se perdre


Un bol de fraises.
Tsujido, Japon, 23 mai 2021

« se perdre » est une idée terriblement romantique, voire élitiste. Se perdre dans la forêt débute comme une extension de cette idée — je parle en tant que victime consentante. Chaque fois que j'ai marché dans une forêt pour me perdre, j'ai toujours su, sans l'admettre sur le moment, qu'il y aurait une route pour en sortir, une qui relierait ma maison à la forêt dans une géométrie possible
— Comment je suis devenue un arbre - Sumana Roy, urn:isbn:978-2-84230-742-4

Se perdre en forêt est une désorientation complète. Je ne me suis jamais vraiment perdu en forêt. J'ai parfois hésité sur la direction dans laquelle marcher, ou bien rallonger mon chemin.

Mais peut-être, n'ai-je jamais marcher dans une forêt assez dense et profonde pour ne plus comprendre sa géographie, sa sensibilité, son inclinaison.

Mais au plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été dans des forêts que ce soit sur les hauts de Rouen ou du côté de Saint-Philbert. Le plaid posé dans les feuilles mortes, les branches tombées sur le sol pour construire des châteaux qui survivent encore dans la mémoire.


Mes dents écrasent les dernières fraises du jardin. Je ferme les yeux. La pulpe sucrée éveillent les papilles. Un frisson me parcourt.

Peut-on vraiment se perdre dans un goût ?

J'ai une envie de fraises des bois.