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  1. title: Le courage du commencement
  2. url: https://www.cairn.info/revue-etudes-2014-1-page-57.htm
  3. hash_url: d7c64ebd5e2b6a14175d1d598fd7c7a0
  4. <section class="section section1" id="s1n1"><!--placeholder::reference::s1n1--><p class="para" id="pa1"><!--placeholder::reference::pa1--><a class="no-para" href="#pa1">1</a>Pour Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, le courage est la vertu &#171;&#160;r&#233;ussie entre toutes&#160;&#187;, l&#8217;&#233;l&#233;ment qui rend &#171;&#160;les autres vertus efficaces et op&#233;rantes&#160;&#187;&#160;; et, peut-&#234;tre, apr&#232;s tout, &#171;&#160;est-il moins une vertu lui-m&#234;me que la condition de r&#233;alisation des autres vertus. Sinc&#233;rit&#233;, justice ou modestie, elles commencent toutes par ce seuil de la d&#233;cision inaugurale&#8239;<a id="re1no1" class="renvoi typeref-note" href="#no1">[1]</a>&#160;&#187;. Le courage est ainsi une affaire de seuil, de saut. Entre le courage et le reste des actions, il y a toujours une solution de continuit&#233;. Et chez Jank&#233;l&#233;vitch, les courageux, comme les justes, ont l&#8217;art de commencer. L&#8217;art de commencer au sens o&#249;, d&#8217;une part, le courage rel&#232;ve de la d&#233;cision pure, celle qui fait origine&#160;; et d&#8217;autre part, le courage comme la justice est un acte sans capitalisation possible. Ce n&#8217;est pas parce qu&#8217;on a &#233;t&#233; juste ou courageux qu&#8217;on le sera demain et que cela nous absout de l&#8217;&#234;tre encore et encore. &#171;&#160;Le juste est aussit&#244;t arriv&#233; que parti, et inversement les justes<a id="np58" class="np"></a> sont des commen&#231;ants.&#8239;<a id="re2no2" class="renvoi typeref-note" href="#no2">[2]</a>&#160;&#187; Impossible de se dire courageux. Il faut simplement l&#8217;&#234;tre, dans l&#8217;instant. Impossible de s&#8217;en satisfaire. La chose n&#8217;est jamais r&#233;gl&#233;e. Il y aura toujours &#233;preuve &#224; surmonter pour prouver que l&#8217;on est courageux. &#171;&#160;Ma vertu, au contraire, retombe chaque fois &#224; z&#233;ro dans les pauses de l&#8217;intention&#160;; la cr&#233;ation morale n&#8217;est pas une paternit&#233; d&#233;finitive, et qui engendre une fois pour toutes sa cr&#233;ature&#160;: c&#8217;est plut&#244;t une paternit&#233; semelfactive&#8239;<a id="re3no3" class="renvoi typeref-note" href="#no3">[3]</a> et instantan&#233;e&#160;; elle aboutit &#224; des &#339;uvres inconsistantes et nous impose l&#8217;&#233;puisant effort de Sisyphe, l&#8217;&#233;tat d&#8217;alarme continu&#233;e.&#8239;<a id="re4no4" class="renvoi typeref-note" href="#no4">[4]</a>&#160;&#187;</p></section><section class="section section1" id="s1n2"><!--placeholder::reference::s1n2--><!--field: Inter1--><h1 class="titre traitementparticulier-non">La lutte permanente contre le d&#233;couragement</h1><!--field: --><p class="para" id="pa2"><!--placeholder::reference::pa2--><a class="no-para" href="#pa2">2</a>Partant, l&#8217;ennemi du courage est le d&#233;couragement car il est ce contre quoi il faut sans cesse lutter. Le courage est sans victoire. &#171;&#160;&#202;tre brave au contraire, c&#8217;est avoir le dessus, m&#234;me s&#8217;il faut finalement succomber. La menace terrifiante est prise ici &#224; la gorge, somm&#233;e de se d&#233;couvrir et de dire son vrai nom. Le diable ne peut pas nous faire mal, mais il peut nous faire peur. Le brave conjure par sa bravoure cet envo&#251;tement de la frayeur&#160;: comme lui gardons-nous simples, pauvres, nus et sans arri&#232;re-pens&#233;es, indiff&#233;rents aux d&#233;tails mesquins, pour que le diable cr&#232;ve de notre innocence et de notre courage.&#8239;<a id="re5no5" class="renvoi typeref-note" href="#no5">[5]</a>&#160;&#187; M&#234;me s&#8217;il sait de fa&#231;on &#233;ph&#233;m&#232;re traduire une victoire sur soi, &#171;&#160;L&#8217;id&#233;al, au ciel des valeurs, ne dure jamais plus longtemps que notre effort pour le poser et notre foi pour le croire&#8239;<a id="re6no6" class="renvoi typeref-note" href="#no6">[6]</a>&#160;&#187;. En ce sens, le courageux est ma&#238;tre du temps.</p>
  5. <p class="para" id="pa3"><!--placeholder::reference::pa3--><a class="no-para" href="#pa3">3</a>L&#8217;intelligence est naturellement m&#233;lancolique et les v&#233;rit&#233;s de Beckett et de Laing sonnent juste &#224; son oreille musicale. Comment les r&#233;futer, eux qui n&#8217;ont pas tort&#160;? L&#224; o&#249; le premier a invent&#233; une des &#233;quations de l&#8217;ali&#233;nation psychique &#8211; &#171;&#160;il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer&#160;&#187; &#8211;, l&#8217;autre dit le jeu pervers de l&#8217;ali&#233;nation sociale &#8211; &#171;&#160;je dois jouer le jeu de ne pas voir que je joue le jeu&#160;&#187;.<a id="np59" class="np"></a> Si l&#8217;on a refus&#233; les maximes de Beckett et de Laing comme porteuses d&#8217;une morale trop ambivalente &#8211; certes, de multiples interpr&#233;tations sont possibles, et nombreux sont ceux qui liront Beckett de mani&#232;re &#224; le concilier avec ce qui suit &#8211;, les pr&#233;ceptes de Foucault et de Jank&#233;l&#233;vitch paraissent, quant &#224; eux, plus op&#233;rationnels, sans pour autant &#234;tre complaisants ni na&#239;vement optimistes. Le &#171;&#160;souci de soi&#160;&#187; foucaldien n&#8217;est pas synonyme de bien-&#234;tre. Il est indissociable d&#8217;un effort et d&#8217;un art de vivre qui sous-tend un prix &#224; payer, celui de risquer sa vie si celle-ci n&#8217;est pas en ad&#233;quation avec une certaine vision qu&#8217;elle a d&#8217;elle-m&#234;me. Quant &#224; Jank&#233;l&#233;vitch, il ne pr&#233;sente nullement une version ais&#233;e du courage. Comme la justice, le courage reste toujours &#224; faire et &#224; prouver. &#171;&#160;Ce qui est fait reste &#224; faire.&#160;&#187; Et d&#8217;une certaine mani&#232;re, il faut risquer le non-courage pour v&#233;ritablement pr&#233;tendre &#224; l&#8217;acte courageux.</p>
  6. <p class="para" id="pa4"><!--placeholder::reference::pa4--><a class="no-para" href="#pa4">4</a>Le t&#233;m&#233;raire, en ce sens, n&#8217;est pas un courageux. Seul celui qui &#233;prouve et l&#8217;effort de Sisyphe et la peur du diable est courageux. &#171;&#160;Le courage notamment est fonction du chemin parcouru, du temp&#233;rament naturel et des circonstances&#160;; le courage est proportionnel &#224; l&#8217;effort fourni pour vaincre la peur&#160;: en sorte que le m&#233;rite n&#8217;est pas un certain quantum absolu, fini et assignable, une ration &#224; d&#233;terminer, mais une valeur qui d&#233;pend, comme le plaisir, du contexte spirituel, autrement dit de facteurs ind&#233;nombrables dont il faut tenir compte. C&#8217;est toute la <em class="marquage italique">paradoxologie</em> de la relation m&#233;ritante que de nous renvoyer ainsi du contradictoire &#224; son contradictoire&#160;: le m&#233;rite est raison inverse de la perfection en acte, c&#8217;est-&#224;-dire que plus l&#8217;agent est vertueux, moins il est vertueux.&#8239;<a id="re7no7" class="renvoi typeref-note" href="#no7">[7]</a>&#160;&#187; Avec le courage, la paradoxologie continue d&#8217;&#234;tre la loi morale&#160;: plus l&#8217;on sera aux confins du d&#233;couragement et plus l&#8217;on sera pr&#232;s du courage. Le d&#233;passement de soi se fait dans l&#8217;&#233;preuve du vide. C&#8217;est l&#224; son caract&#232;re initiatique. C&#8217;est parce qu&#8217;on flirte avec le manque de courage qu&#8217;on conna&#238;t son go&#251;t et sa n&#233;cessit&#233;. Il y a initiation parce que les entrailles font mal. On red&#233;couvre le <em class="marquage italique">thumos</em> (c&#339;ur) parce que l&#8217;<em class="marquage italique">&#233;pithumia</em> (ventre) se serre. Toujours &#171;&#160;l&#8217;&#233;vidence de ce qui est <em class="marquage italique">&#224; faire</em> &#233;clipse celle du <em class="marquage italique">tout-fait</em>. Ce qui est fait, dans les techniques, n&#8217;est plus &#224; faire&#160;; et en morale, ce qui est fait reste &#224; faire.&#8239;<a id="re8no8" class="renvoi typeref-note" href="#no8">[8]</a>&#160;&#187; Et l&#8217;initiation est sans fin car l&#8217;ampleur du <em class="marquage italique">faire qui reste</em> continue de serrer le ventre.<a id="np60" class="np"></a></p></section><section class="section section1" id="s1n3"><!--placeholder::reference::s1n3--><!--field: Inter1--><h1 class="titre traitementparticulier-non">Une &#233;preuve de la volont&#233;</h1><!--field: --><p class="para" id="pa5"><!--placeholder::reference::pa5--><a class="no-para" href="#pa5">5</a>&#201;prouver la nature de la volont&#233; et de la libert&#233; du sujet, tel est l&#8217;enjeu du courage pour Jank&#233;l&#233;vitch. Ne sommes-nous libres qu&#8217;&#224; l&#8217;aune de l&#8217;&#233;preuve du courage&#160;? Et pourtant, rien de plus certain qu&#8217;un sujet, &#224; l&#8217;appel du devoir de courage, qui se sent d&#233;j&#224; condamn&#233;. Qu&#8217;est-ce que vouloir&#160;? Qu&#8217;est-ce que vouloir si ce n&#8217;est d&#233;j&#224; manifester une certaine forme de courage&#160;? Car vouloir ce sera affronter le passage au pouvoir. Vouloir n&#8217;est pas <em class="marquage italique">ipso facto</em> pouvoir. Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Ou plut&#244;t si. Il suffit. Et le territoire immense de la volont&#233; s&#8217;ouvre, tel un ab&#238;me. Et l&#8217;enjeu est clair. Le courage, ce sera d&#233;j&#224; vouloir. D&#233;cider de vouloir. Simplement cela. &#171;&#160;Le vouloir, comme l&#8217;amour, commence par lui-m&#234;me&#160;: initiative pr&#233;venante, il commence par lui-m&#234;me et revient &#224; lui-m&#234;me&#160;; il aboutit &#224; son propre commencement.&#8239;<a id="re9no9" class="renvoi typeref-note" href="#no9">[9]</a>&#160;&#187;</p>
  7. <p class="para" id="pa6"><!--placeholder::reference::pa6--><a class="no-para" href="#pa6">6</a>Telle est donc la cl&#233; du commencement. Le courage est affaire de commencement parce qu&#8217;il est l&#8217;une des plus s&#251;res manifestations de la volont&#233;. Une sorte de visibilit&#233;, de manifestation pl&#233;ni&#232;re, sensible. Une forme de volont&#233; qui fait lien avec les autres, qui s&#8217;offre &#224; leur regard. Une volont&#233; non solipsiste. Ce qui en fait pour Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch une vertu cardinale, si ce n&#8217;est la vertu des vertus, leur &#233;l&#233;ment moteur. &#171;&#160;Le courage choisit dans la nuit&#160;; mais cette nuit est le lieu d&#8217;une r&#233;v&#233;lation, mais cette nuit ne dure qu&#8217;un instant, comme la r&#233;v&#233;lation soudaine o&#249; quelque chose se d&#233;voile ne dure qu&#8217;un instant. Le <em class="marquage italique">fiat</em> du courage est donc &#224; la fois fulgurant et aveugle&#160;; il est &#233;tincelant, apparition &#233;vanouissante.&#160;&#187; Les paroles d&#8217;Hugo r&#233;sonnent. Le courage est un <em class="marquage italique">Fiat Lux</em>, un feu de (la) joie. &#171;&#160;C&#8217;est la joie de d&#233;marrer dans la douleur inchoative de risquer&#8239;<a id="re10no10" class="renvoi typeref-note" href="#no10">[10]</a>&#160;&#187;, poursuit Jank&#233;l&#233;vitch. Derri&#232;re le <em class="marquage italique">Fiat Lux</em> du courage, toujours l&#8217;initiation et donc toujours le sens de la douleur. Car le &#171;&#160;seuil de la d&#233;cision inaugurale&#160;&#187; que forme le courage reste<a id="np61" class="np"></a> un autel o&#249; s&#8217;&#233;prouve le <em class="marquage italique">pretium doloris</em>.</p>
  8. <p class="para" id="pa7"><!--placeholder::reference::pa7--><a class="no-para" href="#pa7">7</a>Commencement et recommencement du courage. &#171;&#160;Ce qui est fait n&#8217;est nullement fait. Ce qui est d&#233;j&#224; fait n&#8217;est pas encore fait&#160;&#187;, ou comment plus on montre du courage, plus il faudra en montrer. Certains jugeront alors qu&#8217;il ne sert &#224; rien d&#8217;&#234;tre valeureux, que c&#8217;est l&#224; le plus s&#251;r chemin du labeur et de la non reconnaissance. Comment les en dissuader&#160;? Car ils ne se trompent pas quand ils &#233;valuent ainsi le courage, et d&#8217;une certaine mani&#232;re la volont&#233;. Pour Jank&#233;l&#233;vitch, la ressource continue d&#8217;&#234;tre en soi, comme si c&#8217;&#233;tait l&#224; l&#8217;autre nom de l&#8217;essence humaine ou de son for int&#233;rieur. &#171;&#160;Disons plut&#244;t que, comme ces joies d&#8217;un convalescent qui red&#233;couvre le charme d&#8217;exister, l&#8217;effort, tel l&#8217;oiseau Ph&#233;nix, r&#233;g&#233;n&#232;re inlassablement dans les cendres de la t&#226;che accomplie.&#8239;<a id="re11no11" class="renvoi typeref-note" href="#no11">[11]</a>&#160;&#187; Tel est donc bien l&#8217;autre nom du courageux, un convalescent. Un sujet qui a &#233;prouv&#233; dans sa chair la violence de la vie. <em class="marquage italique">La jeunesse du courage durera jusqu&#8217;&#224; la fin du monde</em>&#8239;<a id="re12no12" class="renvoi typeref-note" href="#no12">[12]</a>&#8230;</p>
  9. <p class="para" id="pa8"><!--placeholder::reference::pa8--><a class="no-para" href="#pa8">8</a>Pourquoi parler du courage&#160;? Sans doute pour rappeler &#224; quel point le courage d&#233;tient et la cl&#233; du sujet, de l&#8217;individu, et la cl&#233; du collectif. Montrer ici, comment le courage est une th&#233;orie du sujet et comment il est une vertu d&#233;mocratique &#224; restaurer pour assurer &#224; la d&#233;mocratie justement sa durabilit&#233;.</p>
  10. <p class="para" id="pa9"><!--placeholder::reference::pa9--><a class="no-para" href="#pa9">9</a>Pourquoi une th&#233;orie du sujet&#160;? Parce que cette chose qu&#8217;il faut faire, dit Jank&#233;l&#233;vitch, c&#8217;est &#224; moi de la faire. La d&#233;l&#233;gation &#224; autrui s&#8217;arr&#234;te l&#224;.</p></section><section class="section section1" id="s1n4"><!--placeholder::reference::s1n4--><!--field: Inter1--><h1 class="titre traitementparticulier-non">Le temps du courage</h1><!--field: --><p class="para" id="pa10"><!--placeholder::reference::pa10--><a class="no-para" href="#pa10">10</a>Le courageux est celui qui comprend que le cogito moral se pratique <em class="marquage italique">s&#233;ance tenante</em>. Seule temporalit&#233; viable, le pr&#233;sent. Cela se passe ici et maintenant. C&#8217;est l&#224; une autre mani&#232;re de vivre l&#8217;instant pr&#233;sent, l&#8217;<em class="marquage italique">&#224; propos</em> de Montaigne. &#202;tre courageux devient alors l&#8217;autre versant d&#8217;une sagesse. Celle d&#8217;&#234;tre pr&#233;sent &#224; soi-m&#234;me, affranchi des sph&#232;res fantasmatiques. Le courage nous assure l&#8217;<em class="marquage italique">&#234;tre en phase</em> car il ne se d&#233;porte ni vers le futur ni vers le pass&#233;. Il est irr&#233;m&#233;diablement l&#224;.<a id="np62" class="np"></a></p>
  11. <p class="para" id="pa11"><!--placeholder::reference::pa11--><a class="no-para" href="#pa11">11</a>Une sorte de vraie ontologie. Sans doute, le moment o&#249; l&#8217;on &#233;prouve la finitude et o&#249; on la d&#233;passe. L&#8217;&#233;ternit&#233; <em class="marquage italique">s&#233;ance tenante</em>. On croit que la l&#226;chet&#233; dit la v&#233;rit&#233; des hommes, mais rien de tel. Seul le courage dit leur singularit&#233;. Leur irr&#233;ductible. Pour Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, c&#8217;est le moment o&#249; la distance, voire l&#8217;ironie, du courageux s&#8217;inverse. C&#8217;est le moment de &#171;&#160;s&#233;rieux&#160;&#187;, un s&#233;rieux qui n&#8217;est pas d&#233;fini par le dogme qu&#8217;il porte mais par la temporalit&#233; &#224; laquelle il convie. S&#233;rieux parce que maintenant, tout de suite. S&#233;rieux parce que la d&#233;l&#233;gation est impossible. En ce sens, l&#8217;acte moral courageux et l&#8217;acte contemplatif partagent ce sens du pr&#233;sent et de l&#8217;instant. &#171;&#160;Le bien est une chose qu&#8217;il faut faire s&#233;ance tenante, sur-le-champ.&#160;&#187;</p>
  12. <p class="para" id="pa12"><!--placeholder::reference::pa12--><a class="no-para" href="#pa12">12</a>Le futur du courageux est <em class="marquage italique">celui de la minute qui vient</em>. &#171;&#160;Non, la bonne volont&#233; ne remet pas &#224; demain ce qu&#8217;elle peut faire s&#233;ance tenante et toute affaire cessante.&#160;&#187; Le r&#244;le de l&#8217;intellect&#160;? &#171;&#160;Desserrer l&#8217;urgence des improvisations h&#226;tives en maintenant l&#8217;avenir &#224; bonne distance.&#8239;<a id="re13no13" class="renvoi typeref-note" href="#no13">[13]</a>&#160;&#187;</p>
  13. <p class="para" id="pa13"><!--placeholder::reference::pa13--><a class="no-para" href="#pa13">13</a>Mais ne nous trompons pas. Le courageux n&#8217;est pas exempt de l&#8217;art de temporiser. &#171;&#160;Desserrer l&#8217;urgence&#160;&#187; peut &#8211; s&#8217;il ne devient l&#8217;alibi d&#8217;un ajournement syst&#233;matique &#8211; &#234;tre une maxime courageuse. On peut laisser &#171;&#160;b&#226;iller un intervalle de temps entre l&#8217;excitation et le passage &#224; l&#8217;acte&#160;&#187;. Cette temporisation n&#8217;est, en ce sens, jamais totale. Le courageux fait irr&#233;m&#233;diablement l&#8217;exp&#233;rience, en derni&#232;re instance, de la non-&#233;ternit&#233; des choses. Si le t&#233;m&#233;raire peut croire en son immortalit&#233;, le courageux sait que la finitude cr&#233;e la seule temporalit&#233;. La v&#233;rit&#233;, c&#8217;est que le temps manque d&#233;j&#224;. Ainsi le moratoire du courage est impossible. Il y a toujours un <em class="marquage italique">&#224; faire</em> et il est d&#233;j&#224; trop tard. Disons presque trop tard pour ne pas offrir aux <em class="marquage italique">&#224;-quoi-bonnistes</em> un autre type d&#8217;alibi. &#171;&#160;La volont&#233; du bien ou, ce qui revient au m&#234;me, la bonne volont&#233; [&#8230;] consacre &#224; toute minute cet av&#232;nement de l&#8217;effectivit&#233; que la mort r&#233;alise une seule fois, &#224; la fin de sa vie et quand il est trop tard, et en d&#233;bouchant dans le non-&#234;tre. [&#8230;] La bonne volont&#233; [&#8230;] est donc bien &#224; sa mani&#232;re une m&#233;diation de la mort, elle est l&#8217;inversion continu&#233;e de cette mort&#160;: elle nous entretient dans la salutaire tension de l&#8217;urgence.&#8239;<a id="re14no14" class="renvoi typeref-note" href="#no14">[14]</a>&#160;&#187; Si le contemplatif conna&#238;t le sens<a id="np63" class="np"></a> du pr&#233;sent, le courageux en assume la fonction. Nos vies inf&#233;od&#233;es &#224; une urgence falsifi&#233;e ne connaissent en rien le salut qu&#8217;elle peut parfois repr&#233;senter. Le courageux, lui, per&#231;oit derri&#232;re l&#8217;urgence l&#8217;effectivit&#233; profonde. Il sait d&#233;construire les illusions d&#8217;urgence et faire, en revanche, de la th&#233;orie du sujet une authentique urgence.</p></section><section class="section section1" id="s1n5"><!--placeholder::reference::s1n5--><!--field: Inter1--><h1 class="titre traitementparticulier-non">La valeur de l&#8217;irrempla&#231;abilit&#233;</h1><!--field: --><p class="para" id="pa14"><!--placeholder::reference::pa14--><a class="no-para" href="#pa14">14</a><em class="marquage italique">Cette chose qu&#8217;il faut faire, c&#8217;est moi qui dois la faire</em>. &#171;&#160;C&#8217;est moi qui dois la faire&#160;; et non pas quelqu&#8217;un en g&#233;n&#233;ral, non pas ce Moi-en-Soi, qui n&#8217;&#233;tant ni moi, ni toi, ni lui, mais seulement On, est la personne qui n&#8217;est personne.&#8239;<a id="re15no15" class="renvoi typeref-note" href="#no15">[15]</a>&#160;&#187; Et telle est sans doute la difficult&#233;. Car le &#171;&#160;on qui n&#8217;est personne&#160;&#187; est sans doute notre viatique habituel. Notre vie journali&#232;re est le fruit de ce &#171;&#160;On&#160;&#187;. On vit sans vivre. On vit en attendant et la mort et la gr&#226;ce, mais de fa&#231;on si peu diff&#233;renci&#233;e qu&#8217;on manquera les deux. Le courage, d&#8217;une certaine mani&#232;re, c&#8217;est d&#233;j&#224; cela&#160;: l&#8217;autre nom d&#8217;un rendez-vous avec soi-m&#234;me.</p>
  14. <p class="para" id="pa15"><!--placeholder::reference::pa15--><a class="no-para" href="#pa15">15</a>Le courage, c&#8217;est saisir la valeur r&#233;gulatrice de l&#8217;irrempla&#231;abilit&#233;. Le capital s&#8217;inscrit dans une morale sadienne. &#171;&#160;Sade imaginait une utopie sexuelle o&#249; chacun avait le droit de poss&#233;der n&#8217;importe qui&#160;; des &#234;tres humains, r&#233;duits &#224; leurs organes sexuels, deviennent alors rigoureusement anonymes et interchangeables. Sa soci&#233;t&#233; id&#233;ale r&#233;affirmait ainsi le principe capitaliste selon lequel hommes et femmes ne sont, en derni&#232;re analyse, que des objets d&#8217;&#233;change.&#8239;<a id="re16no16" class="renvoi typeref-note" href="#no16">[16]</a>&#160;&#187; Mais voil&#224;, le syst&#232;me saura exploiter les &#171;&#160;rus&#233;s&#160;&#187;, du moins leur donner raison&#160;: ils sont bel et bien interchangeables, &#233;changeables, substituables. L&#8217;un vaut pour l&#8217;autre. Leur propension &#224; s&#8217;<em class="marquage italique">anonymiser</em> les rend, en effet, plus vuln&#233;rables encore, eux qui s&#8217;ing&#233;nient &#224; devenir les invisibles du syst&#232;me. Le grand march&#233; du monde se nourrit de ces invisibilit&#233;s-l&#224;. Seul le courage pourrait leur redonner cette unicit&#233; qui les sauverait du piteux commerce. Revendiquer l&#8217;insubstituable, faire surgir l&#8217;irr&#233;ductible en soi suffirait &#224; faire cesser le troc. Du moins &#224; le d&#233;stabiliser. Reprendre courage, c&#8217;est ainsi retrouver le chemin de la subjectivit&#233; inali&#233;nable. &#202;tre irrempla&#231;able, &#234;tre &#171;&#160;nominativement concern&#233;&#160;&#187;. La clause est<a id="np64" class="np"></a> de conscience car elle est &#171;&#160;de d&#233;signation personnelle&#160;&#187;. La morale jank&#233;l&#233;vitchienne n&#8217;est, en ce sens, qu&#8217;une suite de compressions ou de commandements &#224; l&#8217;irr&#233;ductible. Non seulement il s&#8217;agit de faire et de refaire le <em class="marquage italique">d&#233;j&#224; fait</em> et le <em class="marquage italique">&#224; faire</em>, mais il s&#8217;agit de le faire <em class="marquage italique">s&#233;ance tenante</em>, &#224; l&#8217;instant m&#234;me &#8211; sorte de compression du pr&#233;sent &#8211; et par <em class="marquage italique">moi seul</em> &#8211; compression de toutes mes contradictions ou dispersions.</p>
  15. <p class="para" id="pa16"><!--placeholder::reference::pa16--><a class="no-para" href="#pa16">16</a>Parce qu&#8217;il fait de nous un sujet, parce qu&#8217;il fait de nous un agent de notre vie, le courage est, au final, plus protecteur du sujet que le manque de courage. Renoncer &#224; ses principes, sur le long terme, provoque toujours une &#233;rosion du sujet, dont il ne sera pas si simple de gu&#233;rir.</p>
  16. <p class="para" id="pa17"><!--placeholder::reference::pa17--><a class="no-para" href="#pa17">17</a>Que chacun ressente donc comme une invitation personnelle cette exhortation &#224; agir, se consid&#232;re comme personnellement, exclusivement, absolument vis&#233; par une exigence qui, pour la conscience philosophique, s&#8217;applique &#224; tous les autres, mais pour une bonne volont&#233; innocente me concerne seul comme si les autres n&#8217;existaient pas.&#160;Privil&#232;ge du moi&#160;? C&#8217;est &#224; lui qu&#8217;incombe le courage. L&#8217;injonction du courage rappelle qu&#8217;au c&#339;ur des affaires publiques l&#8217;instance du moi reste prioritaire.</p>
  17. <p class="para" id="pa18"><!--placeholder::reference::pa18--><a class="no-para" href="#pa18">18</a>Outil de leadership bien s&#251;r, mais surtout outil qui pr&#233;serve le sujet de sa propre &#233;rosion et qui prot&#232;ge contre l&#8217;entropie d&#233;mocratique. Un outil de gouvernance, en somme. Un outil de r&#233;gulation, m&#234;me. Il existe, de nos jours, une forme de d&#233;couragement g&#233;n&#233;ralis&#233;, ressenti particuli&#232;rement dans le monde du travail. Les gens tombent malades, deviennent d&#233;pressifs alors qu&#8217;ils n&#8217;ont pas de f&#233;brilit&#233; initiale. Certains vont m&#234;me jusqu&#8217;au suicide. Ce malaise est directement li&#233;, bien s&#251;r, au retour et au renforcement de la pr&#233;carisation. Mais il faut rajouter &#224; cela, une pr&#233;carisation morale si j&#8217;ose dire, dans la mesure o&#249; l&#8217;on assiste aujourd&#8217;hui &#224; un d&#233;saveu des valeurs, qui sont renvers&#233;es, falsifi&#233;es par l&#8217;ordre n&#233;olib&#233;ral ambiant.</p>
  18. <p class="para" id="pa19"><!--placeholder::reference::pa19--><a class="no-para" href="#pa19">19</a>L&#8217;hyper rentabilit&#233;, la performance et l&#8217;individualisme sont port&#233;s aux nues, alors que nos humanit&#233;s nous ont appris &#224; relativiser aussi tout cela, et &#224; chercher davantage la pl&#233;nitude, l&#8217;individuation, et une libert&#233; articul&#233;e &#224; l&#8217;&#233;galit&#233;. Or rien n&#8217;est moins vrai que l&#8217;obsolescence de ces valeurs. Les individus et les soci&#233;t&#233;s croient qu&#8217;ils vont<a id="np65" class="np"></a> pouvoir &#234;tre les passagers clandestins de la morale, que la l&#226;chet&#233; est plus &#171;&#160;payante&#160;&#187; que le courage&#8230; Ma th&#232;se c&#8217;est qu&#8217;ils se trompent, et qu&#8217;au contraire, pour l&#8217;&#234;tre humain, et pour les soci&#233;t&#233;s &#8211; donc tant pour la psych&#233; individuelle que la psych&#233; collective &#8211;, le prix de la l&#226;chet&#233; et du renoncement est beaucoup plus cher &#224; payer que le prix du courage. Elle fabrique de l&#8217;&#233;rosion de la personne, de l&#8217;isolement et met en danger les structures collectives.</p></section><section class="section section1" id="s1n6"><!--placeholder::reference::s1n6--><!--field: Inter1--><h1 class="titre traitementparticulier-non">L&#8217;Ouvert de la vertu</h1><!--field: --><p class="para" id="pa20"><!--placeholder::reference::pa20--><a class="no-para" href="#pa20">20</a>Peur et courage sont li&#233;s. Le courageux est celui qui &#233;prouve la peur, qui ne la nie pas, mais qui ne se laisse pas enliser par elle. Il la d&#233;passe. Le courageux n&#8217;est pas le t&#233;m&#233;raire, l&#8217;intempestif. Bien s&#251;r, la figure hom&#233;rique du courage existe, mais elle demeure une figure de l&#8217;<em class="marquage italique">hybris</em>&#160;: Achille l&#8217;illustre parfaitement. La v&#233;rit&#233; d&#8217;Achille, c&#8217;est son talon.</p>
  19. <p class="para" id="pa21"><!--placeholder::reference::pa21--><a class="no-para" href="#pa21">21</a>Je d&#233;fends une autre id&#233;e, que le courage s&#8217;&#233;prouve &#224; l&#8217;aune du d&#233;couragement. De fait, tous les hommes peuvent &#234;tre courageux car nous avons en partage cette peur, et on peut avoir aussi en partage ce d&#233;passement de la peur. Si nous paraissons, de nos jours, moins courageux, ce n&#8217;est pas parce que nous avons perdu le sens du courage mais parce que notre id&#233;ologie utilitariste nous fait croire que le courage est antinomique de la r&#233;ussite. C&#8217;est vrai que le courage est sans victoire, qu&#8217;il est sans capitalisation&#160;: ce n&#8217;est pas parce que j&#8217;ai &#233;t&#233; courageux que je peux m&#8217;exempter de l&#8217;&#234;tre demain.</p>
  20. <p class="para" id="pa22"><!--placeholder::reference::pa22--><a class="no-para" href="#pa22">22</a>Pour autant, le courage est sans &#233;chec possible car ce qui compte dans le courage ce n&#8217;est pas le r&#233;sultat mais l&#8217;acte. Le courage r&#233;habilite tous les &#233;checs possibles. Il d&#233;montre, d&#8217;une certaine mani&#232;re, que l&#8217;&#233;chec est une illusion. Il est plastique&#160;: l&#224; ce sera r&#233;sister et rompre, l&#224; ce sera endurer et tenir. Le courage n&#8217;est pas l&#8217;apanage exclusif de l&#8217;extraordinaire. Le courage, c&#8217;est aussi ce qui vous fait devenir courageux, le petit acte quotidien qui alimente l&#8217;estime de soi et lutte<a id="np66" class="np"></a> contre l&#8217;entropie collective.</p>
  21. <p class="para" id="pa23"><!--placeholder::reference::pa23--><a class="no-para" href="#pa23">23</a>Le courage ce n&#8217;est pas la vertu. C&#8217;est l&#8217;Ouvert de la vertu. L&#8217;effort perp&#233;tuel. La sant&#233;. La volont&#233; de ne pas laisser la d&#233;g&#233;n&#233;rescence l&#8217;emporter si facilement. Au niveau collectif, c&#8217;est &#233;videmment le geste politique r&#233;volutionnaire. Et Victor Hugo de faire de Paris la ville symptomatique du courage. Une ville que nulle &#233;preuve n&#8217;a &#233;pargn&#233;e. Et pourtant, elle garde une <em class="marquage italique">jovialit&#233; souveraine</em>. Et quand elle ne gronde pas, elle rit. Telle est Paris, &#171;&#160;tas de boue et de pierres si l&#8217;on veut, mais, par-dessus tout, &#234;tre moral&#160;&#187;. Et si Paris est un &#234;tre moral c&#8217;est parce qu&#8217;elle ose le courage comme d&#8217;autres le progr&#232;s. &#171;&#160;Le cri&#160;: Audace&#160;! est un <em class="marquage italique">Fiat Lux</em>&#160;&#187;. Faire Lumi&#232;re, Commencement et Histoire ce sera <em class="marquage italique">faire courage</em>. &#171;&#160;Tenter, braver, persister, pers&#233;v&#233;rer, [&#8230;] prendre corps &#224; corps le destin, &#233;tonner la catastrophe par le peu de peur qu&#8217;elle nous fait, tant&#244;t affronter la puissance injuste, tant&#244;t insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir t&#234;te&#160;; voil&#224; l&#8217;exemple dont les peuples ont besoin, et la lumi&#232;re qui les &#233;lectrise.&#8239;<a id="re17no17" class="renvoi typeref-note" href="#no17">[17]</a>&#160;&#187;</p></section></div></section> <section id="decoupe-note"><div class="grnote"><!--BeginNoIndex--><h1 class="titre default">Notes</h1><!--EndNoIndex--><ul class="wrapper-children-grnote"><li id="no1" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no1" class="no" href="#re1no1">
  22. [1]
  23. </a><div class="wrapper-note">Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Les Vertus et l&#8217;amour. Trait&#233; des vertus II</em>, I, &#171;&#160;Du courage&#160;&#187;.<!--placeholder::reference::no1--></div></li><li id="no2" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no2" class="no" href="#re2no2">
  24. [2]
  25. </a><div class="wrapper-note">Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Le s&#233;rieux de l&#8217;intention. Trait&#233; des vertus I,</em> Champs-Flammarion, 1983, p. 125.<!--placeholder::reference::no2--></div></li><li id="no3" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no3" class="no" href="#re3no3">
  26. [3]
  27. </a><div class="wrapper-note">Qui n&#8217;a lieu qu&#8217;une seule fois.<!--placeholder::reference::no3--></div></li><li id="no4" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no4" class="no" href="#re4no4">
  28. [4]
  29. </a><div class="wrapper-note">Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Le s&#233;rieux de l&#8217;intention, op. cit.</em>, p. 124.<!--placeholder::reference::no4--></div></li><li id="no5" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no5" class="no" href="#re5no5">
  30. [5]
  31. </a><div class="wrapper-note">Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Les Vertus et l&#8217;amour. Trait&#233; des vertus II</em>, <em class="marquage italique">op. cit.</em><!--placeholder::reference::no5--></div></li><li id="no6" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no6" class="no" href="#re6no6">
  32. [6]
  33. </a><div class="wrapper-note">Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Le s&#233;rieux de l&#8217;intention. Trait&#233; des vertus I</em>, <em class="marquage italique">op. cit.</em>, p. 125.<!--placeholder::reference::no6--></div></li><li id="no7" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no7" class="no" href="#re7no7">
  34. [7]
  35. </a><div class="wrapper-note"><em class="marquage italique">Ibid.</em>, p. 126.<!--placeholder::reference::no7--></div></li><li id="no8" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no8" class="no" href="#re8no8">
  36. [8]
  37. </a><div class="wrapper-note"><em class="marquage italique">Ibid.</em>, p. 127.<!--placeholder::reference::no8--></div></li><li id="no9" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no9" class="no" href="#re9no9">
  38. [9]
  39. </a><div class="wrapper-note">Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. 3 La volont&#233; de vouloir</em>, Le Seuil, 1980, p. 49-50.<!--placeholder::reference::no9--></div></li><li id="no10" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no10" class="no" href="#re10no10">
  40. [10]
  41. </a><div class="wrapper-note">Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Les Vertus et l&#8217;amour. Trait&#233; des vertus II, op. cit.</em>, vol. 1, chap. 2 &#171;&#160;Le courage et la fid&#233;lit&#233;&#160;&#187;.<!--placeholder::reference::no10--></div></li><li id="no11" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no11" class="no" href="#re11no11">
  42. [11]
  43. </a><div class="wrapper-note">Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Le s&#233;rieux de l&#8217;intention. Trait&#233; des vertus I, op. cit</em>., p. 128.<!--placeholder::reference::no11--></div></li><li id="no12" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no12" class="no" href="#re12no12">
  44. [12]
  45. </a><div class="wrapper-note">&#171;&#160;La jeunesse de la volont&#233; durera jusqu&#8217;&#224; la fin du monde&#160;&#187; dans Vladimir Jank&#233;l&#233;vitch, <em class="marquage italique">Le s&#233;rieux de l&#8217;intention. Trait&#233; des vertus I, op. cit.</em>, p. 129.<!--placeholder::reference::no12--></div></li><li id="no13" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no13" class="no" href="#re13no13">
  46. [13]
  47. </a><div class="wrapper-note"><em class="marquage italique">Ibid</em>.<!--placeholder::reference::no13--></div></li><li id="no14" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no14" class="no" href="#re14no14">
  48. [14]
  49. </a><div class="wrapper-note"><em class="marquage italique">Ibid</em>.<!--placeholder::reference::no14--></div></li><li id="no15" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no15" class="no" href="#re15no15">
  50. [15]
  51. </a><div class="wrapper-note"><em class="marquage italique">Ibid</em>.<!--placeholder::reference::no15--></div></li><li id="no16" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no16" class="no" href="#re16no16">
  52. [16]
  53. </a><div class="wrapper-note">Christophe Lash, <em class="marquage italique">La Culture du narcissisme</em>, Flammarion.<!--placeholder::reference::no16--></div></li><li id="no17" class="note renvoi-in-alinea"><a id="no17" class="no" href="#re17no17">
  54. [17]
  55. </a><div class="wrapper-note">Victor Hugo, <em class="marquage italique">Les Mis&#233;rables</em>, XI, &#171;&#160;Railler, r&#233;gner&#160;&#187;.<!--placeholder::reference::no17--></div></li></ul>