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title: Le courage du commencement url: https://www.cairn.info/revue-etudes-2014-1-page-57.htm hash_url: d7c64ebd5e

1Pour Vladimir Jankélévitch, le courage est la vertu « réussie entre toutes », l’élément qui rend « les autres vertus efficaces et opérantes » ; et, peut-être, après tout, « est-il moins une vertu lui-même que la condition de réalisation des autres vertus. Sincérité, justice ou modestie, elles commencent toutes par ce seuil de la décision inaugurale [1] ». Le courage est ainsi une affaire de seuil, de saut. Entre le courage et le reste des actions, il y a toujours une solution de continuité. Et chez Jankélévitch, les courageux, comme les justes, ont l’art de commencer. L’art de commencer au sens où, d’une part, le courage relève de la décision pure, celle qui fait origine ; et d’autre part, le courage comme la justice est un acte sans capitalisation possible. Ce n’est pas parce qu’on a été juste ou courageux qu’on le sera demain et que cela nous absout de l’être encore et encore. « Le juste est aussitôt arrivé que parti, et inversement les justes sont des commençants. [2] » Impossible de se dire courageux. Il faut simplement l’être, dans l’instant. Impossible de s’en satisfaire. La chose n’est jamais réglée. Il y aura toujours épreuve à surmonter pour prouver que l’on est courageux. « Ma vertu, au contraire, retombe chaque fois à zéro dans les pauses de l’intention ; la création morale n’est pas une paternité définitive, et qui engendre une fois pour toutes sa créature : c’est plutôt une paternité semelfactive [3] et instantanée ; elle aboutit à des œuvres inconsistantes et nous impose l’épuisant effort de Sisyphe, l’état d’alarme continuée. [4] »

La lutte permanente contre le découragement

2Partant, l’ennemi du courage est le découragement car il est ce contre quoi il faut sans cesse lutter. Le courage est sans victoire. « Être brave au contraire, c’est avoir le dessus, même s’il faut finalement succomber. La menace terrifiante est prise ici à la gorge, sommée de se découvrir et de dire son vrai nom. Le diable ne peut pas nous faire mal, mais il peut nous faire peur. Le brave conjure par sa bravoure cet envoûtement de la frayeur : comme lui gardons-nous simples, pauvres, nus et sans arrière-pensées, indifférents aux détails mesquins, pour que le diable crève de notre innocence et de notre courage. [5] » Même s’il sait de façon éphémère traduire une victoire sur soi, « L’idéal, au ciel des valeurs, ne dure jamais plus longtemps que notre effort pour le poser et notre foi pour le croire [6] ». En ce sens, le courageux est maître du temps.

3L’intelligence est naturellement mélancolique et les vérités de Beckett et de Laing sonnent juste à son oreille musicale. Comment les réfuter, eux qui n’ont pas tort ? Là où le premier a inventé une des équations de l’aliénation psychique – « il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer » –, l’autre dit le jeu pervers de l’aliénation sociale – « je dois jouer le jeu de ne pas voir que je joue le jeu ». Si l’on a refusé les maximes de Beckett et de Laing comme porteuses d’une morale trop ambivalente – certes, de multiples interprétations sont possibles, et nombreux sont ceux qui liront Beckett de manière à le concilier avec ce qui suit –, les préceptes de Foucault et de Jankélévitch paraissent, quant à eux, plus opérationnels, sans pour autant être complaisants ni naïvement optimistes. Le « souci de soi » foucaldien n’est pas synonyme de bien-être. Il est indissociable d’un effort et d’un art de vivre qui sous-tend un prix à payer, celui de risquer sa vie si celle-ci n’est pas en adéquation avec une certaine vision qu’elle a d’elle-même. Quant à Jankélévitch, il ne présente nullement une version aisée du courage. Comme la justice, le courage reste toujours à faire et à prouver. « Ce qui est fait reste à faire. » Et d’une certaine manière, il faut risquer le non-courage pour véritablement prétendre à l’acte courageux.

4Le téméraire, en ce sens, n’est pas un courageux. Seul celui qui éprouve et l’effort de Sisyphe et la peur du diable est courageux. « Le courage notamment est fonction du chemin parcouru, du tempérament naturel et des circonstances ; le courage est proportionnel à l’effort fourni pour vaincre la peur : en sorte que le mérite n’est pas un certain quantum absolu, fini et assignable, une ration à déterminer, mais une valeur qui dépend, comme le plaisir, du contexte spirituel, autrement dit de facteurs indénombrables dont il faut tenir compte. C’est toute la paradoxologie de la relation méritante que de nous renvoyer ainsi du contradictoire à son contradictoire : le mérite est raison inverse de la perfection en acte, c’est-à-dire que plus l’agent est vertueux, moins il est vertueux. [7] » Avec le courage, la paradoxologie continue d’être la loi morale : plus l’on sera aux confins du découragement et plus l’on sera près du courage. Le dépassement de soi se fait dans l’épreuve du vide. C’est là son caractère initiatique. C’est parce qu’on flirte avec le manque de courage qu’on connaît son goût et sa nécessité. Il y a initiation parce que les entrailles font mal. On redécouvre le thumos (cœur) parce que l’épithumia (ventre) se serre. Toujours « l’évidence de ce qui est à faire éclipse celle du tout-fait. Ce qui est fait, dans les techniques, n’est plus à faire ; et en morale, ce qui est fait reste à faire. [8] » Et l’initiation est sans fin car l’ampleur du faire qui reste continue de serrer le ventre.

Une épreuve de la volonté

5Éprouver la nature de la volonté et de la liberté du sujet, tel est l’enjeu du courage pour Jankélévitch. Ne sommes-nous libres qu’à l’aune de l’épreuve du courage ? Et pourtant, rien de plus certain qu’un sujet, à l’appel du devoir de courage, qui se sent déjà condamné. Qu’est-ce que vouloir ? Qu’est-ce que vouloir si ce n’est déjà manifester une certaine forme de courage ? Car vouloir ce sera affronter le passage au pouvoir. Vouloir n’est pas ipso facto pouvoir. Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Ou plutôt si. Il suffit. Et le territoire immense de la volonté s’ouvre, tel un abîme. Et l’enjeu est clair. Le courage, ce sera déjà vouloir. Décider de vouloir. Simplement cela. « Le vouloir, comme l’amour, commence par lui-même : initiative prévenante, il commence par lui-même et revient à lui-même ; il aboutit à son propre commencement. [9] »

6Telle est donc la clé du commencement. Le courage est affaire de commencement parce qu’il est l’une des plus sûres manifestations de la volonté. Une sorte de visibilité, de manifestation plénière, sensible. Une forme de volonté qui fait lien avec les autres, qui s’offre à leur regard. Une volonté non solipsiste. Ce qui en fait pour Vladimir Jankélévitch une vertu cardinale, si ce n’est la vertu des vertus, leur élément moteur. « Le courage choisit dans la nuit ; mais cette nuit est le lieu d’une révélation, mais cette nuit ne dure qu’un instant, comme la révélation soudaine où quelque chose se dévoile ne dure qu’un instant. Le fiat du courage est donc à la fois fulgurant et aveugle ; il est étincelant, apparition évanouissante. » Les paroles d’Hugo résonnent. Le courage est un Fiat Lux, un feu de (la) joie. « C’est la joie de démarrer dans la douleur inchoative de risquer [10] », poursuit Jankélévitch. Derrière le Fiat Lux du courage, toujours l’initiation et donc toujours le sens de la douleur. Car le « seuil de la décision inaugurale » que forme le courage reste un autel où s’éprouve le pretium doloris.

7Commencement et recommencement du courage. « Ce qui est fait n’est nullement fait. Ce qui est déjà fait n’est pas encore fait », ou comment plus on montre du courage, plus il faudra en montrer. Certains jugeront alors qu’il ne sert à rien d’être valeureux, que c’est là le plus sûr chemin du labeur et de la non reconnaissance. Comment les en dissuader ? Car ils ne se trompent pas quand ils évaluent ainsi le courage, et d’une certaine manière la volonté. Pour Jankélévitch, la ressource continue d’être en soi, comme si c’était là l’autre nom de l’essence humaine ou de son for intérieur. « Disons plutôt que, comme ces joies d’un convalescent qui redécouvre le charme d’exister, l’effort, tel l’oiseau Phénix, régénère inlassablement dans les cendres de la tâche accomplie. [11] » Tel est donc bien l’autre nom du courageux, un convalescent. Un sujet qui a éprouvé dans sa chair la violence de la vie. La jeunesse du courage durera jusqu’à la fin du monde[12]

8Pourquoi parler du courage ? Sans doute pour rappeler à quel point le courage détient et la clé du sujet, de l’individu, et la clé du collectif. Montrer ici, comment le courage est une théorie du sujet et comment il est une vertu démocratique à restaurer pour assurer à la démocratie justement sa durabilité.

9Pourquoi une théorie du sujet ? Parce que cette chose qu’il faut faire, dit Jankélévitch, c’est à moi de la faire. La délégation à autrui s’arrête là.

Le temps du courage

10Le courageux est celui qui comprend que le cogito moral se pratique séance tenante. Seule temporalité viable, le présent. Cela se passe ici et maintenant. C’est là une autre manière de vivre l’instant présent, l’à propos de Montaigne. Être courageux devient alors l’autre versant d’une sagesse. Celle d’être présent à soi-même, affranchi des sphères fantasmatiques. Le courage nous assure l’être en phase car il ne se déporte ni vers le futur ni vers le passé. Il est irrémédiablement là.

11Une sorte de vraie ontologie. Sans doute, le moment où l’on éprouve la finitude et où on la dépasse. L’éternité séance tenante. On croit que la lâcheté dit la vérité des hommes, mais rien de tel. Seul le courage dit leur singularité. Leur irréductible. Pour Vladimir Jankélévitch, c’est le moment où la distance, voire l’ironie, du courageux s’inverse. C’est le moment de « sérieux », un sérieux qui n’est pas défini par le dogme qu’il porte mais par la temporalité à laquelle il convie. Sérieux parce que maintenant, tout de suite. Sérieux parce que la délégation est impossible. En ce sens, l’acte moral courageux et l’acte contemplatif partagent ce sens du présent et de l’instant. « Le bien est une chose qu’il faut faire séance tenante, sur-le-champ. »

12Le futur du courageux est celui de la minute qui vient. « Non, la bonne volonté ne remet pas à demain ce qu’elle peut faire séance tenante et toute affaire cessante. » Le rôle de l’intellect ? « Desserrer l’urgence des improvisations hâtives en maintenant l’avenir à bonne distance. [13] »

13Mais ne nous trompons pas. Le courageux n’est pas exempt de l’art de temporiser. « Desserrer l’urgence » peut – s’il ne devient l’alibi d’un ajournement systématique – être une maxime courageuse. On peut laisser « bâiller un intervalle de temps entre l’excitation et le passage à l’acte ». Cette temporisation n’est, en ce sens, jamais totale. Le courageux fait irrémédiablement l’expérience, en dernière instance, de la non-éternité des choses. Si le téméraire peut croire en son immortalité, le courageux sait que la finitude crée la seule temporalité. La vérité, c’est que le temps manque déjà. Ainsi le moratoire du courage est impossible. Il y a toujours un à faire et il est déjà trop tard. Disons presque trop tard pour ne pas offrir aux à-quoi-bonnistes un autre type d’alibi. « La volonté du bien ou, ce qui revient au même, la bonne volonté […] consacre à toute minute cet avènement de l’effectivité que la mort réalise une seule fois, à la fin de sa vie et quand il est trop tard, et en débouchant dans le non-être. […] La bonne volonté […] est donc bien à sa manière une médiation de la mort, elle est l’inversion continuée de cette mort : elle nous entretient dans la salutaire tension de l’urgence. [14] » Si le contemplatif connaît le sens du présent, le courageux en assume la fonction. Nos vies inféodées à une urgence falsifiée ne connaissent en rien le salut qu’elle peut parfois représenter. Le courageux, lui, perçoit derrière l’urgence l’effectivité profonde. Il sait déconstruire les illusions d’urgence et faire, en revanche, de la théorie du sujet une authentique urgence.

La valeur de l’irremplaçabilité

14Cette chose qu’il faut faire, c’est moi qui dois la faire. « C’est moi qui dois la faire ; et non pas quelqu’un en général, non pas ce Moi-en-Soi, qui n’étant ni moi, ni toi, ni lui, mais seulement On, est la personne qui n’est personne. [15] » Et telle est sans doute la difficulté. Car le « on qui n’est personne » est sans doute notre viatique habituel. Notre vie journalière est le fruit de ce « On ». On vit sans vivre. On vit en attendant et la mort et la grâce, mais de façon si peu différenciée qu’on manquera les deux. Le courage, d’une certaine manière, c’est déjà cela : l’autre nom d’un rendez-vous avec soi-même.

15Le courage, c’est saisir la valeur régulatrice de l’irremplaçabilité. Le capital s’inscrit dans une morale sadienne. « Sade imaginait une utopie sexuelle où chacun avait le droit de posséder n’importe qui ; des êtres humains, réduits à leurs organes sexuels, deviennent alors rigoureusement anonymes et interchangeables. Sa société idéale réaffirmait ainsi le principe capitaliste selon lequel hommes et femmes ne sont, en dernière analyse, que des objets d’échange. [16] » Mais voilà, le système saura exploiter les « rusés », du moins leur donner raison : ils sont bel et bien interchangeables, échangeables, substituables. L’un vaut pour l’autre. Leur propension à s’anonymiser les rend, en effet, plus vulnérables encore, eux qui s’ingénient à devenir les invisibles du système. Le grand marché du monde se nourrit de ces invisibilités-là. Seul le courage pourrait leur redonner cette unicité qui les sauverait du piteux commerce. Revendiquer l’insubstituable, faire surgir l’irréductible en soi suffirait à faire cesser le troc. Du moins à le déstabiliser. Reprendre courage, c’est ainsi retrouver le chemin de la subjectivité inaliénable. Être irremplaçable, être « nominativement concerné ». La clause est de conscience car elle est « de désignation personnelle ». La morale jankélévitchienne n’est, en ce sens, qu’une suite de compressions ou de commandements à l’irréductible. Non seulement il s’agit de faire et de refaire le déjà fait et le à faire, mais il s’agit de le faire séance tenante, à l’instant même – sorte de compression du présent – et par moi seul – compression de toutes mes contradictions ou dispersions.

16Parce qu’il fait de nous un sujet, parce qu’il fait de nous un agent de notre vie, le courage est, au final, plus protecteur du sujet que le manque de courage. Renoncer à ses principes, sur le long terme, provoque toujours une érosion du sujet, dont il ne sera pas si simple de guérir.

17Que chacun ressente donc comme une invitation personnelle cette exhortation à agir, se considère comme personnellement, exclusivement, absolument visé par une exigence qui, pour la conscience philosophique, s’applique à tous les autres, mais pour une bonne volonté innocente me concerne seul comme si les autres n’existaient pas. Privilège du moi ? C’est à lui qu’incombe le courage. L’injonction du courage rappelle qu’au cœur des affaires publiques l’instance du moi reste prioritaire.

18Outil de leadership bien sûr, mais surtout outil qui préserve le sujet de sa propre érosion et qui protège contre l’entropie démocratique. Un outil de gouvernance, en somme. Un outil de régulation, même. Il existe, de nos jours, une forme de découragement généralisé, ressenti particulièrement dans le monde du travail. Les gens tombent malades, deviennent dépressifs alors qu’ils n’ont pas de fébrilité initiale. Certains vont même jusqu’au suicide. Ce malaise est directement lié, bien sûr, au retour et au renforcement de la précarisation. Mais il faut rajouter à cela, une précarisation morale si j’ose dire, dans la mesure où l’on assiste aujourd’hui à un désaveu des valeurs, qui sont renversées, falsifiées par l’ordre néolibéral ambiant.

19L’hyper rentabilité, la performance et l’individualisme sont portés aux nues, alors que nos humanités nous ont appris à relativiser aussi tout cela, et à chercher davantage la plénitude, l’individuation, et une liberté articulée à l’égalité. Or rien n’est moins vrai que l’obsolescence de ces valeurs. Les individus et les sociétés croient qu’ils vont pouvoir être les passagers clandestins de la morale, que la lâcheté est plus « payante » que le courage… Ma thèse c’est qu’ils se trompent, et qu’au contraire, pour l’être humain, et pour les sociétés – donc tant pour la psyché individuelle que la psyché collective –, le prix de la lâcheté et du renoncement est beaucoup plus cher à payer que le prix du courage. Elle fabrique de l’érosion de la personne, de l’isolement et met en danger les structures collectives.

L’Ouvert de la vertu

20Peur et courage sont liés. Le courageux est celui qui éprouve la peur, qui ne la nie pas, mais qui ne se laisse pas enliser par elle. Il la dépasse. Le courageux n’est pas le téméraire, l’intempestif. Bien sûr, la figure homérique du courage existe, mais elle demeure une figure de l’hybris : Achille l’illustre parfaitement. La vérité d’Achille, c’est son talon.

21Je défends une autre idée, que le courage s’éprouve à l’aune du découragement. De fait, tous les hommes peuvent être courageux car nous avons en partage cette peur, et on peut avoir aussi en partage ce dépassement de la peur. Si nous paraissons, de nos jours, moins courageux, ce n’est pas parce que nous avons perdu le sens du courage mais parce que notre idéologie utilitariste nous fait croire que le courage est antinomique de la réussite. C’est vrai que le courage est sans victoire, qu’il est sans capitalisation : ce n’est pas parce que j’ai été courageux que je peux m’exempter de l’être demain.

22Pour autant, le courage est sans échec possible car ce qui compte dans le courage ce n’est pas le résultat mais l’acte. Le courage réhabilite tous les échecs possibles. Il démontre, d’une certaine manière, que l’échec est une illusion. Il est plastique : là ce sera résister et rompre, là ce sera endurer et tenir. Le courage n’est pas l’apanage exclusif de l’extraordinaire. Le courage, c’est aussi ce qui vous fait devenir courageux, le petit acte quotidien qui alimente l’estime de soi et lutte contre l’entropie collective.

23Le courage ce n’est pas la vertu. C’est l’Ouvert de la vertu. L’effort perpétuel. La santé. La volonté de ne pas laisser la dégénérescence l’emporter si facilement. Au niveau collectif, c’est évidemment le geste politique révolutionnaire. Et Victor Hugo de faire de Paris la ville symptomatique du courage. Une ville que nulle épreuve n’a épargnée. Et pourtant, elle garde une jovialité souveraine. Et quand elle ne gronde pas, elle rit. Telle est Paris, « tas de boue et de pierres si l’on veut, mais, par-dessus tout, être moral ». Et si Paris est un être moral c’est parce qu’elle ose le courage comme d’autres le progrès. « Le cri : Audace ! est un Fiat Lux ». Faire Lumière, Commencement et Histoire ce sera faire courage. « Tenter, braver, persister, persévérer, […] prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise. [17] »

Notes

  • [1]
    Vladimir Jankélévitch, Les Vertus et l’amour. Traité des vertus II, I, « Du courage ».
  • [2]
    Vladimir Jankélévitch, Le sérieux de l’intention. Traité des vertus I, Champs-Flammarion, 1983, p. 125.
  • [3]
    Qui n’a lieu qu’une seule fois.
  • [4]
    Vladimir Jankélévitch, Le sérieux de l’intention, op. cit., p. 124.
  • [5]
    Vladimir Jankélévitch, Les Vertus et l’amour. Traité des vertus II, op. cit.
  • [6]
    Vladimir Jankélévitch, Le sérieux de l’intention. Traité des vertus I, op. cit., p. 125.
  • [7]
    Ibid., p. 126.
  • [8]
    Ibid., p. 127.
  • [9]
    Vladimir Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. 3 La volonté de vouloir, Le Seuil, 1980, p. 49-50.
  • [10]
    Vladimir Jankélévitch, Les Vertus et l’amour. Traité des vertus II, op. cit., vol. 1, chap. 2 « Le courage et la fidélité ».
  • [11]
    Vladimir Jankélévitch, Le sérieux de l’intention. Traité des vertus I, op. cit., p. 128.
  • [12]
    « La jeunesse de la volonté durera jusqu’à la fin du monde » dans Vladimir Jankélévitch, Le sérieux de l’intention. Traité des vertus I, op. cit., p. 129.
  • [13]
    Ibid.
  • [14]
    Ibid.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Christophe Lash, La Culture du narcissisme, Flammarion.
  • [17]
    Victor Hugo, Les Misérables, XI, « Railler, régner ».