Browse Source

More links

master
David Larlet 3 years ago
parent
commit
b7baa9eabc

+ 193
- 0
cache/2021/bda7c1903601dae7d2b10ce8e3d87572/index.html View File

@@ -0,0 +1,193 @@
<!doctype html><!-- This is a valid HTML5 document. -->
<!-- Screen readers, SEO, extensions and so on. -->
<html lang="fr">
<!-- Has to be within the first 1024 bytes, hence before the <title>
See: https://www.w3.org/TR/2012/CR-html5-20121217/document-metadata.html#charset -->
<meta charset="utf-8">
<!-- Why no `X-UA-Compatible` meta: https://stackoverflow.com/a/6771584 -->
<!-- The viewport meta is quite crowded and we are responsible for that.
See: https://codepen.io/tigt/post/meta-viewport-for-2015 -->
<meta name="viewport" content="width=device-width,initial-scale=1">
<!-- Required to make a valid HTML5 document. -->
<title>Le " TravelPorn ", nouvel outil de distinction sociale sur les réseaux sociaux (archive) — David Larlet</title>
<meta name="description" content="Publication mise en cache pour en conserver une trace.">
<!-- That good ol' feed, subscribe :). -->
<link rel="alternate" type="application/atom+xml" title="Feed" href="/david/log/">
<!-- Generated from https://realfavicongenerator.net/ such a mess. -->
<link rel="apple-touch-icon" sizes="180x180" href="/static/david/icons2/apple-touch-icon.png">
<link rel="icon" type="image/png" sizes="32x32" href="/static/david/icons2/favicon-32x32.png">
<link rel="icon" type="image/png" sizes="16x16" href="/static/david/icons2/favicon-16x16.png">
<link rel="manifest" href="/static/david/icons2/site.webmanifest">
<link rel="mask-icon" href="/static/david/icons2/safari-pinned-tab.svg" color="#07486c">
<link rel="shortcut icon" href="/static/david/icons2/favicon.ico">
<meta name="msapplication-TileColor" content="#f0f0ea">
<meta name="msapplication-config" content="/static/david/icons2/browserconfig.xml">
<meta name="theme-color" content="#f0f0ea">
<!-- Documented, feel free to shoot an email. -->
<link rel="stylesheet" href="/static/david/css/style_2021-01-20.css">
<!-- See https://www.zachleat.com/web/comprehensive-webfonts/ for the trade-off. -->
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t4_poly_regular.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: light), (prefers-color-scheme: no-preference)" crossorigin>
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t4_poly_bold.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: light), (prefers-color-scheme: no-preference)" crossorigin>
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t4_poly_italic.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: light), (prefers-color-scheme: no-preference)" crossorigin>
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t3_regular.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: dark)" crossorigin>
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t3_bold.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: dark)" crossorigin>
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t3_italic.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: dark)" crossorigin>
<script>
function toggleTheme(themeName) {
document.documentElement.classList.toggle(
'forced-dark',
themeName === 'dark'
)
document.documentElement.classList.toggle(
'forced-light',
themeName === 'light'
)
}
const selectedTheme = localStorage.getItem('theme')
if (selectedTheme !== 'undefined') {
toggleTheme(selectedTheme)
}
</script>

<meta name="robots" content="noindex, nofollow">
<meta content="origin-when-cross-origin" name="referrer">
<!-- Canonical URL for SEO purposes -->
<link rel="canonical" href="https://usbeketrica.com/fr/article/travel-porn-outil-distinction-social">

<body class="remarkdown h1-underline h2-underline h3-underline em-underscore hr-center ul-star pre-tick">

<article>
<header>
<h1>Le " TravelPorn ", nouvel outil de distinction sociale sur les réseaux sociaux</h1>
</header>
<nav>
<p class="center">
<a href="/david/" title="Aller à l’accueil"><svg class="icon icon-home">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-home"></use>
</svg> Accueil</a> •
<a href="https://usbeketrica.com/fr/article/travel-porn-outil-distinction-social" title="Lien vers le contenu original">Source originale</a>
</p>
</nav>
<hr>
<p>Qu&rsquo;advient-il de notre exp&eacute;rience du voyage lorsque, par le biais des r&eacute;seaux sociaux, celui-ci en est r&eacute;duit &agrave; &ecirc;tre une source de construction identitaire port&eacute;e par une logique de distinction sociale&#8239;?</p>

<p>Le concept de <i>travelporn</i> fait &eacute;cho &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence du <i>foodporn</i>. Cette tendance tient pour r&eacute;f&eacute;rence les plats g&eacute;n&eacute;reux de Paul Bocuse qualifi&eacute;s de <i>gastroporn</i> en 1977 par un critique&#8239;; puis un article de Rosaline Coward en 1984 qui d&eacute;signe l&rsquo;ambivalence du plaisir procur&eacute; par des photos de nourritures directement accompagn&eacute;es par un sentiment de culpabilit&eacute; (<i>food pornography</i>). Avec l&rsquo;av&egrave;nement des r&eacute;seaux sociaux, c&rsquo;est surtout l&rsquo;exc&egrave;s de la gastronomie qui est mis en avant, autant sur son aspect esth&eacute;tique que calorique.&nbsp;</p>

<p>Appliqu&eacute; au tourisme, cet exc&egrave;s se retrouve dans le partage des photos issues des voyages qui n&rsquo;est plus uniquement le t&eacute;moignage d&rsquo;une exp&eacute;rience mais une source de construction identitaire port&eacute;e par la distinction. Avec une vision interpr&eacute;t&eacute;e par l&rsquo;artiste, c&rsquo;est en r&eacute;alit&eacute; une d&eacute;formation de l&rsquo;exp&eacute;rience touristique, d&eacute;goulinante de clich&eacute;s et de st&eacute;r&eacute;otypes avec des pratiques largement sexu&eacute;es et sexualis&eacute;es. C&rsquo;est donc la tendance au <i>toujours plus</i> qui compose le prestige, avec une intention d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e de provoquer du d&eacute;sir et de l&rsquo;envie aupr&egrave;s du spectateur. En fonction du public vis&eacute;, ce seront les corps, les paysages ou les pratiques qui se verront valoris&eacute;s. O<i>n veut du muscle, du frisson et de la beaut&eacute;. </i>&Agrave; l&rsquo;image du <i>foodporn</i>, le contenu n&rsquo;est pas culpabilisant pour l&rsquo;artiste mais pour le spectateur qui, en tant que t&eacute;moin, ne participe pas &agrave; cette exp&eacute;rience et se contente de l&rsquo;envier.</p>

<p>Le <i>travelporn</i> devient alors un outil de distinction pour valoriser son comportement mais aussi sa classe sociale avec une attention ind&eacute;cente port&eacute;e sur le luxe, le confort ou la fr&eacute;quence des d&eacute;parts. Lorsque certains se targuent de voyager &agrave; longueur d&rsquo;ann&eacute;e dans des r&eacute;sidences somptueuses, c&rsquo;est pour susciter le r&ecirc;ve et le plaisir aupr&egrave;s de populations qui n&rsquo;auront jamais acc&egrave;s &agrave; ces pratiques.&nbsp;</p>

<p>Lorgner sur la vie des autres reste une pratique appr&eacute;ci&eacute;e&nbsp;: la t&eacute;l&eacute;r&eacute;alit&eacute;, &agrave; titre d&rsquo;exemple, n&rsquo;y va pas de mainmorte pour exposer r&eacute;guli&egrave;rement des mod&egrave;les de vies anim&eacute;s par la d&eacute;mesure, l&rsquo;abondance et le superflu. Pour les artistes, c&rsquo;est se pr&eacute;senter en tout transparence dans des attitudes ind&eacute;centes, voir irrespectueuses, o&ugrave; pudeur et &eacute;l&eacute;gance font bande &agrave; part. C&rsquo;est aussi rajouter l&rsquo;hashtag <i>#travelporn </i>&agrave; ses publications pour accepter l&rsquo;ironie de la sc&egrave;ne et caract&eacute;riser l&rsquo;exag&eacute;ration non moins assum&eacute;e de cette complaisance. Ainsi, l&rsquo;hashtag revendique sur Instagram pr&egrave;s de 2,3 millions de publications. Cependant, toutes ne sont pas port&eacute;es par l&rsquo;exc&egrave;s ou le clich&eacute;, la r&eacute;alit&eacute; des publications non identifi&eacute;es s&rsquo;av&egrave;re bien plus importante tant l&rsquo;intention n&rsquo;est pas reconnue ni assum&eacute;e.</p>

<p>Le <i>travelporn</i> tend &agrave; lisser et reproduire les m&ecirc;mes pratiques touristiques en mutlipliant de faux petits riens r&eacute;currents&nbsp;et terriblement r&eacute;ducteurs: mes chaussures face au panorama pour symboliser &agrave; la fois mon existence et mon humilit&eacute;&#8239;; un tour de rein face paysage mais r&eacute;solument face cam&eacute;ra pour confirmer mon ambition et mon assurance. Et, enfin, si je parviens &agrave; capter ce subtil rayon de soleil qui refl&egrave;te mon visage en position du guerrier pour rappeler ma sensibilit&eacute; et mon &eacute;panouissement, alors seulement le voyage sera abouti.&nbsp;</p>

<p>Peut-&ecirc;tre que la culture populaire a sa part de responsabilit&eacute;, &agrave; commencer par le cin&eacute;ma. &Agrave; grand coups de films exalt&eacute;s qui nous encouragent &agrave; affronter la vie par le mouvement et l&rsquo;aventure, le s&eacute;dentarisme est associ&eacute; &agrave; la paresse et se traduira dans le regard des autres par de la condescendance. <i>Non mais oui, c&rsquo;est bien aussi de se reposer.</i> Finalement, ces contenus deviennent les reflets revendiqu&eacute;s de pratiques touristiques o&ugrave; seule la trace num&eacute;rique est suffisante pour justifier l&rsquo;existence et l&rsquo;exp&eacute;rience du s&eacute;jour.</p>

<p>Nous connaissons la valeur des contenus visuels dans la perception de l&rsquo;exp&eacute;rience touristique. Elles valorisent les atouts de la destination et construisent des imaginaires autour d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; touristique. Elles sont &agrave; la fois inspirationnelles et aspirationnelles et illustrent la premi&egrave;re &eacute;tape du voyage qui repose dans la repr&eacute;sentation mentale de la destination. Dans cette recherche de perfection, c&rsquo;est l&rsquo;imaginaire du voyageur qui se retrouve modifi&eacute;. Les couleurs sont satur&eacute;es, le folklore est surexpos&eacute; et le plaisir impr&egrave;gne chaque partie des clich&eacute;s partag&eacute;s. Chacun a d&eacute;j&agrave; gout&eacute; &agrave; cette amertume lorsque nous arrivons sur une destination qui n&rsquo;est finalement pas &agrave; la hauteur de l&rsquo;image partag&eacute;e sur les r&eacute;seaux sociaux.&nbsp;</p>

<p>Ainsi, le <i>travelporn</i> participe &agrave; une repr&eacute;sentation erron&eacute;e de ce que devrait &ecirc;tre le voyage. De plus, la viralit&eacute; des images influence le comportement des touristes en favorisant l&rsquo;&eacute;mergence de nouveaux sites touristiques. Face &agrave; des visibilit&eacute;s soudaines, certaines destinations se retrouvent d&eacute;bord&eacute;es par les flux de voyageurs venus immortaliser leur photo f&eacute;tiche. WWF tente d&rsquo;y rem&eacute;dier avec des g&eacute;olocalisations fictives pour pr&eacute;server l&rsquo;anonymat des lieux. D&rsquo;autres territoires font le choix du d&eacute;marketing pour s&rsquo;effacer et se contenter de leur notori&eacute;t&eacute; (Amsterdam, Marseille). A Puerto Princesa (Philippines), on va m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; modifier les cartes touristiques produites pour occulter t certains points d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts sensibles. Le <i>travelporn</i> ne se constitue pas uniquement au d&eacute;triment de la spontan&eacute;it&eacute; du voyageur mais modifie aussi l&rsquo;identit&eacute; et l&rsquo;&eacute;quilibre des destinations.</p>

<p>Nous pouvons orienter ces remarques sur les acteurs qui participent aussi au partage de contenus sur les r&eacute;seaux sociaux. Alors que nous demandons plus de transparence dans les campagnes marketing &agrave; de nombreuses industries (agroalimentaire, cosm&eacute;tiques, textiles), il semble qu&rsquo;en mati&egrave;re de tourisme, continuer de &laquo;&nbsp;vendre du r&ecirc;ve&nbsp;&raquo; puisse rester monnaie courante. Avec l&rsquo;usage des filtres et des retouches, et par argument d&rsquo;autorit&eacute;, nous faisons confiance &agrave; l&rsquo;image renvoy&eacute;e par ces op&eacute;rateurs. Si elle est d&eacute;form&eacute;e, elle participe de la d&eacute;sillusion cr&eacute;&eacute;e face &agrave; des destinations photog&eacute;niques qui perdent de leur grandeur une fois les artifices dissimul&eacute;s. Alors m&ecirc;me que nous identifions une &eacute;volution des envies et des habitudes des touristes allant du contemplatif vers le participatif, certains acteurs identifient dans la photo retouch&eacute;e le seul moyen de valoriser le produit touristique.&nbsp;</p>

<p>Cette aberration se retrouve dans les publicit&eacute;s d&rsquo;agences de voyages, des h&eacute;bergeurs ou des prestataires d&rsquo;activit&eacute;s qui identifient dans le <i>toujours plus</i> des codes positifs capables d&rsquo;attirer les foules. Enfin, entre les images aseptis&eacute;es et la pr&eacute;sentation brute d&rsquo;une destination, le curseur est assez large pour &nbsp;proposer de nouvelles mani&egrave;res de valoriser les activit&eacute;s.&nbsp;</p>

<p>D&rsquo;ailleurs, cette ind&eacute;cence ne se retrouve plus uniquement dans la simple visibilit&eacute; des supports visuels, mais dans le d&eacute;veloppement de projets totalement d&eacute;connect&eacute;s des pr&eacute;occupations du secteur qui tendront &agrave; stigmatiser &ndash; encore &ndash; l&rsquo;activit&eacute; touristique. Ainsi, pour les plus vaillants, il est possible de prendre une douche &agrave; bord de l&rsquo;A380 d&rsquo;Emirates, de partager des photos enlac&eacute;es avec des animaux sauvages et de danser dans les plus grands paquebots de croisi&egrave;res du monde. La r&egrave;gle du <i>toujours plus</i> s&rsquo;expose &eacute;galement dans des projets fous comme le Jurassic Park d&rsquo;Elon Musk ou la pr&eacute;paration d&rsquo;un complexe aquatique accol&eacute; aux temples d&rsquo;Angkor. L&rsquo;exc&egrave;s devient la r&egrave;gle et le besoin d&rsquo;originalit&eacute; pousse des op&eacute;rateurs &agrave; &eacute;laborer des absurdit&eacute;s, port&eacute;es par des ambitions financi&egrave;res plus que par le discernement.</p>

<p>En tant que voyageur, peut-&ecirc;tre est-il temps de se raisonner et de comprendre l&rsquo;impact que peut comporter le simple partage de photos. Il est ind&eacute;niable que l&rsquo;usage des r&eacute;seaux sociaux reste un levier d&rsquo;action primordiale pour les op&eacute;rateurs touristiques et un outil de construction personnelle parfois n&eacute;cessaire. Cependant, sans doute faut-il d&eacute;construire le mythe du vacancier dans sa capacit&eacute; &agrave; partager ses souvenirs de voyage. Ces exc&egrave;s li&eacute;s au <i>travelporn</i> cristallisent des attitudes d&eacute;bordantes et questionnent la mani&egrave;re dont nous souhaitons valoriser nos exp&eacute;riences touristiques.</p>
</article>


<hr>

<footer>
<p>
<a href="/david/" title="Aller à l’accueil"><svg class="icon icon-home">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-home"></use>
</svg> Accueil</a> •
<a href="/david/log/" title="Accès au flux RSS"><svg class="icon icon-rss2">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-rss2"></use>
</svg> RSS</a> •
<a href="http://larlet.com" title="Go to my English profile" data-instant><svg class="icon icon-user-tie">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-user-tie"></use>
</svg> Pro</a> •
<a href="mailto:david%40larlet.fr" title="Envoyer un courriel"><svg class="icon icon-mail">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-mail"></use>
</svg> Email</a> •
<abbr class="nowrap" title="Hébergeur : Alwaysdata, 62 rue Tiquetonne 75002 Paris, +33184162340"><svg class="icon icon-hammer2">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-hammer2"></use>
</svg> Légal</abbr>
</p>
<template id="theme-selector">
<form>
<fieldset>
<legend><svg class="icon icon-brightness-contrast">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-brightness-contrast"></use>
</svg> Thème</legend>
<label>
<input type="radio" value="auto" name="chosen-color-scheme" checked> Auto
</label>
<label>
<input type="radio" value="dark" name="chosen-color-scheme"> Foncé
</label>
<label>
<input type="radio" value="light" name="chosen-color-scheme"> Clair
</label>
</fieldset>
</form>
</template>
</footer>
<script>
function loadThemeForm(templateName) {
const themeSelectorTemplate = document.querySelector(templateName)
const form = themeSelectorTemplate.content.firstElementChild
themeSelectorTemplate.replaceWith(form)

form.addEventListener('change', (e) => {
const chosenColorScheme = e.target.value
localStorage.setItem('theme', chosenColorScheme)
toggleTheme(chosenColorScheme)
})

const selectedTheme = localStorage.getItem('theme')
if (selectedTheme && selectedTheme !== 'undefined') {
form.querySelector(`[value="${selectedTheme}"]`).checked = true
}
}

const prefersColorSchemeDark = '(prefers-color-scheme: dark)'
window.addEventListener('load', () => {
let hasDarkRules = false
for (const styleSheet of Array.from(document.styleSheets)) {
let mediaRules = []
for (const cssRule of styleSheet.cssRules) {
if (cssRule.type !== CSSRule.MEDIA_RULE) {
continue
}
// WARNING: Safari does not have/supports `conditionText`.
if (cssRule.conditionText) {
if (cssRule.conditionText !== prefersColorSchemeDark) {
continue
}
} else {
if (cssRule.cssText.startsWith(prefersColorSchemeDark)) {
continue
}
}
mediaRules = mediaRules.concat(Array.from(cssRule.cssRules))
}

// WARNING: do not try to insert a Rule to a styleSheet you are
// currently iterating on, otherwise the browser will be stuck
// in a infinite loop…
for (const mediaRule of mediaRules) {
styleSheet.insertRule(mediaRule.cssText)
hasDarkRules = true
}
}
if (hasDarkRules) {
loadThemeForm('#theme-selector')
}
})
</script>
</body>
</html>

+ 16
- 0
cache/2021/bda7c1903601dae7d2b10ce8e3d87572/index.md View File

@@ -0,0 +1,16 @@
title: Le « TravelPorn », nouvel outil de distinction sociale sur les réseaux sociaux
url: https://usbeketrica.com/fr/article/travel-porn-outil-distinction-social
hash_url: bda7c1903601dae7d2b10ce8e3d87572

<p>Qu&rsquo;advient-il de notre exp&eacute;rience du voyage lorsque, par le biais des r&eacute;seaux sociaux, celui-ci en est r&eacute;duit &agrave; &ecirc;tre une source de construction identitaire port&eacute;e par une logique de distinction sociale&#8239;?</p>

<p>Le concept de <i>travelporn</i> fait &eacute;cho &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence du <i>foodporn</i>. Cette tendance tient pour r&eacute;f&eacute;rence les plats g&eacute;n&eacute;reux de Paul Bocuse qualifi&eacute;s de <i>gastroporn</i> en 1977 par un critique&#8239;; puis un article de Rosaline Coward en 1984 qui d&eacute;signe l&rsquo;ambivalence du plaisir procur&eacute; par des photos de nourritures directement accompagn&eacute;es par un sentiment de culpabilit&eacute; (<i>food pornography</i>). Avec l&rsquo;av&egrave;nement des r&eacute;seaux sociaux, c&rsquo;est surtout l&rsquo;exc&egrave;s de la gastronomie qui est mis en avant, autant sur son aspect esth&eacute;tique que calorique.&nbsp;</p><p>Appliqu&eacute; au tourisme, cet exc&egrave;s se retrouve dans le partage des photos issues des voyages qui n&rsquo;est plus uniquement le t&eacute;moignage d&rsquo;une exp&eacute;rience mais une source de construction identitaire port&eacute;e par la distinction. Avec une vision interpr&eacute;t&eacute;e par l&rsquo;artiste, c&rsquo;est en r&eacute;alit&eacute; une d&eacute;formation de l&rsquo;exp&eacute;rience touristique, d&eacute;goulinante de clich&eacute;s et de st&eacute;r&eacute;otypes avec des pratiques largement sexu&eacute;es et sexualis&eacute;es. C&rsquo;est donc la tendance au <i>toujours plus</i> qui compose le prestige, avec une intention d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e de provoquer du d&eacute;sir et de l&rsquo;envie aupr&egrave;s du spectateur. En fonction du public vis&eacute;, ce seront les corps, les paysages ou les pratiques qui se verront valoris&eacute;s. O<i>n veut du muscle, du frisson et de la beaut&eacute;. </i>&Agrave; l&rsquo;image du <i>foodporn</i>, le contenu n&rsquo;est pas culpabilisant pour l&rsquo;artiste mais pour le spectateur qui, en tant que t&eacute;moin, ne participe pas &agrave; cette exp&eacute;rience et se contente de l&rsquo;envier.</p>

<p>Le <i>travelporn</i> devient alors un outil de distinction pour valoriser son comportement mais aussi sa classe sociale avec une attention ind&eacute;cente port&eacute;e sur le luxe, le confort ou la fr&eacute;quence des d&eacute;parts. Lorsque certains se targuent de voyager &agrave; longueur d&rsquo;ann&eacute;e dans des r&eacute;sidences somptueuses, c&rsquo;est pour susciter le r&ecirc;ve et le plaisir aupr&egrave;s de populations qui n&rsquo;auront jamais acc&egrave;s &agrave; ces pratiques.&nbsp;</p><p>Lorgner sur la vie des autres reste une pratique appr&eacute;ci&eacute;e&nbsp;: la t&eacute;l&eacute;r&eacute;alit&eacute;, &agrave; titre d&rsquo;exemple, n&rsquo;y va pas de mainmorte pour exposer r&eacute;guli&egrave;rement des mod&egrave;les de vies anim&eacute;s par la d&eacute;mesure, l&rsquo;abondance et le superflu. Pour les artistes, c&rsquo;est se pr&eacute;senter en tout transparence dans des attitudes ind&eacute;centes, voir irrespectueuses, o&ugrave; pudeur et &eacute;l&eacute;gance font bande &agrave; part. C&rsquo;est aussi rajouter l&rsquo;hashtag <i>#travelporn </i>&agrave; ses publications pour accepter l&rsquo;ironie de la sc&egrave;ne et caract&eacute;riser l&rsquo;exag&eacute;ration non moins assum&eacute;e de cette complaisance. Ainsi, l&rsquo;hashtag revendique sur Instagram pr&egrave;s de 2,3 millions de publications. Cependant, toutes ne sont pas port&eacute;es par l&rsquo;exc&egrave;s ou le clich&eacute;, la r&eacute;alit&eacute; des publications non identifi&eacute;es s&rsquo;av&egrave;re bien plus importante tant l&rsquo;intention n&rsquo;est pas reconnue ni assum&eacute;e.</p><p>Le <i>travelporn</i> tend &agrave; lisser et reproduire les m&ecirc;mes pratiques touristiques en mutlipliant de faux petits riens r&eacute;currents&nbsp;et terriblement r&eacute;ducteurs: mes chaussures face au panorama pour symboliser &agrave; la fois mon existence et mon humilit&eacute;&#8239;; un tour de rein face paysage mais r&eacute;solument face cam&eacute;ra pour confirmer mon ambition et mon assurance. Et, enfin, si je parviens &agrave; capter ce subtil rayon de soleil qui refl&egrave;te mon visage en position du guerrier pour rappeler ma sensibilit&eacute; et mon &eacute;panouissement, alors seulement le voyage sera abouti.&nbsp;</p><p>Peut-&ecirc;tre que la culture populaire a sa part de responsabilit&eacute;, &agrave; commencer par le cin&eacute;ma. &Agrave; grand coups de films exalt&eacute;s qui nous encouragent &agrave; affronter la vie par le mouvement et l&rsquo;aventure, le s&eacute;dentarisme est associ&eacute; &agrave; la paresse et se traduira dans le regard des autres par de la condescendance. <i>Non mais oui, c&rsquo;est bien aussi de se reposer.</i> Finalement, ces contenus deviennent les reflets revendiqu&eacute;s de pratiques touristiques o&ugrave; seule la trace num&eacute;rique est suffisante pour justifier l&rsquo;existence et l&rsquo;exp&eacute;rience du s&eacute;jour.</p>

<p>Nous connaissons la valeur des contenus visuels dans la perception de l&rsquo;exp&eacute;rience touristique. Elles valorisent les atouts de la destination et construisent des imaginaires autour d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; touristique. Elles sont &agrave; la fois inspirationnelles et aspirationnelles et illustrent la premi&egrave;re &eacute;tape du voyage qui repose dans la repr&eacute;sentation mentale de la destination. Dans cette recherche de perfection, c&rsquo;est l&rsquo;imaginaire du voyageur qui se retrouve modifi&eacute;. Les couleurs sont satur&eacute;es, le folklore est surexpos&eacute; et le plaisir impr&egrave;gne chaque partie des clich&eacute;s partag&eacute;s. Chacun a d&eacute;j&agrave; gout&eacute; &agrave; cette amertume lorsque nous arrivons sur une destination qui n&rsquo;est finalement pas &agrave; la hauteur de l&rsquo;image partag&eacute;e sur les r&eacute;seaux sociaux.&nbsp;</p><p>Ainsi, le <i>travelporn</i> participe &agrave; une repr&eacute;sentation erron&eacute;e de ce que devrait &ecirc;tre le voyage. De plus, la viralit&eacute; des images influence le comportement des touristes en favorisant l&rsquo;&eacute;mergence de nouveaux sites touristiques. Face &agrave; des visibilit&eacute;s soudaines, certaines destinations se retrouvent d&eacute;bord&eacute;es par les flux de voyageurs venus immortaliser leur photo f&eacute;tiche. WWF tente d&rsquo;y rem&eacute;dier avec des g&eacute;olocalisations fictives pour pr&eacute;server l&rsquo;anonymat des lieux. D&rsquo;autres territoires font le choix du d&eacute;marketing pour s&rsquo;effacer et se contenter de leur notori&eacute;t&eacute; (Amsterdam, Marseille). A Puerto Princesa (Philippines), on va m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; modifier les cartes touristiques produites pour occulter t certains points d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts sensibles. Le <i>travelporn</i> ne se constitue pas uniquement au d&eacute;triment de la spontan&eacute;it&eacute; du voyageur mais modifie aussi l&rsquo;identit&eacute; et l&rsquo;&eacute;quilibre des destinations.</p>

<p>Nous pouvons orienter ces remarques sur les acteurs qui participent aussi au partage de contenus sur les r&eacute;seaux sociaux. Alors que nous demandons plus de transparence dans les campagnes marketing &agrave; de nombreuses industries (agroalimentaire, cosm&eacute;tiques, textiles), il semble qu&rsquo;en mati&egrave;re de tourisme, continuer de &laquo;&nbsp;vendre du r&ecirc;ve&nbsp;&raquo; puisse rester monnaie courante. Avec l&rsquo;usage des filtres et des retouches, et par argument d&rsquo;autorit&eacute;, nous faisons confiance &agrave; l&rsquo;image renvoy&eacute;e par ces op&eacute;rateurs. Si elle est d&eacute;form&eacute;e, elle participe de la d&eacute;sillusion cr&eacute;&eacute;e face &agrave; des destinations photog&eacute;niques qui perdent de leur grandeur une fois les artifices dissimul&eacute;s. Alors m&ecirc;me que nous identifions une &eacute;volution des envies et des habitudes des touristes allant du contemplatif vers le participatif, certains acteurs identifient dans la photo retouch&eacute;e le seul moyen de valoriser le produit touristique.&nbsp;</p><p>Cette aberration se retrouve dans les publicit&eacute;s d&rsquo;agences de voyages, des h&eacute;bergeurs ou des prestataires d&rsquo;activit&eacute;s qui identifient dans le <i>toujours plus</i> des codes positifs capables d&rsquo;attirer les foules. Enfin, entre les images aseptis&eacute;es et la pr&eacute;sentation brute d&rsquo;une destination, le curseur est assez large pour &nbsp;proposer de nouvelles mani&egrave;res de valoriser les activit&eacute;s.&nbsp;</p><p>D&rsquo;ailleurs, cette ind&eacute;cence ne se retrouve plus uniquement dans la simple visibilit&eacute; des supports visuels, mais dans le d&eacute;veloppement de projets totalement d&eacute;connect&eacute;s des pr&eacute;occupations du secteur qui tendront &agrave; stigmatiser &ndash; encore &ndash; l&rsquo;activit&eacute; touristique. Ainsi, pour les plus vaillants, il est possible de prendre une douche &agrave; bord de l&rsquo;A380 d&rsquo;Emirates, de partager des photos enlac&eacute;es avec des animaux sauvages et de danser dans les plus grands paquebots de croisi&egrave;res du monde. La r&egrave;gle du <i>toujours plus</i> s&rsquo;expose &eacute;galement dans des projets fous comme le Jurassic Park d&rsquo;Elon Musk ou la pr&eacute;paration d&rsquo;un complexe aquatique accol&eacute; aux temples d&rsquo;Angkor. L&rsquo;exc&egrave;s devient la r&egrave;gle et le besoin d&rsquo;originalit&eacute; pousse des op&eacute;rateurs &agrave; &eacute;laborer des absurdit&eacute;s, port&eacute;es par des ambitions financi&egrave;res plus que par le discernement.</p>

<p>En tant que voyageur, peut-&ecirc;tre est-il temps de se raisonner et de comprendre l&rsquo;impact que peut comporter le simple partage de photos. Il est ind&eacute;niable que l&rsquo;usage des r&eacute;seaux sociaux reste un levier d&rsquo;action primordiale pour les op&eacute;rateurs touristiques et un outil de construction personnelle parfois n&eacute;cessaire. Cependant, sans doute faut-il d&eacute;construire le mythe du vacancier dans sa capacit&eacute; &agrave; partager ses souvenirs de voyage. Ces exc&egrave;s li&eacute;s au <i>travelporn</i> cristallisent des attitudes d&eacute;bordantes et questionnent la mani&egrave;re dont nous souhaitons valoriser nos exp&eacute;riences touristiques.</p>


+ 2
- 0
cache/2021/index.html View File

@@ -233,6 +233,8 @@
<li><a href="/david/cache/2021/cfcd10768187ce1c3e598136cd8838b2/" title="Accès à l’article dans le cache local : Bad News Wrapped in Protein: Inside the Coronavirus Genome">Bad News Wrapped in Protein: Inside the Coronavirus Genome</a> (<a href="https://www.nytimes.com/interactive/2020/04/03/science/coronavirus-genome-bad-news-wrapped-in-protein.html" title="Accès à l’article original distant : Bad News Wrapped in Protein: Inside the Coronavirus Genome">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/bda7c1903601dae7d2b10ce8e3d87572/" title="Accès à l’article dans le cache local : Le " TravelPorn ", nouvel outil de distinction sociale sur les réseaux sociaux">Le " TravelPorn ", nouvel outil de distinction sociale sur les réseaux sociaux</a> (<a href="https://usbeketrica.com/fr/article/travel-porn-outil-distinction-social" title="Accès à l’article original distant : Le " TravelPorn ", nouvel outil de distinction sociale sur les réseaux sociaux">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/6514143dca5d96bf9e751236b800fba5/" title="Accès à l’article dans le cache local : Are We Really Engineers?">Are We Really Engineers?</a> (<a href="https://www.hillelwayne.com/post/crossover-project/are-we-really-engineers/" title="Accès à l’article original distant : Are We Really Engineers?">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/4b81d4d9d89fb1d417aa292463529271/" title="Accès à l’article dans le cache local : Vendor by default">Vendor by default</a> (<a href="https://macwright.com/2021/03/11/vendor-by-default.html" title="Accès à l’article original distant : Vendor by default">original</a>)</li>

Loading…
Cancel
Save