thunberg du 21 février 2019 à Bruxelles que l’Union Européenne allait consacrer un quart de son budget aux objectifs climatiques. Manifestement, cela avait été décidé bien avant. En outre, il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle mais d’une mauvaise (plus d’argent pour le développement de plus de nouvelles industries, toutes plus nuisibles les unes que les autres en dépit des prétentions durables, vertes, bio, carboneutres, etc.). Greta Thunberg, en tant que campagne médiatique, sert à la fois de divertissement (quelle saga ! Plus palpitant que Game of Thrones : un jour elle est à l’Assemblée, un jour Michel Onfray l’insulte ignoblement et n’importe comment, un jour c’est l’autre cinglé de Laurent Alexandre qui s’en charge, un jour elle rencontre le Pape…) et de raison d’espérer. Un soulèvement de la jeunesse pour un monde meilleur plus bio et plus vert est en cours ! Une adolescente va « sauver la planète » ! En réalité, tout ce qui se passe, c’est que les capitalistes ont décidé de consacrer plein de thunes au développement de nouvelles industries pour préserver la seule chose qu’ils cherchent à sauver, qui n’est pas la planète, mais la société industrielle, le capitalisme. Al Gore, ce cher écolo, dont Greta Thunberg est, selon ses propres dires, une grande fan, l’affirme clairement :

« Ces temps-ci sont cruciaux pour les investisseurs. C’est au cours des dix prochaines années que nous devons accélérer urgemment la transition vers une économie à faible émission de carbone. Nous pensons que le capitalisme court le risque de s’écrouler. En conséquence, le commerce, qui a été assez timide par le passé en ce qui concerne la mécanique de l’investissement dans la soutenabilité, s’apprête à augmenter sa visibilité. Nous devons y aller à fond. Nous allons devenir plus agressif parce que nous n’avons pas le choix. »

La pauvre Greta, embarquée dans le maelstrom de la médiatisation et des mensonges durables, semble fière du fait que des businessman ultrariches comme Pierre Casiraghi « soutiennent sa cause ». En réalité, c’est elle qui, bon gré mal gré, est amenée à soutenir la leur.

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Tweet de Greta Thunberg

GRETA THUNBERG ET LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Traduction du tweet de Greta Thunberg : « Pour nous accueillir [à New York], l’ONU a envoyé un bateau pour chacun des 17 objectifs de développement durable ! Merci ! »

Je sais, encore ! encore un post sur Greta Thunberg ! Oui, c’est pénible, mais en même temps, les médias de masse continuent inlassablement de nous bombarder d’informations la concernant. Entre les Sarkozy qui se moquent bêtement d’elle et les innombrables tribunes qui la sanctifient, d’Al Jazeera au New York Times, nous n’avons droit, comme d’habitude, qu’à une pathétique mascarade.

Que sont ces 17 objectifs de développement durable dont Greta parle dans son tweet ? Il s’agit d’une liste de 17 objectifs établis par l’ONU et qui sont rassemblés dans l’Agenda 2030. Sur le site de l’ONU, on peut lire :

« Les objectifs de développement durable nous donnent la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. Ils répondent aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, notamment ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, au climat, à la dégradation de l’environnement, à la prospérité, à la paix et à la justice. Les objectifs sont interconnectés et, pour ne laisser personne de côté, il est important d’atteindre chacun d’entre eux, et chacune de leurs cibles, d’ici à 2030. »

L’objectif numéro 7, par exemple, intitulé « Énergie propre, et d’un coût abordable », met l’accent sur « l’augmentation de l’efficacité énergétique et l’utilisation accrue des énergies renouvelables grâce à de nouvelles opportunités économiques et professionnelles », sur « l’accès à des technologies et à des carburants propres », sur l’importance « d’accroître les investissements publics et privés dans l’énergie ». Il s’agit, « d’ici à 2030 », de « renforcer la coopération internationale en vue de faciliter l’accès à la recherche et aux technologies relatives à l’énergie propre, notamment l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique et les nouvelles technologies relatives aux combustibles fossiles propres », et de « promouvoir l’investissement dans l’infrastructure énergétique et les technologies relatives à l’énergie propre ».

L’objectif 8, « Travail décent et croissance économique », consiste à : « Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous ». Il s’agit entre autres de : « Parvenir à un niveau élevé de productivité économique par la diversification, la modernisation technologique et l’innovation, notamment en mettant l’accent sur les secteurs à forte valeur ajoutée et à forte intensité de main-d’œuvre ».

L’objectif 9, « Industrie, innovation et infrastructures », consiste à : « Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation ». Selon l’ONU : « Le progrès technologique est à la base des efforts entrepris pour atteindre les objectifs environnementaux, tels que l’utilisation optimale des ressources et de l’énergie. Sans la technologie et l’innovation, il n’y aura pas d’industrialisation, et sans industrialisation, il n’y aura pas de développement. Il faut investir davantage dans les produits de haute technologie qui dominent les productions manufacturières afin d’accroître l’efficacité et de se concentrer sur les services de téléphonie cellulaire mobile qui augmentent les connexions entre les personnes. »

Bref, comme certains l’auront compris, il s’agit simplement d’un baratin visant à promouvoir la continuation de la société industrielle capitaliste, sous couvert de « durabilité », d’égalité, de santé, de paix dans le monde et de bonheur universel (c’est-à-dire sous couvert des mêmes mensonges et imbécillités ayant servi à promouvoir l’industrialisme et l’idéologie du « développement », qui nous ont menés dans cette désastreuse situation où nous nous enlisons chaque jour un peu plus).

Et c’est pour de tels objectifs, pour de tels vains espoirs, pour de telles inepties, que les fans de Greta Thunberg et beaucoup d’écolos pas bien inspirés, dont une partie du « mouvement pour le climat », manifestent ardemment.

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EXTINCTION REBELLION EST DE MÈCHE AVEC LE GOUVERNEMENT

Lors d’une interview en direct sur la chaîne d’information britannique Sky News, Gail Bradbrook, une des principales fondatrices d’Extinction Rebellion (qui travaillait auparavant pour un organisme qui, entre autres choses, faisait la promotion du déploiement du réseau 5G) a récemment expliqué que :

« […] Les politiciens, en coulisse, y compris le gouvernement actuel, nous disent qu’ils ont besoin d’un mouvement social comme le nôtre pour obtenir la permission sociale de faire le nécessaire. Ils n’ont pas, jusqu’ici, dit la vérité. Nous disons la vérité. Nous avons besoin que les gens se concentrent sur cette urgence, et nous avons besoin d’une action massive. »

Le présentateur de Sky News lui a alors demandé : « Que les choses soient claires, vous dites que les politiciens du gouvernement vous disent : nous avons besoin que vous veniez à Londres [pour effectuer diverses actions symboliques] ? Il y a des ministres du gouvernement qui vous disent que c’est ce qu’ils veulent ? »

Ce à quoi Gail Bradbrook a répondu : « Je vais vous parler d’une anecdote que j’ai entendue aujourd’hui qui l’illustre : j’ai rencontré deux personnes, aujourd’hui, qui ont discuté avec des conseillers de Theresa May, qui leur ont dit qu’ils savent à quel point la situation est mauvaise, et qu’ils ont besoin que nous aidions. Donc, en gros, nous faisons le boulot […]. »

Extinction Rebellion a initialement été conçu comme un moyen d’aider à précipiter l’avènement d’un Green New Deal, d’une nouvelle phase de développement (mais « durable », évidemment) de la société industrielle capitaliste. À la marge, Extinction Rebellion est parfois un peu plus, lorsque des militants de diverses branches locales élargissent ou altèrent la contestation qu’elles portent.

Mais dans l’ensemble, c’est une nouvelle opération de greenwashing — qui ne se pense pas nécessairement ainsi elle-même, Farhana Yamin, Gail Bradbrook, etc., sont peut-être persuadées que des investissements massifs dans de nouvelles industries « vertes » ou « renouvelables » vont résoudre une grande partie des problèmes écologiques actuels.

Une « rébellion » pour appuyer les nouveaux plans de développement (« durable », évidemment) d’une partie des gouvernants. Sacrée novlangue.

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EXTINCTION REBELLION EST FINANCÉ PAR LES CAPITALISTES

Un groupe de richissimes philanthrocapitalistes états-uniens a fait don de près d’un demi-million d’euros à l’organisation britannique Extinction Rebellion et à d’autres groupes d’étudiants en grève pour le climat, et promet que des dizaines de millions d’euros de dons vont suivre dans les prochains temps.

En effet « l’homme d’affaire, investisseur, entrepreneur et philanthrope » Trevor Neilson s‘est associé à Rory Kennedy (la fille de Robert Kennedy) et à Aileen Getty (de la richissime famille Getty, dont la fortune est issue de l’industrie pétrolière), pour lancer le Climate Emergency Fund (Fonds pour l’urgence climatique). Ce fonds vise « à soutenir le remplacement des infrastructures liées aux combustibles fossiles par des infrastructures liées à des sources d’énergie non-fossile, et le développement des solutions de capture et stockage du carbone », ainsi que le formule le quotidien britannique The Independent.

Neilson, qui a travaillé avec des personnalités comme Bill Gates et Richard Branson, explique que ce fonds a été inspiré par l’adolescente suédoise Greta Thunberg et par les manifestations d’Extinction Rebellion en avril au Royaume-Uni.

Neilson a expliqué que les trois fondateurs de ce fonds allaient utiliser leurs contacts parmi les ultra-riches pour obtenir « cent fois » plus dans les semaines et mois qui viennent. « Cela pourrait être notre meilleure chance d’endiguer l’urgence climatique sans précédent à laquelle nous faisons face », a-t-il confié au quotidien britannique The Guardian.

Il a également ajouté que ce fonds servirait à soutenir des actions non-violentes légales : « Il fournira des ressources aux activistes populaires qui cherchent à disrupter [sic] le statu quo de manière non-violente afin de demander aux gouvernements de déclarer un état d’urgence climatique et de mettre en place les politiques adéquates pour gérer cette crise. »

Un porte-parole d’Extinction Rebellion s’est félicité de ce geste en expliquant : « c’est un signe du fait que nous arrivons à un point de basculement. Par le passé, la philanthropie se concentrait sur l’intérêt personnel, mais désormais les gens réalisent que nous sommes tous dans le même bateau et utilisent leur argent pour notre bien-être collectif. »

Passons sur la naïveté significative de la déclaration du porte-parole d’Extinction Rebellion, qui nage manifestement dans une illusion complètement absurde, mais sans doute très rassurante. Ce que tout cela nous montre, c’est simplement que les ultra-riches, les dominants, continuent de faire en sorte de contrôler et d’encourager une pseudo-contestation dans le cadre de la société qu’ils dirigent. Rien de nouveau sous les panneaux solaires photovoltaïques. Les « politiques adéquates » qu’ils veulent que les gouvernements mettent en place ne changeront grosso modo rien du tout à la société industrielle capitaliste dans laquelle nous vivons, n’ont à peu près aucune chance d’endiguer le désastre en cours, mais rapporterons sans doute beaucoup d’argent à certains investisseurs, entrepreneurs et hommes d’affaire ayant des intérêts dans les industries des technologies « vertes », « propres », « renouvelables », dans le business de la compensation, dans les marchés du carbone, dans l’industrie de la monoculture d’arbres, ou autre chose du genre. Les objectifs officiels d’Extinction Rebellion, de la branche originelle du moins (la britannique), ne sont pas pour rien compatibles avec les objectifs de ces richissimes philanthropes (« neutralité carbone », « politiques adéquates » que les gouvernements devraient prendre pour gérer la crise, déclaration d’un « état d’urgence climatique »). Rien qui menace le moins du monde la société techno-industrielle capitaliste, ses États et ses entreprises.

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Titre d’un article du Figaro.

LE « MOUVEMENT POUR LE CLIMAT », MASCARADE MÉDIATIQUE AUTORISÉE PAR LES AUTORITÉS

« Les autorités new-yorkaises ont donné ce jeudi 12 septembre leur bénédiction aux élèves qui veulent rater l’école pour participer à la grande manifestation pour le climat prévue le 20 septembre, emmenée par la jeune Suédoise Greta Thunberg. »

Hier, par curiosité, parce que cela fait des mois que je remarque que toutes les interviews de — et tous les articles sur — Greta Thunberg sont d’un vide sidéral, qu’on n’y apprend rien, qu’on n’y dit quasiment rien, j’ai lu la retranscription de l’entretien d’une heure (!) que Greta a accordé à Democracy Now, un média de gauche états-unien (financé par les mêmes fonds philanthrocapitalistes qui financent le « mouvement pour le climat »).

En une heure, j’espérais qu’ils parviendraient à lui faire dire des choses un peu plus précises. À lui faire discuter plus en détail les problèmes de notre temps. Mais non. Rien. Le néant. On découvre, tenez-vous bien, que certaines personnes prononcent mal le nom de Greta. Disent Tunberk, ou Teuneberg, au lieu de Thunberg. Les incapables. On (re)découvre l’histoire personnelle de Greta, son histoire familiale, longuement. Puis, Amy Goodman, la journaliste de Democracy Now, l’interroge sur son autisme. Puis sur ce qu’est le véganisme. Puis lui demande de décrire en détail sa traversée écolo de l’Atlantique en bateau. Enfin, elle l’interroge sur la grève pour le climat prévue en septembre. Fin de l’entretien. Pas un mot sur le capitalisme, l’industrialisme, sur la nature et les causes du désastre socioécologique en cours.

Bien sûr, les slogans habituels, les phrases creuses et insignifiantes qui caractérisent l’écologisme médiatique, ponctuent l’interview. On rappelle ici que « nous vivons une crise existentielle », là que « les règles doivent changer », ou encore, là, que « nous devrions nous réveiller et réveiller les adultes […], nous mettre en colère et comprendre ce qui est en jeu. Puis transformer cette colère en action pour agir à l’unisson et ne pas abandonner. »

Tout un programme.

Quoi qu’il en soit, Greta continue d’écumer les médias de gauche et progressistes des US (le Daily Show de Trevor Noah, hier, etc.) où elle propage la bonne parole : la nécessité de mettre un coup de boost au développement du « développement durable » (ou capitalisme vert, ou industrialisme vert, c’est la même chose), de développer massivement les illusions vertes pour tout sauver, la civilisation industrielle, le climat et les oiseaux.

Cela dit, il est important de rappeler que manipulée (ou, du moins, fortement influencée) par son entourage, par ceux qui ont orchestré sa promotion et par le système techno-industriel capitaliste dans son ensemble (en l’occurrence, par son aile développement durable), comme nous le sommes un peu tous, il ne s’agit pas de la blâmer personnellement. Les principaux responsables de cette mascarade sont les dirigeants et les promoteurs des illusions vertes, du secteur du développement durable. États, entreprises, fondations privées, richissimes capitalistes (verts), médias de masse leur appartenant.

Ainsi que la dernière enquête de Cory Morningstar l’expose, depuis des années, de nombreuses et richissimes fondations philanthrocapitalistes financent lourdement, à hauteur de centaines de millions de dollars, voire plus, le développement du « mouvement pour le climat » dans le monde entier. Mouvement dont les revendications sont (donc) le plus souvent tout à fait compatibles avec la société industrielle capitaliste et son développement (durable). Tandis que d’autres fondations privées, liés à d’autres richissimes capitalistes, financent le climatoscepticisme : l’aile développement durable et l’aile climatosceptique se rejoignant sur l’importance et la nécessité de la continuation de la société techno-industrielle, prémisse fondamentale, indiscutable et indiscutée, sur laquelle ils s’accordent tous.

Pendant que certains sont interdits de manifestation, d’autres reçoivent la bénédiction des autorités pour défiler dans les rues. La récupération du mouvement écologiste continue.

Nicolas Casaux