La victoire des professionnels
Dans sorcières, sages-femmes et infirmières de Barbara Ehrenreich & Deirdre English, une citation du sociologue Elliot Freison :
une profession atteint et maintient sa position grâce à la protection et au patronage d’une partie de l’élite de la société qui a acquis la conviction que son travail possède une valeur particulière.
Le commentaire des autrices sur cette citation est le suivant :
En d’autres termes, les professions sont créées par la classe dirigeante. Pour devenir la profession médicale, les docteurs “réguliers” ont eu besoin, avant tout, d’être patronnés par la classe dirigeante.
Les autrices distinguent ce processus, sans le nommer explicitement :
- une pratique (exemple “glaner des plantes et se soigner avec ce qu’on trouve”)
- une activité (exemple “se soigner et soigner d’autres avec des plantes dont on a identifié des lieux de cueillettes, ou des personnes pour nous en fournir”)
- une profession (exemple “des personnes qui soignent avec des plantes se regroupent sous une philosophie commune appelée naturopathie”)
La profession est une activité professionnalisée, dont une partie de son travail est de défendre ses intérêts, et se propager — parfois, en vue de dominer sur d’autres courants analogues.
Quand je lisais ces lignes, je ne pouvais m’empêcher de penser au développement logiciel et à d’autres courants, comme le coaching ou l’agilité.
Ces pratiques sont elles-mêmes mises au service de quelque chose de plus grand : la création d’entreprises financées par de la dette, à la croissance prédictible (aka, les start-ups).
On pourrait distinguer des développeur·ses, designer‧ses, agilistes et coach dont c’est l’activité ou la profession, si leur travail nourrit directement une structure capitalistique et qui renforce le maillage néolibéral.