regarder la pluie tomber sur les surfeurs


Enoshima, les nuages gris et l'océan
Kugenuma, Japon, 17 avril 2021

Quand il n'y a pas de café, les villages sont misérables.
— L'écho des rizières - Anna Moï, urn:isbn:2-87678-663-X

Je ne lis que très peu à la maison. La pandémie m'a donné une lenteur de lecture et un feu étouffé. Comme le note Stéphane dans Une année sans livres:

Oui c’est exactement ça. Un genre d’hébétude par moments, de passivité (je suis un morceau de bois ces jours-ci), et dans mon cas une frénésie possiblement très mal placée : écouter le monde, se faire peur, espérer, se refaire peur, lire tout et son contraire, tout ça fragmenté en une grêle de messages sur les réseaux sociaux. Regarder ma pile à lire de 80, peut-être 100 bouquins, et rester paralysé devant au lieu d’en être gourmand.

Je reviens à l'instant d'un café à kugennuma qui ouvre « tôt » (critère japonais, soit 8h). Il n'y avait aucun client. Et surtout ils ont une terrasse (autre rareté au Japon). J'ai sorti le livre de mon sac. J'ai commandé un café et un pain au chocolat. Je suis allé sur la terrasse. Et j'ai lu. Personne n'est venue s'installer pendant cette heure là. Je suis resté seul. Il a commencé à pleuvoir. J'ai repris mon vélo et je suis allé à la plage pour regarder la pluie tomber sur les surfeurs. Le jean trempé, les mains froides, mais le cœur léger d'avoir lu quelques pages.