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Peut-être. Peut être est-ce parce que j’ai repris des forces pour partir en croisade. Peut être est-ce parce que je suis entourée de personnes bienveillantes. Peut-être est-ce parce que j’évolue dans un contexte complexe. Peut être est-ce parce que mon année fût rude, faite de hauts, de bas, et qu’il a fallu de la douceur de de la patience pour traverser tout cela. Mais voilà. Voilà.
Feminazi, black face, extrait vidéo percutants hors contexte, vindicte publique, les pour à fond, les contres tellement motivés, les tweet clash à rebondissement… Je suis fatiguée. Je suis fatiguée du passage à l’échelle, de l’ampleur que cela prend. De ces messages ou reportages si nets : bon ou mauvais. Et si ? Et si certaines choses étaient floues. Et si des paroles, des actes étaient la résultante de choses complexes. Pourquoi ne pas reconnaître des choses comme la maladresse, l’imperfection, l’aveuglement, la peur, l’inculture, les biais ? Les réseaux sociaux, les blogs, (comme les les cafés à leur époque), ont libéré la parole et il est évident que les positions exprimées ne sont pas toutes celles de spécialistes-super-pointus-qui-doivent-forcément-savoir-que. Tout cela reste imparfait et inégal.
Disclaimer, je ne dis pas qu’il faut laisser le bénéfice du doute aux habitués du mépris de l’humain et de l’humanité, aux racistes et aux sexistes qui portent leur haine en bandoulière depuis des mois [*]. Je parle ici des autres, de ceux qui tentent un truc, un commentaire, une prise de position, peut être nouvelle, qui développent des idées, s’essaient à la liberté de parole, à l’humour, et pour qui on hurle si vite au scandale.
Il faut bien discuter, échanger, n’est ce pas. Alors comment ?
Que l’on avance une idée, et que quelqu’un demande comment elle a éclot. Oui.
Que l’on puisse enrichir cette idée et lui donner une autre perspective. Oui.
Que des arguments contraires soient développés, entendus. Oui.
Mais que l’on doive dans l’urgence et impérativement classer. Hop. Dans le bac à linge sale, les gens qui aiment Johnny, les joueurs de foot, les mecs qui commentent #balancetonporc, les femmes qui commentent #balancetonporc. Et dans le tiroir des chaussettes propres, les militants écologistes, les féministes, les entrepreneurs, les pro miss france rousse, les grévistes (cherchez pas, ce sont encore des exemples pris au hasard). Non.
Redonnons de la place au flou, à l’indéterminé. Essayer de comprendre le cheminement d’une pensée, cela demande du temps, du cerveau, du cœur. Cela demande de se parler, de s’écouter. Cela demande aussi d’admettre que les failles, les faiblesses, les manques fassent partie du débat. Nos faiblesses. Et celles des autres.
Il me semble que à l’heure du machine learning prédictif et de l’ordinateur quantique, il faudrait tourner le dos aux positions binaires (#instantGeek) et nous munir de points de vue subtils, et de conclusion nuancée. Pour le bien-être du plus grand nombre, pour diminuer l’agitation de ce monde.
#bisou
Crédit : Photo de Julien Tatham, Reflecting Story, avec son aimable autorisation. La photo est tirée de son exposition ‘Us Stop’. Julien peint, dessine, compose, arrange avec une poésie remarquable… Un artiste à découvrir ici : http://reflectingstory.com/
[*] cher troll, ici tu pourras faire ton beurre