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title: Pourquoi les Zombies sont-ils si affamés ? Des mort-vivants entre psychanalyse et économie politique url: http://www.jcdardart.net/index.php?article10/pourquoi-les-zombies-sont-ils-si-affames-des-mort-vivants-entre-psychanalyse-et-economie-politique-i hash_url: faef70fbb3

Cette question pourrait paraître idiote car si les zombies dévorent c’est parce qu’ils ont faim. Mais cette faim n’est pas celle du besoin physiologique. Les zombies dévorent même sans appareil digestif car ils n’ont pas besoin de se nourrir pour vivre : nul nourriture leur est nécessaire pour continuer d’être des morts qui vivent, contrairement aux vampires. D’autres pourraient me répondre plus pertinemment que les zombies mordent pour se propager et transmettre leur virus. Seulement ils peuvent tout autant mordre et griffer que dévorer complètement leurs victimes. Si le seul but était la propagation alors il n’y aurai rien qui pousse un zombie à aller jusqu’au bout de sa folie consommatrice. Cette absurdité pourrait être la conséquence irrationnelle d’un système défaillant et illogique qu’incarne la marche mortifère et inane des mort-vivants. Et effectivement, il y a bien quelque chose qui n’a rien avoir avec la Raison qui pousse les zombies dans leur insatiable fringale. Et de « pousser », c’est bien de cela dont il s’agit : la pulsion, qui se définit premièrement comme le « caractère de ce qui pousse ».

Il serait inutile de continuer à lire la suite si cette réponse était suffisante. Dans cet article il s’agira de spécifier, de quelles pulsions il s’agit et comment elles opèrent dans le capitalisme. Je veux démontrer que les zombies sont la parfaite illustration de ce que Marx nomme « pulsion enrichissement » et « pulsion d’accumulation », toutes deux se résumant par ce qui pousse au « toujours plus ». Pour comprendre ce qu’on peut entendre par là, et qui est au cœur du capitalisme, nous verrons comment la pulsion apparaît chez Marx à travers des choix dans la dernière traduction en date (2016) du Capital Livre I. Puis nous verrons comment elles sont utilisées par Freud et Keynes dans leur vision quasi commune du monde. Cela ne vous aura sans doute pas échappé, mais il y a un « I » à la fin du titre sous entendant une suite. A cet article, deux autres suivront sur le même thème : l’efficacité de la figure du zombie pour illustrer ce qui croise psychanalyse et critique du capitalisme.

La pulsion, la fringale et les monstres chez Marx

La pulsion peut répondre à un paradoxe chez Marx. Il décrit le capitaliste comme quelqu’un pris dans une force historique qui le dépasse et qu’il ne fait qu’incarner des rapports sociaux de productions. Le problème n’est donc pas l’individu. Mais les reproches qu’il lui fait et le vocable très péjoratif qu’il utilise pour le designer semble plus moraliser sa vision du capitaliste. Peut-on lui reprocher moralement ce qui le dépasse ? A d’autres moment il le décrit comme un vampire le ramenant à quelque chose de non humain. La notion de pulsion résout ce problème dans le sens où ce qui agit n’est pas quelque chose de l’ordre de la raison ou de la morale, de l’individu égal à lui-même je dirais, mais des forces plus animales. La pulsion dépasse le sujet, et je précise le sujet conscient, le renvoie à une poussée de satisfaire une sorte de désir insatiable tout en étant quelque chose qui le dépasse. Elle pousse malgré lui et c’est ce qui définit vraiment une poussé : elle contraint. Si Marx énonce clairement ce dépassement dans le fait qu’il s’agit de rapport de forces sociales, on peut y adjoindre par une interprétation, la présence de pulsions qui sont d’un autre ordre.

Il faut savoir que ce que j’interprète là comme des pulsions qui peuvent être éclairées par les pulsions chez Freud a été sollicité par des choix de traduction de l’équipe de Jean-Pierre Lefebvre publié en 2016 du Capital Livre I aux Editions Sociales. Le 1er de ses choix, le plus important pour cet article, est justement de traduire « trieb » par « pulsion ». Dans la traduction classique du Capital ce n’est pas le cas. Or depuis les années 60 « trieb » chez Freud est traduit par « pulsion ».

Je parle pour ma part d’une interprétation car j’ai supposé que ce choix n’était pas anodin. Déjà parce que J-P Lefebvre a traduit des textes de Freud, qu’il fait référence à la psychanalyse dès la première page de son avant propos à cette nouvelle traduction du Capital. Mais de façon moins triviale je pense que ce choix est particulièrement judicieux et ouvre une voie de croisement pertinent entre Marx et Freud.

En français, le terme « pulsion » m’est familier par la psychanalyse, et c’est dans le sens qu’elle lui donne comme traduction de « trieb » qui me vient immédiatement. C’est même presque mot à mot cette définition tirée du vocabulaire de la psychanalyse de J. Laplanche et J-B. Pontalis qui résonne en moi dés que ce mot est énoncé :

Processus dynamique consistant dans une poussée (charge énergétique, facteur de motricité) qui fait tendre l’organisme vers une but. Selon Freud, une pulsion a sa source dans une excitation corporelle (état de tension) ; son but est de supprimer l’état de tension qui règne à la source pulsionnelle ; c’est dans l’objet au grâce à lui que la pulsion peut atteindre son but.

Bien que Marx ne définisse pas son « trieb », car il en fait usage comme d’un mot qui lui vient sans qu’il cherche à le situer spécifiquement dans une théorie d’économie politique. C’est justement dans l’usage qu’il en fait dans un réseau lexicale et logique précis, qu’on peut rapprocher, la « pulsion » de Marx de cette définition. Ainsi le choix de ramener « pulsion » dans une traduction française n’est certainement pas étranger au contexte francophone où l’acception psychanalytique est dominante.

En faisant des recherches sur divers dictionnaire français vous trouverez en majorité une définition proche de celle de la psychanalyse. L’outil lexicographique du Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales (C.N.R.T.L) donne une première définition tirée de la physique : «  Propagation du mouvement dans un liquide ou un gaz ». La seconde définition est celle de la psychanalyse. Le fait qu'il s'est imposé dans son acception psychanalytique est récent. Initialement on le trouve dans des domaines très différents comme la physique, la médecine,l'horlogerie. Il n'est pas un mot très fréquent dans la littérature. Notez au passage que la pulsion est un terme qui décrit des phénomènes techniques, physiques et scientifiques. Cela montre comment la psychanalyse part d'un modèle non humain. D’ailleurs, Lacan dans le Séminaire Livre 2 souligne que Freud s’inspire la machine à vapeur pour décrire l’appareil psychique. Voilà ce qu’on apprend avec Google N gram View : Cliquez pour voir l'image

Entre les années 40 et 50 on va le trouver aussi dans des contextes physiologiste. on va le voir progressivement arrivé en psychanalyse dans les années 50. Pour la première fois selon le C.N.R.T.L. en 1949 dans la traduction de A. Bermann de l’Abrégé de psychanalyse de Freud. Par la suite le terme va décoller à partir des 60 essentiellement dans un contexte psychanalytique. En remontant avant le 19e siècle : On le trouve chez Newton dans les Principes mathématiques de la philosophie naturelle (1756). Au 17e il apparaît principalement dans ce contexte précis : L'histoire de Varenus et Pulsion, deux centurions héroïques, dont les exploits sont relatés dans des traductions de récits de bataille romaines.

Ainsi on peut supposer que lorsque Jean-Pierre Lefebvre traduit « trieb » par « pulsion » il le fait dans un contexte où il est peu probable qu’on n’associe pas la pulsion avec son acception psychanalytique . Ce choix va se révéler être judicieux.

En effet, « trieb » est utilisé plusieurs fois par Marx. Il ne va pas l’associer à n’importe quoi puisque la pulsion touche à ce qu’il critique le plus profondément tout au long du Livre premier. Dans la traduction de 2016, la 1ere occurrence se trouve dans le chapitre IV à la page 151 : « cette pulsion absolue d’enrichissement » qui traduit dans le texte Allemand « Dieser absolute Bereicherungstrieb ». Ce dernier terme se composant de «  Bereicherungs », « enrichissement » et de « trieb », la « pulsion ». Dans la traduction de 1876 on peut lire « Cette tendance absolue à l’enrichissement ». Si l’on peut discuter de la différence ou non entre une tendance comme « ce qui va vers » et le « ce qui pousse » de la pulsion, il y a en revanche une nuance importante que cette dernière sous entend : c’est la référence au corps. Dans le contexte du livre de Marx, il s’agira d’une oralité insatiable. En effet, il associe cet « pulsion d’enrichissement » à de la faim ou de la soif. En note de cette même page on trouve cette citation: « C'est toujours la soif insatiable du gain, l'auri sacra fames, qui détermine le capitaliste (Mac Culloch, The principles of Political Economy, Londres 1830, p.179) ». La locution latine peut se traduire par « Exécrable soif de l’or »(VIRGILE, Énéide, liv. III, v. 57) où « fames » correspond littéralement à la faim.

C’est encore cette pulsion du toujours plus et de l’enrichissement qui pousse à sucer, tel un vampire la force vitale des travailleurs. Ici apparaît (p.227 puis p.250) le 1er monstre monstre de Marx : Le vampire. Il est ce mort qui absorbe la vie des vivants. Dans le capital il y a cet axe qui revient tout du long, celle de la transformation du travail vivant (ce qu’il appelle le capital variable, la force de travail, donc les travailleurs) en travail mort (le capital constant, les moyens de productions, principalement les machines) :

En temps que capitaliste, il n'est que capital personnifié. Son âme est l'âme du capital. Or le capital a une unique pulsion vitale : se valoriser, créer de la survaleur, pomper avec sa partie constante, les moyens de production, la plus grande masse possible de surtravail. Le capital est du travail mort, qui ne s'anime qu'en suçant tel un vampire du travail vivant, et qui est d'autant plus vivant qu'il en suce davantage. p.227

La pulsion chez Marx est intéressante au-delà de l’analogie possible avec la pensée freudienne car c’est depuis cette poussée que l’individu disparaît sous un désir plus sociale celui de la création de valeur. Ici ce n’est pas devenir riche pour un pouvoir quelconque, ou un prestige particulier, c’est une pulsion qui dépasse l’individu. Ce dernier y est poussé. il y a chez Marx cette poussée qui renvoie à du désir, à de la jouissance, à quelque chose d’insatiable à remplir. L’ensemble des capitalistes sont certes réduit à une âme globale mais en tant que réduit à une pulsion qui les poussent grâce aux moyens de productions à absorber la vie humaine. Ici les moyens de productions que sont par exemple les machines doivent être utilisés au maximum ce qui implique un maximum de temps de travail utilisé et donc de travailleurs. Ce n'est pas les travailleurs qui utilisent la machine mais celle-ci qui absorbe, en tant que moyen de cette pulsion ( qu’on pourrait situer au niveau du stade oral-cannibalique) , le plus de masse possible de travail :

Ce n'est plus le travailleur qui emploie les moyens de productions, ce sont les moyens de production qui emploient le travailleur. Au lieu d'être consommés par lui comme les éléments matériels de son activité productive, ce sont eux qui le consomment comme ferment de leur propre processus vital, et le processus vital du capital n'est constitué que par son mouvement de valeur qui se valorise lui-même. p.302

Il s'agit de surtravail (MehrArbeit) c'est à à dire ce temps de travail non nécessaire à le reproduction de sa force de travail. C’est cet « en plus » (de temps non payé) qui produit la survaleur (Mehrwert) ou plus-value dans les anciennes traductions. La survaleur est ce gain en monnaie qui se fait sur du travail gratuit. Ceci épuise les travailleurs car nécessite soit une augmentation du temps de travail soit de son intensité. Ce travail mort est celui du capital constant, des machines, des moyens de productions qui absorbent la force vitale des travailleurs vivants. L'image du vampire comme mort-vivant qui boit le sang des vivants est très parlante. Il est intéressant de noter que tout l'appareillage des moyens de productions qui sont des machines sont associés à la mort. Or chez Marx, les machines sont au service du vampire et donc de la pulsion. Ainsi quelle pulsion un freudien pourrait voir dans ce que décrit Marx : pulsion de vie ou pulsion de mort ?

C’est sans doute trivial et ne doit surtout pas conduire à faire des conclusions hâtives sur les liens entre Marx et Freud, mais dans la phrase « Or, le capital a une unique pulsion vitale : se valoriser ... » traduisant « Das Kapital hat aber einen einzigen Lebenstrieb, den Trieb, sich zu verwerten » et où « lebentrieb » traduit par « pulsion vitale » est le même terme qu’utilise Freud pour la pulsion de Vie ou Eros. Dans la traduction de Joseph Roy (1876, la 1ère) on a « Or le capital n'a qu'un penchant naturel, qu'un mobile unique ». Je pense que le fait, de parler de « pulsion vitale » indique qu’il ne faut pas y voir nécessairement la pulsion de vie qui renvoie à une théorie freudienne des pulsions très précises. Mais depuis cette seconde théorie des pulsions de Freud on peut toutefois faire le raisonnement suivant:

Il serait tentant d'identifier le « lebentrieb » de Marx avec celui de Freud dans son concept de pulsion de vie (Eros) en plus du même mot, il y a l'idée de faire plus, de constituer des plus grand ensemble. Mais en même temps elle détruit et délie, ce qui est davantage l’œuvre de la pulsion de mort ou Thanatos. A la rigueur on serait plus proche d'une union entre pulsion de vie et pulsion de mort où cette dernière met la première à son service. Une interprétation freudienne dirait que le capital met Eros au service de Thanatos. Au moins que ce soit dans le sens inverse, Thanatos au service d’Eros comme vous le lirez plus bas avec avec les travaux de Keynes

Dans le sillage de cette pulsion insatiable, Marx va faire intervenir une autre créature qu’on croirait, elle aussi, sortie tout droit des Universal Monster ou des studios de la Hammer. Il va définir cette pulsion d’enrichissement comme une fringale qui n'est pas la faim qui satisfait un besoin mais la faim pour la faim, à savoir utiliser la monnaie pour faire plus de monnaie. Précieusement à travers un « désir effréné de prolonger immodérément la journée de travail (p. 231) ». Quelques pages plus loin va apparaître un célèbre monstre de la culture populaire en parlant de « cette pulsion de prolongation de la journée de travail, cette fringale bestiale de surtravail (p.237)». Cette bête révèle son identité dans le texte allemand correspondant : « Den Trieb nach Verlängrung des Arbeitstags, den Werwolfsheißhunger für Mehrarbeit ». La première partie de cette phrase « Trieb nach Verlängrung des Arbeitstags » a été traduit par « pulsion de prolongation de la journée de travail » et « Werwolfsheißhunger » par « fringale bestiale ». Or « Werwolfs » se dit par chez nous « loup garou ». Cette référence au loup-garou sera plus explicite à la page 258 : « sa pulsion aveugle et démesurée, sa bestiale fringale (Werwolfs-Heißhunger) de surtravail, le loup garou capitaliste(...) ». Les traducteurs vont judicieusement traduire « heißhunger » par « fringale ». Par métaphore on peut dire que « heiß » renvoyant à tous ce qui est chaud et brûlant amène un caractère pulsionnel à « hunger », la faim physiologique.

Le capitaliste, qui n’est qu’une pulsion personnifiée, vole, par cette fringale lycanthropique, du temps, du sommeil, du temps de repas qu'il incorpore si possible dans le processus de production lui-même. Si bien que le travailleur, simple moyen de production, se voit fournir ses repas comme on alimente en charbon la machine à vapeur et ainsi cette fringale « allonge le temps de production du travailleur pendant une période donnée en abrégeant son temps de vie (p. 258) ». Le loup garou représente cette fringale qui dévore le temps de vie et augmente le temps de travail mort car c'est celui où les moyens de productions comme capital constant et travail mort absorbe un maximum de capital variable et de travail vivant (la force de travail donc les travailleurs) : Le vampire suce le sang et le loup garou dévore le temps de vie. Cette fringale a tout de même une limite car si la capitaliste use trop vite les travailleurs il aurait trop de frais de remplacement : « Il semble donc dans son propre intérêt le capital soit astreint à établir une journée de travail (p. 259) ». On retrouve là un compromis à faire avec la réalité comme dans le modèle freudien. Notez au passage que le loup garou est aussi une créature de la contamination car il transmet la lycanthropie par morsure. Bien que je ne sache pas si Marx avait cette propriété en tête lorsqu'il a fait le choix de cette créature. La question de la contagion est certes commune aux zombies mais elle se rencontre également en économie au moment des crises pour plusieurs raisons que je n’aborderai pas ici.

Nous venons de voir que le loup-garou dans la scène marxienne s’associe avec ce terme de « fringale » (Heißhunger) ce qui me donne l’occasion de saluer un autre choix de traduction fructueux qui consiste à distinguer la « faim » (hunger) de la « fringale » (Heißhunger). L’équipe de Jean-Pierre Lefebvre a traduit le second sous-chapitres du chapitre 8 de cette façon : « La fringale de surtravail. Fabricant et Boyard » contre « Le Capital affamé de surtravail – Boyard et fabricant » pour « Der Heißhunger nach Mehrarbeit. Fabrikant und Bojar ». Le terme affamé suppose davantage un manque d’alimentation, le fait de pas avoir assez mangé On est affamé quand on a dépensé beaucoup d'énergie ou sauté un repas ou quand malheureusement on ne mange pas a sa faim. On est dans l'ordre du besoin physiologique. La fringale serait plutôt une faim pour une faim, manger pour manger par pure satisfaction pulsionnelle : dans ce contexte la soif de l'argent . En réalité si la fringale évoque l'intensité de cette faim tout comme l'est « affamé », dans l’utilisation qu'en fait cette traduction, on peut remarquer que « fringale » est réservée à cette faim particulière de la pulsion capitaliste, « Heibhunger », tandis que « hunger » désigne la faim des travailleurs. Ainsi, ils sont mis en état d’avoir faim pour nourrir cette fringale qui est une pulsion d’enrichissement. Par exemple page 628  : « Tout ce qui importe donc c'est c'est de rendre la faim (hunger) permanente au sein de la classe ouvrière ».

La 3éme créature qui n’est pas nommée comme telle est celle de la fabrique qui est un automate dont les travailleurs sont des organes vivants incorporés à un mécanisme mort :>

Dans la fabrique, il existe, indépendamment d'eux, un mécanisme mort auquel on les incorpore comme des appendices vivants. […] La spécialité d'un travailleur, qui manie toute sa vie un outil partiel, devient celle d'un homme qui toute sa vie sert une machine partielle. On abuse de la machinerie pour transformer le travailleur, dés son enfance.[…] C'est pendant le processus même du travail que le moyen de travail, du fait de sa transformation en un automate, se pose face au travailleur comme capital, comme travail mort qui domine et aspire la force vivante du travail. p.410

Les travailleurs sont des organes partiels car incorporés à des machines partielles qui font partie d’un organisme global : la fabrique. Cette machine dévore et incorpore à son propre corps mort et mécanique les vivants devenus des êtres partiels, mutilés, à peine en vie. Cette funeste peinture de Marx fait apparaître le contours d’une créature future : le zombie !

Aux trois monstres de Marx : le vampire, le loup garou et la fabrique-automate. Je rajoute celle du zombie qui les synthétisent. En effet, ce sont des êtres automatiques à la démarche mécanique qui dévorent et transforment les vivant en les incorporant à la masse de zombies par contamination, ils sont mutilés et coupés d’eux mêmes, ils sont morts et vivants et ils ne sont plus que lambeaux de chaires. Mais au-delà d’une synthèse les zombies complexifient le modèle car on ne peut les mettre dans un des deux camps. Ils participent des deux : victimes et agresseurs. Ils représentent autant la fringale du capitaliste qui ne cherche qu’à cumuler pour produire plus d’argent sans que cela corresponde à un besoin quelconque mais aussi ils figurent ce que l’exploitation capitaliste fait au corps et au psychique. Le zombie est dépourvue de psychisme et son corps est rachitique, en décomposition lente mais certaine, sans possibilité de soins. Ce corps maigre qui ne peut pas se nourrir représente par là la faim du prolétaire et le fait qu’il dévore inlassablement alors que ça ne le le nourrie pas correspond à la fringale du capitaliste. Ce corps de la fringale et de la faim peut se comprendre, si l’on reste dans le registre marxien, à travers une ruse du capitaliste moderne. Ruse qui résout un dilemme qu’on pourrait presque désigner comme un dualisme pulsionnel chez Marx.

Si on se fie à cette traduction de 2016, il y a un conflit pulsionnel entre les « pulsions de jouissance »  (Genußtrieb) et celles d’accumulation (Akkumulations) : « un vrai conflit faustien se développe au plus profond du cœur de l'individu-capital, entre les pulsions d'accumulation et les pulsions de jouissance (p. 576) ». Si dans le texte allemand « Akkumulations » n’a pas le suffixe « trieb », son ajout dans la traduction est un autre choix bienvenue car il permet de faire un lien entre le processus de survaleur (plus-value) et l’érotisme anale dans le sens où les pulsions d’accumulations seraient comparables à un plaisir de la rétention, alors que pour les pulsions de jouissances, via la dépense, correspondraient au plaisir par l’expulsion. Expulsion qui est aussi une perte. En allant un peu plus loin dans l’interprétation, la « pulsion d’enrichissement » (« Bereicherungstrieb ») serait d’ordre orale par sa fringale et sa soif de l’or. Quant à la pulsion d’accumulation, elle suivrait le même mot d’ordre que la rétention anale : cumuler mais pas dépenser. On peut trouver une figuration mythologique de ce rapport à l’argent avec le Pixiu qui est un dragon céleste chinois qui a été condamné à ne manger que de l’or. Seulement son anus lui a été retiré donc il ne peut expulser son trop plein. Ne faisant qu’accumuler, il est considéré comme un porte bonheur apportant la richesse.

Pour jouir, cet « individu-capital », tel Faust, doit vendre son âme car il y a un conflit entre l’accumulation et la consommation. En effet pour trouver une solution de compromis (on est dans le symptôme freudien) il impose le renoncement à la jouissance (nécessaire à l’accumulation de richesse), non pas à lui-même mais au travailleur. Ainsi par rapport au capitaliste classique (ou thésauriseur) qui devait pour ses « deux passions absolues, l'avarice et la pulsion d’enrichissement » renoncer à la jouissance, le capitaliste moderne à trouver la solution par « la force de travail d'autrui qu'il aspire, et du renoncement à toutes les jouissances de la vie qu'il impose au travailleur ».

Ce changement que Marx repère n’est pas anodin car outrepasse un interdit, presque religieux entre jouissance et richesse. On ne peut que s’enrichir qu’en acceptant une certaine ascèse de la non dépense. Il évoque, alors, Malthus qui prônait le fait qu'il fallait absolument séparer ceux qui accumulent (et donc doivent s’abstenir) et ceux qui dépensent, gaspillent et détruisent : « Pour prémunir son sein du funeste conflit des pulsions de jouissance et d’enrichissement (p.578) ». Encore une fois, voici un choix de traduction des plus heureux pour cette lecture freudienne de Marx : traduire « unheilvollen » par « funeste » qui peut vouloir dire « catastrophique », ou « desastreux ». D’ailleurs dans la traduction de 1876 on a « desastreux ». Ce choix ramène la question de la mort qui est un thème très présent dans la critique de Marx.

Le capitalisme serait alors du point vue pulsionnel une accumulation infinie sans perte anale, une pulsion anale parfaite. En effet, celui qui renonce à la jouissance c’est le prolétaire et l’enrichissement se fait sur son exploitation. Ainsi, s’enrichir du travail du prolétaire revient à le consommer car le travail est devenu une marchandise. J'y vois également une boucle orale-anale sans coupure et sans différentiation. Ici « Bereicherungstrieb » (pulsion d’enrichissement) et « Akkumulations » (pulsion d'accumulation) coïncident avec « Genußtrieb », la pulsion de jouissance. Mais ce qui est consommé là c’est du travail vivant, c’est à dire des travailleurs. De plus, ce renoncement pulsionnelle massif peut libérer la pulsion de mort.

La question de la pulsion est au cœur du capitalisme. Elle ne se limite pas à un choix de traduction dans l’œuvre de Marx. A travers la pulsion de mort, on va trouver chez Keynes, grand lecteur de Freud, toute une économie politique et éthique de l'accumulation.

Pulsion de mort: Keynes et le « désir morbide de liquidité »

Il est remarquable de noter que Max Brooks ait dans World War Z fait intervenir un personnage qui évoque les méthodes de Marx et de Keynes comme inspirations de leur art de survivre (dans le chapitre intitulé « Taos, Nouveau-Mexique, Etats-Unis »). En effet, aussi différent que soient ces deux auteurs, ils ont en commun de proposer une critique et une analyse de l'économie politique particulièrement prompte à éclairer ce que l'invasion zombie met en lumière sur notre montre actuel. Tous deux partageant des zones de croisements avec la psychanalyse. Keynes identifie un avatar de la pulsion de mort qui lui est propre et qui se formule parfaitement dans son expression « le désir morbide de liquidité », à savoir la rente. Je reprends là ce qu'expliquent Bernard Maris et Gilles Dostaler dans le passionnant, Capitalisme et pulsion de mort. Quand Freud rencontre Keynes : « Keynes a fait le lien entre la pulsion de mort, la préférence pour la liquidité et la tendance rentière des économies (p.19). ». Ou encore page 7 : « Mais l'expression "désir morbide de liquidité" ne nous appartient pas, elle fut inventée par Keynes, et elle renvoie à la pulsion de mort découverte par Freud ». L’objet du livre est le suivant :

Ce qu'enseignent Freud et Keynes, nous espérons le montrer dans ce livre, c'est que le désir d'équilibre qui appartient au capitalisme, toujours présent, mais toujours repoussé dans la croissance, n'est autre qu'une pulsion de mort. [Précisément il s'agirait d'une] grande ruse du capitalisme [dont le principe] est de canaliser, de détourner les forces d'anéantissements, la pulsion de mort vers la croissance. En ce sens, Éros domine Thanatos, l'utilise, le soumet, notamment dans la mise à mal de la nature. Mais Thanatos habite Éros : le plaisir est dans la destruction" p9.

Ici les auteurs expliquent le principe de l'union (ou desintrication) pulsionnelle chez Freud qui consiste à ce que pour ne pas que la pulsion de mort (Thanatos) envahisse le moi, la pulsion de vie (Eros) s'y unie. Un autre destin de la pulsion de mort est son extériorisation à travers la destruction. Pour les auteurs la pulsion de mort est extériorisée dans la la destruction de la nature en servant l’appétit vorace et orale pour la croissance.Or constituer de plus grand ensemble est le but de la pulsion de vie. Mais ce qui se dévore dans cette destruction c'est nous même : la pulsion de mort à donc le dernier mot. L'exemple de la nature est excellent car on vit la nature à la fois extérieure à nous même (d'où l'insistante, en occident du moins, pour se distinguer de la nature) mais on vit et dépend de cette nature. Sans oublier que nous sommes inclut dans la nature en tant que nous sommes des animaux.

Mais ce qui s’accumule ce ne sont pas que des richesses (pp. 20-21): si l’homme « détruit plus qu'il n'accumule », il cumule toujours plus de déchets. L’œuvre de la pulsion de la mort est ainsi intrinsèquement liée à la nature humaine dans ce désir d’accumulation .Notez que les auteurs choisissent finement cet exemple du déchet qui incarne parfaitement l'union entre pulsion de vie et pulsion de mort qu'est l'accumulation. Le déchet serait même la mesure de la pulsion de mort. Plus la destruction par la pulsion d'accumulation s’opère et plus s'accumule les déchets. Le déchet est le dernier mot de l'invasion de la pulsion de mort. Le zombie d'une certaine manière est ce déchet vivant qui devient envahissant augmentant son nombre. Le déchet est quelque de mort mais qui a cette propriété de la pulsion de vie de grandir et de constituer de plus grand ensemble. Mais des grands ensemble non liés et non complexes. Or le but de la pulsion de mort est de délier et rendre les choses a leur degré le plus simple dans un état moindre tension.

Dans le capitalisme la pulsion de mort est constamment repoussée mais elle explosera plus tard car dans cet ajournement elle s'accumule (p.34). Les auteurs s'appuient sur le fait que pour accumuler et investir plus tard, il faut renoncer à consommer aujourd'hui pour une plus grosse consommation demain. La consommation étant une destruction de monnaie et de biens , cela revient à ajourner une destruction actuelle pour la cumuler et détruire davantage dans le futur. Autrement dit, le capitalisme est une stratégie contre la pulsion de mort. Mais remettant la destruction (donc la consommation) à plus tard elle en accumule d'autant plus :

Le capital est un détour temporel qui exclut la jouissance. La pulsion de mort, au contraire, est la jouissance immédiate de l’anéantissement. p.38

Je vois aussi dans ce passage une incarnation du conflit de la double nature de la monnaie, à savoir la distinction entre la monnaie comme moyen de paiement et la monnaie comme circulation. Pour Marx c’est une contradiction inhérente au capitalisme, générant nécessairement des crises tôt ou tard. Cette problématique Keynes l'a bien connu en 1929 quand de nombreuses personnes ont voulu retirer leur argents en même temps. Il n'y avait pas suffisamment de fond en banque car l'essentiel était en circulation. Ce circuit c'est ce plus tard de la consommation.

Ce besoin de cumuler est lié à une angoisse du manque, c’est à dire la lutte de la pulsion de vie contre le problème économique de la rareté des ressources :

La pulsion de vie sera baptisée par un économiste "croissance", laquelle est la négation de la rareté. [...] La pulsion de vie entraîne une lutte collective pour la survie, une lutte contre la rareté, appelant les notions de manque, d'angoisse, de perte et de souffrance. p.38

Faire reculer la mort et la rareté pour être éternelle : « Les hommes gagnent du temps (p.42) », mais en voulant se protéger de ces l'angoisses l’humanité angoisse encore plus comme par exemple dans le fait de spéculer contre la spéculation financière pour se rassurer quant aux risques de la spéculation. Dès lors, « l'angoisse génère plus d'angoisse. Dans la circulation du capital telle que le conçoit Marx, l'argent génère plus d'argent (p.43) ». L'argent devient donc l'équivalent de l'angoisse. Ce qui se paierait dans le système du circuit capitaliste c'est de l'angoisse qui se cumule car elle diffère l'objet d'une peur qui, alors, s'accumule et grandit. Dès lors que la monnaie devient circulation contre sa nature de moyens de paiement, une boucle cumulative d'angoisse se créée.

Les auteurs ne l’abordent pas mais dans Malaise dans la culture Freud parle de l’angoisse comme d’une « monnaie d’échange contre les affects ». A partir de là, si je maintiens jusqu’au bout le parallèle, entre affect et marchandise, il ne serait pas étonnant d’y voir le même effet sur les marchandises et sur les affects. Marx distingue deux circuits de la marchandise. Dans le premier la marchandise est échangé contre de la monnaie pour acheter une autre la marchandise. C’est le schéma Marchandise-Monnaie-Marchandise. Ici la monnaie a pour fonction d’échanger une marchandise contre une autre, il y a paiement. Dans ce cas, en suivant le parallèle avec l’angoisse, un affect serait échanger avec un autre affect par l’intermédiaire de l’angoisse. L’angoisse sort de la boucle car elle est payée. On peut y voir d’une certaine manière le prix du symptôme. Mais dans la circulation de la marchandise capitaliste, elle prend une autre fonction car elle ne sert qu’à générer plus de monnaie. La monnaie sert à acheter une marchandise qu’on revend contre de la monnaie mais qui ne sera pas utiliser pour acheter une autre marchandise. Le seul but est de cumuler plus de monnaie. Ce schéma est le suivant Monnaie-Marchandise-Monnaie. Il n’y a pas paiement car la monnaie ne sort pas de la boucle. Vous pouvez imaginez alors le destin de l’angoisse avec un tel circuit. l’angoisse ne sort pas de la boucle et l’affect ne sert qu’a cumuler plus d’angoisse dans le circuit. L’angoisse ne se paye plus à travers le symptôme car il est remis dans une machine qui fait circuler l’angoisse pour la différer. Le symptôme pour la psychanalyse est précieux, il a un prix après tout. Quelle conséquences auraient alors cette absence du symptôme ? Ma réponse est le zombie, cet être coupé, sans âmes mais à la faim insatiable. Le zombie est ainsi la conséquence radicale de ce que le capitalisme pourrait nous faire. Heureusement, il y a encore du symptôme.

Si « la pulsion de mort prend chez Keynes la forme de l'amour de l'argent (p.63) », ce « désir morbide de liquidité » s’explique selon lui par notre peur de la mort. L'accumulation apaise cette angoisse de mort. Le capitalisme est un moyen, qui sera dans le futur fatale, de se protéger d’une d’une angoisse actuelle de mort en la remettant toujours à plus tard. Angoisse transformée en crédit sur la vie qui ne redoute qu’une chose le moment du paiement : la mort !

Mais en voulant l'éviter, on accélère à creuser notre propre tombe car pour faire circuler et différer cette angoisse il faut que les individus renoncent à une satisfaction pulsionnelle actuelle. Or cela ne sera pas sans conséquence funeste comme le souligne B. Maris et G. Dostaler. Nous avons ainsi selon Freud par la culture et selon Keynes par l'accumulation illimité, une pression sur les individu immergés dans la « foule; inquiète, frustrée et insatiable,[...] qui se fait au détriments des pulsions (p.45). ». Ils précisent ensuite, en citant un passage de Malaise dans la culture, que la culture (ou civilisation) :

se plie à la contrainte de la nécessité économique, étant donné qu'il lui faut retirer à la sexualité un grand montant de l'énergie psychique qu'elle consomme elle-même. La culture se conduit ici envers la sexualité comme une tribu ou une couche de la population qui en en soumis une autre à son exploitation

Les auteurs concluant alors que la pulsion de mort est « étroitement associée au refoulement sexuel » ce qui en fait un « mélange évidemment explosif (pp.45-46) » . Ce passage de Freud vaut qu'on s'y arrête un peu. Il y va de la la libido (l’énergie sexuelle) comme d'une ressource, qui est expropriée et donc exploitée. Ici Freud applique à l’énergie sexuelle, ce que décrit Marx dans l'accumulation du capitale initiale dans le capital. Livre I. Si Chez Marx ce qui est exploité c'est un le travail devenu marchandise, elle n'est possible que par un acte d’expropriation violente des terres. Et du coup un mouvement des forces de travail qui vont se redistribués sur des plus grosses terres, des industries puis des villes. Il y a un mouvement de délocalisation. Ici une force de travail, chez Freud une énergie sexuelle qui est retirée d'elle-même. On assiste à désexualisation de la sexualité. Chez Freud ça libère la pulsion de mort. Porte ouverte à la libération de la violence (extériorisation de Thanatos) , le capitalisme va trouver une solution grâce à la ronde des objets de consommation : « pour tuer le feu des pulsions, y jette la paille des objets (p.46)». Les auteurs utilisent la notion de libido narcissique (ou du moi) pour expliquer le fait que ce qu'on investit comme libido sur les objets de consommations, rendus désirables par le capitalisme, on le récupère par identification à ces mêmes objets. Une sorte de concession qui permet un retour de libido sexuel vers le moi pour qu’Eros s'unifie à nouveau avec Thanatos. Mais cette ronde c’est le serpent qui se mord la queue car le cumule est infini : « A l’individu violent (l'adjectif est très utilisé par Freud) est proposée la croissance qui par définition ne peut être qu'illimitée (p.46) ». Pour eux c'est pervers car en prétendant pacifier les besoins des hommes elle ne fait que s'adresser à la pulsion, insatiable individuelle et non pas collective. De plus cette part de pulsion de mort, par la consommation, est projetée dans la destruction de la nature. Ils posent alors la question de savoir ce qu’il adviendra de cette violence quand la nature sera totalement détruite(p.50). Je pense que nous en avons une idée en ce moment. Ainsi la consommation d'objets est une jouissance qui « n'est pas le plaisir, mais une manifestation de la pulsion de mort (p.54)» exacerbant le gaspillage. Comme je le disais plus haut, le déchet est bel et bien la matérialisation de la pulsion de mort.

En utilisant de nouveau Marx avec sa théorie de la survaleur (ou plus value) qui est la valeur créée par l’exploitation de la force de travail, qu’on fasse la parallèle entre libido et force de travail, enfin qu’on se rappelle que chez lui le travail devient une marchandise, je propose le raisonnement suivant : La société de consommation qui s'adresse à une sommes d'individus est de ce fait du point de vue de la libido une sorte de salaire énergétique dont l'exploitation crée de la survaleur. Elle est ce qui permet à la force de travail libidinale d’être nourri a minima pour fonctionner mais c'est aussi par ce que ces objets font miroiter de désirable que les sujets s’aliènent pour finalement être exploités. C’est sur cette consommation de salaire libidinale que s’extorque encore plus de libido car il y a toujours une perte nécessaire qui pousse à consommer plus. Cette part de perte ne peut être comprise en réalité si l'on en reste à ce niveau d'analyse basée uniquement sur la théories des pulsions et de la libido. Pour cela il faudrait utiliser la lecture Lacanienne du capitalisme qui fait intervenir la jouissance ce qui sera l’objet du prochain article.

Mais dés à présent ont peut préciser que si on suit Marx ou même Malthus, le travail est un bien de consommation. Il est consommé par les moyens de productions. La libido des objets de consommations n'est finalement qu’une part de la libido des individus qui leur a été extorqué. Au finale : on ne fait que consommer une partie de la libido qu'on nous a retiré. C'est une auto dévoration incessante de soi-même ! Une libido narcissique mortifère. Le zombie est un humain transformé qui mange d'autres humains. Une partie de ces humains va être transformé en zombies par cette consommation qui vont a leur tours contaminer ou dévorer d'autres humains. Ce que la figure de zombie a ici de profondément remarquable, c’est que cette consommation ne nourri rien d'autres que l'augmentation d'une masse d'exploitation. Il y a perte, certes, car certains sont totalement dévorer et consommer mais dans la production il y aussi des pertes énergétiques et de rendements lié aux limites des moyens de productions. Le zombie est aussi un moyen de production car il absorbe toujours plus de travailleurs qu’ils transforment en moyens de production supplémentaires. Tout comme le capitalisme il transforme de travail vivant en travail mort. A elle seule cette figure rend évident ce qu'un croisement entre Keynes, Freud et Marx tente de mettre plus difficilement en lumière.

Pour les deux prochains articles je vous parlerai comme dit précédemment du capitalisme chez Lacan puis de la question du surnombre et de l’abstraction.

Pour finir j’aimerais dédié cet article à Bernard Maris, victime du massacre immonde à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.