title: JO de Tokyo : pourquoi des athlètes concourent avec les anneaux olympiques plutôt que leur drapeau national ?
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Les Taïwanais, les Russes et les athlètes de l'équipe des réfugiés participent aux jeux olympiques de Tokyo sans drapeau national. À la place, ils portent les fameux anneaux multicolores de la compétition internationale et, lorsqu'ils remportent une médaille, c'est l'hymne olympique qui retentit.
Pour participer aux Jeux Olympiques, les athlètes doivent faire partie d’un comité olympique national, rattaché à “un État indépendant reconnu par la communauté internationale”, reconnu par le Comité international olympique (CIO). Mais il y a des exceptions. Les athlètes qui en bénéficient doivent toutefois renoncer à leurs symboles nationaux pour participer à la compétition.
C’est le cas cette année des sportifs appartenant à une équipe de réfugiés, composée d’exilés aux origines diverses, ainsi que des Taïwanais et des Russes qui portent les anneaux olympiques, à la place de leur drapeau. Lorsqu’ils remportent une médaille, ce n’est pas leur hymne national qui retentit, mais l’hymne olympique.
Dans le cas des athlètes Taïwanais, ce sont des enjeux diplomatiques qui les ont contraints à concourir sous le nom de “Taipei chinois”, car la Chine considère ce territoire comme une de ses provinces. Le drapeau de l’île autonome est remplacé par un drapeau où figurent les anneaux olympiques, bien qu’on y retrouve les couleurs bleu et rouge du drapeau national. Quant à l’hymne national, c’est l’hymne olympique officiel qui s’y substitue, s’ils remportent une médaille.
En 2018, les Taïwanais avaient eux-mêmes rejeté par référendum (55% contre 45%) le nom de “Taïwan” pour leur délégation aux JO de Tokyo, sans doute en raison de la menace d’exclusion du Comité international olympique en cas de changement de nom. La Chine veille de près à ce que les symboles de Taïwan n’apparaissent pas pendant la compétition.
Pékin n’a d’ailleurs pas apprécié qu’un présentateur japonais prononce le nom de “Taïwan” pour introduire la délégation insulaire lors de la cérémonie d’ouverture, ni que celle-ci défile juste avant le Tadjikistan, suivant l’ordre alphabétique du caractère “ta” de Taïwan, plutôt que derrière la Chine, suivant le caractère “chi” de Chinese-Taipei.
Les athlètes russes doivent eux aussi concourir sans leur drapeau national, mais pour une toute autre raison. La Fédération russe d’athlétisme a été suspendue en novembre 2015, en raison de la fraude généralisée au dopage durant les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi en 2014.
La Russie étant exclue des compétitions internationales, ses athlètes participent aux Jeux au sein d’une équipe appelée “Comité olympique russe” (COR), qui ne comporte par le mot “Russie”. Ses membres, qui doivent avoir démontré leur absence de liens avec le système de dopage généralisé et concourent à titre individuel, sont désignés comme “athlètes neutres” par la fédération sportive internationale.
Ils peuvent cependant brandir les anneaux olympiques surmontés des symboles du COR, dont les couleurs font référence au drapeau national russe qui leur est interdit. Le CIO leur a aussi accordé la diffusion d'un fragment du Concerto pour piano n°1 de Piotr Tchaïkovski, leur hymne national étant banni.
Aux JO de Tokyo, il y a une équipe qui ne représente pas une, mais 11 nationalités. Il s'agit de l'équipe olympique des réfugiés. Annoncée en octobre 2015, en pleine crise mondiale des réfugiés, elle a été créée pour les Jeux olympiques 2016 de Rio. L'équipe comptait alors 10 athlètes originaires de quatre pays (Soudan du Sud, Syrie, Éthiopie et République démocratique du Congo).
Cette année, l'équipe compte désormais 29 membres originaires de Syrie, du Soudan du Sud, d'Iran, d'Irak, d'Erythrée, de la RDC, de la République du Congo, du Cameroun, du Venezuela et d'Afghanistan. Elle concourt sous la bannière blanche aux cinq anneaux olympiques, symbolisant les cinq continents. Des anneaux qui seront hissés au son de l'hymne olympique en cas de titre. Pour la première fois, une équipe de réfugiés paralympique sera aussi présente à Tokyo.
L'idée de créer une équipe de réfugiés est née en 2012, lorsque Guor Marial, un marathonien réfugié aux États-Unis, a participé aux Jeux de Londres. Originaire du Soudan du Sud, qui venait d'obtenir son indépendance du Soudan, il était le premier athlète réfugié à participer aux Jeux, aux côtés des autres athlètes indépendants originaires des ex-Antilles néerlandaises.
Des sportifs s’étaient déjà présentés lors de JO précédents en tant qu’athlètes indépendants et participaient donc dans des conditions similaires à celles des athlètes Taïwanais, Russes et réfugiés pour cette édition de Tokyo : ils ne pouvaient pas représenter leur pays d'origine sous les couleurs de leur drapeau et défilaient donc sous la bannière olympique. En cas de victoire, c'est l'hymne olympique qui était joué lors de la remise des médailles.
Pendant les Jeux olympiques d'été 1992, les athlètes de la République fédérale de Yougoslavie, sanctionnée par le CIO, et la République de Macédoine, qui n'était pas encore dotée d'un comité, ont concouru avec ce statut. Ce fût à nouveau le cas pour les athlètes du Timor oriental aux Jeux olympiques d'été 2000, qui peuvent désormais concourir au sein du comité de la République démocratique du Timor-Leste. Aux Jeux d'été 2016, les athlètes du Koweït, dont le comité avait été suspendu, ont aussi participé avec ce statut d'indépendants.