title: Émois en photos : année blanche, année noire - 2 : distance url: https://lalunemauve.fr/emois-en-photos-annee-blanche-annee-noire-2-distance/ hash_url: 03efcc832beba4212f70128850c9fe1f
Ce billet fait suite à Émois en photos : année blanche, année noire — 1 : solitude.
Je clame à qui veut l’entendre qu’Internet me sert à rencontrer des personnes comme moi, pour vivre nos passions à plusieurs.
En réalité, je me demande si Internet ne me permet pas plutôt de tenir les autres à distance.
J’écrivais que les relations formées sur les réseaux sociaux sont trop ponctuelles pour être autre chose que superficielles. Et même si certains échanges sont plus réguliers ou plus intéressants que d’autres, notre (in)capacité d’attention menace de vaciller à chaque seconde si on nous écrit trop, ou si on nous écrit mal.
J’utilise ces plateformes pour générer de la visibilité autour de mon travail, et pour puiser de l’inspiration en butinant à droite à gauche. Les artistes et militant·es que je suis me fournissent le grain cérébral à moudre pour enrichir ma propre démarche.
En revanche, je n’utilise pas les réseaux sociaux parce que la vie des autres m’intéresse. Je suis très peu de comptes « lifestyle », que je trouve souvent répétitifs et convenus, même dans les sphères gotheuses.
Le concept de « grille Instagram » semble d’ailleurs exiger que l’on resserve perpétuellement la même soupe réconfortante et non crispante. Oui, c’est agréable de voir de belles images ; mais à la longue ça berce un peu trop.
Je ne m’y attendais pas, mais c’est grâce à Buffy que j’ai pris conscience de mon narcissisme, et de ses manifestations sur Internet.
Dans son article “Darn your sinister attraction! Narcissism in Buffy’s Affair with Spike” (tiré du livre The Psychology of Joss Whedon, An Unauthorized Exploration of Buffy, Angel and Firefly – Joss Whedon is trash btw), Carol Pool livre la définition de la personnalité narcissique que voici.
- A grandiose sense of self-importance;
- Preoccupation with fantaisies of unlimited success, power, brilliance, beauty, or ideal love;
- A belief of being “special” and thus entitled to associate only with high-status or “special” people;
- A hunger for excessive admiration;
- A sense of entitlement, that is, unreasonable expectations of special treatment or others’ automatic compliance with one’s wishes;
- A tendency to take advantage of others;
- A lack of empathy for others’ feelings and needs;
- Envy of others, or a belief that others envy one;
- Arrogant or haughty behavior. (…)
Je traduis :
- Une suffisance spectaculaire ;
- une obsession pour des fantasmes de succès illimité, de pouvoir, de virtuosité, de beauté, ou d’amour idéal ;
- une conviction d’être « spécial·e » et donc d’avoir droit de ne fréquenter que des personnes « spéciales » ou ayant un haut statut social ;
- un appétit pour l’admiration excessive ;
- se croire tout permis, en particulier avoir des attentes excessives concernant un traitement de faveur, ou le respect automatique de ses désirs par autrui ;
- une tendance à profiter d’autrui ;
- un manque d’empathie pour les émotions et les besoins d’autrui ;
- jalouser autrui, ou une croyance que les autres nous jalousent ;
- un comportement arrogant ou hautain. (…)
Si j’ai été soulagée de ne pas cocher toutes les cases, plusieurs critères justifieraient quand même sans mal mes 20 ans de pratique numérique, notamment les fantasmes de succès et le goût pour l’admiration des autres.
Fais-je tout ça, depuis si longtemps, par narcissisme ? Ma pratique est-elle aussi vulgaire que ça ? 😐
Ça expliquerait plein de choses, en fait.
Ça me débecte de l’avouer, mais j’ai longtemps cru que je n’étais pas narcissique parce que je ne « m’abaissais » pas à publier des photos de moi sans arrêt, contrairement à d’autres, en particulier des femmes.
En réalité, je publie très peu de photos de moi car Internet me sert de potion d’invisibilité : ça me permet de compenser la lien rompu avec mon corps par une obsession pour la cérébralité.
J’ai mis des années à comprendre qu’il s’agissait là d’une misogynie intériorisée doublée d’une forme de classisme.
Je démêle peu à peu cette vilaine pelote grâce à mes lectures féministes.
Puisque l’on parle de narcissisme, je me demande aussi dans quelle mesure ma translation progressive vers un propos de plus en plus militant, et le fait que je l’affiche, n’est pas une énième manière de renvoyer une image positive de moi.
Je repense souvent au texte À propos de la déconstruction de Prose.
À son instar, je ne peux m’empêcher de trouver les postures militantes sur Internet souvent arrogantes, à commencer par les miennes.
Il y a quelque chose de profondément paradoxal dans le fait de désigner comme « déconstruites » des pensées en réalité extrêmement construites, avec des normes de vocabulaire et des concepts plus ou moins élaborés.
C’est même au-delà de l’arrogance : n’est-ce pas du classisme que de tenter d’imposer un modèle de pensée qui nous semble couler de source (par exemple, l’intersectionnalité) à des personnes qui se débattent avec des problématiques propres à un milieu social différent du nôtre ?
Lorsque quelqu’un·e dit quelque chose qui heurte nos convictions, on dégaine parfois des armes de destruction massive à son encontre (call out et compagnie).
Or, ces personnes peuvent elles aussi être des victimes du système patriarcal, a fortiori si ce sont des femmes et/ou des personnes LGBTQIA+. Bien sûr, ce n’est pas pour ça que nous devons tolérer des discours oppressifs.
Mais quand un·e adelphe en tient un, j’essaie de me rappeler que j’ai pu – et peux encore – penser, dire et publier moi aussi de la merde. Ça fait partie du cheminement.
Chaque personne est pétrie de croyances héritées de son éducation, de son milieu social et de son expérience ; notre vie est rythmée par toutes celles et tous ceux qu’il nous reste à écouter, et par tout ce qu’iels ont à nous apprendre.
Pour chaque personne par rapport à laquelle on se sent plus « déconstruit·e », il y a N fois plus d’autres personnes davantage déconstruites que soi.
Ce qui compte, c’est la façon dont on réagit quand on nous signale un souci, et ce que l’ont fait ensuite de cette opportunité pour se documenter. Ça pique l’ego, mais ce qui se joue dépasse de loin notre amour propre.
J’ai longtemps rechigné à visibiliser mes convictions politiques sur le net. Si j’hésite un peu moins à le faire aujourd’hui, c’est toujours en prenant les plus grandes précautions, et en manquant d’assurance.
Pour commencer, mes impensés et mes angles morts sont nombreux, parce que je cumule pas mal de privilèges. J’estime donc que ma voix prend donc déjà trop de place, même si je publie assez peu.
De plus, je ne suis pas prête à payer le coût psychique exigé par une plus grande visibilisation de mes convictions.
Je vais essayer de développer un peu tout ça, car ça me trotte pas mal dans la tête.
Plus je lis et plus je me renseigne sur le féminisme, plus mes privilèges et mes impensés me sautent à la gueule.
En tant qu’artiste, suis-je en droit de représenter des personnes racisées et/ou des personnes transgenres par exemple, ou d’illustrer leurs paroles, étant donné que je ne suis individuellement concernée ni par le racisme ni par la transphobie ?
Autrement dit, pour citer La Fille Renne sur le Slack de Polysème Magazine (c’est super, venez) :
Est-ce qu’il vaut mieux ne rien faire et mettre de côté des sujets super importants et des personnes marginalisées, ou faire, consulter des personnes concerné-e-s, publier leurs œuvres, et peut être risquer des maladresses ?
J’ai lu pas mal de messages contradictoires à ce sujet. D’un côté, il y a des militant·es qui demandent à ce que l’on ne s’empare pas des oppressions dont on ne fait pas soi-même l’expérience, pour ne pas faire d’ombre aux personnes concernées, dont les voix ont déjà du mal à porter.
D’autres militant·es estiment au contraire que c’est aux personnes détentrices d’un privilège d’éduquer leurs pairs, afin de soulager la charge mentale des personnes concernées, fatiguées de devoir faire ce travail pédagogique permanent.
J’ai encore du mal à trouver l’équilibre. Amplifier la voix des personnes concernées me semble indispensable, et j’ai l’impression de le faire quand je partage des contenus qu’elles ont créés.
Mais, malgré ma volonté de multiplier les points de vue et les représentations, il y a un paquet d’angles morts dans ce que je choisis de partager. Et valoriser certaines problématiques plutôt que d’autres, c’est déjà les hiérarchiser, même inconsciemment, comme l’a rappelé Méchandicapé.
Par exemple, ce n’est que l’année dernière que j’ai pris conscience, grâce aux militant·es afro-féministes, que je ne relayais et ne créais que des images représentant des personnes blanches. Des personnes de toutes les morphologies, de tous les genres, mais des personnes blanches.
Peut-être qu’être féministe, c’est cela : allumer son humilité comme une lampe torche, pour explorer les phobies et les stéréotypes que l’on a intériorisés, toutes les micro-agressions que l’on inflige à autrui, et tous les emblèmes d’oppression que l’on incarne et que l’on perpétue, souvent inconsciemment, faute de s’être posé assez de questions.
Bien sûr, avoir conscience de mes impensés ne m’empêche pas de prendre la parole à propos des discriminations et des violences que j’ai moi-même subies, et que je subis encore parce que je suis une femme.
Mais dans la mesure où bien d’autres féministes blanches, valides et cisgenres occupent déjà l’espace médiatique, je ne pense pas que ma voix individuelle ait un grand rôle à jouer.
Cependant, à partir du moment où on a une audience, si modeste soit-elle, on a une responsabilité vis-à-vis des représentations que l’on diffuse.
Quoi que je dise, ma voix de personne privilégiée prend déjà trop de place. Étant donné qu’on est déjà sur-sollicité·es en permanence, pourquoi la ramener davantage ?
Black Lives Matter m’a fait comprendre que l’enjeu n’est pas tant de prendre la parole une fois de plus, mais de fermer ma gueule et écouter les autres, comme une éponge.
À moins d’avoir quelque chose d’original ou d’inédit à proposer, il est très probable que d’autres militant·es disent déjà ce que l’on essaie de dire soi-même, mais :
Même si je bouillonne fort, je ne vois aucun intérêt à réagir non-stop à l’actualité, par exemple.
Car au moment où je prends connaissance de la dernière actu abjecte du moment, elle a déjà été partagée par tous les autres comptes féministes, avec, en prime, un recul et une analyse que je suis quant à moi incapable de fournir en un laps de temps si court, et que je ne suis peut-être pas en mesure de fournir étant donné mes privilèges (?).
Si je jouais le jeu, et que je passais ma vie à réagir à tout, notamment sur les réseaux sociaux, j’aurais la sensation de contribuer à confisquer de l’attention qui pourrait être dirigée vers d’autres contenus, créés par des personnes directement concernées, mais invisibilisées pour cette raison précise.
Dans cette logique, il me semble plus cohérent de retweeter/partager des contenus créés d’autres personnes que soi sur les problématiques qui ne sont pas les nôtres mais qui nous touchent, par solidarité, en particulier si on a une communauté importante.
Mais cela crée beaucoup de bruit aussi ; or, on sous-estime la lassitude provoquée par ces publications répétitives, d’autant plus quand tous les comptes féministes se passent le mot.
Alors certes, c’est comme ça qu’on fait bouger certaines lignes : en étant légion. C’est aussi comme ça que fonctionne le « buzz » sur les réseaux sociaux. Mais cela participe à une surcharge informationnelle qu’il est difficile d’assimiler en permanence.
Outre ce problème de légitimité, visibiliser ses convictions a aussi un coût psychique élevé. Visibiliser qui l’on est et ses valeurs, c’est prendre le risque de s’exposer à des insultes, du harcèlement et des violences.
Moonlight me disait que cette visibilisation, cet outing, peut même représenter un danger de mort pour certain·es d’entre nous.
C’est ainsi que le patriarcat intimide et punit les féministes, avec une double peine pour les féministes racisé·es, handicapé·es et/ou LGBTQIA+.
Dans ce contexte, on a toutes les raisons du monde à vouloir se préserver. Et en même temps, ce n’est qu’en participant à l’effort de lutte collective qu’il y a une possibilité que la société évolue.
En particulier, « rien sur nous sans nous » implique que l’on s’engage et que l’on crée des contenus nous-mêmes, collectivement.
Mais je me questionne sur la pression à fournir toujours plus d’efforts, à sacrifier son temps libre et ses moyens, pour lutter contre des systèmes dont on gère déjà la charge mentale et les violences au quotidien.
Militer exige un temps considérable, que l’on a aussi le droit de passer différemment. Quand on milite, on fait déjà souvent ce que l’on peut, à hauteur de ses moyens.
Avoir besoin de recharger ses batteries est légitime. On a le droit de faire des pauses, de se désabonner de comptes militants et de mettre ce bruit constant en sourdine, car cela exige trop d’attention et trop d’énergie vitale.
C’est pourquoi les injonctions à militer me questionnent, ainsi que ce que je perçois comme une hiérarchisation de l’engagement.
Je comprends la nécessité de faire corps, et de penser nos luttes de manière collective. Je comprends aussi que les organisations existantes ont besoin de bénévoles, de dons et d’idées nouvelles.
Mais affirmer que seul l’engagement collectif et public compte, n’est-ce pas une façon de contraindre des gens à s’outer pour « prouver » leur légitimité ?
En parallèle, j’entends souvent dire que militer sur Internet ne serait pas aussi important que le fait de participer à des actions sur le terrain au sein d’un collectif.
Ce type de discours semble créer une hiérarchie entre celleux qui militeraient « de la bonne façon », sur le terrain, dans la rue, et celleux qui brasseraient de l’air sur les réseaux sociaux.
Or, quand je vois toutes les mobilisations qui ont lieu sur le net, j’ai de plus en plus de mal à avaler cet argument.
Plus généralement, la pression que je ressens pour « prouver » ma valeur militante me révulse.
« J’aime bien ton blog, mais il est devenu trop militant. »
Voici le nouveau type de retour que l’on commence à me faire. C’est ponctuel pour l’instant, mais il y a un risque que cela devienne monnaie courante, vu ce que je prévois de publier au fil du temps.
Il y a quand même un paradoxe : aux yeux des personnes déjà engagées, je n’en fais sans doute pas assez ; aux yeux des personnes en marge des cercles militants, ou carrément réfractaires au féminisme, j’en fais déjà trop.
Les lecteurices de mon blog ne me doivent rien et peuvent aller et venir à leur guise. Moi en revanche, je me suis engagée à respecter l’attention que les un·es et les autres accordent à mes contenus. Je ne peux donc faire ce que je fais que de la manière la plus honnête possible.
Et l’honnêteté, pour moi, ça commence par l’honnêteté intellectuelle. Je ne serais pas honnête si j’occultais totalement la politique sur mon blog perso, alors qu’elle occupe une place importante dans ma vie.
Parfois, je me demande si ce sont vraiment les idées que je partage qui dérangent, ou bien seulement les mots que j’utilise pour les exprimer ?
Car je comprends très bien que la rhétorique militante puisse déplaire : elle semble souvent taillée pour n’être comprise que par d’autres militant·es, façon aquarium.
Quand j’observe autour de moi les personnes les moins politisées sur les questions féministes, elles se raidissent dès que j’utilise des concepts ou des mots issus des études féministes et queer.
Pour les convaincre, je n’ai pas de solution miracle : j’essaie de m’adapter à chaque personne en me calquant sur le vocabulaire qu’elle utilise par exemple, et surtout je ne m’épuise plus si ça bloque, même quand je suis fasse à quelqu’un pour qui j’ai de l’affection.
En parallèle à tous ces questionnements, je sens que la tension entre création et curation s’accélère.
J’aimerais m’autoriser à parler davantage de mes propres expériences : ne pas être seulement « cheffe d’orchestre » ou « curatrice » en partageant ce que font les autres, mais m’approprier davantage le rôle de créatrice pour oser raconter ma propre histoire.
Lia a attiré mon attention sur le fait que mes créations personnelles passent après mon travail de recherche et de rédaction pour La Lune Mauve. C’est vrai, et j’ai envie que ça change : je ne veux pas répéter toute ma vie ce que je sais déjà faire.
J’ai besoin de créer quelque chose d’autre, quelque chose de plus grand et de plus intime à la fois. J’ai besoin d’arrêter de cacher qui je suis par peur d’être rejetée. Je doute que cette peur disparaisse un jour, alors autant l’accepter et en faire quelque chose ?
Dans Adieu, Comrades, Zoetica Ebb écrivait ceci, au moment de lâcher son travail d’éditrice de magazine pour devenir illustratrice à plein temps :
The need to focus on creating versus curating has been nagging at me (…), first softly and then louder, until it grew into a din which could no longer be ignored.
Je traduis :
Le besoin de me concentrer sur la création versus la curation me harcèle depuis un certain temps (…), au départ doucement et puis plus fort, jusqu’à ce qu’il mute en un vacarme que je n’ai plus pu ignorer.
C’était en 2011, j’étais à l’apogée de mon artiste-fantômerie, mais ça a touché un truc enfoui très profondément en moi.
Jadis, quand j’éditais le webzine de La Lune Mauve, plus j’aidais les autres à accoucher de leurs idées, plus j’avais du mal à accoucher des miennes. Petit à petit, ma créativité s’asséchait à force de devoir me consacrer à ce que créait autrui.
Je me suis longtemps battue contre la petite voix intérieure qui me soufflait de laisser tomber, et de me reconnecter à ce que je créais, moi. Mais je ne voulais pas l’écouter. Le collectif me semblait plus important et plus noble que mes aspirations personnelles.
En fin de compte, mettre fin à cette expérience a été un gigantesque coup de boost créatif, toute douloureuse fut la décision sur le moment.
Quand on est artiste, il faut choisir comment on investit son temps. Le temps libre, c’est la véritable pierre précieuse de notre époque.
Si je continue à passer mon temps à relayer ce que créent et partagent les autres, c’est autant de temps en moins pour mes propres créations.
Je pose ça là car je ne vois pas où d’autre, et puis ça prolonge un peu la réflexion sur comment articuler militantisme et création.
Alors voilà : j’ai envie depuis quelques années de co-organiser des ateliers créatifs, militants et auto-gérés en présentiel, en petits comités et a priori en non mixité, sans homme cis-het (cisgenre et hétérosexuel).
On pourrait investir un tiers-lieu ou louer un gîte au calme en Bretagne. Le programme serait co-conçu : on pourrait être plusieurs à proposer des ateliers, en fonction de ce que chacun·e sait faire et a envie de partager avec les autres.
Ça pourrait être un mix entre :
Si vous êtes concerné·e, est-ce un projet qui vous donnerait envie personnellement de participer ? Si non, pourquoi ?
Je pense qu’il n’y a rien de plus fort que les expériences vécues IRL (in real life). Tant que tout se passe sur Internet, il y a encore la possibilité de mettre ça de côté dans un coin de sa tête et de siffloter très fort en espérant que d’autres feront le boulot, et que la détresse des autres ne nous atteindra pas trop.
Créer des contenus originaux, et donner envie à autrui de raconter leur propre histoire à l’aide de l’art, c’est pour moi une démarche militante.
C’est un moyen de rendre du pouvoir aux autres, d’encourager des personnes en qui personne ne croit et que personne n’écoute, à cause de leur identité de genre, de leur sexualité, de leurs handicaps, de leur apparence, de leur histoire, de leurs croyances, ad lib.
Cette articulation de l’art, de l’intime et du politique, c’est ce qui m’intéresse le plus. Je n’en suis qu’aux prémisses, mais c’est un projet qui me tient au corps et que j’ai envie de développer.
Ce billet étant très long, j’ai décidé, exceptionnellement, de le découper en 3. Je vous donne rendez-vous très bientôt pour la dernière partie.