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<title>La mort figurative vous va si bien. (archive) — David Larlet</title>
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<article>
<header>
<h1>La mort figurative vous va si bien.</h1>
</header>
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</p>
</nav>
<hr>
<p>Je me promets souvent de ne plus écrire simplement "en réaction" à la longue litanie des actualités autour de la modération des discours de haine en ligne. Parce que j'ai déjà beaucoup écrit sur le sujet et que j'ai un peu l'impression d'en avoir fait le tour sur ce blog et <a href="https://www.librairiesindependantes.com/product/search/?query=ertzscheid" rel="noopener" target="_blank">dans mes livres</a>, et que pour clore le tour complet de la question il suffit :</p>

<ul>
<li>de voir le documentaire ab-so-lu-ment remarquable "<a href="http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/55099_1" rel="noopener" target="_blank">The Cleaners</a>"</li>
<li>de connaître le modèle économique des plateformes de médias sociaux (celui d'une régie publicitaire)</li>
<li>de comprendre ce qu'était la nature spéculative des discours de haine (ou des discours radicaux) à l'aune du capitalisme linguistique décrit par Frédéric Kaplan (<a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/10/lutter-contre-la-haine-sur-le-web.html" rel="noopener" target="_blank">petit résumé de tout cela</a>).</li>
</ul>

<p>Oui mais. </p>

<h2>Mange tes morts.</h2>

<p>Le Guardian s'est procuré de <a href="https://www.theguardian.com/technology/2021/mar/23/facebook-guidelines-allow-for-users-to-call-for-death-of-public-figures" rel="noopener" target="_blank">nouveaux documents confidentiels concernant la politique de modération de Facebook</a>. Il y a notamment découvert qu'il était tout à fait possible et acceptable d'appeler à la mort de personnalités, dans la mesure où il s'agissait de personnalités "publiques" et dans la mesure où leur compte n'était pas explicitement identifié (tag). </p>

<p>On peut donc écrire sur Facebook : </p>

<blockquote>
<p><em>"Je souhaite que Frédérique Vidal meure dans d'atroces souffrances pour l'ensemble de son oeuvre"</em></p>
</blockquote>

<p>Mais on ne peut pas écrire : </p>

<blockquote>
<p><em>"Je souhaite que @FrédériqueVidal meure dans d'atroces souffrances pour l'ensemble de son oeuvre"</em></p>
</blockquote>

<p>Avouez que c'est subtil. C'est la nuance qui est subtile hein, ce n'est certainement pas Frédérique Vidal. </p>

<p>Les <a href="https://www.theguardian.com/technology/2021/mar/23/facebook-guidelines-allow-for-users-to-call-for-death-of-public-figures" rel="noopener" target="_blank">documents obtenus par le Guardian</a> révèlent aussi que les critères sont très larges et très "ouverts" pour déterminer si un compte est, ou non, celui d'une "personnalité publique" : </p>

<blockquote>
<p><em>"En plus des politiciens, stars de la chanson ou sportifs, l’entreprise inclut dans cette catégorie tous les journalistes s’exprimant publiquement ou les internautes ayant plus de 100K (100 000) abonnés sur l’un des principaux réseaux sociaux."</em></p>
</blockquote>

<p>Ça en fait du monde à qui souhaiter de manger leurs morts. Perso je suis rassuré, étant très loin des 100 000 abonnés (pourquoi croyez-vous que <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/10/pourquoi-je-vais-fermer-mon-compte-twitter.html" rel="noopener" target="_blank">je ferme mes comptes dès que j'arrive à 10 000 ?</a> ;-)</p>

<p>Autre caractéristique nécessaire pour être considéré comme une "personnalité publique", <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/03/24/le-guardian-revele-des-regles-kafkaiennes-de-la-moderation-de-facebook_6074300_4408996.html" rel="noopener" target="_blank">relevée par Le Monde</a> : </p>

<blockquote>
<p><em>"avoir été mentionnée dans le titre, le sous-titre ou la prévisualisation de cinq articles de presse ou plus dans les deux dernières années."</em></p>
</blockquote>

<p>Là du coup, je redeviens potentiellement une cible :-)</p>

<p><span><strong>[J'en profite ici pour insérer un parallèle.]</strong></span> Le fait de déterminer si une personnalité est ou non "publique" en se référant au nombre de mentions de son nom dans la presse lors des dernières années n'est pas du tout idiot <em>a priori</em>. C'est par exemple le centre de plein de débats qui ont en permanence lieu dans l'encyclopédie Wikipédia pour savoir si telle ou telle personnalité "mérite" d'avoir ou non une page dans l'encyclopédie. Je vous avais raconté à ce sujet <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2015/04/ma-page-wikipedia.html" rel="noopener" target="_blank">l'histoire de la création de ma propre page Wikipédia</a>. La différence avec Facebook, et elle est essentielle, c'est que ces critères d'admissibilité sont transparents et non secrets, et surtout qu'ils sont en permanence débattus, négociés et renégociés entre contributeurs de l'encyclopédie, et enfin que ces débats et controverses sont et demeurent ... publics et accessibles. <strong><span>[Fin du parallèle.] </span></strong></p>

<p>Il n'est pas non plus possible d'appeler à la mort d'une personnalité publique en le lui écrivant dans sa messagerie privée. </p>

<p>Mais en gros tant qu'on taggue pas son compte, tant qu'on ne le lui dit pas directement en messagerie privée, tant que donc cela reste à la surface publique du réseau social, ça passe crème. </p>

<p>Autre subtilité, les enfants de moins de 13 ans ne peuvent être considérés comme des personnalités publiques (sachant qu'en théorie ils n'ont de toute façon pas le droit d'ouvrir un compte Facebook ou Instagram ...) et - subtilité dans la subtilité - il existe des "<em>personnalités publiques involontaires</em>" (j'adore ce concept), c'est à dire qui le sont devenues (des personnalités publiques) sans l'avoir souhaité ou décidé. Et on pense bien sûr ici <a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/01/loi-avia-je-suis-mila.html" rel="noopener" target="_blank">au cas de Mila</a>. </p>

<p>Tant que nous sommes dans les subtilités, il faut s'entretenir un peu de la distinction sémantique (mais pas que) entre le fait de <strong>menacer de mort</strong> (une personnalité publique), et celui de <strong>souhaiter ou</strong> <strong>d'appeler à la mort</strong> (d'une personnalité publique). Ainsi écrire "<em>Je vais te tuer Frédérique Vidal</em>" (menace), n'équivaut pas à écrire "<em>Frédérique Vidal ? Mais qu'elle crève !</em>" (souhait) ou "<em>J'espère que la police de l'islamo-gauchisme pourra abattre Frédérique Vidal un jour</em>". Menacer de mort une personnalité publique reste interdit mais appeler à la mort d'une personnalité publique est autorisé. Subtil disions-nous.</p>

<h2>La mort figurative vous va si bien.</h2>

<p><a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/03/24/le-guardian-revele-des-regles-kafkaiennes-de-la-moderation-de-facebook_6074300_4408996.html" rel="noopener" target="_blank">L'article du Monde</a> reprenant les révélations du Guardian insiste également sur la dimension "figurative" qui conditionnerait le maintien en ligne de tels propos (s'ils respectent également les conditions précédentes) :</p>

<blockquote>
<p>"L’exception concerne essentiellement les <em>« formulations figuratives »</em>, explique le <em>Guardian</em>, comme <em>« il serait temps que</em> [le premier ministre britannique]<em> Boris Johnson meure ou démissionne »."</em></p>
</blockquote>

<p>Si on cherche la <a href="https://www.cnrtl.fr/lexicographie/figuratif" rel="noopener" target="_blank">définition de "figuratif"</a> dans le CNRTL on obtient ceci : </p>

<blockquote>
<p>"<em>1. Qui donne d'un élément une représentation (...) qui en rende perceptible (...) l'aspect ou la nature caractéristique." (...) "2. Qui donne (ou qui constitue), d'un élément, la représentation typique, le plus souvent en vertu d'une analogie de nature ou de valeur entre des éléments dont l'un est conçu comme la représentation de l'autre.</em>"</p>
</blockquote>

<p>Problème, le langage figuratif est ce qu'il y a de plus difficile d'analyser, à détecter et à reconnaître <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01686491" rel="noopener" target="_blank">dans le traitement automatique des langues</a> :</p>

<blockquote>
<p><em>"L'analyse automatique du langage figuratif est l'un des défis majeurs du traitement des langues. Contrairement au langage littéral, le langage figuratif détourne le sens propre pour lui conférer un sens dit figuré ou imagé, comme la métaphore, l'ironie, le sarcasme, la satire et l'humour. La détection de ces phénomènes requiert des outils plus complexes que ceux utilisés pour l'analyse d'opinion." </em>in Jihen Karoui, Nathalie Aussenac-Gilles, Farah Benamara, Lamia Belguith. Le langage figuratif dans le web social : cas de l'ironie et du sarcasme. <em>Workshop Fouille d’opinion dans le Web social</em>, Apr 2014, Lyon, France. <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01686491" rel="noopener" target="_blank">⟨hal-01686491⟩</a></p>
</blockquote>

<p>D'où la difficulté de modérer en temps réel et donc automatiquement les propos appelant à la haine ou à la mort des gens "<em>de manière figurative</em>". Et même en faisant intervenir des modérateurs humains (ce qui rappelons-le n'est pas le choix prioritaire des plateformes), métaphore, ironie, sarcasme, satire et humour présupposent pour être correctement traités de <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2014/08/les-noces-de-gorafi.html" rel="noopener" target="_blank">se placer dans un contexte culturel donné et de disposer de référents partagés et historicisés</a>. </p>

<p>Par-delà le bien et le mal et l'ensemble de ces subtilités, on voit bien que ces règles sont là non pas pour cadrer préventivement et de manière délibérative et ouverte les incitations à la haine mais pour <em>a contrario</em> disposer d'un contre-feu pouvant rétroactivement s'appliquer à l'ensemble des contenus signalés, en intégrant le fait que tous les processus de signalement sont eux-mêmes le plus souvent biaisés et partisans donc en un sens ... également figuratifs.</p>

<p>Une nouvelle fois le numérique nécessité de renverser la hiérarchie de l'administration de la preuve. Comme on ne peut pas anticiper  sur l'ensemble des situations d'énonciation avant qu'elles ne se produisent, on dresse une sorte de liste noire <em>a posteriori</em> d'un ensemble de situations d'énonciations possibles pour le cas échéant pouvoir les traiter en signalement automatique et/ou en modération humaine. </p>

<h2>On peut tout dire 1000 fois à 1 personne <br>mais on ne peut plus rien dire 1 fois à 1000 personnes.</h2>

<p>La question finalement, reste celle d'un système politique - car Facebook en est un - qui éprouve le besoin de statuer sur le fait d'autoriser explicitement l'appel à la mort de personnalités publiques en son sein. Ce qui pose (au moins) deux questions simples. </p>

<p><em>Primo :</em> imagine-t-on une démocratie accepter explicitement les appels publics à la mort de personnalités publiques ? Non.</p>

<p><em>Deuxio :</em> imagine-t-on un média public ou privé accepter explicitement les appels publics à la mort de personnalités publiques ou le faire sans être poursuivi et condamné en justice ? Non.</p>

<p><strong>Facebook n'est donc ni une démocratie, ni un média.</strong> Précisément car il est <em>à la fois</em> un espace public (sa part démocratique) et un espace privé (sa part médiatique). Ce qui n'oblitère pas le fait que des interventions démocratiques ou des situations de démocratie puissent avoir lieu, se tenir et s'exprimer au sein de la plateforme.</p>

<p>Facebook n'est pas une démocratie pour plein de raisons (à commencer par le fait que les décisions de régulations ne sont pas prises de manière démocratique ni représentative). Facebook n'est pas une démocratie parce qu'aucune démocratie n'éprouve le besoin d'autoriser explicitement les appels à la haine fussent-ils destinés à des personnalités publiques. Parce que chaque démocratie est en capacité d'articuler clairement ce qui appartient aux manifestations se tenant dans l'espace ou la sphère publique, et ce qui appartient aux discours et manifestations tenus dans l'espace et la sphère privée. Ce que Facebook ne sera jamais, absolument jamais, en capacité d'arbitrer puisqu'il est aujourd'hui structurellement et presqu'ontologiquement un espace à la fois privé et public (rappelons-nous que dès le commencement, en 2007, <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2007/07/ce-que-lon-sait.html" rel="noopener" target="_blank">danah boyd caractérisait les médias sociaux que l'on appelait encore réseaux sociaux par cette double appartenance "semi-public, semi-privé"</a>). </p>

<p>Quant à savoir si Facebook est un <em>média</em> (au sens d'une entreprise de presse par exemple et non simplement au sens d'un "moyen"), la question doit être traitée différemment. En autorisant explicitement les appels à la mort de personnalités publiques, Facebook se place dans la situation d'un organe de presse extrêmiste de type Valeurs Actuelles ou Minute qui irait au bout de son fascisme (à peine) larvé en assumant de s'extraire des lois régissant la presse et où - par exemple - les "caricatures" dessinées de la députée Danièle Obono peinte en esclave appelleraient ensuite à sa mise à mort. </p>

<p>La solution, s'il en est une, apparait aussi simple et courte que cet article est long et compliqué :  il suffit d'interdire d'appeler à la mort de personnes. </p>

<p>Et de le faire pour une autre raison également simple et courte et formulée en sont temps par l'une des fondatrices de la plateforme FlickR : "<a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/01/si-cest-pourri-tes-pas-le-bon-produit.html" rel="noopener" target="_blank">Ce que vous tolérez indique ce que vous êtes vraiment.</a>"</p>

<p>Ce à quoi les onnepeutplusriendiristes répliqueraient immédiatement par un tonitruant "Ah ben voilà, <em>on ne peut plus rien dire !</em>" Si. On peut tout dire. Mais tout le monde ne peut pas être entièrement libre de toujours tout dire tout le temps à tout le monde. Parce qu'il n'existe, fondamentalement, que des situations de communication. <strong>Parce que toute communication, tout acte d'énonciation, est situé</strong>. Et que l'immense hypocrisie des plateformes sociales comme Facebook consiste à nous faire croire qu'un acte de communication puisse exister indépendamment de toute forme de contexte, de situation, ou plus exactement que seuls vaudraient les contextes et situations que la plateforme est algorithmiquement en capacité de saisir, d'analyser et de contraindre.</p>

<p>Ainsi pour Facebook la comptabilité est un contexte : selon que vous aurez plus ou moins de 100 000 abonné.e.s, vous serez ou non une personnalité publique. De même si vous avez été mentionné au moins 5 fois dans des articles de presse pendant au moins des 2 dernières années. Mais sinon ... non.</p>

<p>Ainsi pour Facebook la catégorisation calculable (par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Reconnaissance_d%27entit%C3%A9s_nomm%C3%A9es#:~:text=La%20reconnaissance%20d'entit%C3%A9s%20nomm%C3%A9es,information%20dans%20des%20corpus%20documentaires." rel="noopener" target="_blank">entités nommées</a>) est un contexte : selon que vous appartiendrez à telle ou telle catégorie ("personnalité publique", "personnalité involontairement publique", "personnalité mineure publique", etc.) vous vous exposerez à la licéité réglementaire des appels à la mort vous concernant.</p>

<p>Mais ni la comptabilité ni la catégorisation ne sont des contextes situés d'énonciation permettant de réguler la circulation des discours autrement que par des formes d'arbitraires incompatibles avec le droit ; lors même que seul le droit devrait permettre de fonder ce qui peut ou ne pas être dit et à qui et dans quel contexte. Et que le doute raisonnable sur l'un des points précédents doit, de manière contradictoire, pouvoir n'être levé que par et devant un juge. Sinon cela équivaut à se placer irrémédiablement et délibérément hors du champ démocratique. </p>

<p>A la différence de la comptabilité ou de la catégorisation, l'humour n'est ainsi pas un contexte pour Facebook ou Instagram. L'art n'est pas non plus un contexte. L'histoire n'est pas un contexte. C'est pour cela que régulièrement des sketches d'humoristes continuent d'être censurés (<a href="https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2952651-20210114-elie-semoun-censure-deux-fois-instagram-attaque-tyrannie-betise" rel="noopener" target="_blank">Elie Semoun sur Instagram</a> ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=f91q7Z8lnWU" rel="noopener" target="_blank">Christophe Alévêque sur Youtube</a> pour ne prendre que 2 exemples récents). C'est pour cela que le tableau "L'origine du monde" de Courbet continue d'être censuré, c'est pour cela que la photo de la petite Kim fuyant les bombardements au napalm, même honorée du prix Pulitzer, continue d'être censurée. </p>

<blockquote>
<p><em>"On me dit que des juifs se sont glissés dans la salle. Vous pouvez rester. N'empêche qu'on ne m'ôtera pas de l'idée que durant la seconde guerre mondiale, de nombreux juifs ont eu des pensées hostiles à l'égard du régime nazi."</em></p>
<p><em>"On entend le groupe Indochine et on regrette que ces gens là ne fassent pas de la moto sans casque pour s'empaffer dans des camions."</em></p>
</blockquote>

<p>Que vous soyez modérateur sous-payé et sans formation aux Philippines ou que vous soyez une circonvolution algorithmique chargée d'arbitrer des signalements sur les deux phrases précédentes (issues, pour la première, d'un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=NiFZvsiQMEk" rel="noopener" target="_blank">sketch de Pierre Desproges</a>, et pour la seconde, d'une <a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/10/lutter-contre-la-haine-sur-le-web.html" rel="noopener" target="_blank">interview télévisée du même Desproges</a>) et à la charge figurative très élevée : bon courage ! </p>

<p>Et le problème n'est, je le répète, pas un problème d'onnepeutplusriendirisme mais un problème de discours situé et d'<a href="http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/esthetique-de-la-reception/#:~:text=L'esth%C3%A9tique%20de%20la%20r%C3%A9ception,l'acte%20d'interpr%C3%A9tation." rel="noopener" target="_blank">esthétique de la réception</a>. Ce dont Facebook et les autres plateformes se contrefoutent allègrement. Allègrement. </p>

<h2>Mais pourquoi tout cela est-il aussi compliqué ?</h2>

<p>Parce qu'en plus de tout ce que je viens de vous expliquer, au lieu de voir des situations, les grandes plateformes ne voient que des instanciations. </p>

<p>En informatique "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Instance_(programmation)" rel="noopener" target="_blank">instancier</a>" c'est cela : </p>

<blockquote>
<p><em>"En programmation orientée objet, on appelle instance d'une classe, un objet avec un comportement et un état, tous deux définis par la classe. Il s'agit donc d'un objet constituant un exemplaire de la classe. (...) L'instanciation est l'action d'instancier, de créer un objet à partir d'un modèle. Elle est réalisée par la composition de deux opérations : l'allocation et l'initialisation. L'allocation consiste à réserver un espace mémoire au nouvel objet. L'initialisation consiste à fixer l'état du nouvel objet. (...) En programmation orientée classe, l'instanciation est la création d'un objet à partir d'une classe. (...)"</em></p>
</blockquote>

<p>Si je vous inflige cette définition c'est parce qu'elle est - je trouve - celle qui décrit le mieux l'approche de la modération chez Facebook. Je vous raconte.</p>

<p>J'écrivais et expliquais en 2009 <a href="https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2009-1-page-33.htm" rel="noopener" target="_blank">pourquoi l'Homme était, du point de vue des moteurs de recherche et des réseaux sociaux, un document comme les autres</a> : c'est à dire qu'il était traité comme un objet documentaire, indexable, manipulable, monétisable. Aujourd'hui les êtres humains et leurs discours sont traités comme des "objets" programmables comme les autres au sein de ces Béhémots calculatoires que sont moteurs et médias sociaux.</p>

<p>Quand je dis qu'il s'agit "d'instancier" plutôt de que de traiter de discours situés, c'est bien qu'il s'agit, et aussi littéralement que possible, d'assigner chacun d'entre nous à un <em>comportement</em> (autorisé ou non) et à <em>un état</em> tous deux définis par notre classe ("personnalité publique", "personnalité publique involontaire", etc.), <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/02/cest-la-lutte-algorithmique-finale-.html#:~:text=C'est%20un%20brevet%20permettant,%C3%A0%20dire%20sa%20classe%20sociale.&amp;text=%22By%20predicting%20the%20socio%2Deconomic,content%20to%20the%20target%20users.%22" rel="noopener" target="_blank">y compris d'ailleurs par notre classe sociale</a>. Et à partir de là il est dès lors possible de nous instancier c'est à dire d'opérer <em>par allocation</em> (en nous réservant un ou plusieurs espaces discursifs qui sont aussi des espaces mémoriels au double sens du terme) puis en <em>nous y initialisant</em> (c'est à dire à y fixer notre état émotionnel tolérable au travers de l'analyse sémantique - automatique - des discours que nous y tiendrons).</p>

<p>Cette catégorisation et ce refus mêlé à une incapacité technique de prendre en compte les paramètres situationnels ou figuratifs des discours, ce n'est pas la première fois que des fuites de documents permettent de la documenter. La première fois c'était en 2016, le Süddeutsche Zeitung s'était procuré des documents confidentiels attestant de la politique de modération et on avait alors découvert comment une catégorisation supposée atténuer les régimes d'arbitraire ne faisait en fait que la renforcer. Voici ce qu'écrivait alors <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/12/21/facebook-des-documents-internes-devoilent-les-details-de-sa-politique-de-moderation_5052397_4408996.html" rel="noopener" target="_blank">Le Monde dans l'article rendant compte de ces fuites</a> :</p>

<blockquote>
<p>"(...) l’association de deux catégories protégées forme une catégorie protégée. Par exemple, les « femmes irlandaises » regroupent les catégories « nationalité » et « sexe » ; elles sont donc protégées, soulignent ces documents. Il est donc interdit d’écrire que « les femmes irlandaises sont stupides ». En revanche, les adolescents irlandais ne le sont pas, car la catégorie « adolescent » n’est pas protégée. Il est donc possible de dire du mal des adolescents irlandais. (...) Les documents obtenus par la Süddeutsche Zeitung montrent aussi la subtilité complexe de ces règles, qui ne cessent d’évoluer. Ainsi, il est possible d’insulter les migrants, mais pas les musulmans, qui sont protégés. Les migrants, eux, appartiennent à une « catégorie quasi protégée », « une forme spéciale introduite après des plaintes en Allemagne », croit savoir le journal. Ainsi, des messages haineux envers les migrants peuvent être autorisés sous certaines formes : il est par exemple acceptable, selon ces règles, d’écrire que « les migrants sont sales », mais pas que ce sont « des saletés »."</p>
</blockquote>

<p>Il est essentiel de connaître et de comprendre ces règles d'instanciation. C'est pour cela que j'en parle à chaque fois que je le peux à mes étudiant.e.s (cf la <a href="https://www.slideshare.net/olivier/lutter-contre-la-haine" rel="noopener" target="_blank">diapo 18 de mon diaporama sur la lutte contre la haine en ligne</a>). Parce qu'une fois qu'elles sont connues et comprises, on mesure alors pourquoi dans ce cadre là et avec ce modèle là, non seulement jamais aucune plateforme ne parviendra à lutter efficacement contre les discours de haine, mais aussi plus fondamentalement pourquoi elles ont intérêt à n'y parvenir jamais. </p>

<p>Freiner et limiter les interactions pulsionnelles, renoncer au modèle économique de la gratuité contre l'accumulation de données personnelles à destination du marché publicitaire, embaucher massivement et former culturellement des modérateurs, se référer uniquement à la loi plutôt qu'à d'arbitraires règlements internes mouvants, dissocier clairement et entièrement à partie sociale du réseau de la partie média de l'infrastructure et du modèle économique, bannir clairement et sur un temps long tout utilisateur ayant délibérément enfreint une règle de droit, judiciariser systématiquement l'ensemble des comportements affichant des discours de haine dans les pays où la législation en fait des délits et non des opinions. Voilà autant des points nécessaires et nécessairement complémentaires à une réelle lutte contre la haine en ligne. La seule possible. </p>

<p>Préférer continuer de tolérer les instances d'appels à la mort, fussent-elles figuratives, sur des personnalités que l'on qualifie de publiques au seul moyen d'assertions calculatoires toujours possiblement mouvantes est une hypocrisie fondamentale, structurelle qui enferme le pilotage stratégique de ces systèmes sociaux dans la cage de leurs architectures techniques toxiques. En plus d'opportunément masquer médiatiquement la question des menaces de mort réelles adressées à des personnalités pas du tout publiques et qui, selon la plateforme, ne sont quasiment jamais traités et sanctionnées comme elles devraient l'être. Qu'adviendrait-il en effet <a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/01/jack-dorsey-appliquez-vos-propres-regles.html" rel="noopener" target="_blank">si les plateformes se mettaient à appliquer leurs propres règles</a> ?!</p>

<p>Ceci posé, ayons aussi la rigueur de nous interroger sur notre propre rapport consenti à ce défouloir, à ce gueuloir offert à chacun d'entre nous. Et n'oublions pas, dans l'équation complexe de la régulation, cette autre inconnue qu'est celle de l'indigence des moyens accordés à la justice pour dire le droit en terre numérique comme ailleurs. </p>

<p>Et pour le reste : </p>

<p><a class="asset-img-link" href="https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0263e9993571200b-pi"><img alt="Capture d’écran 2021-03-25 à 16.26.20" class="asset asset-image at-xid-6a00d8341c622e53ef0263e9993571200b img-responsive" src="https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0263e9993571200b-500wi" title="Capture d’écran 2021-03-25 à 16.26.20"></a></p>
</article>


<hr>

<footer>
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function loadThemeForm(templateName) {
const themeSelectorTemplate = document.querySelector(templateName)
const form = themeSelectorTemplate.content.firstElementChild
themeSelectorTemplate.replaceWith(form)

form.addEventListener('change', (e) => {
const chosenColorScheme = e.target.value
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toggleTheme(chosenColorScheme)
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const selectedTheme = localStorage.getItem('theme')
if (selectedTheme && selectedTheme !== 'undefined') {
form.querySelector(`[value="${selectedTheme}"]`).checked = true
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const prefersColorSchemeDark = '(prefers-color-scheme: dark)'
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let hasDarkRules = false
for (const styleSheet of Array.from(document.styleSheets)) {
let mediaRules = []
for (const cssRule of styleSheet.cssRules) {
if (cssRule.type !== CSSRule.MEDIA_RULE) {
continue
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// WARNING: Safari does not have/supports `conditionText`.
if (cssRule.conditionText) {
if (cssRule.conditionText !== prefersColorSchemeDark) {
continue
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} else {
if (cssRule.cssText.startsWith(prefersColorSchemeDark)) {
continue
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// WARNING: do not try to insert a Rule to a styleSheet you are
// currently iterating on, otherwise the browser will be stuck
// in a infinite loop…
for (const mediaRule of mediaRules) {
styleSheet.insertRule(mediaRule.cssText)
hasDarkRules = true
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loadThemeForm('#theme-selector')
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title: La mort figurative vous va si bien.
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<p>Je me promets souvent de ne plus écrire simplement "en réaction" à la longue litanie des actualités autour de la modération des discours de haine en ligne. Parce que j'ai déjà beaucoup écrit sur le sujet et que j'ai un peu l'impression d'en avoir fait le tour sur ce blog et <a href="https://www.librairiesindependantes.com/product/search/?query=ertzscheid" rel="noopener" target="_blank">dans mes livres</a>, et que pour clore le tour complet de la question il suffit :</p>
<ul>
<li>de voir le documentaire ab-so-lu-ment remarquable "<a href="http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/55099_1" rel="noopener" target="_blank">The Cleaners</a>"</li>
<li>de connaître le modèle économique des plateformes de médias sociaux (celui d'une régie publicitaire)</li>
<li>de comprendre ce qu'était la nature spéculative des discours de haine (ou des discours radicaux) à l'aune du capitalisme linguistique décrit par Frédéric Kaplan (<a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/10/lutter-contre-la-haine-sur-le-web.html" rel="noopener" target="_blank">petit résumé de tout cela</a>).</li>
</ul>
<p>Oui mais. </p>
<h2>Mange tes morts.</h2>
<p>Le Guardian s'est procuré de <a href="https://www.theguardian.com/technology/2021/mar/23/facebook-guidelines-allow-for-users-to-call-for-death-of-public-figures" rel="noopener" target="_blank">nouveaux documents confidentiels concernant la politique de modération de Facebook</a>. Il y a notamment découvert qu'il était tout à fait possible et acceptable d'appeler à la mort de personnalités, dans la mesure où il s'agissait de personnalités "publiques" et dans la mesure où leur compte n'était pas explicitement identifié (tag). </p>
<p>On peut donc écrire sur Facebook : </p>
<blockquote>
<p><em>"Je souhaite que Frédérique Vidal meure dans d'atroces souffrances pour l'ensemble de son oeuvre"</em></p>
</blockquote>
<p>Mais on ne peut pas écrire : </p>
<blockquote>
<p><em>"Je souhaite que @FrédériqueVidal meure dans d'atroces souffrances pour l'ensemble de son oeuvre"</em></p>
</blockquote>
<p>Avouez que c'est subtil. C'est la nuance qui est subtile hein, ce n'est certainement pas Frédérique Vidal. </p>
<p>Les <a href="https://www.theguardian.com/technology/2021/mar/23/facebook-guidelines-allow-for-users-to-call-for-death-of-public-figures" rel="noopener" target="_blank">documents obtenus par le Guardian</a> révèlent aussi que les critères sont très larges et très "ouverts" pour déterminer si un compte est, ou non, celui d'une "personnalité publique" : </p>
<blockquote>
<p><em>"En plus des politiciens, stars de la chanson ou sportifs, l’entreprise inclut dans cette catégorie tous les journalistes s’exprimant publiquement ou les internautes ayant plus de 100K (100 000) abonnés sur l’un des principaux réseaux sociaux."</em></p>
</blockquote>
<p>Ça en fait du monde à qui souhaiter de manger leurs morts. Perso je suis rassuré, étant très loin des 100 000 abonnés (pourquoi croyez-vous que <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/10/pourquoi-je-vais-fermer-mon-compte-twitter.html" rel="noopener" target="_blank">je ferme mes comptes dès que j'arrive à 10 000 ?</a> ;-)</p>
<p>Autre caractéristique nécessaire pour être considéré comme une "personnalité publique", <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/03/24/le-guardian-revele-des-regles-kafkaiennes-de-la-moderation-de-facebook_6074300_4408996.html" rel="noopener" target="_blank">relevée par Le Monde</a> : </p>
<blockquote>
<p><em>"avoir été mentionnée dans le titre, le sous-titre ou la prévisualisation de cinq articles de presse ou plus dans les deux dernières années."</em></p>
</blockquote>
<p>Là du coup, je redeviens potentiellement une cible :-)</p>
<p><span><strong>[J'en profite ici pour insérer un parallèle.]</strong></span> Le fait de déterminer si une personnalité est ou non "publique" en se référant au nombre de mentions de son nom dans la presse lors des dernières années n'est pas du tout idiot <em>a priori</em>. C'est par exemple le centre de plein de débats qui ont en permanence lieu dans l'encyclopédie Wikipédia pour savoir si telle ou telle personnalité "mérite" d'avoir ou non une page dans l'encyclopédie. Je vous avais raconté à ce sujet <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2015/04/ma-page-wikipedia.html" rel="noopener" target="_blank">l'histoire de la création de ma propre page Wikipédia</a>. La différence avec Facebook, et elle est essentielle, c'est que ces critères d'admissibilité sont transparents et non secrets, et surtout qu'ils sont en permanence débattus, négociés et renégociés entre contributeurs de l'encyclopédie, et enfin que ces débats et controverses sont et demeurent ... publics et accessibles. <strong><span>[Fin du parallèle.] </span></strong></p>
<p>Il n'est pas non plus possible d'appeler à la mort d'une personnalité publique en le lui écrivant dans sa messagerie privée. </p>
<p>Mais en gros tant qu'on taggue pas son compte, tant qu'on ne le lui dit pas directement en messagerie privée, tant que donc cela reste à la surface publique du réseau social, ça passe crème. </p>
<p>Autre subtilité, les enfants de moins de 13 ans ne peuvent être considérés comme des personnalités publiques (sachant qu'en théorie ils n'ont de toute façon pas le droit d'ouvrir un compte Facebook ou Instagram ...) et - subtilité dans la subtilité - il existe des "<em>personnalités publiques involontaires</em>" (j'adore ce concept), c'est à dire qui le sont devenues (des personnalités publiques) sans l'avoir souhaité ou décidé. Et on pense bien sûr ici <a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/01/loi-avia-je-suis-mila.html" rel="noopener" target="_blank">au cas de Mila</a>. </p>
<p>Tant que nous sommes dans les subtilités, il faut s'entretenir un peu de la distinction sémantique (mais pas que) entre le fait de <strong>menacer de mort</strong> (une personnalité publique), et celui de <strong>souhaiter ou</strong> <strong>d'appeler à la mort</strong> (d'une personnalité publique). Ainsi écrire "<em>Je vais te tuer Frédérique Vidal</em>" (menace), n'équivaut pas à écrire "<em>Frédérique Vidal ? Mais qu'elle crève !</em>" (souhait) ou "<em>J'espère que la police de l'islamo-gauchisme pourra abattre Frédérique Vidal un jour</em>". Menacer de mort une personnalité publique reste interdit mais appeler à la mort d'une personnalité publique est autorisé. Subtil disions-nous.</p>
<h2>La mort figurative vous va si bien.</h2>
<p><a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/03/24/le-guardian-revele-des-regles-kafkaiennes-de-la-moderation-de-facebook_6074300_4408996.html" rel="noopener" target="_blank">L'article du Monde</a> reprenant les révélations du Guardian insiste également sur la dimension "figurative" qui conditionnerait le maintien en ligne de tels propos (s'ils respectent également les conditions précédentes) :</p>
<blockquote>
<p>"L’exception concerne essentiellement les <em>« formulations figuratives »</em>, explique le <em>Guardian</em>, comme <em>« il serait temps que</em> [le premier ministre britannique]<em> Boris Johnson meure ou démissionne »."</em></p>
</blockquote>
<p>Si on cherche la <a href="https://www.cnrtl.fr/lexicographie/figuratif" rel="noopener" target="_blank">définition de "figuratif"</a> dans le CNRTL on obtient ceci : </p>
<blockquote>
<p>"<em>1. Qui donne d'un élément une représentation (...) qui en rende perceptible (...) l'aspect ou la nature caractéristique." (...) "2. Qui donne (ou qui constitue), d'un élément, la représentation typique, le plus souvent en vertu d'une analogie de nature ou de valeur entre des éléments dont l'un est conçu comme la représentation de l'autre.</em>"</p>
</blockquote>
<p>Problème, le langage figuratif est ce qu'il y a de plus difficile d'analyser, à détecter et à reconnaître <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01686491" rel="noopener" target="_blank">dans le traitement automatique des langues</a> :</p>
<blockquote>
<p><em>"L'analyse automatique du langage figuratif est l'un des défis majeurs du traitement des langues. Contrairement au langage littéral, le langage figuratif détourne le sens propre pour lui conférer un sens dit figuré ou imagé, comme la métaphore, l'ironie, le sarcasme, la satire et l'humour. La détection de ces phénomènes requiert des outils plus complexes que ceux utilisés pour l'analyse d'opinion." </em>in Jihen Karoui, Nathalie Aussenac-Gilles, Farah Benamara, Lamia Belguith. Le langage figuratif dans le web social : cas de l'ironie et du sarcasme. <em>Workshop Fouille d’opinion dans le Web social</em>, Apr 2014, Lyon, France. <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01686491" rel="noopener" target="_blank">⟨hal-01686491⟩</a></p>
</blockquote>
<p>D'où la difficulté de modérer en temps réel et donc automatiquement les propos appelant à la haine ou à la mort des gens "<em>de manière figurative</em>". Et même en faisant intervenir des modérateurs humains (ce qui rappelons-le n'est pas le choix prioritaire des plateformes), métaphore, ironie, sarcasme, satire et humour présupposent pour être correctement traités de <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2014/08/les-noces-de-gorafi.html" rel="noopener" target="_blank">se placer dans un contexte culturel donné et de disposer de référents partagés et historicisés</a>. </p>
<p>Par-delà le bien et le mal et l'ensemble de ces subtilités, on voit bien que ces règles sont là non pas pour cadrer préventivement et de manière délibérative et ouverte les incitations à la haine mais pour <em>a contrario</em> disposer d'un contre-feu pouvant rétroactivement s'appliquer à l'ensemble des contenus signalés, en intégrant le fait que tous les processus de signalement sont eux-mêmes le plus souvent biaisés et partisans donc en un sens ... également figuratifs.</p>
<p>Une nouvelle fois le numérique nécessité de renverser la hiérarchie de l'administration de la preuve. Comme on ne peut pas anticiper  sur l'ensemble des situations d'énonciation avant qu'elles ne se produisent, on dresse une sorte de liste noire <em>a posteriori</em> d'un ensemble de situations d'énonciations possibles pour le cas échéant pouvoir les traiter en signalement automatique et/ou en modération humaine. </p>
<h2>On peut tout dire 1000 fois à 1 personne <br>mais on ne peut plus rien dire 1 fois à 1000 personnes.</h2>
<p>La question finalement, reste celle d'un système politique - car Facebook en est un - qui éprouve le besoin de statuer sur le fait d'autoriser explicitement l'appel à la mort de personnalités publiques en son sein. Ce qui pose (au moins) deux questions simples. </p>
<p><em>Primo :</em> imagine-t-on une démocratie accepter explicitement les appels publics à la mort de personnalités publiques ? Non.</p>
<p><em>Deuxio :</em> imagine-t-on un média public ou privé accepter explicitement les appels publics à la mort de personnalités publiques ou le faire sans être poursuivi et condamné en justice ? Non.</p>
<p><strong>Facebook n'est donc ni une démocratie, ni un média.</strong> Précisément car il est <em>à la fois</em> un espace public (sa part démocratique) et un espace privé (sa part médiatique). Ce qui n'oblitère pas le fait que des interventions démocratiques ou des situations de démocratie puissent avoir lieu, se tenir et s'exprimer au sein de la plateforme.</p>
<p>Facebook n'est pas une démocratie pour plein de raisons (à commencer par le fait que les décisions de régulations ne sont pas prises de manière démocratique ni représentative). Facebook n'est pas une démocratie parce qu'aucune démocratie n'éprouve le besoin d'autoriser explicitement les appels à la haine fussent-ils destinés à des personnalités publiques. Parce que chaque démocratie est en capacité d'articuler clairement ce qui appartient aux manifestations se tenant dans l'espace ou la sphère publique, et ce qui appartient aux discours et manifestations tenus dans l'espace et la sphère privée. Ce que Facebook ne sera jamais, absolument jamais, en capacité d'arbitrer puisqu'il est aujourd'hui structurellement et presqu'ontologiquement un espace à la fois privé et public (rappelons-nous que dès le commencement, en 2007, <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2007/07/ce-que-lon-sait.html" rel="noopener" target="_blank">danah boyd caractérisait les médias sociaux que l'on appelait encore réseaux sociaux par cette double appartenance "semi-public, semi-privé"</a>). </p>
<p>Quant à savoir si Facebook est un <em>média</em> (au sens d'une entreprise de presse par exemple et non simplement au sens d'un "moyen"), la question doit être traitée différemment. En autorisant explicitement les appels à la mort de personnalités publiques, Facebook se place dans la situation d'un organe de presse extrêmiste de type Valeurs Actuelles ou Minute qui irait au bout de son fascisme (à peine) larvé en assumant de s'extraire des lois régissant la presse et où - par exemple - les "caricatures" dessinées de la députée Danièle Obono peinte en esclave appelleraient ensuite à sa mise à mort. </p>
<p>La solution, s'il en est une, apparait aussi simple et courte que cet article est long et compliqué :  il suffit d'interdire d'appeler à la mort de personnes. </p>
<p>Et de le faire pour une autre raison également simple et courte et formulée en sont temps par l'une des fondatrices de la plateforme FlickR : "<a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/01/si-cest-pourri-tes-pas-le-bon-produit.html" rel="noopener" target="_blank">Ce que vous tolérez indique ce que vous êtes vraiment.</a>"</p>
<p>Ce à quoi les onnepeutplusriendiristes répliqueraient immédiatement par un tonitruant "Ah ben voilà, <em>on ne peut plus rien dire !</em>" Si. On peut tout dire. Mais tout le monde ne peut pas être entièrement libre de toujours tout dire tout le temps à tout le monde. Parce qu'il n'existe, fondamentalement, que des situations de communication. <strong>Parce que toute communication, tout acte d'énonciation, est situé</strong>. Et que l'immense hypocrisie des plateformes sociales comme Facebook consiste à nous faire croire qu'un acte de communication puisse exister indépendamment de toute forme de contexte, de situation, ou plus exactement que seuls vaudraient les contextes et situations que la plateforme est algorithmiquement en capacité de saisir, d'analyser et de contraindre.</p>
<p>Ainsi pour Facebook la comptabilité est un contexte : selon que vous aurez plus ou moins de 100 000 abonné.e.s, vous serez ou non une personnalité publique. De même si vous avez été mentionné au moins 5 fois dans des articles de presse pendant au moins des 2 dernières années. Mais sinon ... non.</p>
<p>Ainsi pour Facebook la catégorisation calculable (par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Reconnaissance_d%27entit%C3%A9s_nomm%C3%A9es#:~:text=La%20reconnaissance%20d'entit%C3%A9s%20nomm%C3%A9es,information%20dans%20des%20corpus%20documentaires." rel="noopener" target="_blank">entités nommées</a>) est un contexte : selon que vous appartiendrez à telle ou telle catégorie ("personnalité publique", "personnalité involontairement publique", "personnalité mineure publique", etc.) vous vous exposerez à la licéité réglementaire des appels à la mort vous concernant.</p>
<p>Mais ni la comptabilité ni la catégorisation ne sont des contextes situés d'énonciation permettant de réguler la circulation des discours autrement que par des formes d'arbitraires incompatibles avec le droit ; lors même que seul le droit devrait permettre de fonder ce qui peut ou ne pas être dit et à qui et dans quel contexte. Et que le doute raisonnable sur l'un des points précédents doit, de manière contradictoire, pouvoir n'être levé que par et devant un juge. Sinon cela équivaut à se placer irrémédiablement et délibérément hors du champ démocratique. </p>
<p>A la différence de la comptabilité ou de la catégorisation, l'humour n'est ainsi pas un contexte pour Facebook ou Instagram. L'art n'est pas non plus un contexte. L'histoire n'est pas un contexte. C'est pour cela que régulièrement des sketches d'humoristes continuent d'être censurés (<a href="https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2952651-20210114-elie-semoun-censure-deux-fois-instagram-attaque-tyrannie-betise" rel="noopener" target="_blank">Elie Semoun sur Instagram</a> ou <a href="https://www.youtube.com/watch?v=f91q7Z8lnWU" rel="noopener" target="_blank">Christophe Alévêque sur Youtube</a> pour ne prendre que 2 exemples récents). C'est pour cela que le tableau "L'origine du monde" de Courbet continue d'être censuré, c'est pour cela que la photo de la petite Kim fuyant les bombardements au napalm, même honorée du prix Pulitzer, continue d'être censurée. </p>
<blockquote>
<p><em>"On me dit que des juifs se sont glissés dans la salle. Vous pouvez rester. N'empêche qu'on ne m'ôtera pas de l'idée que durant la seconde guerre mondiale, de nombreux juifs ont eu des pensées hostiles à l'égard du régime nazi."</em></p>
<p><em>"On entend le groupe Indochine et on regrette que ces gens là ne fassent pas de la moto sans casque pour s'empaffer dans des camions."</em></p>
</blockquote>
<p>Que vous soyez modérateur sous-payé et sans formation aux Philippines ou que vous soyez une circonvolution algorithmique chargée d'arbitrer des signalements sur les deux phrases précédentes (issues, pour la première, d'un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=NiFZvsiQMEk" rel="noopener" target="_blank">sketch de Pierre Desproges</a>, et pour la seconde, d'une <a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/10/lutter-contre-la-haine-sur-le-web.html" rel="noopener" target="_blank">interview télévisée du même Desproges</a>) et à la charge figurative très élevée : bon courage ! </p>
<p>Et le problème n'est, je le répète, pas un problème d'onnepeutplusriendirisme mais un problème de discours situé et d'<a href="http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/esthetique-de-la-reception/#:~:text=L'esth%C3%A9tique%20de%20la%20r%C3%A9ception,l'acte%20d'interpr%C3%A9tation." rel="noopener" target="_blank">esthétique de la réception</a>. Ce dont Facebook et les autres plateformes se contrefoutent allègrement. Allègrement. </p>
<h2>Mais pourquoi tout cela est-il aussi compliqué ?</h2>
<p>Parce qu'en plus de tout ce que je viens de vous expliquer, au lieu de voir des situations, les grandes plateformes ne voient que des instanciations. </p>
<p>En informatique "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Instance_(programmation)" rel="noopener" target="_blank">instancier</a>" c'est cela : </p>
<blockquote>
<p><em>"En programmation orientée objet, on appelle instance d'une classe, un objet avec un comportement et un état, tous deux définis par la classe. Il s'agit donc d'un objet constituant un exemplaire de la classe. (...) L'instanciation est l'action d'instancier, de créer un objet à partir d'un modèle. Elle est réalisée par la composition de deux opérations : l'allocation et l'initialisation. L'allocation consiste à réserver un espace mémoire au nouvel objet. L'initialisation consiste à fixer l'état du nouvel objet. (...) En programmation orientée classe, l'instanciation est la création d'un objet à partir d'une classe. (...)"</em></p>
</blockquote>
<p>Si je vous inflige cette définition c'est parce qu'elle est - je trouve - celle qui décrit le mieux l'approche de la modération chez Facebook. Je vous raconte.</p>
<p>J'écrivais et expliquais en 2009 <a href="https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2009-1-page-33.htm" rel="noopener" target="_blank">pourquoi l'Homme était, du point de vue des moteurs de recherche et des réseaux sociaux, un document comme les autres</a> : c'est à dire qu'il était traité comme un objet documentaire, indexable, manipulable, monétisable. Aujourd'hui les êtres humains et leurs discours sont traités comme des "objets" programmables comme les autres au sein de ces Béhémots calculatoires que sont moteurs et médias sociaux.</p>
<p>Quand je dis qu'il s'agit "d'instancier" plutôt de que de traiter de discours situés, c'est bien qu'il s'agit, et aussi littéralement que possible, d'assigner chacun d'entre nous à un <em>comportement</em> (autorisé ou non) et à <em>un état</em> tous deux définis par notre classe ("personnalité publique", "personnalité publique involontaire", etc.), <a href="https://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/02/cest-la-lutte-algorithmique-finale-.html#:~:text=C'est%20un%20brevet%20permettant,%C3%A0%20dire%20sa%20classe%20sociale.&amp;text=%22By%20predicting%20the%20socio%2Deconomic,content%20to%20the%20target%20users.%22" rel="noopener" target="_blank">y compris d'ailleurs par notre classe sociale</a>. Et à partir de là il est dès lors possible de nous instancier c'est à dire d'opérer <em>par allocation</em> (en nous réservant un ou plusieurs espaces discursifs qui sont aussi des espaces mémoriels au double sens du terme) puis en <em>nous y initialisant</em> (c'est à dire à y fixer notre état émotionnel tolérable au travers de l'analyse sémantique - automatique - des discours que nous y tiendrons).</p>
<p>Cette catégorisation et ce refus mêlé à une incapacité technique de prendre en compte les paramètres situationnels ou figuratifs des discours, ce n'est pas la première fois que des fuites de documents permettent de la documenter. La première fois c'était en 2016, le Süddeutsche Zeitung s'était procuré des documents confidentiels attestant de la politique de modération et on avait alors découvert comment une catégorisation supposée atténuer les régimes d'arbitraire ne faisait en fait que la renforcer. Voici ce qu'écrivait alors <a href="https://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/12/21/facebook-des-documents-internes-devoilent-les-details-de-sa-politique-de-moderation_5052397_4408996.html" rel="noopener" target="_blank">Le Monde dans l'article rendant compte de ces fuites</a> :</p>
<blockquote>
<p>"(...) l’association de deux catégories protégées forme une catégorie protégée. Par exemple, les « femmes irlandaises » regroupent les catégories « nationalité » et « sexe » ; elles sont donc protégées, soulignent ces documents. Il est donc interdit d’écrire que « les femmes irlandaises sont stupides ». En revanche, les adolescents irlandais ne le sont pas, car la catégorie « adolescent » n’est pas protégée. Il est donc possible de dire du mal des adolescents irlandais. (...) Les documents obtenus par la Süddeutsche Zeitung montrent aussi la subtilité complexe de ces règles, qui ne cessent d’évoluer. Ainsi, il est possible d’insulter les migrants, mais pas les musulmans, qui sont protégés. Les migrants, eux, appartiennent à une « catégorie quasi protégée », « une forme spéciale introduite après des plaintes en Allemagne », croit savoir le journal. Ainsi, des messages haineux envers les migrants peuvent être autorisés sous certaines formes : il est par exemple acceptable, selon ces règles, d’écrire que « les migrants sont sales », mais pas que ce sont « des saletés »."</p>
</blockquote>
<p>Il est essentiel de connaître et de comprendre ces règles d'instanciation. C'est pour cela que j'en parle à chaque fois que je le peux à mes étudiant.e.s (cf la <a href="https://www.slideshare.net/olivier/lutter-contre-la-haine" rel="noopener" target="_blank">diapo 18 de mon diaporama sur la lutte contre la haine en ligne</a>). Parce qu'une fois qu'elles sont connues et comprises, on mesure alors pourquoi dans ce cadre là et avec ce modèle là, non seulement jamais aucune plateforme ne parviendra à lutter efficacement contre les discours de haine, mais aussi plus fondamentalement pourquoi elles ont intérêt à n'y parvenir jamais. </p>
<p>Freiner et limiter les interactions pulsionnelles, renoncer au modèle économique de la gratuité contre l'accumulation de données personnelles à destination du marché publicitaire, embaucher massivement et former culturellement des modérateurs, se référer uniquement à la loi plutôt qu'à d'arbitraires règlements internes mouvants, dissocier clairement et entièrement à partie sociale du réseau de la partie média de l'infrastructure et du modèle économique, bannir clairement et sur un temps long tout utilisateur ayant délibérément enfreint une règle de droit, judiciariser systématiquement l'ensemble des comportements affichant des discours de haine dans les pays où la législation en fait des délits et non des opinions. Voilà autant des points nécessaires et nécessairement complémentaires à une réelle lutte contre la haine en ligne. La seule possible. </p>
<p>Préférer continuer de tolérer les instances d'appels à la mort, fussent-elles figuratives, sur des personnalités que l'on qualifie de publiques au seul moyen d'assertions calculatoires toujours possiblement mouvantes est une hypocrisie fondamentale, structurelle qui enferme le pilotage stratégique de ces systèmes sociaux dans la cage de leurs architectures techniques toxiques. En plus d'opportunément masquer médiatiquement la question des menaces de mort réelles adressées à des personnalités pas du tout publiques et qui, selon la plateforme, ne sont quasiment jamais traités et sanctionnées comme elles devraient l'être. Qu'adviendrait-il en effet <a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/01/jack-dorsey-appliquez-vos-propres-regles.html" rel="noopener" target="_blank">si les plateformes se mettaient à appliquer leurs propres règles</a> ?!</p>
<p>Ceci posé, ayons aussi la rigueur de nous interroger sur notre propre rapport consenti à ce défouloir, à ce gueuloir offert à chacun d'entre nous. Et n'oublions pas, dans l'équation complexe de la régulation, cette autre inconnue qu'est celle de l'indigence des moyens accordés à la justice pour dire le droit en terre numérique comme ailleurs. </p>
<p>Et pour le reste : </p>
<p><a class="asset-img-link" href="https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0263e9993571200b-pi"><img alt="Capture d’écran 2021-03-25 à 16.26.20" class="asset asset-image at-xid-6a00d8341c622e53ef0263e9993571200b img-responsive" src="https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0263e9993571200b-500wi" title="Capture d’écran 2021-03-25 à 16.26.20"></a></p>

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@@ -0,0 +1,252 @@
<!doctype html><!-- This is a valid HTML5 document. -->
<!-- Screen readers, SEO, extensions and so on. -->
<html lang="fr">
<!-- Has to be within the first 1024 bytes, hence before the <title>
See: https://www.w3.org/TR/2012/CR-html5-20121217/document-metadata.html#charset -->
<meta charset="utf-8">
<!-- Why no `X-UA-Compatible` meta: https://stackoverflow.com/a/6771584 -->
<!-- The viewport meta is quite crowded and we are responsible for that.
See: https://codepen.io/tigt/post/meta-viewport-for-2015 -->
<meta name="viewport" content="width=device-width,initial-scale=1">
<!-- Required to make a valid HTML5 document. -->
<title>Write-only Twitter (archive) — David Larlet</title>
<meta name="description" content="Publication mise en cache pour en conserver une trace.">
<!-- That good ol' feed, subscribe :). -->
<link rel="alternate" type="application/atom+xml" title="Feed" href="/david/log/">
<!-- Generated from https://realfavicongenerator.net/ such a mess. -->
<link rel="apple-touch-icon" sizes="180x180" href="/static/david/icons2/apple-touch-icon.png">
<link rel="icon" type="image/png" sizes="32x32" href="/static/david/icons2/favicon-32x32.png">
<link rel="icon" type="image/png" sizes="16x16" href="/static/david/icons2/favicon-16x16.png">
<link rel="manifest" href="/static/david/icons2/site.webmanifest">
<link rel="mask-icon" href="/static/david/icons2/safari-pinned-tab.svg" color="#07486c">
<link rel="shortcut icon" href="/static/david/icons2/favicon.ico">
<meta name="msapplication-TileColor" content="#f0f0ea">
<meta name="msapplication-config" content="/static/david/icons2/browserconfig.xml">
<meta name="theme-color" content="#f0f0ea">
<!-- Documented, feel free to shoot an email. -->
<link rel="stylesheet" href="/static/david/css/style_2021-01-20.css">
<!-- See https://www.zachleat.com/web/comprehensive-webfonts/ for the trade-off. -->
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t4_poly_regular.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: light), (prefers-color-scheme: no-preference)" crossorigin>
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t4_poly_bold.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: light), (prefers-color-scheme: no-preference)" crossorigin>
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t4_poly_italic.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: light), (prefers-color-scheme: no-preference)" crossorigin>
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<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t3_bold.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: dark)" crossorigin>
<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t3_italic.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: dark)" crossorigin>
<script>
function toggleTheme(themeName) {
document.documentElement.classList.toggle(
'forced-dark',
themeName === 'dark'
)
document.documentElement.classList.toggle(
'forced-light',
themeName === 'light'
)
}
const selectedTheme = localStorage.getItem('theme')
if (selectedTheme !== 'undefined') {
toggleTheme(selectedTheme)
}
</script>

<meta name="robots" content="noindex, nofollow">
<meta content="origin-when-cross-origin" name="referrer">
<!-- Canonical URL for SEO purposes -->
<link rel="canonical" href="https://laurakalbag.com/write-only-twitter/">

<body class="remarkdown h1-underline h2-underline h3-underline em-underscore hr-center ul-star pre-tick">

<article>
<header>
<h1>Write-only Twitter</h1>
</header>
<nav>
<p class="center">
<a href="/david/" title="Aller à l’accueil"><svg class="icon icon-home">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-home"></use>
</svg> Accueil</a> •
<a href="https://laurakalbag.com/write-only-twitter/" title="Lien vers le contenu original">Source originale</a>
</p>
</nav>
<hr>
<p>A couple of weeks ago, <a href="https://ar.al">Aral</a> asked me if I could write a user stylesheet for web browsers to make Twitter nothing but a compose box.</p>

<p><a href="#how-the-stylesheet-works">Jump straight to how it works</a></p>

<p>I totally get it. <a href="/whats-wrong-with-twitter/">Twitter sucks your time and soul</a>. But sometimes you need to use it to share what you’re working on, or promote events. Essentially, you want to use Twitter but you don’t want it to use you. The way to do this is to hide every part of Twitter’s interface that doesn’t help you compose a tweet, or otherwise likely to distract or derail you.</p>

<h2 id="the-power-of-css-pseudo-classes">The power of CSS pseudo classes</h2>

<p>As part of my work on <a href="https://better.fyi/trackers/">Better’s blocking rules</a>, I sometimes have to hide parts of the page using CSS. Hiding ads isn’t really Better’s purpose, we try to block the tracking and behavioural advertising scripts before they put anything on the page. But occasionally, sites have rolled their own obnoxious first-party targeted ad system that is inseparable from the rest of their site’s functionality. On such occasions, I roll up my sleeves, and get my <a href="https://css-tricks.com/pseudo-class-selectors/">pseudo CSS selectors</a> out to set these elements to <code>display: none</code>. Because, of course, these sites design their HTML and CSS to avoid blockers like Better.</p>

<h3 id="the-problem-with-user-stylesheets">The problem with user stylesheets</h3>

<p>Hiding parts of Twitter’s interface is a similar problem. Luckily, a lot of Twitter’s interface has semantic naming (amongst the gazillion nested <code>div</code>s and robot-generated CSS classes) for accessibility purposes, so it’s simple enough to hook into these elements for a user stylesheet. The problem with user stylesheets is that they’re a blunt instrument, aimed at making global changes across every site you visit. Really useful for making font sizes big on every site you visit, but if you use it to hide any element with the class of “<code>timeline</code>”, chances are you’ll break a lot of websites you visit.</p>

<h3 id="a-solution-to-target-specific-websites">A solution to target specific websites</h3>

<p>My solution was to chain what I suspect are fairly unique element selectors in a likely unique sequence, ensuring that these rules will only apply to twitter.com, even though the stylesheet will be used on every site visited.</p>

<div class="highlight"><pre class="chroma"><code class="language-css" data-lang="css"><span class="c">/* Hide the Home timeline and Explore timeline */</span>
<span class="nt">div</span><span class="o">[</span><span class="nt">data-at-shortcutkeys</span><span class="o">]</span> <span class="nt">header</span><span class="o">[</span><span class="nt">role</span><span class="o">=</span><span class="s2">"banner"</span><span class="o">]</span> <span class="o">+</span> <span class="nt">main</span><span class="o">[</span><span class="nt">role</span><span class="o">=</span><span class="s2">"main"</span><span class="o">]</span> <span class="nt">div</span><span class="o">[</span><span class="nt">aria-label</span><span class="o">=</span><span class="s2">"Timeline: Your Home Timeline"</span><span class="o">],</span>
<span class="nt">div</span><span class="o">[</span><span class="nt">data-at-shortcutkeys</span><span class="o">]</span> <span class="nt">header</span><span class="o">[</span><span class="nt">role</span><span class="o">=</span><span class="s2">"banner"</span><span class="o">]</span> <span class="o">+</span> <span class="nt">main</span><span class="o">[</span><span class="nt">role</span><span class="o">=</span><span class="s2">"main"</span><span class="o">]</span> <span class="nt">div</span><span class="o">[</span><span class="nt">aria-label</span><span class="o">=</span><span class="s2">"Timeline: Explore"</span><span class="o">]</span> <span class="p">{</span>
<span class="k">display</span><span class="p">:</span> <span class="kc">none</span> <span class="cp">!important</span><span class="p">;</span>
<span class="p">}</span>
</code></pre></div>

<p>As you can tell from the selectors I’ve used, it is fragile as anything. As soon as Twitter decides to change the <code>aria-label</code> for its home timeline, the stylesheet will no longer effectively hide the home timeline. But, as with a lot of Better’s blocking rules, this is a balance between using a fragile rule that works against a big corporation that tends to be pretty slow in rolling out changes to its interface.</p>

<p>After a couple of weeks of using this stylesheet in my primary browser and not noticing any issues with other sites, I’m fairly confident in sharing this stylesheet with anyone else who might find it useful.</p>

<h2 id="how-the-stylesheet-works">How the stylesheet works</h2>

<p>I ended up creating two stylesheets, one for Aral’s way of working (<code>write-only.css</code>), and one for my way of working (<code>read-some.css</code>).</p>

<p><a href="https://source.small-tech.org/laura/write-only-twitter/-/blob/master/write-only.css"><code>write-only.css</code></a> is a user stylesheet for the browser that hides absolutely everything except the Home feed compose box on Twitter.</p>

<figure>

<pre><code>&lt;img class="landscape" sizes="(min-width: 1380px) 750px, (min-width: 820px) 719px, (min-width: 740px) calc(-33.33vw + 875px), (min-width: 340px) calc(92.63vw - 39px), calc(100vw - 32px)" srcset="/write-only-twitter/write-only-twitter/social_hu3843e09fa51a0152293fbbf1ad71c1cb_33928_300x0_resize_mitchellnetravali_2.png 300w,/write-only-twitter/write-only-twitter/social_hu3843e09fa51a0152293fbbf1ad71c1cb_33928_500x0_resize_mitchellnetravali_2.png 500w,/write-only-twitter/write-only-twitter/social_hu3843e09fa51a0152293fbbf1ad71c1cb_33928_800x0_resize_mitchellnetravali_2.png 800w,/write-only-twitter/write-only-twitter/social.png 1118w" src="social.png" alt="Web page showing just Twitter’s compose box, no other parts of Twitter’s interface."&gt;

&lt;figcaption&gt;


&lt;p&gt;&lt;code&gt;write-only.css&lt;/code&gt; in action.&lt;/p&gt;

&lt;/figcaption&gt;
</code></pre>
</figure>

<p>My Twitter use varies, particularly as I sometimes use it for Better support, so I need to be able to access a bit more of Twitter’s interface.</p>

<p><a href=""><code>read-some.css</code></a> is a user stylesheet for the browser that hides:</p>

<ul>
<li>Home timeline</li>
<li>Explore timeline</li>
<li>List timelines</li>
</ul>

<p>but keeps:</p>

<ul>
<li>Mentions</li>
<li>Messages</li>
<li>Settings etc</li>
</ul>

<p>And let me tell you, having this stylesheet on my desktop Safari for the last couple of weeks has made a huge difference. Now I can check our @mentions without getting further distracted. Even when my muscle memory types “twitter.com” when I’m procrastinating or seeking distraction, the page loads so minimally, I take one look at it and close the tab. It no longer appears in my “Frequently Visited” sites!</p>

<figure>

<pre><code>&lt;img class="landscape" sizes="(min-width: 1380px) 750px, (min-width: 820px) 719px, (min-width: 740px) calc(-33.33vw + 875px), (min-width: 340px) calc(92.63vw - 39px), calc(100vw - 32px)" srcset="/write-only-twitter/write-only-twitter/read-some_hu1fd5ca1b59b76b36250d12d5d1634087_45368_300x0_resize_mitchellnetravali_2.png 300w,/write-only-twitter/write-only-twitter/read-some_hu1fd5ca1b59b76b36250d12d5d1634087_45368_500x0_resize_mitchellnetravali_2.png 500w,/write-only-twitter/write-only-twitter/read-some_hu1fd5ca1b59b76b36250d12d5d1634087_45368_800x0_resize_mitchellnetravali_2.png 800w,/write-only-twitter/write-only-twitter/read-some.png 1118w" src="read-some.png" alt="Web page showing Twitter’s interface without the timeline of tweets or What’s Happening sidebar."&gt;

&lt;figcaption&gt;


&lt;p&gt;&lt;code&gt;read-some.css&lt;/code&gt; in action.&lt;/p&gt;

&lt;/figcaption&gt;
</code></pre>
</figure>

<h2 id="where-to-find-the-stylesheets">Where to find the stylesheets</h2>

<p>You can <a href="https://source.small-tech.org/laura/write-only-twitter">download the Write-Only Twitter stylesheets and find out more about them on our Small Tech repository</a>. I’ll update them when needed. There’s not instructions for every browser in there, but it shouldn’t be too hard for you to find that information if you need it. Personally I recommend Safari for everyday browsing as you can use <a href="https://better.fyi">Better Blocker</a> to block trackers while you browse 😉</p>
</article>


<hr>

<footer>
<p>
<a href="/david/" title="Aller à l’accueil"><svg class="icon icon-home">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-home"></use>
</svg> Accueil</a> •
<a href="/david/log/" title="Accès au flux RSS"><svg class="icon icon-rss2">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-rss2"></use>
</svg> RSS</a> •
<a href="http://larlet.com" title="Go to my English profile" data-instant><svg class="icon icon-user-tie">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-user-tie"></use>
</svg> Pro</a> •
<a href="mailto:david%40larlet.fr" title="Envoyer un courriel"><svg class="icon icon-mail">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-mail"></use>
</svg> Email</a> •
<abbr class="nowrap" title="Hébergeur : Alwaysdata, 62 rue Tiquetonne 75002 Paris, +33184162340"><svg class="icon icon-hammer2">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-hammer2"></use>
</svg> Légal</abbr>
</p>
<template id="theme-selector">
<form>
<fieldset>
<legend><svg class="icon icon-brightness-contrast">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-brightness-contrast"></use>
</svg> Thème</legend>
<label>
<input type="radio" value="auto" name="chosen-color-scheme" checked> Auto
</label>
<label>
<input type="radio" value="dark" name="chosen-color-scheme"> Foncé
</label>
<label>
<input type="radio" value="light" name="chosen-color-scheme"> Clair
</label>
</fieldset>
</form>
</template>
</footer>
<script>
function loadThemeForm(templateName) {
const themeSelectorTemplate = document.querySelector(templateName)
const form = themeSelectorTemplate.content.firstElementChild
themeSelectorTemplate.replaceWith(form)

form.addEventListener('change', (e) => {
const chosenColorScheme = e.target.value
localStorage.setItem('theme', chosenColorScheme)
toggleTheme(chosenColorScheme)
})

const selectedTheme = localStorage.getItem('theme')
if (selectedTheme && selectedTheme !== 'undefined') {
form.querySelector(`[value="${selectedTheme}"]`).checked = true
}
}

const prefersColorSchemeDark = '(prefers-color-scheme: dark)'
window.addEventListener('load', () => {
let hasDarkRules = false
for (const styleSheet of Array.from(document.styleSheets)) {
let mediaRules = []
for (const cssRule of styleSheet.cssRules) {
if (cssRule.type !== CSSRule.MEDIA_RULE) {
continue
}
// WARNING: Safari does not have/supports `conditionText`.
if (cssRule.conditionText) {
if (cssRule.conditionText !== prefersColorSchemeDark) {
continue
}
} else {
if (cssRule.cssText.startsWith(prefersColorSchemeDark)) {
continue
}
}
mediaRules = mediaRules.concat(Array.from(cssRule.cssRules))
}

// WARNING: do not try to insert a Rule to a styleSheet you are
// currently iterating on, otherwise the browser will be stuck
// in a infinite loop…
for (const mediaRule of mediaRules) {
styleSheet.insertRule(mediaRule.cssText)
hasDarkRules = true
}
}
if (hasDarkRules) {
loadThemeForm('#theme-selector')
}
})
</script>
</body>
</html>

+ 69
- 0
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title: Write-only Twitter
url: https://laurakalbag.com/write-only-twitter/
hash_url: 1fdec7eb6b2c3d889cbd789de3fb1d1d

<p>A couple of weeks ago, <a href="https://ar.al">Aral</a> asked me if I could write a user stylesheet for web browsers to make Twitter nothing but a compose box.</p>
<p><a href="#how-the-stylesheet-works">Jump straight to how it works</a></p>
<p>I totally get it. <a href="/whats-wrong-with-twitter/">Twitter sucks your time and soul</a>. But sometimes you need to use it to share what you’re working on, or promote events. Essentially, you want to use Twitter but you don’t want it to use you. The way to do this is to hide every part of Twitter’s interface that doesn’t help you compose a tweet, or otherwise likely to distract or derail you.</p>
<h2 id="the-power-of-css-pseudo-classes">The power of CSS pseudo classes</h2>
<p>As part of my work on <a href="https://better.fyi/trackers/">Better’s blocking rules</a>, I sometimes have to hide parts of the page using CSS. Hiding ads isn’t really Better’s purpose, we try to block the tracking and behavioural advertising scripts before they put anything on the page. But occasionally, sites have rolled their own obnoxious first-party targeted ad system that is inseparable from the rest of their site’s functionality. On such occasions, I roll up my sleeves, and get my <a href="https://css-tricks.com/pseudo-class-selectors/">pseudo CSS selectors</a> out to set these elements to <code>display: none</code>. Because, of course, these sites design their HTML and CSS to avoid blockers like Better.</p>
<h3 id="the-problem-with-user-stylesheets">The problem with user stylesheets</h3>
<p>Hiding parts of Twitter’s interface is a similar problem. Luckily, a lot of Twitter’s interface has semantic naming (amongst the gazillion nested <code>div</code>s and robot-generated CSS classes) for accessibility purposes, so it’s simple enough to hook into these elements for a user stylesheet. The problem with user stylesheets is that they’re a blunt instrument, aimed at making global changes across every site you visit. Really useful for making font sizes big on every site you visit, but if you use it to hide any element with the class of “<code>timeline</code>”, chances are you’ll break a lot of websites you visit.</p>
<h3 id="a-solution-to-target-specific-websites">A solution to target specific websites</h3>
<p>My solution was to chain what I suspect are fairly unique element selectors in a likely unique sequence, ensuring that these rules will only apply to twitter.com, even though the stylesheet will be used on every site visited.</p>
<div class="highlight"><pre class="chroma"><code class="language-css" data-lang="css"><span class="c">/* Hide the Home timeline and Explore timeline */</span>
<span class="nt">div</span><span class="o">[</span><span class="nt">data-at-shortcutkeys</span><span class="o">]</span> <span class="nt">header</span><span class="o">[</span><span class="nt">role</span><span class="o">=</span><span class="s2">"banner"</span><span class="o">]</span> <span class="o">+</span> <span class="nt">main</span><span class="o">[</span><span class="nt">role</span><span class="o">=</span><span class="s2">"main"</span><span class="o">]</span> <span class="nt">div</span><span class="o">[</span><span class="nt">aria-label</span><span class="o">=</span><span class="s2">"Timeline: Your Home Timeline"</span><span class="o">],</span>
<span class="nt">div</span><span class="o">[</span><span class="nt">data-at-shortcutkeys</span><span class="o">]</span> <span class="nt">header</span><span class="o">[</span><span class="nt">role</span><span class="o">=</span><span class="s2">"banner"</span><span class="o">]</span> <span class="o">+</span> <span class="nt">main</span><span class="o">[</span><span class="nt">role</span><span class="o">=</span><span class="s2">"main"</span><span class="o">]</span> <span class="nt">div</span><span class="o">[</span><span class="nt">aria-label</span><span class="o">=</span><span class="s2">"Timeline: Explore"</span><span class="o">]</span> <span class="p">{</span>
<span class="k">display</span><span class="p">:</span> <span class="kc">none</span> <span class="cp">!important</span><span class="p">;</span>
<span class="p">}</span>
</code></pre></div><p>As you can tell from the selectors I’ve used, it is fragile as anything. As soon as Twitter decides to change the <code>aria-label</code> for its home timeline, the stylesheet will no longer effectively hide the home timeline. But, as with a lot of Better’s blocking rules, this is a balance between using a fragile rule that works against a big corporation that tends to be pretty slow in rolling out changes to its interface.</p>
<p>After a couple of weeks of using this stylesheet in my primary browser and not noticing any issues with other sites, I’m fairly confident in sharing this stylesheet with anyone else who might find it useful.</p>
<h2 id="how-the-stylesheet-works">How the stylesheet works</h2>
<p>I ended up creating two stylesheets, one for Aral’s way of working (<code>write-only.css</code>), and one for my way of working (<code>read-some.css</code>).</p>

<p><a href="https://source.small-tech.org/laura/write-only-twitter/-/blob/master/write-only.css"><code>write-only.css</code></a> is a user stylesheet for the browser that hides absolutely everything except the Home feed compose box on Twitter.</p>

<figure>

<img class="landscape" sizes="(min-width: 1380px) 750px, (min-width: 820px) 719px, (min-width: 740px) calc(-33.33vw + 875px), (min-width: 340px) calc(92.63vw - 39px), calc(100vw - 32px)" srcset="/write-only-twitter/write-only-twitter/social_hu3843e09fa51a0152293fbbf1ad71c1cb_33928_300x0_resize_mitchellnetravali_2.png 300w,/write-only-twitter/write-only-twitter/social_hu3843e09fa51a0152293fbbf1ad71c1cb_33928_500x0_resize_mitchellnetravali_2.png 500w,/write-only-twitter/write-only-twitter/social_hu3843e09fa51a0152293fbbf1ad71c1cb_33928_800x0_resize_mitchellnetravali_2.png 800w,/write-only-twitter/write-only-twitter/social.png 1118w" src="social.png" alt="Web page showing just Twitter’s compose box, no other parts of Twitter’s interface.">

<figcaption>

<p><code>write-only.css</code> in action.</p>

</figcaption>
</figure>


<p>My Twitter use varies, particularly as I sometimes use it for Better support, so I need to be able to access a bit more of Twitter’s interface.</p>
<p><a href=""><code>read-some.css</code></a> is a user stylesheet for the browser that hides:</p>
<ul>
<li>Home timeline</li>
<li>Explore timeline</li>
<li>List timelines</li>
</ul>
<p>but keeps:</p>
<ul>
<li>Mentions</li>
<li>Messages</li>
<li>Settings etc</li>
</ul>
<p>And let me tell you, having this stylesheet on my desktop Safari for the last couple of weeks has made a huge difference. Now I can check our @mentions without getting further distracted. Even when my muscle memory types “twitter.com” when I’m procrastinating or seeking distraction, the page loads so minimally, I take one look at it and close the tab. It no longer appears in my “Frequently Visited” sites!</p>

<figure>

<img class="landscape" sizes="(min-width: 1380px) 750px, (min-width: 820px) 719px, (min-width: 740px) calc(-33.33vw + 875px), (min-width: 340px) calc(92.63vw - 39px), calc(100vw - 32px)" srcset="/write-only-twitter/write-only-twitter/read-some_hu1fd5ca1b59b76b36250d12d5d1634087_45368_300x0_resize_mitchellnetravali_2.png 300w,/write-only-twitter/write-only-twitter/read-some_hu1fd5ca1b59b76b36250d12d5d1634087_45368_500x0_resize_mitchellnetravali_2.png 500w,/write-only-twitter/write-only-twitter/read-some_hu1fd5ca1b59b76b36250d12d5d1634087_45368_800x0_resize_mitchellnetravali_2.png 800w,/write-only-twitter/write-only-twitter/read-some.png 1118w" src="read-some.png" alt="Web page showing Twitter’s interface without the timeline of tweets or What’s Happening sidebar.">

<figcaption>

<p><code>read-some.css</code> in action.</p>

</figcaption>
</figure>

<h2 id="where-to-find-the-stylesheets">Where to find the stylesheets</h2>
<p>You can <a href="https://source.small-tech.org/laura/write-only-twitter">download the Write-Only Twitter stylesheets and find out more about them on our Small Tech repository</a>. I’ll update them when needed. There’s not instructions for every browser in there, but it shouldn’t be too hard for you to find that information if you need it. Personally I recommend Safari for everyday browsing as you can use <a href="https://better.fyi">Better Blocker</a> to block trackers while you browse 😉</p>

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<!doctype html><!-- This is a valid HTML5 document. -->
<!-- Screen readers, SEO, extensions and so on. -->
<html lang="fr">
<!-- Has to be within the first 1024 bytes, hence before the <title>
See: https://www.w3.org/TR/2012/CR-html5-20121217/document-metadata.html#charset -->
<meta charset="utf-8">
<!-- Why no `X-UA-Compatible` meta: https://stackoverflow.com/a/6771584 -->
<!-- The viewport meta is quite crowded and we are responsible for that.
See: https://codepen.io/tigt/post/meta-viewport-for-2015 -->
<meta name="viewport" content="width=device-width,initial-scale=1">
<!-- Required to make a valid HTML5 document. -->
<title>Remote to who? A working letter (archive) — David Larlet</title>
<meta name="description" content="Publication mise en cache pour en conserver une trace.">
<!-- That good ol' feed, subscribe :). -->
<link rel="alternate" type="application/atom+xml" title="Feed" href="/david/log/">
<!-- Generated from https://realfavicongenerator.net/ such a mess. -->
<link rel="apple-touch-icon" sizes="180x180" href="/static/david/icons2/apple-touch-icon.png">
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<!-- Documented, feel free to shoot an email. -->
<link rel="stylesheet" href="/static/david/css/style_2021-01-20.css">
<!-- See https://www.zachleat.com/web/comprehensive-webfonts/ for the trade-off. -->
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<link rel="preload" href="/static/david/css/fonts/triplicate_t4_poly_bold.woff2" as="font" type="font/woff2" media="(prefers-color-scheme: light), (prefers-color-scheme: no-preference)" crossorigin>
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<script>
function toggleTheme(themeName) {
document.documentElement.classList.toggle(
'forced-dark',
themeName === 'dark'
)
document.documentElement.classList.toggle(
'forced-light',
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const selectedTheme = localStorage.getItem('theme')
if (selectedTheme !== 'undefined') {
toggleTheme(selectedTheme)
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<meta name="robots" content="noindex, nofollow">
<meta content="origin-when-cross-origin" name="referrer">
<!-- Canonical URL for SEO purposes -->
<link rel="canonical" href="https://tinyletter.com/aworkinglibrary/letters/remote-to-who-a-working-letter">

<body class="remarkdown h1-underline h2-underline h3-underline em-underscore hr-center ul-star pre-tick">

<article>
<header>
<h1>Remote to who? A working letter</h1>
</header>
<nav>
<p class="center">
<a href="/david/" title="Aller à l’accueil"><svg class="icon icon-home">
<use xlink:href="/static/david/icons2/symbol-defs.svg#icon-home"></use>
</svg> Accueil</a> •
<a href="https://tinyletter.com/aworkinglibrary/letters/remote-to-who-a-working-letter" title="Lien vers le contenu original">Source originale</a>
</p>
</nav>
<hr>
<p><em><a href="https://tinyletter.com/aworkinglibrary/letters/change-is-constant-a-working-letter">Last time I sent a newsletter</a>, I shared that I was looking for work. Thanks so much to everyone who responded or passed the word along. I have since accepted a new position (about which more in a future missive). But I’m back today with something else.</em></p>

<p><em>It was probably inevitable that sitting through a whole lot of job interviews and considering several offers would mean I would end up spending a disproportionate amount of time these past months thinking about what work means to me. This is a topic I am predisposed to (witness the title of this newsletter), and the activity of applying for jobs pretty much made everything else unthinkable. What I’m sharing today is some very rough thoughts about one corner of the way we talk about work; I would like to use this space to (ahem) work through drafts of some bigger, thornier things I’m chewing on, and this one is top of mind. It’s likely that some version of this will end up on <a href="https://aworkinglibrary.com/">AWL</a>, eventually.</em></p>

<p><hr>
<h1>Remote to who?</h1></p>
<p>Before last year, if you had asked me what I thought would happen with respect to remote work in the next decade or so, I would have answered that most companies, in most cities, were headed for so-called “hybrid” remote workplaces, with hotel desks and a mix of people who worked partially in the office and partially elsewhere plus other folks scattered further afield. The reasons for this were not cultural but economic, the obvious next step in a line that stretches from offices where everyone had their own door, to cubicles, to open plan designs—each step reducing the cost of real estate per employee. Likewise, with tech workers more and more in demand, and the big five scooping them up in the major cities, every other company was either going to have the match the perks and salaries of Google &amp; friends (doubtful) or else recruit from places where those companies didn’t have a monopoly on talent.</p>

<p>I think it’s important to keep this in mind: that the primary reason for the move to remote has very little to do with culture or flexibility and everything to do with shifting the costs of real estate from companies to employees. I say this as someone who is a fan of remote work, who will never routinely work in an office ever again, and who has managed remote teams for a decade. Before last year, remote work was on a gentle upward swing <em>because it was cheaper for employers</em>.</p>

<p>This does not mean that people—managers and workers both—do not benefit from remote work. It does not mean that we shouldn’t spend time and energy debating and discussing the cultural impacts (both positive and otherwise) of remote work. It just means that regardless of the outcome of those debates, the underlying economics were going to make remote work more common, like it or not.</p>

<p>The pandemic accelerated all of this, of course, and a shift I guessed would take five to ten years has been more or less compressed into one, so we’re getting all the hand wringing all at once. That’s how you get entirely predictable pieces like <a href="https://www.theatlantic.com/family/archive/2021/04/zoom-remote-work-loneliness-happiness/618473/">this one</a>, from Arthur Brooks, in <em>The Atlantic</em>:</p>

<blockquote>
<p>[I]t is simply undeniable that remote work usually leads to loneliness. In research conducted more than a decade before the pandemic about remote work among journalists, the organizational psychologist Lynn Holdsworth found that full-time telework increased loneliness over office work by 67 percentage points. Based on data from 2019, the 2020 <em>State of Remote Work</em> <a href="https://lp.buffer.com/state-of-remote-work-2020">report</a> issued by the social-media management firm Buffer showed that loneliness is the biggest struggle remote workers say they face, tied with problems of collaboration and communication.</p>

<p>Work is where many people have the bulk of their social interactions. In a recent survey, 70 percent of employees <a href="https://www.cnbc.com/2018/11/13/why-work-friendships-are-critical-for-long-term-happiness.html">said</a> friendship at their job is the most important element of a happy work life. Research shows that employees say a co-located office environment is where they establish not just work collaborations but also their social ties.</p>
</blockquote>

<p>Happily, we also get prompt and wise responses, like this one from <a href="https://annehelen.substack.com/p/the-future-of-remote-work-is-the?utm_medium=email&amp;utm_campaign=cta">Anne Helen Petersen</a> (emphasis mine):</p>

<blockquote>
<p>But all of these arguments are built on the <strong> supposition of work as the primary, enduring locus of meaning in your life</strong>. Think of it this way: Maybe office workers feel the need to make friends at work is because they spend so much time working that there’s little time to cultivate or sustain friendship elsewhere. Maybe it’s so hard to make friends in your 30s because you’re working all the time….</p>

<p>So imagine: A day or two working with your friends, a day or two in the office, a day or two at home with or without my partner, or my partners, or my garden. Time, during the day, to go to the grocery store, to mail a package, to go play with a friend’s kid for an hour, to take a nap, to read a book for research in the sun, to take a work call while walking the dog. Maybe I have a lot of concentrated work on a Thursday, and then do an interview on a Friday and go ski.</p>

<p>I don’t see loneliness in that scenario, or the equivalent, as Brooks argues, of a reduced salary. I see my version of a full life.</p>
</blockquote>

<p>AHP is exactly right here. I am not actually a fan of the “remote” terminology: I prefer to talk of teams as being either co-located or distributed, as those terms describe the <em>team</em> not the individual. After all, no one is remote all by themselves. But if we’re going to be stuck with that term, and it seems like we are, then we have to ask—remote <em>to who</em>? Perhaps you are remote to your colleagues, but you can be deeply embedded in your local community at the same time. <strong>Whereas in a co-located environment, you are embedded in your workplace and <em>remote to your neighbors</em>.</strong></p>

<p>Ultimately, this isn’t a debate about the best way to live a full life, and how work should fit into it. It isn’t a debate about which workplace practice will lead to loneliness or its opposite, or which practice will maximize productivity. AHP taps into what’s really happening when she notes that the presumption underlying Brooks’ concern is the idea that work should be the primary, enduring locus of meaning in your life. Because that idea is not politically neutral. As a principle, it is <em>doing work</em>. And the work that it is doing is to make you more exploitable—to wrest more labor out of you at lower cost, to keep you isolated and fragile, to leave you dependent on your employer for a large portion of your identity, or for your entire support network. It is not politically neutral because it serves to shift power from you to your employer.</p>

<p>It’s obvious that the only reason startups metastasized foosball tables and laundry services was to get people to work more—but so often the conversations around these practices center on individual choice rather than on interrogating how the system works. So often these conversations focus exclusively on culture, and miss all the financial maneuvering that underpins it. Too often these conversations forget that conflict between employer and employee is a given, not something to be avoided but something to be explicated and negotiated, preferably in the open (if you’re a worker, at least).</p>

<p>AHP describes a world in which more hybrid/remote work doesn’t lead to increasing levels of loneliness, but rather to stronger and better connections to family and friends and neighbors which can create happier and more resilient workers and better lives for all. She is right. That is a world nearly all workers want. It is a world <em>I</em> want. It is probably not a world that most employers want, even if they say they do, because it chips away at their advantage.</p>

<p>It is also not the inevitable outcome of remote practices. A remote workplace can be one that operates like AHP describes, or it could be one that uses surveillance technology to monitor employees’ every move, to measure their productivity down to the minute, to build rewards and disciplinary structures that reduce autonomy and make workers more contingent and more replaceable. A remote workplace could be one that shifts the costs of real estate onto employees while maintaining the status quo of power relations, or even strengthening them in employers’ favor.</p>

<p>Which means the path to get to this world we want isn’t going to be easy, and it isn’t going to happen without a fight.</p>

<p>In an <a href="https://www.nytimes.com/2021/04/07/opinion/google-job-harassment.html">op-ed for the <em>Times</em></a> Emi Nietfield writes about falling for—and then rejecting—the religion of the workplace as “family.” Hers is a familiar (and yet still distressing) story but it somewhat misses the point: if you want to get out from under the weight of work-as-sole-meaning-maker, it’s not enough to simply swap one corporation for another, or to skip the free beer, or to do your own damn laundry. It’s not enough to find a job that lets you work remotely, or that supports flex time, or that makes sending Slack DMs after hours verboten. The idea that your job should be the primary source of meaning in your life is an elaborately made trap, propped up across industries, designed to make you a loyal worker who uses the bulk of their intellectual and creative capacity to further their own career.</p>

<p>The only way out of that trap is solidarity. The only way out is together.</p>

<p>Here’s where I might say we should unionize—and yes, those of us who can, should—but that’s not where I’m going here. I want everyone to do their part to improve the lot of workers where they work, of course. But I don’t want to <em>only</em> do that. I want to improve the lot of workers in our neighborhoods, our towns, and our cities. I want to join forces with workers from other companies and in other fields—and, critically, in other <em>classes</em>—and together make the conditions of work better for everyone.</p>

<p><strong>Because if remote work gives us anything at all, it gives us the chance to root ourselves in a place <em>that isn’t the workplace</em>.</strong> It gives us the chance to really live in whatever place we have chosen to live—to live as neighbors and caretakers and organizers, to stop hoarding all of our creative and intellectual capacity for our employers and instead turn some of it towards building real political power in our communities.</p>

<p>That’s what the shift to remote work makes possible. It’s why, despite the very obvious economic advantages that remote work affords for employers, many of them are still worried about what a permanent shift to remote or hybrid remote work will mean. It’s why the makers of productivity software are building features that will make workplace surveillance easier (whether or not they expressly admit it as such). It’s the unspoken worry driving a lot of the hand wringing about remote practices making training for young workers more difficult—because that training isn’t about teaching job skills so much as it is about teaching the ideology of work-as-locus-of-meaning.</p>

<p>As offices start to reopen there are going to be more and more pieces about the minority of CEOs who buck the trend of hybrid remote work and tell their entire staff to get back to their desks full-time. They will say it’s because collaboration and creativity are better when people are all in the same room, that the companies who continue to pay for expensive offices will end up with a competitive advantage. I promise you those CEOs are the ones looking at the balance sheet and doing a calculation in their head that says that even though remote work might save them millions on real estate, the transfer of power to their employees would be too great to make that a good deal.</p>

<p>Because if we look at arguments about remote work purely in the context of how it may or may not lead to loneliness, how it may or may not increase productivity or retention or whathaveyou, we miss the real change afoot. Every argument about how we work is an argument about power. Every discussion about how cultures should change to accommodate remote practices is a discussion about who gets more power—in the workplace, and in our communities. And power is never given freely.</p>

<p><hr>
<h1>Basil gimlet</h1></p>
<p>Basil and green garlic have hit the farmer’s markets here, just as the magnolias have peaked, which means it really is spring. And trust me when I say that some of that big bunch of basil you bought to make pesto or to tuck into slices of mozzarella belongs in your drink.</p>

<p>2 oz gin<br>
3/4 oz fresh lime juice<br>
3/4 oz simple syrup<br>
handful of basil leaves</p>

<p>Muddle the basil leaves in the bottom of a cocktail shaker, then add ice and the rest of the ingredients, and shake thoroughly. Double strain into a coup glass. If you want to be fancy, pluck a single unblemished basil leaf from your bunch, place it in the palm of one hand, and slap it with the other. This will both flatten the leaf and break its surface, releasing the oils. Float this leaf on the top of the glass, and then take a sip with the sun on your face.</p>

<p><strong>Zero-proof variation</strong>: Omit the gin. Muddle the basil in the bottom of a collins glass, then fill with ice, add half an oz each of simple and lime to the glass, then top with soda. Give it a stir and taste: add more lime or simple a spoonful at a time until you get it to your liking. Tuck a sprig of basil into the glass as a garnish.</p>
</article>


<hr>

<footer>
<p>
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</svg> Légal</abbr>
</p>
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</template>
</footer>
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function loadThemeForm(templateName) {
const themeSelectorTemplate = document.querySelector(templateName)
const form = themeSelectorTemplate.content.firstElementChild
themeSelectorTemplate.replaceWith(form)

form.addEventListener('change', (e) => {
const chosenColorScheme = e.target.value
localStorage.setItem('theme', chosenColorScheme)
toggleTheme(chosenColorScheme)
})

const selectedTheme = localStorage.getItem('theme')
if (selectedTheme && selectedTheme !== 'undefined') {
form.querySelector(`[value="${selectedTheme}"]`).checked = true
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}

const prefersColorSchemeDark = '(prefers-color-scheme: dark)'
window.addEventListener('load', () => {
let hasDarkRules = false
for (const styleSheet of Array.from(document.styleSheets)) {
let mediaRules = []
for (const cssRule of styleSheet.cssRules) {
if (cssRule.type !== CSSRule.MEDIA_RULE) {
continue
}
// WARNING: Safari does not have/supports `conditionText`.
if (cssRule.conditionText) {
if (cssRule.conditionText !== prefersColorSchemeDark) {
continue
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} else {
if (cssRule.cssText.startsWith(prefersColorSchemeDark)) {
continue
}
}
mediaRules = mediaRules.concat(Array.from(cssRule.cssRules))
}

// WARNING: do not try to insert a Rule to a styleSheet you are
// currently iterating on, otherwise the browser will be stuck
// in a infinite loop…
for (const mediaRule of mediaRules) {
styleSheet.insertRule(mediaRule.cssText)
hasDarkRules = true
}
}
if (hasDarkRules) {
loadThemeForm('#theme-selector')
}
})
</script>
</body>
</html>

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title: Remote to who? A working letter
url: https://tinyletter.com/aworkinglibrary/letters/remote-to-who-a-working-letter
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<p><em><a href="https://tinyletter.com/aworkinglibrary/letters/change-is-constant-a-working-letter">Last time I sent a newsletter</a>, I shared that I was looking for work. Thanks so much to everyone who responded or passed the word along. I have since accepted a new position (about which more in a future missive). But I’m back today with something else.</em></p>

<p><em>It was probably inevitable that sitting through a whole lot of job interviews and considering several offers would mean I would end up spending a disproportionate amount of time these past months thinking about what work means to me. This is a topic I am predisposed to (witness the title of this newsletter), and the activity of applying for jobs pretty much made everything else unthinkable. What I’m sharing today is some very rough thoughts about one corner of the way we talk about work; I would like to use this space to (ahem) work through drafts of some bigger, thornier things I’m chewing on, and this one is top of mind. It’s likely that some version of this will end up on <a href="https://aworkinglibrary.com/">AWL</a>, eventually.</em></p>

<hr>
<h1>Remote to who?</h1>

<p>Before last year, if you had asked me what I thought would happen with respect to remote work in the next decade or so, I would have answered that most companies, in most cities, were headed for so-called “hybrid” remote workplaces, with hotel desks and a mix of people who worked partially in the office and partially elsewhere plus other folks scattered further afield. The reasons for this were not cultural but economic, the obvious next step in a line that stretches from offices where everyone had their own door, to cubicles, to open plan designs—each step reducing the cost of real estate per employee. Likewise, with tech workers more and more in demand, and the big five scooping them up in the major cities, every other company was either going to have the match the perks and salaries of Google &amp; friends (doubtful) or else recruit from places where those companies didn’t have a monopoly on talent.</p>

<p>I think it’s important to keep this in mind: that the primary reason for the move to remote has very little to do with culture or flexibility and everything to do with shifting the costs of real estate from companies to employees. I say this as someone who is a fan of remote work, who will never routinely work in an office ever again, and who has managed remote teams for a decade. Before last year, remote work was on a gentle upward swing <em>because it was cheaper for employers</em>.</p>

<p>This does not mean that people—managers and workers both—do not benefit from remote work. It does not mean that we shouldn’t spend time and energy debating and discussing the cultural impacts (both positive and otherwise) of remote work. It just means that regardless of the outcome of those debates, the underlying economics were going to make remote work more common, like it or not.</p>

<p>The pandemic accelerated all of this, of course, and a shift I guessed would take five to ten years has been more or less compressed into one, so we’re getting all the hand wringing all at once. That’s how you get entirely predictable pieces like <a href="https://www.theatlantic.com/family/archive/2021/04/zoom-remote-work-loneliness-happiness/618473/">this one</a>, from Arthur Brooks, in <em>The Atlantic</em>:</p>

<blockquote>
<p>[I]t is simply undeniable that remote work usually leads to loneliness. In research conducted more than a decade before the pandemic about remote work among journalists, the organizational psychologist Lynn Holdsworth found that full-time telework increased loneliness over office work by 67 percentage points. Based on data from 2019, the 2020 <em>State of Remote Work</em> <a href="https://lp.buffer.com/state-of-remote-work-2020">report</a> issued by the social-media management firm Buffer showed that loneliness is the biggest struggle remote workers say they face, tied with problems of collaboration and communication.</p>

<p>Work is where many people have the bulk of their social interactions. In a recent survey, 70 percent of employees <a href="https://www.cnbc.com/2018/11/13/why-work-friendships-are-critical-for-long-term-happiness.html">said</a> friendship at their job is the most important element of a happy work life. Research shows that employees say a co-located office environment is where they establish not just work collaborations but also their social ties.</p>
</blockquote>

<p>Happily, we also get prompt and wise responses, like this one from <a href="https://annehelen.substack.com/p/the-future-of-remote-work-is-the?utm_medium=email&amp;utm_campaign=cta">Anne Helen Petersen</a> (emphasis mine):</p>

<blockquote>
<p>But all of these arguments are built on the <strong> supposition of work as the primary, enduring locus of meaning in your life</strong>. Think of it this way: Maybe office workers feel the need to make friends at work is because they spend so much time working that there’s little time to cultivate or sustain friendship elsewhere. Maybe it’s so hard to make friends in your 30s because you’re working all the time….</p>

<p>So imagine: A day or two working with your friends, a day or two in the office, a day or two at home with or without my partner, or my partners, or my garden. Time, during the day, to go to the grocery store, to mail a package, to go play with a friend’s kid for an hour, to take a nap, to read a book for research in the sun, to take a work call while walking the dog. Maybe I have a lot of concentrated work on a Thursday, and then do an interview on a Friday and go ski.</p>

<p>I don’t see loneliness in that scenario, or the equivalent, as Brooks argues, of a reduced salary. I see my version of a full life.</p>
</blockquote>

<p>AHP is exactly right here. I am not actually a fan of the “remote” terminology: I prefer to talk of teams as being either co-located or distributed, as those terms describe the <em>team</em> not the individual. After all, no one is remote all by themselves. But if we’re going to be stuck with that term, and it seems like we are, then we have to ask—remote <em>to who</em>? Perhaps you are remote to your colleagues, but you can be deeply embedded in your local community at the same time. <strong>Whereas in a co-located environment, you are embedded in your workplace and <em>remote to your neighbors</em>.</strong></p>

<p>Ultimately, this isn’t a debate about the best way to live a full life, and how work should fit into it. It isn’t a debate about which workplace practice will lead to loneliness or its opposite, or which practice will maximize productivity. AHP taps into what’s really happening when she notes that the presumption underlying Brooks’ concern is the idea that work should be the primary, enduring locus of meaning in your life. Because that idea is not politically neutral. As a principle, it is <em>doing work</em>. And the work that it is doing is to make you more exploitable—to wrest more labor out of you at lower cost, to keep you isolated and fragile, to leave you dependent on your employer for a large portion of your identity, or for your entire support network. It is not politically neutral because it serves to shift power from you to your employer.</p>

<p>It’s obvious that the only reason startups metastasized foosball tables and laundry services was to get people to work more—but so often the conversations around these practices center on individual choice rather than on interrogating how the system works. So often these conversations focus exclusively on culture, and miss all the financial maneuvering that underpins it. Too often these conversations forget that conflict between employer and employee is a given, not something to be avoided but something to be explicated and negotiated, preferably in the open (if you’re a worker, at least).</p>

<p>AHP describes a world in which more hybrid/remote work doesn’t lead to increasing levels of loneliness, but rather to stronger and better connections to family and friends and neighbors which can create happier and more resilient workers and better lives for all. She is right. That is a world nearly all workers want. It is a world <em>I</em> want. It is probably not a world that most employers want, even if they say they do, because it chips away at their advantage.</p>

<p>It is also not the inevitable outcome of remote practices. A remote workplace can be one that operates like AHP describes, or it could be one that uses surveillance technology to monitor employees’ every move, to measure their productivity down to the minute, to build rewards and disciplinary structures that reduce autonomy and make workers more contingent and more replaceable. A remote workplace could be one that shifts the costs of real estate onto employees while maintaining the status quo of power relations, or even strengthening them in employers’ favor.</p>

<p>Which means the path to get to this world we want isn’t going to be easy, and it isn’t going to happen without a fight.</p>

<p>In an <a href="https://www.nytimes.com/2021/04/07/opinion/google-job-harassment.html">op-ed for the <em>Times</em></a> Emi Nietfield writes about falling for—and then rejecting—the religion of the workplace as “family.” Hers is a familiar (and yet still distressing) story but it somewhat misses the point: if you want to get out from under the weight of work-as-sole-meaning-maker, it’s not enough to simply swap one corporation for another, or to skip the free beer, or to do your own damn laundry. It’s not enough to find a job that lets you work remotely, or that supports flex time, or that makes sending Slack DMs after hours verboten. The idea that your job should be the primary source of meaning in your life is an elaborately made trap, propped up across industries, designed to make you a loyal worker who uses the bulk of their intellectual and creative capacity to further their own career.</p>

<p>The only way out of that trap is solidarity. The only way out is together.</p>

<p>Here’s where I might say we should unionize—and yes, those of us who can, should—but that’s not where I’m going here. I want everyone to do their part to improve the lot of workers where they work, of course. But I don’t want to <em>only</em> do that. I want to improve the lot of workers in our neighborhoods, our towns, and our cities. I want to join forces with workers from other companies and in other fields—and, critically, in other <em>classes</em>—and together make the conditions of work better for everyone.</p>

<p><strong>Because if remote work gives us anything at all, it gives us the chance to root ourselves in a place <em>that isn’t the workplace</em>.</strong> It gives us the chance to really live in whatever place we have chosen to live—to live as neighbors and caretakers and organizers, to stop hoarding all of our creative and intellectual capacity for our employers and instead turn some of it towards building real political power in our communities.</p>

<p>That’s what the shift to remote work makes possible. It’s why, despite the very obvious economic advantages that remote work affords for employers, many of them are still worried about what a permanent shift to remote or hybrid remote work will mean. It’s why the makers of productivity software are building features that will make workplace surveillance easier (whether or not they expressly admit it as such). It’s the unspoken worry driving a lot of the hand wringing about remote practices making training for young workers more difficult—because that training isn’t about teaching job skills so much as it is about teaching the ideology of work-as-locus-of-meaning.</p>

<p>As offices start to reopen there are going to be more and more pieces about the minority of CEOs who buck the trend of hybrid remote work and tell their entire staff to get back to their desks full-time. They will say it’s because collaboration and creativity are better when people are all in the same room, that the companies who continue to pay for expensive offices will end up with a competitive advantage. I promise you those CEOs are the ones looking at the balance sheet and doing a calculation in their head that says that even though remote work might save them millions on real estate, the transfer of power to their employees would be too great to make that a good deal.</p>

<p>Because if we look at arguments about remote work purely in the context of how it may or may not lead to loneliness, how it may or may not increase productivity or retention or whathaveyou, we miss the real change afoot. Every argument about how we work is an argument about power. Every discussion about how cultures should change to accommodate remote practices is a discussion about who gets more power—in the workplace, and in our communities. And power is never given freely.</p>

<hr>
<h1>Basil gimlet</h1>

<p>Basil and green garlic have hit the farmer’s markets here, just as the magnolias have peaked, which means it really is spring. And trust me when I say that some of that big bunch of basil you bought to make pesto or to tuck into slices of mozzarella belongs in your drink.</p>

<p>2 oz gin<br>
3/4 oz fresh lime juice<br>
3/4 oz simple syrup<br>
handful of basil leaves</p>

<p>Muddle the basil leaves in the bottom of a cocktail shaker, then add ice and the rest of the ingredients, and shake thoroughly. Double strain into a coup glass. If you want to be fancy, pluck a single unblemished basil leaf from your bunch, place it in the palm of one hand, and slap it with the other. This will both flatten the leaf and break its surface, releasing the oils. Float this leaf on the top of the glass, and then take a sip with the sun on your face.</p>

<p><strong>Zero-proof variation</strong>: Omit the gin. Muddle the basil in the bottom of a collins glass, then fill with ice, add half an oz each of simple and lime to the glass, then top with soda. Give it a stir and taste: add more lime or simple a spoonful at a time until you get it to your liking. Tuck a sprig of basil into the glass as a garnish.</p>

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<title>Maximizing Possible Outcomes In Simple Interfaces (archive) — David Larlet</title>
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<h1>Maximizing Possible Outcomes In Simple Interfaces</h1>
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<hr>
<p>Facing a complex system agency, designers (be graphics, software engineers, architects, etc.) will attempt to reduce the complexity by simplifying the interactions with the system. The percentage of interactions with the new design becomes the tool for measuring the efficacy of the new choices.</p>

<p><img alt="faucets and soaps" src="https://www.otsukare.info/images/20210329-robinets.jpg"></p>

<p>But what do we measure? Do we measure the success of the design or do we measure that we created only one way to do a task, and funnels a variety and diversity of interactions through the funnel of one way of doing things. We should be wary and careful of what we measure and the complexity of individuals in front of a system.</p>

<p>When we simplify a system of interactions to a certain minimalism, we often trade choices for reductionism. We maximize the simplicity to the point of dumbing everything down. But do we always help? Creativity, emergence of patterns often lie in the hackability of a system. When we reduce the options for someone to use the system in unexpected ways, we remove the possibility for people to own a craft, a skill. We make them serve the system, instead of the system serving them.</p>

<p>We should try to create simple interfaces that maximize the possibility for people to create (creative entropy), being empowered, being autonomous.</p>

<h2>See Also</h2>

<ul>
<li><a href="https://www.youtube.com/watch?v=CSru1QjpydI">Odyssée de l'hiver - Christian Fauré</a> (French)</li>
<li><a href="https://fvsch.com/calculators">Designing Calculator Apps</a></li>
</ul>
</article>


<hr>

<footer>
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continue
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// WARNING: Safari does not have/supports `conditionText`.
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// WARNING: do not try to insert a Rule to a styleSheet you are
// currently iterating on, otherwise the browser will be stuck
// in a infinite loop…
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<p>Facing a complex system agency, designers (be graphics, software engineers, architects, etc.) will attempt to reduce the complexity by simplifying the interactions with the system. The percentage of interactions with the new design becomes the tool for measuring the efficacy of the new choices.</p>
<p><img alt="faucets and soaps" src="https://www.otsukare.info/images/20210329-robinets.jpg"></p>
<p>But what do we measure? Do we measure the success of the design or do we measure that we created only one way to do a task, and funnels a variety and diversity of interactions through the funnel of one way of doing things. We should be wary and careful of what we measure and the complexity of individuals in front of a system.</p>
<p>When we simplify a system of interactions to a certain minimalism, we often trade choices for reductionism. We maximize the simplicity to the point of dumbing everything down. But do we always help? Creativity, emergence of patterns often lie in the hackability of a system. When we reduce the options for someone to use the system in unexpected ways, we remove the possibility for people to own a craft, a skill. We make them serve the system, instead of the system serving them.</p>
<p>We should try to create simple interfaces that maximize the possibility for people to create (creative entropy), being empowered, being autonomous.</p>
<h2>See Also</h2>
<ul>
<li><a href="https://www.youtube.com/watch?v=CSru1QjpydI">Odyssée de l'hiver - Christian Fauré</a> (French)</li>
<li><a href="https://fvsch.com/calculators">Designing Calculator Apps</a></li>
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<title>Ce qui pourrait être autrement: éloge du non fonctionnement (archive) — David Larlet</title>
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<article>
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<h1>Ce qui pourrait être autrement: éloge du non fonctionnement</h1>
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<p>Continuons sur l’inutilité, mais sous une autre forme. Une autre phrase que je déteste est: “ça fonctionne” ou “ça marche”. C’est l’argument dont on se sert pour affirmer l’inévitabilité des GAFAM. Ça fonctionne bien, ça marche bien… Zoom marche tellement bien, l’iPhone marche si bien, Word fonctionne…</p>
<p>Mais ça veut dire quoi, au juste, fonctionner? Fonctionner pour faire quoi? Comme s’il n’y avait qu’une chose à faire… Fonctionner… bah, ça dépend de ce que tu veux faire, en fait… mais si tu ne sais pas ce que tu veux faire, l’outil qui fonctionne est juste en train de décider ce que tu fais. On ne se pose pas la question de ce qu’on veut faire, juste la question si ce qu’on fera - peu importe de quoi il s’agisse - sera efficace ou pas. L’important c’est d’être efficace.</p>
<p>N’est-ce pas un peu problématique? Nous avons complètement renoncer à être, je ne dis pas les protagonistes, mais au moins partie prenante de nos actions. Sans vouloir trop poser la question éthique - il est facile de toucher le point Godwin ici - mais il y a moyen d’être très efficace pour faire des trucs pas tout à fait souhaitables, non?</p>
<p>Je souhaite que rien ne marche, que rien ne fonctionne, que tout soit cassé, qu’il y ait plein de bugs. Je voudrais des designers capables de concevoir des outils compliqués, contre-intuitifs et mal fonctionnant.</p>
<p>Le non fonctionnement est la condition de la pensée critique.</p>
</article>


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</svg> Thème</legend>
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<input type="radio" value="auto" name="chosen-color-scheme" checked> Auto
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<input type="radio" value="light" name="chosen-color-scheme"> Clair
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</footer>
<script>
function loadThemeForm(templateName) {
const themeSelectorTemplate = document.querySelector(templateName)
const form = themeSelectorTemplate.content.firstElementChild
themeSelectorTemplate.replaceWith(form)

form.addEventListener('change', (e) => {
const chosenColorScheme = e.target.value
localStorage.setItem('theme', chosenColorScheme)
toggleTheme(chosenColorScheme)
})

const selectedTheme = localStorage.getItem('theme')
if (selectedTheme && selectedTheme !== 'undefined') {
form.querySelector(`[value="${selectedTheme}"]`).checked = true
}
}

const prefersColorSchemeDark = '(prefers-color-scheme: dark)'
window.addEventListener('load', () => {
let hasDarkRules = false
for (const styleSheet of Array.from(document.styleSheets)) {
let mediaRules = []
for (const cssRule of styleSheet.cssRules) {
if (cssRule.type !== CSSRule.MEDIA_RULE) {
continue
}
// WARNING: Safari does not have/supports `conditionText`.
if (cssRule.conditionText) {
if (cssRule.conditionText !== prefersColorSchemeDark) {
continue
}
} else {
if (cssRule.cssText.startsWith(prefersColorSchemeDark)) {
continue
}
}
mediaRules = mediaRules.concat(Array.from(cssRule.cssRules))
}

// WARNING: do not try to insert a Rule to a styleSheet you are
// currently iterating on, otherwise the browser will be stuck
// in a infinite loop…
for (const mediaRule of mediaRules) {
styleSheet.insertRule(mediaRule.cssText)
hasDarkRules = true
}
}
if (hasDarkRules) {
loadThemeForm('#theme-selector')
}
})
</script>
</body>
</html>

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cache/2021/9de00d1e64540434735417d59f2570fe/index.md View File

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title: Ce qui pourrait être autrement: éloge du non fonctionnement
url: http://blog.sens-public.org/marcellovitalirosati/cequipourrait/fonctionnement.html
hash_url: 9de00d1e64540434735417d59f2570fe

Continuons sur l’inutilité, mais sous une autre forme. Une autre phrase que je déteste est: “ça fonctionne” ou “ça marche”. C’est l’argument dont on se sert pour affirmer l’inévitabilité des GAFAM. Ça fonctionne bien, ça marche bien… Zoom marche tellement bien, l’iPhone marche si bien, Word fonctionne…

Mais ça veut dire quoi, au juste, fonctionner? Fonctionner pour faire quoi? Comme s’il n’y avait qu’une chose à faire… Fonctionner… bah, ça dépend de ce que tu veux faire, en fait… mais si tu ne sais pas ce que tu veux faire, l’outil qui fonctionne est juste en train de décider ce que tu fais. On ne se pose pas la question de ce qu’on veut faire, juste la question si ce qu’on fera - peu importe de quoi il s’agisse - sera efficace ou pas. L’important c’est d’être efficace.

N’est-ce pas un peu problématique? Nous avons complètement renoncer à être, je ne dis pas les protagonistes, mais au moins partie prenante de nos actions. Sans vouloir trop poser la question éthique - il est facile de toucher le point Godwin ici - mais il y a moyen d’être très efficace pour faire des trucs pas tout à fait souhaitables, non?

Je souhaite que rien ne marche, que rien ne fonctionne, que tout soit cassé, qu’il y ait plein de bugs. Je voudrais des designers capables de concevoir des outils compliqués, contre-intuitifs et mal fonctionnant.

Le non fonctionnement est la condition de la pensée critique.

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<li><a href="/david/cache/2021/544ecea9397616a9f4cfcc6fe27afc3d/" title="Accès à l’article dans le cache local : Dark mode et accessibilité">Dark mode et accessibilité</a> (<a href="https://nota-bene.org/Dark-mode-et-accessibilite" title="Accès à l’article original distant : Dark mode et accessibilité">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/8bef65b7167873d697f665dab2fdbb8b/" title="Accès à l’article dans le cache local : Maximizing Possible Outcomes In Simple Interfaces">Maximizing Possible Outcomes In Simple Interfaces</a> (<a href="https://www.otsukare.info/2021/03/29/dumb-down-danger" title="Accès à l’article original distant : Maximizing Possible Outcomes In Simple Interfaces">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/d3a653c926aa97707653300947b65ab5/" title="Accès à l’article dans le cache local : The Mobile Performance Inequality Gap, 2021">The Mobile Performance Inequality Gap, 2021</a> (<a href="https://infrequently.org/2021/03/the-performance-inequality-gap/" title="Accès à l’article original distant : The Mobile Performance Inequality Gap, 2021">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/78f2e167938eb4bfa6747503aefe45c1/" title="Accès à l’article dans le cache local : We Quit Our Jobs to Build a Cabin-Everything Went Wrong">We Quit Our Jobs to Build a Cabin-Everything Went Wrong</a> (<a href="https://www.outsideonline.com/2415766/friends-diy-cabin-build-washington" title="Accès à l’article original distant : We Quit Our Jobs to Build a Cabin-Everything Went Wrong">original</a>)</li>
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<li><a href="/david/cache/2021/a722bf15647dfe923d3c28b2e229098c/" title="Accès à l’article dans le cache local : The Future of Web Software Is HTML-over-WebSockets">The Future of Web Software Is HTML-over-WebSockets</a> (<a href="https://alistapart.com/article/the-future-of-web-software-is-html-over-websockets/" title="Accès à l’article original distant : The Future of Web Software Is HTML-over-WebSockets">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/9de00d1e64540434735417d59f2570fe/" title="Accès à l’article dans le cache local : Ce qui pourrait être autrement: éloge du non fonctionnement">Ce qui pourrait être autrement: éloge du non fonctionnement</a> (<a href="http://blog.sens-public.org/marcellovitalirosati/cequipourrait/fonctionnement.html" title="Accès à l’article original distant : Ce qui pourrait être autrement: éloge du non fonctionnement">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/fd776407232cd6fd7627bac7dba39755/" title="Accès à l’article dans le cache local : Épuiser la pratique">Épuiser la pratique</a> (<a href="https://www.quaternum.net/2020/02/29/epuiser-la-pratique/" title="Accès à l’article original distant : Épuiser la pratique">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/ef2067bf42482ed7c48e1d166cde117a/" title="Accès à l’article dans le cache local : Cameras and Lenses">Cameras and Lenses</a> (<a href="https://ciechanow.ski/cameras-and-lenses/" title="Accès à l’article original distant : Cameras and Lenses">original</a>)</li>
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<li><a href="/david/cache/2021/c177668b263f39d20788f002446d2a47/" title="Accès à l’article dans le cache local : 6-month consequences of COVID-19 in patients discharged from hospital: a cohort study">6-month consequences of COVID-19 in patients discharged from hospital: a cohort study</a> (<a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)32656-8/fulltext" title="Accès à l’article original distant : 6-month consequences of COVID-19 in patients discharged from hospital: a cohort study">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/1fdec7eb6b2c3d889cbd789de3fb1d1d/" title="Accès à l’article dans le cache local : Write-only Twitter">Write-only Twitter</a> (<a href="https://laurakalbag.com/write-only-twitter/" title="Accès à l’article original distant : Write-only Twitter">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/a0c3fb599ec91412f58fbaa4fc0d9680/" title="Accès à l’article dans le cache local : L’asymptote du dépressif">L’asymptote du dépressif</a> (<a href="https://prototypekblog.wordpress.com/2021/02/25/lasymptote-du-depressif/" title="Accès à l’article original distant : L’asymptote du dépressif">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/f91656e01371b761e22e6684dd3b6da2/" title="Accès à l’article dans le cache local : Jacob Kaplan-Moss">Jacob Kaplan-Moss</a> (<a href="https://jacobian.org/help/" title="Accès à l’article original distant : Jacob Kaplan-Moss">original</a>)</li>
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<li><a href="/david/cache/2021/45af171610f986077420b27c2da46ec1/" title="Accès à l’article dans le cache local : I bought 300 emoji domain names from Kazakhstan and built an email service">I bought 300 emoji domain names from Kazakhstan and built an email service</a> (<a href="https://tinyprojects.dev/projects/mailoji" title="Accès à l’article original distant : I bought 300 emoji domain names from Kazakhstan and built an email service">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/0acb9b97e82885d127fefb8266875754/" title="Accès à l’article dans le cache local : La mort figurative vous va si bien.">La mort figurative vous va si bien.</a> (<a href="https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/03/mort-figurative.html" title="Accès à l’article original distant : La mort figurative vous va si bien.">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/0c6966a8e9543b52c361ac6de68f08e4/" title="Accès à l’article dans le cache local : Understanding ProRAW">Understanding ProRAW</a> (<a href="https://blog.halide.cam/understanding-proraw-4eed556d4c54" title="Accès à l’article original distant : Understanding ProRAW">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/3e96aa14ff8f4e5e4dd4c42eec6fa0df/" title="Accès à l’article dans le cache local : Antilivre">Antilivre</a> (<a href="https://www.antilivre.org/#manifeste" title="Accès à l’article original distant : Antilivre">original</a>)</li>
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<li><a href="/david/cache/2021/2057ddcf3fd20edd602cee1b08ac17e8/" title="Accès à l’article dans le cache local : Designing Branch: Sustainable Interaction Design Principles">Designing Branch: Sustainable Interaction Design Principles</a> (<a href="https://branch.climateaction.tech/2020/10/15/designing-branch-sustainable-interaction-design-principles/" title="Accès à l’article original distant : Designing Branch: Sustainable Interaction Design Principles">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/28c97d1358ee67f26af1756246766823/" title="Accès à l’article dans le cache local : Remote to who? A working letter">Remote to who? A working letter</a> (<a href="https://tinyletter.com/aworkinglibrary/letters/remote-to-who-a-working-letter" title="Accès à l’article original distant : Remote to who? A working letter">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/eef2b3e3085a9b71cd7fe64f21fa0453/" title="Accès à l’article dans le cache local : Anxious feelings about optimisation through complexity">Anxious feelings about optimisation through complexity</a> (<a href="http://interconnected.org/home/2021/02/12/optimisation" title="Accès à l’article original distant : Anxious feelings about optimisation through complexity">original</a>)</li>
<li><a href="/david/cache/2021/5243221f38525040d87e7407b08e1ff5/" title="Accès à l’article dans le cache local : log : vol. 11, num. 19, mar. 30 mars 2021, vanuatu">log : vol. 11, num. 19, mar. 30 mars 2021, vanuatu</a> (<a href="http://shl.huld.re/~f6k/log/vol11/19-vanuatu.html" title="Accès à l’article original distant : log : vol. 11, num. 19, mar. 30 mars 2021, vanuatu">original</a>)</li>

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